ulmus, s. m. (Histoire naturelle, Botanique) genre de plante à fleur monopétale en forme de parasol, et garnie d'étamines. Le pistil sort du fond de cette fleur, et devient dans la suite un fruit membraneux, ou semblable a une feuille qui à la figure d'un cœur ; ce fruit a dans son milieu une capsule membraneuse en forme de poire, dans laquelle on trouve une semence de la même forme. Tournefort, inst. rei herb. Voyez PLANTE. (I)

ORME, (Jardinage) grand arbre qui vient naturellement dans plusieurs cantons de l'Europe, dans une partie de l'Asie, et dans l'Amérique septentrionale ; mais qui se trouve placé de main d'homme presque partout dans ces différents pays, par le grand cas que l'on en fait. L'orme devient un très-gros et très-grand arbre, d'une tige droite, dont la tête est garnie de beaucoup de rameaux, dont les racines s'étendent au loin entre deux terres. Son écorce, qui est roussâtre, se couvre, dès sa jeunesse, de rides et d'inégalités qui augmentent avec l'âge. Sa fleur, qui n'a nul agrément, parait au mois de Mars, et bientôt elle est remplacée par une follicule arrondie, membraneuse, plate et fort légère, qui contient dans son milieu une petite graine, dont la maturité s'accomplit dès le commencement de Mai : circonstance particulière et remarquable dans l'orme, dont on recueille les graines avant la venue des feuilles. En effet, elles ne commencent à se développer que dans le temps de la chute des semences. Ses feuilles sont ovales, dentelées, sillonnées en-dessus, et relevées de fortes nervures en-dessous : elles sont fermes, rudes au toucher, et d'un verd brun.

Cet arbre, par la stature, par le volume et l'utilité de son bois, a mérité d'être mis au nombre des arbres qui tiennent le premier rang dans les forêts. On convient que le chêne et le chataigner lui sont supérieurs à juste titre ; mais le bois de l'orme convenant particulièrement à certains ouvrages, il est d'un plus grand prix que le bois de chêne et de chataigner, ce qui fait que ces trois sortes d'arbres sont à-peu-près dans un même degré d'estime.

L'orme se plait dans un terrain plat et découvert, bas et aqueux ; dans les lames noires et humides, dans les glaises mêlées de limon, et surtout dans les terres douces et fertiles, pénétrables et humides, où le pâturage est bon, et particulièrement le long des chemins, des ruisseaux et des rivières. On le voit aussi réussir souvent dans les craies humides mêlées de glaise, dans les terres mêlées de sable et de gravier où il y a des suintements d'eau. Il se contente d'un sol médiocre et de peu de profondeur, et il vient assez bien dans toute sorte de terrains ; mais il ne profite pas dans les terres trop séches, trop sablonneuses et trop chaudes, ni dans celles qui sont trop froides et trop spongieuses, et il croit bien lentement dans la glaise pure, et dans les terres trop fortes et trop dures.

Il est très-aisé de multiplier cet arbre. On peut le faire venir de graine, de rejeton, de branche couchée, de bouture et de racine : on peut aussi le greffer. Ce dernier expédient ne s'emploie que pour multiplier les espèces d'ormes rares et curieuses. Si l'on veut se servir des racines, c'est une faible ressource qui exige beaucoup de travail. Les boutures demandent aussi des préparations sans pouvoir remplir l'objet en grand. Les branches couchées supposent des arrangements donnés. Les rejetons sont la voie la plus courte, quand on se trouve à portée de s'en procurer. Mais la semence, quoique le moyen le plus long, est cependant le plus convenable pour fournir une pépinière, et obtenir un grand nombre de plants.

