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Catégorie parente: Histoire naturelle
Catégorie : Botanique
S. f. (Histoire naturelle, Botanique) viola, genre de plante dont la fleur est anomale et composée de plusieurs pétales ; elle ressemble à une fleur papilionacée ; les deux pétales supérieurs ont la forme d'un étendard ; les deux latéraux représentent des ailes, et l'inférieur est fait comme une carene. Le pistil sort du calice, et devient dans la suite un fruit ordinairement à trois angles, qui s'ouvre en trois parties, et qui renferme des semences le plus souvent arrondies. Tournefort, inst. rei herb. Voyez PLANTE.

La violette ordinaire, viola martia purpurea, flore simplici odoro, I. R. H. 420, est l'espèce la plus commune de ce genre de plante. Tout le monde la connait. Sa racine est fibrée, touffue, vivace. Elle pousse beaucoup de feuilles arrondies, larges comme celles de la mauve, dentelées en leurs bords, vertes, attachées à de longues queues.

Il s'élève d'entr'elles des pédicules grêles, qui soutiennent chacun une petite fleur très-agréable à la vue, d'une belle couleur pourprée ou bleue tirant sur le noir, d'une odeur fort douce et réjouissante, d'un goût visqueux accompagné de tant-sait-peu d'âcreté. Cette fleur charmante est composée de cinq petits pétales avec autant d'étamines à sommets obtus, et d'une espèce d'éperon ; le tout est soutenu par un calice divisé jusqu'à la base, en cinq parties.

A cette fleur succede une capsule ovale, qui dans sa maturité s'ouvre en trois quartiers, et laisse voir plusieurs semences presque rondes, attachées contre les parois de la capsule, plus menues que celles de la coriandre, et de couleur blanchâtre.

Cette plante croit aux lieux ombrageux, en terre grasse, dans les fossés, le long des haies, contre les murailles, à la campagne et dans les jardins, où elle se multiplie aisément par des filets longs et rampans, qui prennent racine çà et là. Elle fleurit au premier printemps vers le mois de Mars, et ne perd point ses feuilles et sa verdure pendant l'hiver.

Tournefort compte cinquante-trois espèces de violettes ; car cette plante donne des feuilles et des fleurs très-variées, simples, doubles, pourpres, bleues, jaunes, blanches, de trois couleurs, etc.

Les violettes du Chily diffèrent encore des européennes, selon le P. Feuillée, en ce que leurs fleurs ne donnent aucune odeur, et que leurs feuilles sont alternes, taillées en fer de pique, assez semblables à celles de l'origan, et éloignées les unes des autres d'environ un demi-pouce.

Les anciens botanistes ont nommé violettes diverses plantes qui sont d'un genre différent, comme la julienne, qui est une espèce d'hesperis et violette à large feuille, qui est la grande lunaire.

Les Grecs, suivant la remarque de Saumaise, ont donné le nom général de à la fleur que les Latins ont appelé viola ; mais les Grecs faisaient deux espèces d' ; la première qu'ils nommaient , et l'autre . La venait d'elle-même sans être semée, et c'est celle que nous appelons violette. La seconde dite se semait et se cultivait dans les jardins, c'est notre violier, ou notre giroflée. Les Grecs distinguaient trois sortes de violiers, des jaunes, qui étaient les plus communs, des blancs et des pourprés. C'est des violiers jaunes et non pas des violettes, qu'Horace parle dans ce passage : nec tinctus viola pallor amantium, les Latins ayant nommé indifféremment violae et les et les des Grecs ; ainsi le poète a emprunté la couleur de la giroflée jaune pour peindre la triste pâleur des amants, pâleur semblable à celle de ceux qui ont la jaunisse. (D.J.)

VIOLETTE, (Mat. méd. et Pharmacie) les fleurs, les feuilles et les semences de cette plante sont en usage en médecine.

Toutes ces parties sont légérement purgatives. La racine passe pour l'être beaucoup davantage ; mais elle n'est pas d'usage.

Les fleurs de violette ont une odeur douce des plus agréables ; elles donnent une eau distillée aromatique faible en parfum, et point d'huîle essentielle. Elles contiennent une substance mucilagineuse, peu abondante, pour laquelle on les emploie principalement à titre de remède adoucissant, relâchant, pectoral. On prend l'infusion ou la très-légère décoction de ces fleurs pour ptisane ou boisson ordinaire, dans les rhumes, les maladies aiguës de la poitrine, les affections des voies urinaires, les douleurs d'entrailles, les menaces d'inflammation, et l'inflammation même de ces parties, etc. On a coutume de monder ces fleurs de leurs calices, qui sont regardés comme doués d'une qualité purgative assez considérable, mais avec assez peu de fondement. Cet usage parait n'avoir d'autre origine que l'habitude de rejeter cette partie, lorsqu'on destine les fleurs à la préparation du syrop dont nous allons parler tout-à-l'heure ; car dans ce cas l'élégance de ce remède demande cette séparation.

