S. f. scabiosa, (Histoire naturelle, Botanique) genre de plante à fleur, composée de plusieurs fleurons inégaux, contenus dans un calice commun. Les fleurons qui occupent le milieu de la fleur sont partagés en quatre ou cinq parties, et ceux de la circonférence ont deux lèvres. Chaque fleuron est placé sur la partie supérieure de la couronne d'un embryon qui se soutient, et il a son calice particulier, qui devient dans la suite une capsule ou simple ou en forme d'entonnoir ; cette capsule renferme une semence qui est surmontée d'une aigrette, et qui a été auparavant l'embryon. Tournefort, inst. rei herb. Voyez PLANTE.

Selon Linnaeus, ce genre de plante a un double calice ; le calice commun est à plusieurs feuilles, et contient plusieurs fleurs ; le calice propre est fixé sur le germe du pistil ; les fleurs sont monopétales, et forment un tuyau qui s'élargit à l'extrémité, et qui se partage en quatre ou cinq quartiers ; les étamines sont quatre petits filets très-foibles ; leurs bossettes sont oblongues, le germe du pistil est placé dessous le réceptacle propre de la fleur, et est enfermé comme dans un étui ; le stîle est délié, et de la longueur de la fleur ; le stigma est obtus ; les grains sont uniques dans chaque fleur, et contenus dans leur enveloppe commune.

Quoique ce genre de plante renferme dans le système de Tournefort, cinquante-quatre espèces, il faut nous borner à décrire celle du plus grand usage en médecine, et qui est nommé scabiosa major, hirsuta, pratensis, par C. B. 6. 369. I. R. H. 464. Raii, hist. 374. en anglais, the common hairy fieldes'-cabious.

Sa racine est droite, longue, vivace ; elle pousse des tiges à la hauteur de deux ou trois pieds, rondes, velues, creuses, revêtues par intervalles de deux feuilles opposées, semblables à celles d'en bas, mais plus petites. Les feuilles qui partent de la racine sont oblongues, lanugineuses, approchantes de celles de la grande valériane, découpées profondément, d'un goût un peu âcre. Les sommités des tiges contiennent des fleurs divisées en bouquets, ronds, composés de fleurons inégaux, de couleur bleue, ou purpurine, ou d'un bleu mourant. Quand ces fleurs sont passées, il leur succede des manières de têtes verdâtres, écailleuses, garnies à la base de feuilles en forme de rayons, et composées de capsules qui contiennent chacune une semence oblongue, surmontée d'une couronne.

Cette plante croit presque partout dans les blés, dans les champs et les prairies ; elle fleurit en Juin et Juillet.

La plante nommée psorice par Dioscoride et Théophraste, et psora par Actius, parait être notre scabieuse ; mais dans les derniers temps, les noms ayant été oubliés, les Grecs modernes ont appelé cette plante scampiusa, d'où s'est formé le nom latin scabiosa. (D.J.)

SCABIEUSE, (Matière médicale) scabieuse ordinaire, scabieuse des prés, ou scabieuse de bois ou mors du diable.

On emploie indifféremment l'une ou l'autre de ces plantes.

Les feuilles et les fleurs de cette plante sont seules en usage. Leur suc, leur infusion ou leur décoction et leur eau distillée passent pour des remèdes sudorifiques, alexitères, incisifs et vulnéraires. C'est surtout l'eau distillée qu'on emploie dans les juleps et les potions cordiales, diaphorétiques et contre-venin, que plusieurs médecins ordonnent encore dans la petite vérole, la rougeole, les fièvres malignes, etc. Cette eau distillée est une des quatre eaux cordiales, et de cinq cent eaux inutiles. Voyez EAUX CORDIALES (les quatre) et la fin de l'article EAUX DISTILLEES.

Les feuilles de scabieuse entrent dans l'eau de lait alexitère. (b)