S. m. (Botanique) c'est le nom que les Américains des îles Antilles donnent au palmier dont le pays produit différentes espèces, parmi lesquelles sont compris le cocotier, le grougrou, le grigri, le dattier et le latanier. On peut consulter sur cette matière l'ouvrage du père Plumier minime, qui traite des plantes d'Amérique. Le plus grand et le plus fort de tous les palmiers s'appelle palmiste franc ; il s'élève droit comme un mât de vaisseau jusqu'à la hauteur de plus de 40 pieds, ayant une racine médiocre, peu profonde en terre, mais fortifiée par une multitude de filaments entrelacés les uns dans les autres, formant une motte élevée comme un gros bourrelet autour du pied de l'arbre. Le bois du palmiste est brun, pesant, compacte, plus dur que de l'ébene : il se fend aisément dans sa longueur ; mais ce n'est pas sans rompre des outils qu'on parvient à le couper en-travers. Cette extrême dureté n'existe qu'extérieurement d'environ un pouce et demi dans toute la circonférence de l'arbre, dont l'intérieur n'est qu'un tissu grossier de longues fibres, fermes, souples, serrées et mêlées comme de la filasse, parmi une sorte de moèlle coriace, fort humide, qui devient plus tendre et même très-délicate en s'éloignant du pied de la tige.

Le sommet du palmiste se termine par un faisceau de branches, ou plutôt de fortes côtes disposées en gerbe épanouie, longues de dix à onze pieds, diminuant insensiblement de grosseur jusqu'à leur extrémité, un peu courbées en arc, et couvertes d'une pellicule très-lisse ; elles sont soutenues à leur naissance par une espèce de réseau composé de longs filets croisés en forme de gros canevas, qu'on croirait être tissu de mains d'homme ; ces longues côtes sont garnies sur leurs côtés d'un grand nombre de feuilles vertes, longues d'environ deux pieds, fort étroites, pointues, partagées d'une seule nervure, et ressemblant à des grandes lames d'épée.

Du milieu des branches et du réseau dont elles sont enlacées, sort une très-grosse et longue gaine pointue et renflée dans son milieu comme un fuseau, laquelle venant à s'ouvrir, laisse paraitre une parfaitement belle gerbe d'une extrême blancheur, composée de plusieurs branches déliées, assez fortes, et chargées de petites fleurs de même couleur, auxquelles succedent des fruits durs de la grosseur d'une noix, et rassemblés en grappe : on n'en fait point d'usage dans les iles.

Le cœur du palmiste renferme dans sa partie la plus voisine des branches, une substance d'une extrême blancheur, tendre, délicate, composée de feuillets minces, plissés comme les plis d'un éventail c'est ce qu'on appelle le chou du palmiste, dont les amateurs de bonne-chère font beaucoup de cas ; ce chou peut se manger crud, comme les artichaux à la poivrade, ou cuit à la sausse blanche, ou au jus ; on le préfère au cardon d'Espagne, et étant frit à la poêle, on en fait des bignets délicieux. Voyez CHOU PALMISTE.

Le tronc du palmiste étant fendu en six ou huit parties, et l'intérieur étant bien nettoyé, on en forme des planches grossières, un peu convexes d'un côté, servant à faire des fortes palissades, à clorre des engards, des magasins et des cases ; et si l'on a besoin de longues gouttières pour conduire de l'eau, on fend un palmiste en deux, on en sépare avec un outil la partie mollasse, et l'ouvrage se trouve fait.

Les feuilles du palmier s'emploient à couvrir les cases, à faire des nattes, des sacs, des espèces de paniers et d'autres petites commodités de ménage.

L'espèce de palmier dont on tire une liqueur appelée vin de palme, est particulière à la côte d'Afrique ; on en trouve cependant quelques arbres dans les îles de l'Amérique.

L'arbre qu'on appelle palmiste épineux, croit beaucoup moins haut que le précédent ; il est aussi plus renflé à son sommet vers la naissance des branches : cette partie et l'entre-deux des feuilles, sont hérissés d'épines longues de trois ou quatre pouces, déliées comme de grosses aiguilles, noires et très-lisses. Le chou que produit ce palmiste est d'une couleur un peu jaune, appétissante ; il a le goût de naisette, et est incomparablement meilleur que celui du palmiste franc.

Presque tous ces arbres, lorsqu'ils sont abattus, attirent de fort loin une multitude de gros scarabées noirs qui s'introduisent sous l'écorce dans la partie la moins dure, y déposent leurs œufs, et produisent des vers gros comme le pouce, dont les créoles et les habitants se régalent, après les avoir fait rôtir dans des brochettes de bois. Voyez VER PALMISTE.