S. f. (Histoire naturelle, Botanique) ruta, genre de plante à fleur en rose, composée le plus souvent de quatre pétales concaves et disposés en rond. Le pistil sort du calice, et devient dans la suite un fruit arrondi, tétragone pour l'ordinaire, et composé souvent de quatre capsules attachées à un axe. Ce fruit renferme des semences qui ont ordinairement la figure d'un rein, ou qui sont anguleuses. Tournefort, inst. rei herb. Voyez PLANTE.

RUE SAUVAGE, harmala ; genre de plante à fleur en rose, composée de plusieurs pétales disposés en rond. Le pistil sort du calice, et devient dans la suite un fruit arrondi et divisé en trois capsules, qui renferment des semences le plus souvent oblongues. Ajoutez aux caractères de ce genre, que les feuilles sont alternes. Tournefort, institut. rei herbar. Voyez PLANTE.

RUE, (Jardinage) ruta, petit arbrisseau toujours vert, qui vient naturellement dans les pays méridionaux de l'Europe. Il s'élève à quatre ou cinq pieds ; ses feuilles sont épaisses, charnues, découpées, et d'un verd bleuâtre. Ses fleurs qui paraissent au mois de Juin sont jaunes et de peu d'agrément, elles viennent en bouquets au bout des branches. Ses graines qui sont noires, petites et anguleuses, sont renfermées dans une capsule qui a quatre loges. Quoique le feuillage de cet arbrisseau soit d'une jolie apparence, il rend une odeur forte, si désagréable, qu'il n'y a guère moyen d'en faire usage pour l'agrément. Son accroissement est prompt, il est robuste, il réussit dans toutes sortes de terrains, et il se multiplie aisément de graines, de branches couchées et même de bouture : cette dernière méthode est la voie la plus courte.

La Médecine fait usage de la rue dans quantité de circonstances. Elle a surtout la vertu de préserver des venins. Les Maréchaux en tirent des secours pour la cure des maladies du cheval et autres bestiaux. En Angleterre, en Hollande et en Allemagne, on fait entrer la rue dans plusieurs ragouts. En Italie on mange ses plus jeunes rejetons en salade. Mais on ne fait en France nul usage de cette plante dans les aliments. Les gouts varient chez les différentes nations, comme les mœurs et les opinions.

On connait plusieurs espèces de rue : voici les plus remarquables.

1. La rue domestique, c'est la plus commune, et celle dont on fait plus particulièrement usage.

2. La rue domestique à petites feuilles, ses fleurs sont aussi plus petites. Cet arbrisseau n'a pas d'autres différences.

3. La rue domestique à petites feuilles panachées, ses feuilles sont joliment tachées de blanc, pendant l'hiver et dans le commencement du printemps. Mais ce qu'il y a de plus remarquable dans cet arbrisseau, c'est que les taches ne sont apparentes que dans le temps où la seve n'est plus en action. Elles disparaissent peu-à-peu, à mesure que l'arbrisseau végete au printemps, et on les voit reparaitre en automne, dès que la seve n'agit plus. On peut regarder cette plante comme un baromètre de végétation.

4. La rue d'Alep à larges feuilles, elle est plus délicate que les précédentes, et elle répand une odeur encore plus forte et plus désagréable.

5. La rue d'Alep à petites feuilles, c'est tout ce qui en fait la différence.

6. La grande rue sauvage, elle a beaucoup de ressemblance avec la première espèce, si ce n'est qu'elle s'élève davantage, et que ses feuilles, ses fleurs et ses graines sont plus petites, et que sa verdure est plus blanchâtre. Mais elle est moins robuste et d'une odeur si forte et si insupportable, qu'elle porte à la tête. Il y a même dans cette plante une vertu si active et si pénétrante, qu'elle occasionne de l'inflammation à la peau, lorsqu'on touche ses feuilles.

7. La petite rue sauvage, sa feuille et sa fleur sont plus petites que celles de la précédente. Elle s'elève beaucoup moins, et elle n'a pas de meilleures qualités. Cependant c'est l'espèce de rue qui a le plus d'agrément par rapport à son feuillage qui est très-joli.

