S. f. (Botanique) on peut rapporter toutes les roses à deux classes ; celle des roses cultivées, et celle des roses sauvages : ces deux classes réunies forment cinquante-trois espèces de roses, dans le système de Tournefort ; mais il nous suffira de décrire la rose cultivée commune, qu'on appelle la rose pâle ou incarnate, rosa rubra, sativa, pallidior, I. R. H. 637.

Sa racine est longue, dure, ligneuse. Elle pousse plusieurs tiges en arbrisseaux qui se divisent en branches fermes, longues, revêtues d'une écorcé verte obscure, garnies de quelques épines fortes et piquantes. Ses feuilles naissent par paires ordinairement au nombre de sept, sur une côte terminée par une seule feuille, d'un verd foncé, arrondies, dentelées en leurs bords, rudes au toucher.

Sa fleur est tantôt simple, composée seulement de cinq larges pétales, avec plusieurs sommets jaunes dans le milieu ; tantôt double, et alors les feuilles extérieures sont un peu plus grandes que les intérieures, d'une couleur rouge ou incarnate réjouissante, d'une odeur très-suave, quoique faible. Lorsque la fleur est passée, le calice dont elle était soutenue, devient un fruit ovale, ou de la figure d'une petite olive, à écorce un peu charnue, qui n'a qu'une seule loge remplie de plusieurs semences anguleuses, velues, blanchâtres. L'arbrisseau fleurit en Mai et Juin.

On sait que la rose sauvage, rosa sylvestris, vulgaris, flore odorato, incarnato, Inst. rei herb. 638. est la fleur de l'églantier, voyez ÉGLANTIER.

Les roses, comme d'autres plantes, présentent quelquefois des jeux monstrueux de la nature. On en lit un exemple dans le journal des Savants, année 1679. M. Marchand en rapporte un autre dans les mém. de l'acad. des Sciences, année 1700. La monstruosité de cette dernière rose consistait 1°. en ce qu'au lieu de bouton, il y avait cinq feuilles en côtes qui soutenaient la fleur ; 2°. du milieu de cette rose s'élevait un bourgeon qui commençait à former une branche ligneuse. (D.J.)

ROSES, ESSENCE DE, (Art distillatoire) après avoir considéré que les Parfumeurs ne tiraient guère qu'une once d'huîle essentielle de rose sur cent livres de cette fleur, M. Homberg a trouvé l'art d'augmenter de près d'un tiers cette essence précieuse dans la distillation, si l'on a soin, avant que de distiller les roses, de les faire macérer pendant quinze jours dans l'eau aigrie par l'esprit de vitriol. Outre ce moyen, que les Parfumeurs ont adopté, ils ont encore une adresse particulière dans cette opération : ils se servent d'une vessie distillatoire, qui contient environ un muid ; elle est ouverte par un tuyau en haut, à cause de la grande quantité d'eau qu'il faut souvent remettre dans la vessie sur les roses qui distillent ; car l'huîle ne monte qu'à force d'eau, qui en élève très-peu à la fais.

Cette vessie est aussi ouverte par un robinet en bas, pour changer aisément les roses épuisées ; mais la plus grande adresse consiste dans la figure du vaisseau qui reçoit cette huîle ; il est fait comme un matras à l'ordinaire, de la panse duquel sort un tuyau, comme étaient faits dans le dernier siècle les vinaigriers et les huiliers qu'on servait à table ; ce tuyau monte depuis la partie basse de la panse, jusqu'au bas du col du récipient, où il est recourbé en dehors ; l'effet de ce récipient, qui ne contient ordinairement que deux ou trois pintes, est de recevoir commodément plusieurs centaines de pintes d'eau rose sans le changer, ce qui perdrait la petite quantité d'huîle qui s'y amasse ; cette eau se décharge par ce tuyau dans un second récipient ; et comme l'huîle est plus légère, elle surnage cette eau, et s'amasse dans le col du récipient à la hauteur de l'ouverture, pendant que l'eau du fond du premier récipient s'écoule dans le second, à mesure qu'elle distille. Ce récipient, dont les Parfumeurs ont autrefois fait mystère, peut servir commodément aux distillations de toutes les huiles essentielles un peu précieuses. Mém. de l'acad. des Sciences, ann. 1700. (D.J.)