Si l'on prend le parti de semer, il faut recueillir la graine lorsqu'elle commence à tomber, ce qui arrive ordinairement entre le 10 et le 20 de Mai. Elle est plus parfaite, et il vaut beaucoup mieux la ramasser après sa chute : mais on ne peut se servir de cet expédient que quand on est à portée d'un assez grand nombre d'ormes rassemblés ; car quand il n'y en a qu'une petite quantité, le vent disperse les graines de façon, qu'il est presqu'impossible de les amasser. Il faudra l'étendre et la laisser sécher à l'ombre pendant quelques jours. On disposera des planches de quatre pieds de largeur dans une bonne terre de potager, grasse, meuble et cultivée de longue main. On y formera sur la longueur avec la pioche des rayons à-peu-près comme si l'on voulait sémer des épinards. On espacera ces rayons de six ou huit pouces les uns des autres, afin d'avoir la facilité de sarcler avec la binette. On y répandra la graine d'orme uniformément et assez épais. On la recouvrira ensuite légèrement avec la main d'un terreau très-fin, très-léger et bien criblé, d'un doigt d'épaisseur au plus : puis on humectera largement toute la planche, mais avec tel ménagement que la terre ne soit pas battue : car ici l'objet principal est de donner à cette graine toutes les facilités pour lever : elle est petite, et d'ailleurs entravée par une membrane, en sorte qu'on ne saurait apporter trop de soin à ce premier arrangement qui décide du succès. Enfin on laissera la planche en cet état sans la niveller, afin que les sillons, en retenant l'eau des pluies ou des arrosements, puissent conserver plus de fraicheur. Il faudra répéter deux fois par semaines les arrosements, selon la sécheresse, et sarcler au besoin. Les graines leveront en moins de quinze jours, et la plupart auront en automne depuis un pied jusqu'à deux de hauteur. On pourra dès cette première année tirer à la main les plants les plus forts pour les mettre en pépinière ; mais ce ne sera qu'après la seconde année qu'il faudra tout transplanter. L'ormille aura alors trois ou quatre pieds de haut. On pourra y travailler dès l'autonne, ou bien attendre le printemps, si la terre est grasse et humide. Il faut qu'elle soit meuble et en bon état de culture. On réduit l'ormille à un pied, et on accourcit les racines. On la plante avec un gros piquet en rangée de deux pieds, où les plants sont espacés à quatorze ou quinze pouces. Rien à y faire cette première année qu'une légère culture pour détruire les mauvaises herbes. L'année suivante on retranchera avec beaucoup de ménagement les branches latérales, c'est-à-dire, en bien petite quantité, et à proportion que l'arbre se soutient de lui-même ; mais il ne faut faire cette petite taille qu'à ceux qui marqueront de la disposition à former une tige droite. Quant à ceux qui se chiffonnent, ce qui n'arrive que trop, il faudra les laisser aller jusqu'au printemps de la troisième année. Alors point de meilleur parti à prendre que de les couper entièrement jusqu'à un pouce de terre : c'est le seul moyen de les faire profiter. Ils s'éleveront dès cette même année au double de la hauteur qu'ils avaient, et prendront naturellement une tige droite. Au bout de trois autres années, ils auront communément deux pouces de diamètre, et seront en état d'être transplantés à demeure.

En se servant des rejetons mis en pépinière, et conduits comme on vient de le dire, on gagnera deux années ; en sorte qu'au bout de cinq ans ils seront propres à la transplantation. Ces rejetons se trouvent soit au pied des vieux ormes, soit dans les places où l'on a arraché de gros arbres de cette espèce, ou bien on pourra s'en procurer en faisant ouvrir la terre sur les racines des gros arbres.

Si l'on veut multiplier l'orme en couchant ses branches, cette méthode prendra autant de temps que si on les faisait venir de graine. Les branches couchées n'auront qu'au bout de deux ans des racines suffisantes pour être mises en pépinière, où on les conduira comme les plants venus de semence. Voyez MARCOTTER.

Pour faire venir l'orme de bouture, il faut autant de temps que de semence ; mais le double de travail. On ne doit se servir de cet expédient que quand on ne peut faire autrement. Voyez sur la façon de faire ces boutures le mot MEURIER.

On peut élever des ormes par le moyen des racines. Il faut les couper de huit ou dix pouces de longueur, les choisir de la grosseur du doigt pour le moins, les planter en pépinière comme les plants venus de semence, si ce n'est qu'il faut mettre ces racines du double plus proche, parce qu'il en manque beaucoup. C'est une bien faible ressource.

