S. f. (Histoire naturelle Botanique) lapathum, genre de plante qui ne diffère de celui de l'oseille qu'en ce que la patience n'a pas un goût acide. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez PLANTE. (I)

Cette plante, autrement nommée parelle, est l'espèce de lapathum, appelé par Tournefort lapathum hortense sativum, folio oblongo, I. R. H. 504. en anglais, the common garden dock with oblong leaves.

Sa racine est droite, longue, fibreuse, jaune en-dedans. Sa tige est noueuse, haute de deux à trois coudées, et quelquefois davantage. Ses feuilles sont oblongues, à pointe obtuse, semblables à celles du lapathum sauvage, mais plus grandes et plus molles. Ses fleurs sont placées par anneaux le long des branches ; elles sont petites, sans pétales, composées de six étamines vertes, courtes, garnies de sommets droits et blancs, qui sortent d'un calice à sept feuilles, comme dans l'oseille. Leur pistil se change en une graine triangulaire, enveloppée d'une capsule membraneuse composée de trois grandes feuilles du calice. On cultive cette plante dans les jardins ; elle est rarement d'usage.

Les autres espèces de patience employées en Médecine, sont 1°. la patience rouge, lapathum folio acuto rubente, I. R. H. 504. 2°. Les patiences sauvages, qui se distinguent seulement par la variété de la figure de leurs feuilles. 3°. La grande patience, autrement dite rhubarbe des moines. 4°. La patience des Alpes, à feuilles arrondies, qu'on nomme rhubarbe bâtarde. Voyez RHUBARBE BATARDE, UBARBE DES MOINESINES. (D.J.)

PATIENCE, (Matière médicale) patience des jardins ou parelle ; 2°. patience ou parelle sauvage ; 3°. patience d'eau ou parelle des marais.

Ces trois plantes sont regardées comme ayant à-peu-près les mêmes vertus. La première est cependant fort peu employée, parce qu'elle possède ces vertus dans un degré très-inférieur. Les deux autres sont d'un usage assez fréquent. Il y a même plusieurs espèces de patience sauvage qu'on emploie indifféremment dans les boutiques. Ce sont les racines de toutes ces plantes dont on se sert presque uniquement en Médecine.

Ces racines lâchent doucement le ventre ; et l'on croit que leur action laxative est suivie d'une légère adstriction. Elle est mise au rang des principaux apéritifs ou desobstruans. On l'emploie très-fréquemment à ce titre dans les aposemes et dans les bouillons qu'on fait prendre dans les obstructions de la rate, et dans celles du foie. Mais on s'en sert principalement soit de la manière que nous venons de dire, soit sous forme de tisane contre toutes les maladies de la peau, contre les affections rhumatismales et arthritiques, contre les obstructions invétérées, les affections oedémateuses, surtout celles qui suivent les fièvres intermittentes, etc. Ces remèdes sont d'un usage presqu'universel dans le traitement méthodique de la gale. On en prépare aussi des cataplasmes et des lotions contre la même maladie ; mais ces remèdes extérieurs sont communément beaucoup trop faibles, et ne peuvent être regardés que comme une ressource vaine et inspirée par une timide inexpérience : car les préparations de soufre et celles de mercure sont les vrais spécifiques de la gale. Voyez GALE, SOUFRE, et l'article MERCURE, et MERCURIAUX. Et ces secours efficaces ne demandent pas plus, peut-être moins que les repercussifs plus doux, d'être précédés par des remèdes généraux ou préparatoires convenables.

Les racines de ces plantes sont aussi très-recommandées contre le scorbut.

On les emploie encore utilement dans l'usage extérieur, comme résolutives, détersives, astringentes.

Les feuilles de ces plantes peuvent aussi être employées aux mêmes usages extérieurs.

On fait entrer les racines fraiches dans les décoctions simples ou composées à la dose d'une once ou de deux ; et seches à la dose d'un gros jusqu'à trois.

La racine de patience sauvage entre dans l'onguent pour la gale, dans la décoction anti-scorbutique et dans l'orviétan, selon la dispensation de la pharmacopée de Paris.

Cette même pharmacopée chasse cette racine de l'onguent martiatum ; on ne devine pas trop pourquoi, plutôt que celle d'aulnée, de valeriane et de bardane qu'elle a retenues. (b)

PATIENCE, muscle de patience en Anatomie. Voyez RELEVEUR.

PATIENCE, (Morale) la patience est une vertu qui nous fait supporter un mal qu'on ne saurait empêcher. Or on peut réduire à quatre classes les maux dont notre vie est traversée. 1°. Les maux naturels ; c'est-à-dire, ceux auxquels notre qualité d'hommes et d'animaux périssables nous assujettissent. 2°. Ceux dont une conduite vertueuse et sage nous aurait garantis, mais qui sont des suites inséparables de l'imprudence ou du vice ; on les appelle châtiments. 3°. Ceux par lesquels la constance de l'homme de bien est exercée ; telles sont les persécutions qu'il éprouve de la part des mécans. 4°. Joignez enfin les contradictions que nous avons sans cesse à essuyer par la diversité de sentiments, de mœurs et de caractères des hommes avec qui nous vivons. A tous ces maux la patience est non seulement nécessaire, mais utîle ; elle est nécessaire, parce que la loi naturelle nous en fait un devoir, et que murmurer des événements, c'est outrager la Providence ; elle est utile, parce qu'elle rend les souffrances plus légères, moins dangereuses et plus courtes.

Abandonnez un épileptique à lui-même, vous le verrez se frapper, se meurtrir et s'ensanglanter ; l'épilepsie était déjà un mal, mais il a bien empiré son état par les plaies qu'il s'est faites : il eut pu guérir de sa maladie, ou du moins vivre en l'endurant ; il Ve périr de ses blessures.

Cependant la crainte d'augmenter le sentiment de nos maux ne réprime point en nous l'impatience : on s'y abandonne d'autant plus facilement, que la voix secrète de notre conscience ne nous la reproche presque pas, et qu'il n'y a point dans ces emportements une injustice évidente qui nous frappe, et qui nous en donne de l'horreur. Au contraire, il semble que le mal que nous souffrons nous justifie ; il semble qu'il nous dispense pour quelque temps de la nécessité d'être raisonnables. N'employe-t-on pas même quelque sorte d'art pour s'excuser de ce défaut, et pour s'y livrer sans scrupule ? ne déguise-t-on pas souvent l'impatience sous le nom plus doux de vivacité ? Il est vrai qu'elle marque toujours une âme vaincue par les maux, et contrainte de leur céder ; mais il y a des malheurs auxquels les hommes approuvent que l'on soit sensible jusqu'à l'excès, et des événements où ils s'imaginent que l'on peut avec bienséance manquer de force, et s'oublier entièrement. C'est alors qu'il est permis d'aller jusqu'à se faire un mérite de l'impatience, et que l'on ne rénonce pas à en être applaudi. Qui l'eut cru, que ce qui porte le plus le caractère de petitesse de courage, put jamais devenir un fondement de vanité ?

PATIENCE, (Critique sacrée) ce mot appliqué à l'homme dans l'Ecriture, se prend pour la constance dans les travaux et les peines, Luc. xxj. 19. Pour la persévérance dans les bonnes œuvres, Rom. IIe 7. pour une conduite réglée, qui ne se dément point. Prov. xix. 11. (D.J.)