ROSE, (Matière médicale) la rose était déjà regardée par les anciens comme la panacée d'une infinité de maladies ; c'est l'éloge que Pline en fait. Les modernes en tirent aussi un grand nombre de préparations ; les principales sont l'eau simple de roses, la conserve de roses, les tablettes de suc rosat, le syrop de suc de roses, le suc de roses solutif, l'électuaire du suc de roses, le miel rosat, l'huîle de roses, l'onguent rosat, le vinaigre rosat, et la teinture de roses rouges. On trouve dans toutes les pharmacopées la manière et les usages de ces diverses préparations ; il serait seulement à souhaiter qu'elles fussent plus simples et mieux dirigées qu'on ne le voit dans plusieurs dispensaires. L'eau qu'on retire des roses par la distillation, est utîle pour bassiner les yeux dans leurs inflammations. Le syrop de roses solutif, est fort propre pour purger les enfants. La conserve de roses, possède une légère vertu cordiale et astringente, salutaire aux phtisiques. Le vinaigre rosat, mêlé avec de l'eau de roses, un peu de nitre et de camphre, compose un épithème propre dans les fièvres aiguës et les hémorrhagies du nez. (D.J.)

ROSE, (Jardin. Fleuriste) fleur qui croit sur l'arbrisseau qu'on appelle rosier. Voyez ROSIER.

Pline appelle la rose la reine des fleurs et l'ornement des jardins ; elle l'est par sa beauté, par ses variétés, et par son odeur délicieuse. Ses diverses parties ont été décorées de noms particuliers. On appelle l'ongle de la rose la partie blanche de sa feuille qui est la plus proche de la queue. On appelle hymen la petite peau qui enveloppe son bouton, et qui s'ouvre quand elle s'épanouit. Enfin le bouton même qui reste après que les feuilles sont tombées, se nomme gratecul. (D.J.)

ROSE DE JERICHO, (Botanique) c'est le myagrum ex Sumatriâ et Syriâ, semine spinoso, simili capiti aviculae de Zanoni 142, et c'est dans le système de Tournefort, une espèce de thlapsi, ou une petite plante haute d'environ quatre doigts, ligneuse, rameuse, ayant la figure d'une tête d'oiseau, de couleur cendrée ; ses feuilles sont petites, longuettes, découpées, velues ; ses fleurs sont quatre petites feuilles disposées en croix dans des épis, blanches, ou de couleur de chair. Sa semence est arrondie, rougeâtre, âcre au gout. Sa racine est simple, assez grosse, ligneuse ; pendant que cette plante est en vigueur sur la terre, elle parait un bouquet ; mais à mesure qu'elle se seche, les extrémités de ses branches se courbant en dedans, se réunissent à un centre commun, et composent une espèce de petit globe.

Cette plante croit dans l'Arabie déserte ; et quoiqu'on l'ait nommée rose de Jéricho, elle n'est point rose, et l'on n'en trouve point autour de Jéricho. On a dit autrefois, par l'amour du merveilleux, qu'elle ne s'ouvrait qu'au jour de Noë ; mais on sait à présent quelle s'ouvre en tous temps de sa vie, pourvu qu'on la plonge et qu'on la laisse tremper quelques moments dans l'eau ; on voit alors ses rameaux s'écarter peu-à-peu, s'épanouir, et ses fleurs paraitre. (D.J.)

ROSE D'INDE, (Jardinage) rosa indica. La tige de cette fleur est rameuse, haute de trois pieds, et garnie tout-au-long de petites feuilles étroites et dentelées. Ses fleurs sont aurores, très-doubles, en forme de rose, avec un calice écailleux qui contient des graines de couleur noire.

On met la rose d'Inde dans des pots, et dans les parterres, parmi les plantes de la grande espèce. Elle fleurit toujours en automne, et demande une culture générale. On la seme sur couche, et on a soin de la mouiller.