Enfin, on peut greffer les ormes à larges feuilles sur l'espèce commune. On se sert pour cela de la greffe en écusson à oeil dormant. Ces greffes réussissent aisément, et poussent l'année suivante d'une force étonnante. Souvent elles s'élèvent à plus de neuf pieds ; ainsi, il faut les soigner habituellement. Voyez GREFFER.

De tous les arbres forestiers l'orme est celui qui réussit le mieux à la transplantation. Fut-il âgé de vingt-ans, il reprendra pourvu qu'il ait été arraché avec soin. Dans ce cas il ne faut point les étêter, mais couper toutes les branches latérales, et ne leur conserver qu'un sommet fort petit. Cependant les arbres de deux à trois pouces de diamètre sont les plus propres à transplanter. Il faudra s'y prendre de bonne heure en automne, et même dès la fin d'Octobre, si le terrain est humide et gras ; car les racines de cet arbre sont sujettes à se pourrir, quand elles n'ont pas eu le temps de s'affermir, et de se lier à la terre. On risquera moins d'attendre les jours sereins qui annoncent le printemps. On se gardera de planter cet arbre profondément : il veut vivre des sucs les plus qualifiés de la surface ; d'où il arrive qu'il envahit le terrain circonvoisin, et qu'il est très-nuisible aux plantes qu'on veut y faire venir. Presque tous les jardiniers ont la fureur de couper à sept pieds tous les arbres qu'ils transplantent : il semble que ce soit un point absolu au-delà duquel la nature soit dans l'épuisement. Ils ne voient pas que cette misérable routine de planter des arbres si courts retarde leur accroissement, et les prépare à une défectuosité qui n'est pas réparable. De tels arbres font toujours à la hauteur de sept pieds un genou difforme, d'un aspect très-désagréable. Il faut donc planter les ormes avec quatorze pieds de tige, pourvu qu'ils aient deux ou trois pouces de diamètre. On les laisse pousser et s'amuser pendant quelques années au-dessous de dix pieds, ensuite on les élague peu-à-peu pour ne leur laisser que les principales tiges qui s'élancent en tête. C'est ainsi qu'on en peut jouir promptement, et qu'on leur voit faire des progrès que l'agrément accompagne toujours.

On peut tailler l'orme autant que l'on veut sans inconvénient ; l'élaguer, le palissader, l'étêter, au ciseau, à la serpe, au croissant ; il souffre la tonte en tout temps, pourvu que la seve ne soit pas en plein mouvement. Il croit même aussi promptement lorsqu'on le restreint à une petite tête, que quand on le laisse aller avec toutes ses branches : je donne ce dernier fait sur le rapport de M. Ellis, auteur anglais, aussi versé qu'accrédité sur cette matière.

Il est assez difficîle de régler la distance qu'on doit donner aux ormes pour les planter en avenue, en quinconce, etc. Cela doit dépendre principalement de la qualité du terrain, ensuite de la largeur qu'on veut donner aux lignes ; enfin, du plus ou moins d'empressement que l'on a de jouir. La moindre distance pour les grands arbres est de douze pieds : cependant on peut encore réduire cet arbre à un moindre éloignement, et même le planter aussi serré que l'on voudra. Les ormes, dit encore M. Ellis, sont de tous les arbres ceux qui se nuisent le moins, et qui dans le moindre espace deviennent les plus gros arbres ; et cela, ajoute-t-il, parce qu'on peut leur former et qu'ils ont naturellement une petite tête. Il en donne encore d'autres raisons physiques, que l'étendue de cet ouvrage ne permet pas de rapporter. L'orme, dit-il, arrive à sa perfection en 70 ans. Ses racines n'épuisent pas la terre comme celles du chêne et du frêne. Son ombre est saine tant pour les hommes que pour le bétail, au-lieu que le chêne, le frêne et le noyer donnent un ombrage pernicieux. L'orme est excellent à mettre dans les haies autour des héritages : on en coupera les grosses branches pour le chauffage. Ce retranchement ne lui laissant qu'une petite tête, empêchera ses racines de s'étendre et de nuire aux grains. Lorsque ces arbres seront trop âgés, il faudra les étêter pour les renouveller ; mais avoir grand soin de faire la coupe tout près du tronc, et de couvrir le sommet de terre grasse pour empêcher la pourriture. La racine de l'orme pénétre aussi profondément dans la terre que celle du chêne ; elle a souvent une fourchette au-lieu d'un pivot, et quelquefois deux et trois ; mais il n'appauvrit pas la terre comme le frêne.

