S. f. (Botanique) Sedum, genre de plante à fleur en rose, composée de plusieurs pétales disposés en rond. Il sort du calice un pistil qui devient dans la suite un fruit composé de plusieurs capsules ou gaines qui forment une tête : ce fruit renferme des semences qui sont pour l'ordinaire très-petites. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez PLANTE.

Ce genre de plante est considérable par ses espèces ; M. de Tournefort en compte 37, au nombre desquelles il y en a trois qui sont d'usage ordinaire médicinal ; savoir, la grande joubarbe, sedum majus vulgare ; la petite joubarbe, sedum minus teretifolium album, et la vermiculaire âcre, sedum parvum, acre, flore luteo.

La racine de la grande joubarbe est petite et fibreuse ; elle pousse plusieurs feuilles oblongues, grosses, grasses, pointues, charnues, pleines de suc, attachées contre terre à leur pédicule, toujours vertes, rangées circulairement, et comme disposées en rose, convexes en dehors, aplaties en dedans, tant soit peu velues dans leurs bords. Il s'élève de leur milieu une tige à la hauteur d'un pied ou davantage, droite, assez grosse, rougeâtre, moèlleuse, revêtue de feuilles semblables à celles du bas, mais plus étroites, plus pointues, et qui la rendent comme écailleuse. Cette tige se divise vers la cime en quelques rameaux réfléchis qui portent une suite de fleurs à cinq pétales, disposées en roses ou en étoiles, de couleur purpurine, avec dix étamines à sommets arrondis. Lorsque ces fleurs sont passées, il leur succede des fruits composés de plusieurs siliques ou vaisseaux séminaux, creux, en urnes, et contenant des semences fort menues.

La petite joubarbe que le vulgaire appelle trique-madame, ou tripe-madame, diffère peu de la grande joubarbe. Sa racine est semblable ; ses tiges sont longues d'environ six pouces, dures, ligneuses, rougeâtres, portant des feuilles épaisses, succulentes, rondes, émoussées par la pointe, et rangées alternativement. Aux sommités des tiges naissent des ombelles de fleurs blanches, à cinq pétales disposées en rose, avec plusieurs étamines à sommets purpurins. Ces fleurs font place à de petites siliques en cornes, pleines de graines fort ténues.

L'une et l'autre joubarbe croissent sur les vieux murs, les toits des maisons ou chaumières, fleurissent en été, et se sechent en automne après la maturité de leurs semences. Ces deux plantes paraissent contenir un sel approchant de l'alun, mêlé d'un peu de sel ammoniacal, de soufre, et de beaucoup de phlegme. On les estime rafraichissantes, détersives, et astringentes. L'extrait fait de leur suc, exprimé, dépuré, filtré, et doucement évaporé au bain-marie se réduit en consistance de gomme tendre, ambrée, d'un goût acide, et stiptique. Voyez JOUB. Mat. med.

La vermiculaire âcre ou brulante que le peuple nomme pain d'oiseau, ou poivre de muraille, est une espèce de joubarbe qui mérite nos regards par son goût piquant, chaud et brulant ; outre que son suc excite le vomissement, ce qui fait soupçonner que cette plante renferme un sel corrosif, semblable à l'esprit de nitre, mais adouci par beaucoup de phlegme et de soufre. Ses tiges sont couvertes de feuilles charnues, grasses, pointues, triangulaires, remplies de suc ; au sommet des tiges naissent des fleurs jaunes, étoilées, pentapétales, avec plusieurs étamines, à sommets de même couleur dans le milieu. Les fruits qui succedent aux fleurs sont composés de gaines pleines de très-petites semences.

La vermiculaire acre vient par tout dans les lieux pierreux et arides, suspendue par ses racines, ou couchée sur de vieilles murailles, et les toits des maisons basses. Il en est de même des autres espèces de joubarbe ; et peut-être que le nom latin sedum des Botanistes vient de sedere être assis, parce qu'elle est comme assise dans les lieux où elle croit ; mais il importe davantage d'observer à cause de l'homonymie, que le nom sedum est encore commun à différentes sortes de saxifrages et de cotylédons. (D.J.)

JOUBARBE, (Matière médicale) La grande joubarbe et la petite joubarbe ou trique-madame, sont mises au rang des médicaments, à titre de rafraichissantes, tempérantes, incrassantes, et légèrement répercussives.

C'est le suc et l'infusion des feuilles de ces plantes qui sont principalement recommandés pour l'usage intérieur, et principalement dans les fièvres continues, ardentes, et dans les fièvres intermittentes qui participent du même caractère, c'est-à-dire, dont les accès sont marqués par une chaleur excessive qui n'est précédée d'aucun froid. Ces remèdes sont vantés aussi pour les affections inflammatoires de l'estomac et des intestins ; on les croit utiles dans les dissenteries, d'après les succès observés chez certains peuples d'Afrique où ces remèdes sont fort usités dans ce dernier cas. On attribue les mêmes vertus à l'eau distillée de cette plante. Nous pouvons positivement assurer que cette eau distillée ne possède aucune vertu : quant au suc et à l'infusion, ce que les auteurs, Boerhaave entr'autres, en publient, peut être très-réel ; mais ces remèdes n'en sont pas moins presqu'absolument inusités parmi nous.

Leur usage extérieur est un peu plus fréquent ; on en fait avec le beurre frais des onguents pour les hémorrhoïdes et pour les brulures.

L'eau distillée de ces plantes, et leur suc mêlé avec une certaine quantité d'esprit de vin, sont comptés parmi les cosmetiques.

Les feuilles de grande joubarbe entrent dans la composition de l'onguent mondificatif d'ache, et dans l'onguent populeum ; les racines, les feuilles et le suc de trique-madame entrent dans l'emplâtre diabotanum, et ses feuilles dans l'onguent populeum.