ROSE D'OUTREMER, (Botanique) par les botanistes, malva rosea, espèce de mauve, connue sous le nom de trénière, voyez MAUVE et TRENIERE. (D.J.)

ROSE TRENIERE, (Botanique) autrement dite la rose d'outremer, qui est une espèce de mauve, voyez-en l'article au mot TRENIERE ROSE, (Botanique) (D.J.)

ROSE, (Poésie, Mythol. Littér.) cette fleur était consacrée à Venus. Tous nos poètes la célebrent à l'imitation des Grecs et des Latins, si nous les en croyons,

C'est la reine des fleurs dans le printemps éclose ;

Elle est le plus doux soin de Flore et des zéphirs :

C'est l'ouvrage de leurs soupirs.

Anacréon s'était contenté de dire avec plus de simplicité, qu'elle est tout le soin du printemps, . Nos vieux poètes emploient toujours la rose dans leurs vers. Aujourd'hui les comparaisons tirées de cette fleur ont été si souvent répetées, qu'on n'en saurait user trop sobrement.

Aphtonius et Tzetzes nous assurent que c'est du sang de Vénus que les roses ont pris leur couleur vermeille. Bion prétend au contraire que la rose doit sa naissance au sang d'Adonis, et ce poète a pour lui non-seulement Ovide, mais l'auteur du pervigilium Veneris, dans l'hymne charmante qu'il a faite sur ce sujet.

" Avec quelle grâce, dit-il, le zéphir amoureux vient-il voltiger autour de la robe verte de cette reine des fleurs, et chercher à lui plaire par ses plus douces caresses ? Déja la divine rosée fait sortir ce bouton vermeil du fourreau qui l'enveloppe. "

Humor ille quem serenis astra rorant noctibus,

Jam nunc virginis papillas solvit humenti peplo.

" Je le vais, continue-t-il, ce bouton qui commence à s'épanouir ; je le vois glorieux d'étaler ce rouge incarnat dont la teinture est dû. au sang d'Adonis, dont l'éclat est augmenté par les baisers de l'amour, et qui semble composé de tout ce que la jeune Aurore offre de plus brillant, quand elle monte dans son char pour annoncer de beaux jours à la terre. "

En un mot, les poètes ne se sont plaints que du peu de durée de cette aimable fleur, et nimium brevis rosae flores amoenos, " et ces roses, ces charmantes fleurs qui passent hélas, trop tôt pour nos plaisirs. " Tout le monde connait cette épigramme latine :

Quam longa una dies, aetas tam longa rosarum,

Quas pubescentes juncta senecta premït.

Quam modo nascentem rutilus conspexit Eous,

Hanc veniens sero vespère vidit anum.

" La durée d'un jour est la mesure de l'âge de la rose ; la même étoîle qui la voit naître le matin, la voit mourir le soir de vieillesse. " Malherbe a bien su tirer parti de cette idée ; il dit, en parlant de la mort de la fille de M. Duperrier.

Mais elle était du monde, où les plus belles choses

Ont le pire destin,

Et rose elle a vÊCu ce que vivent les roses,

L'espace d'un matin.

Ainsi a vÊCu madame la princesse de Condé.

Les Romains aimaient passionnément les roses, et faisaient beaucoup de dépense pour en avoir en hiver. Les plus délicats les recherchaient encore, lorsque la saison en était passée. Dans le temps même de la république, ils n'étaient point contens, dit Pacatus, si au milieu de l'hiver, les roses ne nageaient sur le vin de Falerne qu'on leur présentait. Delicati illi ac fluentes parùm se lautos putabant, nisi luxuria avertisset annum, nisi hibernae poculis rosae innatassent. Ils appelaient leurs maîtresses du nom de rose, mea rosa, ma belle amie.

Enfin les couronnes de roses étaient chez les anciens la marque du plaisir et de la galanterie. Horace ne les oublie jamais dans ses descriptions des repas agréables. Aussi roseus, rosea, signifiait beau, belle, éclatant, éclatante, comme le des Grecs. C'est pourquoi Virgile dit, en parlant de Vénus :

Et avertens roseâ cervice refulsit.