L'orme est d'une grande ressource pour la décoration des jardins. Il se prête et se plie à toutes les formes. On en peut faire des allées, des quinconces, des salles de verdures, etc. mais il convient surtout à former de grandes avenues par rapport à sa vaste étendue et à son grand étalage. Cet arbre est très-propre à faire des portiques en manière de galerie, tels qu'on les voit d'une exécution admirable dans les jardins du château de Marly. On en peut faire aussi de très-hautes palissades qui réussiront dans des endroits où la charmille et le petit érable refusent de venir. On l'admet encore dans les parties de jardin les mieux tenues et les plus chargées de détail, où par le moyen d'une taille régulière et suivie, on fait paraitre l'orme sous la forme d'un oranger, dont le pied semble sortir d'une caisse de charmille ; mais cet arbre réunit encore l'utilité aux agréments les plus variés.

Le bois de l'orme est jaunâtre, ferme, liant, très-fort et de longue durée. Il est excellent pour le charronnage. Ce bois seul peut servir à former tous les différents ouvrages de ce métier. C'est le meilleur bois qu'on puisse employer pour les canaux, les pompes, les moulins, et généralement pour toutes les pièces qu'on veut faire servir sous terre et dans l'eau. On peut laisser les ormes en grume pendant deux ou trois ans après qu'ils sont abattus sans qu'il y ait à craindre que le ver ne s'y mette, ni que la trop vive ardeur du soleil les fasse fendre. Durant ce temps même l'aubier deviendra aussi jaune que le cœur. Ce bois n'est sujet ni à se gerser, ni à se rompre, ni à se tourmenter, ce qui le rend d'autant plus propre à faire des moyeux, des tuyaux, des pompes et tous autres ouvrages percés, qui seront de plus longue durée que le hêtre ni le frêne : mais on observe que le bois des ormes qui sont venus dans un terrain graveleux est cassant, que les Charrons le dédaignent, et préférent au contraire les arbres qui ont pris leur accroissement dans la glaise. Les Carrossiers, les Menuisiers, les Tourneurs, etc. font usage de ce bois. Il est aussi dans la construction des vaisseaux pour les parties qui touchent l'eau. On peut mettre en œuvre des planches d'ormes fraichement travaillées sans aucun risque de les voir se gerser, se dejeter ou se tourmenter, si l'on prend la précaution de les faire tremper pendant un mois dans l'eau. Enfin le bois de l'orme fait un très-bon chauffage.

On prétend que ses fleurs sont nuisibles aux abeilles, et ses graines aux pigeons : mais ces feuilles sont une excellente nourriture en hiver pour les moutons, les chévres, et surtout pour les bœufs, qui en sont aussi friands que d'avoine. Pour conserver ces feuilles, on coupe le menu branchage d'orme à la fin d'Aout, et on le fait sécher au soleil.

Par la piquure des insectes auxquels l'orme est sujet, il se forme assez souvent des vessies creuses, dans lesquelles on trouve un suc visqueux et balsamique, qui est de quelqu'usage en Médecine. Mais on lui donne de plus la propriété d'enlever les taches du visage et d'embellir le teint.

On connait différentes espèces d'orme, dont voici les principales.

1°. L'orme champêtre : sa feuille est petite et rude au toucher ; son écorce est ridée, même sur les jeunes rejetons. C'est à cette espèce qu'on doit principalement appliquer ce qui a été dit ci-dessus.

2°. L'orme champêtre à feuilles très-joliment panachées.

3°. L'orme de montagne : sa feuille est grande et très-rude au toucher. Il donne quantité de rejetons. Ses racines s'étendent à la surface de la terre comme celles du frêne. Il croit aussi promptement que le marceau. Il est très-propre à faire du bois taillis. Il est très-convenable à mettre dans les haies. On peut le tailler et l'étêter sans inconvénient, il y poussera toujours vigoureusement. Son bois est encore plus dur, plus ferme et plus durable que celui de l'orme champêtre ; il est excellent pour les ouvrages de charonnage, et on le préfère généralement au bois de toutes les autres espèces d'ormes.