Le syrop de violettes appelé aussi le syrop violat, se prépare avec une forte infusion de fleurs de violettes tirée par l'eau bouillante dans un vaisseau d'étain. On laisse reposer cette infusion pendant quelques heures ; on la verse par inclination, et on y fait fondre au bain marie, dans un vaisseau d'étain, le double de son poids de beau sucre.

La matière de ce vaisseau est essentielle pour obtenir un syrop d'une belle couleur bleue : l'étain concourt matériellement à la production de cette couleur. C'est faute d'être instruit de cette circonstance, ou d'y avoir égard, que plusieurs apothicaires, surtout dans la province, font un syrop de violettes, dont la couleur est fausse et desagréable.

Il y a encore sur les violettes un autre secret beaucoup moins connu que celui-ci, c'est que pour leur conserver toute leur couleur dans la dessication, pour avoir des fleurs de violettes seches d'un très-beau bleu bien foncé, il faut les exposer à une chaleur convenable dans une étuve remplie de vapeurs d'alkali volatil. Il y a apparence que ces fleurs se décolorent, et prennent un rouge pâle lorsqu'on les seche sans cette précaution, parce qu'elles éprouvent un mouvement de fermentation qui dégage un acide, lequel attaque leur couleur tendre et très-facilement altérable. La vapeur alkaline ou empêche le développement de cet acide, ou l'absorbe à mesure qu'il est développé, et il prévient ainsi son action sur la partie colorante de cette fleur.

Le syrop de violettes bien coloré, bien bleu, a dans la pratique ordinaire de la chimie, un usage assez commun. Voyez VIOLETTE teinture de, (Chimie)

Le syrop de violettes a, comme remède, les mêmes vertus que l'infusion des fleurs dont nous avons parlé plus haut. On l'emploie même plus fréquemment, et surtout dans les apozèmes laxatifs, les juleps rafraichissants, etc.

Les feuilles de violettes sont rarement employées dans l'usage intérieur ; mais elles sont presque généralement employées dans les décoctions appelées émollientes destinées à l'usage extérieur, ou à être données en lavement.

Les semences de violettes sont composées d'une très-petite amande émulsive et d'une écorce mucilagineuse ; on en emploie la décoction dans les coliques intestinales et néphrétiques ; on s'en sert aussi extérieurement pour en laver les yeux dans les ophtalmies très-douloureuses. On les emploie quelquefois encore à la préparation des émulsions, mais sans aucune utilité particulière dans quelque cas que ce puisse être, et toujours au contraire avec l'incommodité que donne leur petitesse. Voyez EMULSION.

On prépare avec les fleurs de violettes une conserve, qui est moins un remède qu'une confiture agréable, dont on peut cependant user dans la toux à titre de looch sec, de la même manière qu'on se sert des tablettes pectorales, du sucre d'orge, de la pâte de guimauve, etc.

Le miel violat n'est autre chose qu'un syrop de fleurs de violettes entières préparé par la cuite, et dans lequel on a employé du miel au lieu de sucre. Plusieurs apothicaires prennent pour ce miel la décoction des calices dont ils ont mondé les fleurs de violettes qu'ils ont employées à faire du syrop, et assurément ces calices sont dans ce cas tout aussi bons que les fleurs, puisque l'ébullition qu'on est obligé d'employer pour fondre et écumer le miel, dissipe l'odeur et détruit la couleur des violettes, et rend par conséquent inutîle la préférence qu'on donne à cette partie, et la précaution de la traiter par l'infusion. D'ailleurs le miel violat n'étant destiné qu'à être employé dans les lavements, et dans les lavements laxatifs, il serait inutîle de s'occuper de l'élégance du remède ; et s'il est vrai que les calices soient plus purgatifs que les pétales, il vaut mieux employer cette dernière partie seulement dans le miel violat.

On prépare encore avec les fleurs de violettes une huîle par infusion et par coction qui n'emprunte rien de ces fleurs. Voyez HUILE.

Les fleurs de violettes entrent dans le syrop de velar et dans celui de tortue ; les fleurs et les semences dans le lénitif et dans le diaprun ; les semences dans l'électuaire de psyllium et dans le catholicum ; la conserve dans l'électuaire de citron ; le syrop dans les pilules de sagapenum et dans la casse cuite ; les feuilles dans l'onguent populeum, etc. (b)