" En se détournant, elle fit voir la beauté de son col. " Dans notre langue un teint de lis et de roses désigne aussi le plus beau teint du monde, tel qu'il se trouve seulement dans la florissante jeunesse. (Le chevalier DE JAUCOURT.

ROSE POSTEROL, noms que l'on a donnés à une ortie de mer de couleur rouge, de l'espèce de celles que l'on nomme cul de cheval. Voyez ORTIE DE MER.

ROSE BLANCHE, ROSE ROUGE, (Histoire d'Angleterre) on a donné le nom de rose blanche et de rose rouge, aux deux maisons d'Yorck et de Lancastre. Ces noms sont fameux par les guerres entre ces deux maisons, la quantité de sang anglais qu'elles ont fait répandre, et qui aboutit à la ruine entière de la maison de Lancastre.

Il faut donc se rappeler que sous le règne d'Henri VI. en 1453, il y avait en Angleterre un descendant d'Edouard III. de qui même la branche était plus près d'un degré de la souche commune que la branche régnante. Ce prince était un duc d'Yorck. Il portait sur son écu une rose blanche, et le roi Henri VI. de la maison de Lancastre, portait une rose rouge. C'est de-là que vinrent ces noms célèbres consacrés à la guerre civile. La bataille de Bolsworth donnée en 1485, et dans laquelle périt Richard III. mit fin aux désolations dont la rose rouge et la rose blanche avaient rempli l'Angleterre. Le trône toujours ensanglanté et renversé, fut enfin ferme et tranquille ; les malheurs qui avaient persécuté la famille d'Edouard III. cessèrent ; Henri VII. en épousant une fille d'Edouard V. réunit les droits des Lancastres et des Yorcks en sa personne. Ayant su vaincre, il sut gouverner. Son règne, qui fut de 24 ans, et presque toujours paisible, humanisa un peu les mœurs de la nation. Les parlements qu'il assembla et qu'il ménagea, firent de sages lais. La justice distributive rentra dans tous ses droits ; le commerce qui avait commencé à fleurir sous le grand Edouard, et qui avait été ruiné pendant les guerres civiles, se rétablit, et se ranima pour prospérer encore davantage sous Henri VIII. et sous la reine Elisabeth. (D.J.)

ROSE DE VENT, (Marine) c'est un morceau de carton ou de corne, coupé circulairement, qui représente l'horizon, et qui est divisé en trente-deux parties, pour représenter les trente-deux airs de vent. On suspend sur ce cercle une aiguille aimantée, ou l'on attache une aiguille aimantée à ce cercle, qu'on suspend dans une boite, et l'on écrit à chaque division, en commençant par le nord, les noms des vents dans l'ordre suivant.

Noms des rumbs de vent. 1. N. c'est-à-dire, nord. 2. N. 1/4 N. E. nord quart nord-est. 3. N. N. E. nord-nord-est. 4. N. E. 1/4 N. nord-est quart-nord. 5. N. E. nord-est. 6. N. E. 1/4 E. nord-est quart d'est. 7. E. N. E. est - nord-est. 8. E. 1/4 N. E. est quart nord - est. 9. Est. 10. E. 1/4 S. E. est quart sud - est. 11. E. S. E. est sud-est. 12. S. E. 1/4 E. sud-est quart-d'est. 13. S. E. sud-est. 14. S. E. 1/4 S. sud-est quart de sud. 15. S. S. E. sud-sud-est. 16. S. 1/4 S. E. sud quart sud-est. 17. S. sud. 18. S. 1/4 S. O. sud quart sud-ouest. 19. S. S. O. sud-sud-ouest. 20. S. O. 1/4 S. sud-ouest quart-sud. 21. S. O. sud-ouest. 22. S. O. 1/4 O. sud-ouest quart-d'ouest. 23. O. S. O. ouest - sud - ouest. 24. O. 1/4 S. O. ouest quart-sud-ouest. 25. O. ouest. 26. O. 1/4 N. O. ouest quart - nord - ouest. 27. O. N. O. ouest-nord-ouest. 28. N. O. 1/4 O. nord - ouest quart - ouest. 29. N. O. nord-ouest. 30. N. O. 1/4 N. nord-ouest quart-nord. 31. N. N. O. nord-nord-ouest. 32. N. 1/4 N. O. nord quart nord-ouest.