4°. L'orme-teille : sa feuille est plus large que celle du précédent ; mais elle n'est pas si rude au toucher, et elle a beaucoup de ressemblance avec celle de naisettier. Cet arbre pousse vigoureusement, et son accroissement est très-prompt. Il ne donne point de rejetons du pied. Son bois est tendre, et presque aussi doux que celui du noyer.

5°. L'orme à feuilles lisses : cet arbre étend peu ses branches.

6°. L'orme à feuilles lisses, joliment panachées.

7°. Le petit orme à feuilles jaunâtres.

8°. L'orme d'Hollande : sa feuille est rude au toucher, très-grande et très-belle. La membrane de ses graines est plus étroite et plus pointue que dans les ormes précédents. Il croit si vite dans sa jeunesse, qu'il surpasse pendant plusieurs années toutes les autres espèces d'ormes de son âge. Mais au bout de vingt ou trente ans, les autres le gagnent de vitesse, et viennent de mieux en mieux. Son bois n'est pas si bon. Son écorce tant de la tige que des branches est toujours éraillée, gersée et pendante par lambeau, ce qui lui donne un aspect désagréable. Il donne ses feuilles fort tard et les quitte de bonne heure.

9°. L'orme d'Hollande à feuilles panachées : il croit plus lentement que le précédent, et vaut encore moins.

10°. Le petit orme à feuilles lisses et étroites ou l'orme d'Angleterre : il fait un bel arbre très-drait, et dont la tête prend une forme assez régulière. Ses feuilles ne tombent que tard en automne.

11°. L'orme à graine étroite : on le nomme en Angleterre l'orme de France. Sa feuille est grande et rude au toucher. On en fait très-peu de cas, et on le dédaigne autant que celui d'Hollande ; cependant il est très-vivace, car il réussit dans des terrains où toutes les autres espèces d'ormes se refusent.

12°. L'orme à écorce blanche : sa feuille est grande, rude au toucher, et d'un verd très-vif. Son écorce est très-lisse et de couleur de cendres. On préfére cet orme à beaucoup d'autres, à cause de la belle régularité de son accroissement. Il fait une tige droite, et il garde ses feuilles plus longtemps qu'aucune autre espèce d'orme.

13°. L'orme de Virginie : sa feuille est uniformément dentelée. C'est tout ce qu'on sait encore de cet arbre.

14°. L'orme de Sibérie : ses feuilles ont aussi une dentelure uniforme, mais leur base est égale, aulieu que dans toutes les autres espèces ci-dessus la base est inégale ; c'est-à-dire que vers la queue, l'un des côtés de la feuille s'allonge plus que l'autre. Cet orme est très-petit : c'est un arbre nain : sa feuille est lisse, et son écorce est spongieuse.

ORME, fécondité de l '(Physico-Botanique) une merveille exposée aux yeux de tout le monde, et que l'on a longtemps négligé d'observer, dit M. de Fontenelle, est la fécondité des plantes, non pas seulement la fécondité naturelle des plantes abandonnées à elles-mêmes, mais encore plus leur fécondité artificielle procurée par la taille et par le retranchement de quelques-unes de leurs parties ; cette fécondité artificielle n'est au fond que naturelle : car enfin l'art du jardinier ne donne pas aux plantes ce qu'elles n'avaient point, il ne fait que leur aider à développer et à mettre au jour ce qu'elles avaient. L'orme fournit un exemple de la fécondité, dont peut être un arbre, en fait de graines seulement, qui sont le dernier terme, et l'objet de toutes les productions de l'arbre.

On sait que tous les rameaux de l'orme ne sont que des glanes de bouquets de graines extrêmement pressées l'une contre l'autre. M. Dodart ayant pris au hasard un orme de 6 pouces de diamètre, de 20 pieds de haut jusqu'à la naissance des branches, et qui pouvait avoir douze ans, en fit abattre avec un croissant, et par la chute de la branche, fit compter ce qui en restait.