VIOLETTES teinture et syrop de, la teinture de violettes est proprement un instrument chymique. Lorsqu'elle est préparée convenablement, elle est d'un gros bleu, sans la moindre teinte de violet ni de verd. Cette couleur s'altère avec la plus grande facilité. Lorsqu'on applique à cette teinture diverses substances salines, elle est assez constamment changée en rouge par les acides, et en verd par les alkalis. Cette propriété la fait employer par les chymistes pour découvrir dans certaines liqueurs salines le caractère particulier du sel dominant ; c'est ainsi qu'on s'en sert pour trouver la saturation dans la préparation artificielle des sels neutres et dans les premières épreuves des eaux minérales. Voyez SATURATION, (Chimie), et MINERALES, eaux ; et comme la plus faible portion d'acide ou d'alkali nud se manifeste par ce signe, avantage qu'on ne trouve dans aucun autre moyen chymique, cet emploi de la teinture de violettes est fort commode, et assez fidèle dans les cas les plus ordinaires. Il est bien supérieur à celui de plusieurs autres couleurs végétales tendres, et notamment à celui de la teinture de tournesol, voyez TOURNESOL, en ce que cette dernière est très-sensible à l'impression des acides qui la changent en rouge, mais qu'elle est inaltérable par les alkalis. Mais l'artiste doit être prévenu que ce signe n'est pas tellement univoque que toute liqueur saline qui change la teinture de violettes en verd, doive être regardée comme infailliblement alkaline ; car quant au changement en rouge il est dû plus constamment aux acides. Les exceptions les plus remarquables quant aux changements en verd, sont celles-ci : les dissolutions du vitriol, quoique ce sel neutre métallique contienne de l'acide surabondant. Voyez SURABONDANT, et même l'eau mère de vitriol qui est semblablement très-acide, changent la teinture des violettes en verd. Plusieurs sels déliquescens à base terreuse exactement neutres changent aussi la teinture de violettes en verd. Le sel marin donne encore une petite teinte verte à cette teinture ; mais il est vraisemblable que ce n'est qu'à raison d'un peu de son eau mère ou de sel à base terreuse, qu'il retient ordinairement dans ses crystaux, c'est-à-dire dans son eau de crystallisation.

La teinture de violettes n'est autre chose qu'une forte infusion à froid dans l'eau, des pétales de violettes bien mondés, surtout de leurs calices. Pour avoir cette teinture constamment bleue, et d'un beau bleu, on doit la préparer dans un vaisseau d'étain ; c'est-là le tour de main, arcane qui est pourtant connu aujourd'hui de tous les bons artistes ; et pour se la procurer aussi saturée qu'il est possible, on applique deux ou trois fois sur de nouvelles fleurs, la liqueur colorée par une première infusion.

On emploie communément la teinture de violettes réduite en syrop par l'addition d'une portion convenable de sucre très-blanc qu'on fait fondre dans cette teinture, à la chaleur la plus légère d'un bain-marie. Le sucre n'altère point la couleur naturelle de cette teinture, et elle en devient plus durable. L'artiste peut en faire sa provision pour une année entière, et même pour plusieurs, au lieu que l'infusion de violettes qui n'est point assaisonnée avec le sucre, se corrompt bientôt. (b)

VIOLETTE AQUATIQUE, (Botanique) les Botanistes nomment cette plante hottonia. Sa fleur est en rose ; elle n'est composée que d'une feuille divisée en cinq segments ; les divisions pénètrent presque jusqu'au fond de la fleur ; il part de son centre un pistil qui dégénere en un fruit cylindrique, dans lequel sont contenues plusieurs semences sphériques. (D.J.)

VIOLETTE, pierre de, ou IOLITE, (Histoire naturelle, Minéralogie) lapis violaceus, iolitas. Quelques naturalistes désignent sous ce nom des pierres qui répandent quelquefois une odeur de violette très-marquée. On a remarqué que c'était surtout pendant les grandes chaleurs, et à la suite des pluies d'orage, que ces sortes de pierres répandaient l'odeur la plus forte. On a trouvé de ces pierres en quelques endroits d'Allemagne. En 1735 on découvrit à Braunlah, dans la principauté de Blanckenbourg, une roche ou une espèce de grès, composée d'un sable blanc, jaune et noir, qui formait des masses très-grandes, et qui avait une odeur de violettes. On rencontre pareillement des pierres avec le même accident en Silésie, dans la partie septentrionale des monts Riesemberg, ou monts des géants ; ce sont des cailloux très-durs, d'un gris de cendre, sur lesquels on trouve attachée une espèce de mousse ou de lichen, à qui est dû. l'odeur agréable dont on s'aperçoit. A Altenberg en Misnie on trouve une espèce de géode qui a l'odeur de la racine d'iris ou de la violette. A Lauenstein au même pays, on trouve des pierres de la même qualité. A Freudenstadt dans la forêt noire, et surtout à Osterode dans le Hartz, on trouve de grandes masses de rochers qui sont à nud ; la mousse qui y est attachée est d'un jaune orangé, l'intérieur de la pierre est pénétré de l'odeur de violette. Ce lichen ou cette mousse odorante est appelée par Micheli byssus germanica, minima, saxatilis, aurea, violae martiae odorem spirants. La Suède présente aussi des pierres qui ont une odeur de violette ; et il y a lieu de croire qu'en se donnant la peine d'examiner les pierres par l'odorat, on en trouverait de semblables en tout pays.