On donne sur la Méditerranée d'autres noms à ces rumbs de vent. Voyez dans les Planches de Marine, où l'on a dessiné deux roses des vents où sont marqués leurs noms sur l'Océan, et leurs noms sur la mer Méditerranée.

ROSE, (Architecture) ornement taillé dans les caisses qui sont entre les modillons, sous les plafonds des corniches, et dans le milieu de chaque face de l'abaque des chapiteaux corinthien et composite.

Rose de compartiment. On appelle ainsi tout compartiment formé en rayons par des plates-bandes, guillochis, entrelas, étoiles, etc. et renfermé dans une figure circulaire. Il sert à décorer un cul-de-four, un plafond, un pavé de marbre, rond ou ovale, etc.

On nomme aussi rose de compartiment, certains fleurons ou bouquets ronds, triangulaires ou losanges, qui remplissent les renfoncements de sofite, de voute, etc.

Rose de moderne. C'est dans une église à la gothique, un grand vitrail rond, avec croisillons et nervures de pierre, qui forment un compartiment en manière de rose. Les plus beaux vitraux de cette espèce sont à S. Denys en France.

Rose de pavé. Compartiment rond de plusieurs rangées de pavés de grès, de pierre noire de Caèn, et de pierre à fusil, mêlées alternativement, dont on orne les cours, grottes, fontaines, etc. On en fait aussi de pierre et de marbre de diverses sortes. Daviler. (D.J.)

ROSE, en terme de Boutonnier ; c'est un ornement dont le fond est de cartisanne, divisé en plusieurs branches formant autant de rayons, composés d'un seul brin plié en deux, qui s'éloignent les uns des autres, à mesure qu'ils s'éloignent de leur centre commun : les angles en sont arrondis à-peu-près comme ceux des feuilles d'une rose. La rose entre comme les pompons dans les différents ornements que le boutonnier imagine.

ROSE, en terme de Diamantaire, est un diamant plat, qui n'est taillé que sur la table. Voyez TABLE.

ROSES, (Haute-lisserie) petites étoffes de soie, de laine et de fil, dont les façons représentent des espèces de roses. Elles ont 20 aunes un quart à 20 aunes et demi de longueur, sur un pied et demi et un pouce de roi de largeur. Savary. (D.J.)

ROSE, terme de Luthier ; ce sont plusieurs trous qui représentent en quelque sorte la figure d'une rose, et qui sont au milieu de la table d'un instrument de musique, comme d'un luth, d'un clavecin, d'une épinette, etc. (D.J.)

ROSE - NOBLE, (Monnaie) monnaie d'or qui se fabrique en Hollande, et qui y a cours pour onze florins.

ROSE, (Serrurerie) ornement rond, ovale ou à pans, qui se fait ou de tole relevé par feuilles, ou de fer couronné par compartiment à jour. Il sert dans les dormants des portes cintrées, et dans les panneaux de serrurerie. (D.J.)

ROSE ou ROSETTE, (Teinturier) c'est ainsi que les Teinturiers nomment une certaine marque ronde de la grandeur d'un écu blanc, bleue, jaune ou d'autre couleur, que les Teinturiers sont obligés de laisser au bout de chaque pièce d'étoffe qu'ils teignent, pour faire connaître les couleurs qui leur ont servi de pied ou de fond, et faire voir que l'on y a employé les drogues et ingrédiens nécessaires pour les rendre de bon teint. Dict. de comm. (D.J.)

ROSE ou ROSETTE, terme de Tourneur ; c'est une sorte de cheville tournée, qui est grosse par un bout, et que l'on met à un ratelier avec plusieurs autres pour servir à pendre des habits. (D.J.)