Il se trouva sur cette branche seize mille quatre cent cinquante, ci, 16450 graines.

Il y a sur un orme de 6 pouces de diamètre, plus de 10 branches de 8 pieds ; mais supposé qu'il n'y en ait que 10, ce sont pour ces 10 branches cent soixante-quatre mille cinq cent, ci, 164500.

Toutes les branches qui n'ont pas 8 pieds, prises ensemble, font une surface qui est beaucoup plus que double de la surface des dix branches de 8 pieds ; mais en ne la supposant que double, parce que peut être ces branches moindres sont moins fécondes, ce sont pour toutes les branches prises ensemble, trois cent vingt-neuf mille, ci, 329000.

Un orme peut aisément vivre 100 ans, et l'âge où il a sa fécondité moyenne, n'est assurément pas celui de 12 ans. On peut donc compter pour une année de fécondité moyenne, plus de 329000 graines, et n'en mettre, au lieu de ce nombre, que 33000, c'est bien peu ; mais il faut multiplier ces 33000 par les cent années de la vie de l'orme. Ce sont donc (trente-trois millions).... 3300000 graines qu'un orme produit en toute sa vie, en mettant tout au plus-bas pied, et ces trente-trois millions sont venus d'une seule graine.

Ce n'est-là que la fécondité naturelle de l'arbre, qui n'a pas fait paraitre tout ce qu'il renfermait.

Si on l'avait étêté, il aurait repoussé de son tronc autant de branches qu'il en avait auparavant dans son état naturel, et ces nouveaux jets seraient sortis dans l'espace de 6 lignes de hauteur ou environ, à l'extrémité du tronc étêté.

A quelqu'endroit et à quelque hauteur qu'on l'eut étêté, il aurait toujours repoussé également, ce qui parait constant par l'exemple des arbres nains qui sont coupés presque rès-pié, rès-terre.

Tout le tronc, depuis la terre jusqu'à la naissance des branches, est donc tout plein de principes ou de petits embryons de branches, qui à la vérité ne peuvent jamais paraitre à la fais, mais qui étant conçus, comme partagés par petits anneaux circulaires de 6 lignes de hauteur, composent autant d'anneaux, dont chacun en particulier est prêt à paraitre, et paraitra réellement, dès que le retranchement se fera précisément au-dessus de celui-là.

Toutes ces branches invisibles et cachées, n'existent pas moins que celles qui se manifestent ; et si elles se manifestaient, elles auraient un nombre égal de graines, qu'il faut par conséquent qu'elles contiennent déjà en petit.

Donc en suivant l'exemple proposé, il y a dans cet orme autant de fois 33 millions de graines, que 6 lignes sont contenues dans la hauteur de 20 pieds, c'est-à-dire qu'il y a (quinze milliars huit cent quarante millions) 15840000000 graines ; et que cet arbre contient actuellement en lui-même de quoi se multiplier, et se reproduire un nombre de fois si étonnant. L'imagination est épouvantée de se voir conduite jusque-là par la raison.

Et que sera-ce, si l'on vient à penser que chaque graine d'un arbre contient elle-même un second arbre qui contient le même nombre de graines ; que l'on ne peut jamais arriver ni à une graine qui ne contienne plus d'arbre, ni à un arbre qui ne contienne plus de graines, ou qui en contienne moins que le précédent, et que par conséquent voilà une progression géométrique croissante dont le premier terme est un, le second 15 milliards 8 cent 40 millions, le troisième, le carré de 15 milliards 8 cent 40 millions, le quatrième son cube, et ainsi de suite à l'infini ? La raison et l'imagination sont également perdues et abimées dans ce calcul immense, et en quelque sorte plus qu'immense. Histoire de l'acad. des Sciences, ann. 1700. (D.J.)

ORME, vessie d '(Histoire naturelle) tubérosité formée sur la feuille de cet arbre par la piqûre d'un insecte : entrons dans le détail. Ces vessies membraneuses, dont quelquefois les ormes se trouvent chargés en certains endroits, comme des pommiers le seraient de fruit en automne, sont de différentes grosseur et couleur ; les unes vertes, plus ou moins pâles, les autres panachées de rouge et de jaune. Elles prennent naissance de l'endroit de la feuille où elle a été piquée par l'insecte. Tous les auteurs en parlent, mais Malpighi est le premier qui les ait observées en Physicien, ensuite Tournefort, et finalement M. Geoffroy dans les mémoires de l'académie des Sciences, ann. 1724.

