S. m. (Histoire naturelle, Botanique) plante qui parait avoir échappé à la connaissance des anciens botanistes. M. Bernard de Jussieu en a établi le caractère sur les parties de la fleur qu'il a découvertes par le microscope. Les curieux peuvent lire son mémoire à ce sujet, dans le recueil de l'académie des Sciences. Année 1739.

Cette plante est nommée pilularia palustris, juncifolia, par MM. Vaillant et Jussieu ; calamistrum par Dillenius ; graminifolia palustris, repens, vasculis granorum piperis, par Rai ; muscus aureus, capillaris, palustris, interfoliola, folliculis rotundis, quadripartitis par Pluckenet. Voici ses caractères :

Les fleurs de la pilulaire ont deux calices : un externe ou commun, et l'autre interne ou propre. Le calice externe renferme quatre fleurs ; il est d'une seule pièce sphérique, velue, épaisse, dure, qui s'ouvre en quatre portions égales, et chaque portion est collée à la face convexe d'un des quatre calices internes. Le calice interne contient une fleur ; il est membraneux, d'une seule pièce dont la forme est celle d'un quartier de sphère, et il s'ouvre par l'extrémité supérieure.

Le placenta, qui dans chaque fleur porte les étamines et les pistils, est une bande membraneuse, longue, étroite, qui nait du fond de la cavité du calice interne, se prolonge jusqu'aux deux tiers de sa hauteur, et s'attache à la face sphérique de ce calice dans le milieu de sa largeur.

Les étamines sont pour l'ordinaire au nombre de trente-deux sommets, sans filets ; leur figure est celle d'un cône ; ils sont tous attachés par la pointe à une petite tête qui termine le bord supérieur du placenta, sur laquelle ils forment, en se dirigeant en tous sens, une houppe pyramidale. Ces sommets sont des capsules délicates, membraneuses ; elles s'ouvrent transversalement, et répandent une poussière ronde.

Les pistils sont au nombre de 12, de 16, ou de 20 embryons, ovoïdes, situés perpendiculairement sur le placenta dont ils couvrent les faces et le bord tranchant ; ils n'ont point de style ; mais la partie supérieure de chaque embryon est terminée par un stigmate court et obtus.

Le péricarpe est le fruit de cette plante ; il est à quatre loges composées des deux calices qui subsistent, et conservent plusieurs semences.

Les semences sont menues, blanchâtres, ovoïdes, arrondies par la base, et terminées en pointe par le haut.

Le germe, ou la plantule contenue dans la semence, sort dans la germination, de la partie supérieure de la capsule séminale, produit une première feuille, et une radicule.

Il me reste peu de choses à ajouter sur la description de cette plante. Elle est très-basse, rampante et couchée sur terre. Ses racines sont de petits filets blancs, simples et flexibles. Ses tiges et ses branches sont si bien entremélées les unes dans les autres, que la principale tige est difficîle à distinguer. Les feuilles viennent alternativement sur les deux côtés des rameaux ; elles sont vertes, tendres, presque cylindriques, assez semblables à celles du jonc. Les fleurs naissent dans les aisselles des rameaux.

La pilulaire est la seule plante connue de son genre ; elle parait vivace ; ses jeunes branches, qui subsistent d'une année à l'autre, servent à la renouveller pendant que les anciennes périssent. Les globules qui renferment les fleurs, commencent à se montrer dès le mois de Mai. Il en repousse continuellement de nouveaux, à mesure que les tiges et les branches se prolongent.

Il n'y a qu'en France et en Angleterre où cette plante ait été remarquée. A l'égard de la France, les seuls environs de Paris sont encore les lieux uniques où elle ait été observée, savoir près de Fontainebleau dans les mares de Franchard, dans celles de l'Otie, et entre Coignières et les Essarts. On ne lui connait aucune vertu ; Merret, Morisson, Plukenet, Ray, Vaillant, Petiver, Dillenius, Martin, Linnaeus, M. de Jussieu, sont les seuls botanistes qui en ont parlé, et Merret le premier de tous ; M. Vaillant l'a nommée pilulaire, à cause de la forme sphérique du bouton de ses fleurs. (D.J.)