ROSE, (Blason) la rose s'appelle soutenue, quand elle est figurée avec sa queue, elle est quelquefois d'un même, et quelquefois d'un différent émail, mais toujours épanouie, et tantôt avec les points de la châsse d'un émail différent des feuilles. Menestrier. (D.J.)

ROSE-CROIX, société des frères de la, (Histoire des impostures humaines) société imaginaire, et néanmoins célèbre par les fausses conjectures qu'elle a fait naître.

Ce fut en 1610, qu'on commença à entendre parler de cette société chimérique, dont on n'a découvert ni trace, ni vestige. Ce qu'il y a de plaisant, c'est que dès-lors les Paracelsistes, les Alchymistes, et autres gens de cet ordre, prétendirent en être, parce qu'il s'agissait des sciences occultes et cabalistiques, et chacun d'eux attribuait aux frères de la rose-croix ses opinions particulières. Les éloges qu'ils firent des frères de la rose - croix aigrirent quelques hommes pieux, et les portèrent à intenter toutes sortes d'accusations contre cette société, de l'existence de laquelle ils auraient dû préalablement s'assurer.

Cependant on débitait hautement qu'il paraissait une illustre société, jusques-là cachée, et qui devait son origine à Christian Rosencreuz. On ajoutait que cet homme né en 1387, ayant fait le voyage de la Terre-Sainte, pour visiter le tombeau de J. C. avait eu à Damas des conférences avec les sages chaldéens, desquels il avait appris les sciences occultes, entr'autres la magie et la cabale, qu'il avait perfectionné ses connaissances, en continuant ses voyages en Egypte et en Libye. Que de retour dans sa patrie, il avait conçu le généreux dessein de réformer les sciences. Que pour réussir dans ce projet, il avait institué une société secrète, composée d'un petit nombre de membres, auxquels il s'était ouvert sur les profonds mystères qui lui étaient connus, après les avoir engagé sous serment à lui garder le secret, et leur avoir enjoint de transmettre ses mystères de la même manière à la postérité.

Pour donner plus de poids à cette fable, on mit au jour deux petits ouvrages, contenant les mystères de la société. L'un a pour titre fama fraternitatis, id est, detectio fraternitatis laudabilis ordinis roseaecrucis ; l'autre intitulé confessio fraternitatis, parut en allemand et en latin.

Dans ces deux ouvrages, on attribuait à cette société. 1°. Une révélation particulière que Dieu avait accordée à chacun des frères, par le moyen de laquelle ils avaient acquis la connaissance d'un grand nombre de sciences, et qu'en qualité de vrais Théosophes, ils étaient en état d'éclairer la raison humaine par le secours de la grâce. 2°. On recommandait, outre la lecture de l'Ecriture-sainte, celle des écrits de Taulerus, et de la théologie germanique. 3°. On assurait que les illustres frères se proposaient de faire une réforme générale des sciences, et en particulier de la Médecine et de la Philosophie. 4°. On apprenait au public que lesdits frères possédaient la pierre philosophale, et que par ce moyen ils avaient acquis la médecine universelle, l'art de transmuer les métaux, et de prolonger la vie ; enfin, on annonçait qu'il allait venir un siècle d'or, qui procurerait toute sorte de bonheur sur la terre.

Sur le bruit que firent ces deux ouvrages, chacun jugea de la société des frères de la rose-croix, selon ses préjugés, et chacun crut avoir trouvé la clé de l'énigme. Plusieurs theologiens prévenus déjà contre l'école de Paracelse, pensèrent qu'on en voulait à la foi, et qu'une secte fanatique se cachait sous ce masque. Christophorus Nigrinus prétendit démontrer que les frères étaient des disciples de Calvin. Mais ce qui détruisit l'une et l'autre de ces conjectures, c'étaient quelques endroits des deux livres dont nous avons parlé, qui prouvaient que les frères étaient fortement attachés au luthéranisme. En conséquence, quelques luthériens défendirent avec zèle l'orthodoxie de la société.