Suivant les observations de Malpighi, ces vessies ne forment d'abord qu'un petit enfoncement qui se fait en-dessous de la feuille, et qui s'accrait toujours de plus en plus, jusqu'à devenir quelquefois de la grosseur du poing. Cette excroissance ne détruit pas entiérement la feuille, mais elle en dérange considérablement la configuration. Le petit enfoncement qui en a été la première origine, se conserve à la base de la vessie ; mais il se retrécit quelquefois si fort, qu'il ne laisse point d'ouverture sensible.

M. Geoffroy a remarqué qu'à mesure que la vessie grossit, elle prend sa pente comme une figue qui se mûrit, et elle se gerse à-peu-près de même en différents endroits. La superficie est inégale, irrégulière, et hérissée d'un duvet très-serré par ses différentes ouvertures, ainsi que par l'orifice inférieur ; il en tombe une poussière assez blanche, fine, avec des gouttes d'une eau mucilagineuse. Ces gouttes se séparent en tombant, sans mouiller le papier sur lequel on les reçoit, à cause de la poussière dont elles sont mêlées. On ne remarque dans cette eau qu'une odeur de seve très-légère, et une couleur roussâtre qu'elle prend en s'épaississant ; en se desséchant elle durcit comme de la gomme de cerisier.

Plusieurs auteurs attribuent à l'eau des vessies d'orme, une vertu balsamique et vulnéraire, dont ils vantent les effets pour la réunion des plaies récentes, et surtout de celles des yeux. Camérarius s'est donné de grands soins pour enseigner la manière de la recueillir. Fallope dit avoir Ve des merveilles de ses effets : Mathiole n'en parle pas avec moins d'éloge ; mais tous les gens éclairés se moquent de ces fadaises.

Si l'on ouvre une vessie d'orme, on y trouve avec cette eau beaucoup de cette poussière dont j'ai parlé. On y voit aussi, comme dans un duvet, remuer plusieurs petits insectes non-ailés oblongs, d'une couleur tannée. Ils ont six pattes avec deux cornes sur la tête, et sont chargés sur le dos comme de petits flocons de duvet blanc. Cet insecte prend en se dépouillant la forme d'un moucheron qu'on appelle puceron d'orme. Sa dépouille reste toute entière comme un fourreau ouvert en deux dans sa longueur. On voit voler ces pucerons autour de la vessie. Ils ont quatre ailes transparentes, deux courtes et deux longues ; celles-ci sont assez larges, et ont au bord extérieur un filet noir, qui s'étend depuis leur naissance jusqu'environ les deux tiers de leur longueur, et se termine en forme de palette. Ces moucherons qui sont du nombre des vivipares, enfermés sous une cloche de verre, déposent au bout de quelques jours d'autres petits insectes roussâtres qu'on aperçoit remuer peu après leur naissance ; en un mot il est plaisant, dit M. de Tournefort, que ces pucerons soient comme autant de marques qui couvrent de nouveaux moucherons.

Après la sortie de cette espèce d'essaim, les vessies se flétrissent et se dessechent ; alors en les ouvrant, on y trouve, surtout dans celles qui se sont le mieux conservées, comme un monceau des dépouilles d'où sont sortis les moucherons dont on a parlé, et la liqueur mucilagineuse se trouve réduite comme de la colle séche. (D.J.)

ORME, (Matière médicale) la décoction des feuilles, et de l'écorce, et des racines de cet arbre, est regardée comme vulnéraire, astringente, tant pour l'usage intérieur, que pour l'usage extérieur. Ce reméde pris pendant plusieurs jours à grande dose, sous forme de tisane, a été recommandé aussi comme un diurétique très-utîle contre l'ascite.

Une substance balsamique qu'on trouve dans ces excraissances ou vessies qui se forment sur ses feuilles, est vanté par plusieurs auteurs comme un excellent cicatrisant. (b)