8. La rue d'Espagne, sa feuille ressemble à celle du lin, et elle est fort délicate.

RUE, (Matière médicale) rue des jardins et grande rue sauvage. Ces deux plantes ont les mêmes propriétés, et peuvent se substituer l'une à l'autre. On doit observer seulement que la dernière a plus d'efficacité que la première, etc.

Les feuilles et les semences de la rue sont d'usage.

L'infusion des feuilles fraiches de cette plante, ou ces mêmes feuilles seches réduites en poudre, sont des remèdes très-efficaces pour rétablir les règles, et pour calmer les accès de vapeurs hystériques. Ces mêmes remèdes sont de bons vermifuges. Les semences ont les mêmes vertus, et sont employées aux mêmes usages. Le suc dépuré des feuilles est encore plus puissant. On emploie avec succès l'eau distillée de rue dans les juleps et les potions hystériques, anti-spasmodiques et vermifuges. Cette eau est comptée aussi parmi les remèdes ophtalmiques.

On prépare une conserve avec les sommités fleuries ; et on en retire une teinture qui a aussi les mêmes vertus. L'huîle essentielle de rue est regardée comme possédant les mêmes propriétés, et à un petit degré très-supérieur ; mais il est vraisemblable que cette huîle participe plus des qualités communes des huiles essentielles que des qualités particulières de la rue.

Cette plante est d'ailleurs recommandée comme résistant très-puissamment au venin, corrigeant le mauvais air, et même chassant le diable. C'est surtout un vinaigre composé, dont la rue est un des principaux ingrédiens qu'on emploie dans ces dernières vues.

On prépare avec la rue une huîle par infusion qu'on emploie extérieurement comme résolutive et nervine, et qu'on croit surtout propre à tuer les vers des enfants, si on leur en frotte le nombril. C'est principalement cette dernière propriété qu'on attribue aussi à l'huîle essentielle.

La rue doit être regardée comme un remède puissant, que son odeur forte et désagréable fait trop négliger parmi nous.

La rue entre dans un grand nombre de compositions officinales. Elle est un très-bon ingrédient d'un remède magistral externe très-usité sous le nom de vin aromatique. Voyez VIN AROMATIQUE. (b)

RUE, s. f. (Architecture) espace entre des maisons pour servir de passage au public, ou si vous l'aimez mieux, c'est un chemin libre bordé de maisons ou de murs, pavé et pratiqué dans les villes, pour communiquer d'une maison, d'une place, d'un quartier à un autre. Vitruve, Palladio, et ceux qui sont entrés dans le détail de la construction des villes, donnent les préceptes suivants, au sujet du compartiment des rues.

Dans l'alignement des rues des villes, il faut surtout avoir égard à la qualité et à la température de l'air où elles se trouvent. Dans les pays froids ou tempérés, on doit les tenir plus larges et plus spacieuses, afin que la ville en soit plus commode, plus saine et plus belle ; car l'air étant plus découvert, il est plus sain : de sorte que si une ville est située dans un air froid, et que les maisons y soient beaucoup exhaussées, il faudra donner beaucoup de largeur aux rues, afin que par ce moyen le soleil entre partout librement.

Mais si cette ville est située dans un climat fort chaud, il est nécessaire d'en faire les rues étroites, et les bâtiments plus exhaussés, afin que par le moyen de l'ombre qui se rencontre toujours dans les rues étroites, la chaleur se trouve plus modérée : ce qui contribue beaucoup à conserver la santé : c'est ce qu'on remarqua à Rome, depuis que Néron l'eut rebâtie, et qu'il eut tenu les rues plus larges qu'auparavant ; la ville en fut plus belle, mais elle se trouva plus exposée aux chaleurs et aux maladies.

Les rues principales doivent être disposées en sorte que des portes de la ville elles se rendent en droite ligne sur la grande place ; et quelquefois même, si la situation le permet, il est bon qu'elles passent jusqu'à l'autre porte ; et selon la forme ou l'étendue de la ville, on pourrait faire sur le même alignement, entre quelques-unes des portes et la principale place, plusieurs places moindres. Les autres rues doivent aussi aboutir non-seulement à la grande place, mais encore aux principales églises, aux grands palais, et à tous les lieux publics.