Les plus éclairés conjecturaient que tout cela n'était qu'une fable forgée par des chymistes, comme l'indiquaient assez les connaissances chymiques dont cette société se vantait. Ils ajoutaient pour nouvelle preuve, que le nom même de rose - cruz était chymique, et qu'il signifiait un philosophe qui fait de l'or. Telle a été l'opinion de M. Mosheim.

Il y eut aussi des gens qui crurent bonnement que Dieu, par une grâce spéciale, s'était révélé à quelques hommes pieux, pour reformer les sciences, et découvrir au genre humain des mystères inconnus.

Mais comme on ne découvrait en aucun endroit ni cette société, ni personne qui en fût membre, les gens d'esprit se convainquirent de plus en plus, qu'elle n'existait point en réalité, qu'elle n'avait jamais existé, et que tout ce qu'on débitait de son auteur, était un conte fait à plaisir, inventé pour se divertir des gens crédules, ou pour mieux connaître ce que le public pensait de la doctrine de Paracelse, et des chymistes.

Le dénouement de la pièce fut, qu'on n'entendit plus parler de la société, depuis que ceux qui l'avaient mise sur le tapis gardèrent le silence, et n'écrivirent plus. On a soupçonné fortement JeanValentin Andréa, théologien de Wirtemberg, homme savant et de génie, d'avoir été, sinon le premier auteur, du moins un des premiers acteurs de cette comédie.

Quoi qu'il en sait, le nom de frères de la rose-croix est resté aux disciples de Paracelse, aux Alchymistes, et autres gens de cet ordre, qui ont formé un corps assez nombreux, et dont on appelle le système Théosophie. Voyez, article THEOSOPHIE, les principaux points de cette doctrine. (D.J.)

ROSE D'OR, (Histoire de la cour de Rome) c'est ainsi qu'on nomme par excellence, une rose de ce métal faite par un orfévre italien, enrichie de carats, et bénie par le pape le quatrième dimanche du carême, pour en faire présent en certaines conjonctures, à quelque église, prince, ou princesse.

La coutume qu'a le pape de consacrer une rose d'or le dimanche laetare Jerusalem, n'a pris son origine que dans le xi. ou XIIe siècle ; du-moins n'en est il pas parlé plus tôt dans l'histoire.

Jacques Picart, chanoine de saint Victor de Paris, dans ses notes sur l'histoire d'Angleterre, écrite par Guillaume de Neubourg, sur la fin du XIIe siècle, nous donne l'extrait d'une lettre d'Alexandre III. à Louis le jeune, roi de France, en lui envoyant la rose d'or ; " imitant (dit ce pape au monarque) la coutume de nos ancêtres, de porter dans leurs mains une rose d'or le dimanche laetare, nous avons cru ne pouvoir la présenter à personne qui la méritât mieux que votre excellence, à cause de sa dévotion extraordinaire pour l'Eglise, et pour nous-mêmes ".

C'est ainsi qu'Alexandre III. paya les grands honneurs que Louis le jeune lui avait rendus dans son voyage en France. Bien-tôt après les papes changèrent cette galanterie en acte d'autorité, par lequel en donnant la rose d'or aux souverains, ils témoignaient les reconnaître pour tels ; et d'un autre côté, les souverains acceptèrent avec plaisir de la part du saint siège, cette espèce d'hommage. Urbain V. donna en 1368 la rose d'or à Jeanne, reine de Sicile, préférablement au roi de Chypre. En 1418 Martin V. consacra solennellement la rose d'or, et la fit porter sous un dais superbe à l'empereur qui était alors au lit. Les cardinaux, les archevêques, et les évêques, accompagnés d'une foule de peuple, la lui présentèrent en pompe, et l'empereur s'étant fait mettre sur un trône, la reçut avec beaucoup de dévotion aux yeux de tout le public.

Henri VIII. reçut aussi la rose d'or de Jules II. et de Léon X. Ce dernier pape ne prévoyait pas qu'un de ses parents et successeurs (Jules de Médicis) qui prit le nom de Clément VII. s'aviserait bien - tôt après d'excommunier ce même monarque, et qu'il arriverait de-là, que toutes les roses de la tiare pontificale seraient flétries en Angleterre. (D.J.)