Mais dans ce compartiment des rues, il faut soigneusement prendre garde, selon l'avertissement que Vitruve nous donne, qu'elles ne soient point directement opposées à aucun vent violent, ni par conséquent sujettes à leurs tourbillons, et à l'impétuosité de leurs souffles ; d'ailleurs pour la conservation de la santé des habitants, on doit tâcher de détourner et de rompre les vents nuisibles.

Toutes les rues doivent avoir une pente vers le milieu, afin que les eaux qui tombent des toits des maisons, s'y viennent rendre toutes ensemble, se fassent un cours plus libre, et entraînent avec elles les ordures, de peur que, si elles croupissaient trop longtemps dans un même lieu, l'air ne s'infectât de leur corruption. On donne aux rues droites et larges une pente d'environ un pouce par taise pour l'écoulement des eaux. Les moindres ont un ruisseau, et les plus larges, une chaussée entre deux revers.

Les rues chez les Romains, étaient grandes ou publiques, et petites ou particulières. Ils nommaient les premières, royales, prétoriennes, consulaires ou militaires ; et les autres, vicinales, c'est-à-dire, rues de traverse, par lesquelles les grandes se communiquaient les unes aux autres.

Chacun dérive le mot de rue à sa fantaisie. Suivant Daviler, ce mot vient de rudus, aire pavée de mortier, de chaux et de ciment ; selon MM. de Port-Royal, le mot rue vient de , vicus, dont la racine est , je coule. Ducange prétend qu'on a dit ruta, ruda dans la basse latinité, pour signifier une rue et place marchande. (D.J.)

RUE d'une ville de guerre, (Architecture milit.) dans les villes de guerre les principales rues prennent leur origine à la place d'armes, qui est au milieu de la ville, et se conduisent sur un même alignement aux portes de la ville, aux remparts, et principalement à la citadelle ou au réduit, s'il y en a, afin qu'elles puissent être enfilées. On les fait aussi perpendiculaires les unes aux autres, le plus qu'il est possible, afin que les encoignures des maisons soient à angles droits. On donne ordinairement six taises aux grandes rues, et trois ou quatre aux petites. A l'égard de leur distance, la rue qui est parallèle à une autre, doit en être tellement éloignée, qu'il y reste un espace pour deux maisons de bourgeois dont l'une regarde une rue, et l'autre a la vue dans celle qui lui est opposée. On suppose ici que chaque maison a cinq ou six taises de large sur sept à huit d'enfoncement, avec une cour de pareille grandeur, afin que l'intervalle d'une rue à l'autre soit d'environ trente-deux à trente trois taises. Voyez la science des Ingénieurs de M. Belidor. (D.J.)

RUE, s. f. (terme de Carrier) ils appellent les rues d'une carrière, les espaces qui restent vides, après qu'on en a tiré les différents bancs de pierre dont elle est composée. C'est par ces rues qu'on nomme aussi chemins, que l'on pousse les pierres au trou, après qu'on les a mises sur les boules. Savary. (D.J.)

RUE, clou de rue, (Maréchalerie) on dit qu'un cheval a pris un clou de rue, pour dire qu'en marchant il a rencontré un clou qui lui est entré dans le pied, et l'a rendu boiteux.

RUE, (Géographie moderne) il y a deux petites villes de ce nom, l'une en France, l'autre en Suisse.

La première est en Picardie, dans le Ponthieu, à une lieue de Crotoy, sur la rivière de Mage. Quoique ses fortifications aient été rasées, c'est cependant encore un gouvernement de place. Elle a deux paroisses, et un petit commerce en bestiaux et en chevaux. Long. 19. 15. latit. 50. 17.

La seconde petite ville nommée Rue est au canton de Fribourg dans le bailliage de Corbière. Long. 24. 37. latit. 46. 57. (D.J.)