REDEMPTION, (Théologie) quand on lit avec attention les écrits des Peres, on ne peut douter qu'ils n'aient cru que l'Etre suprême veut en général le salut de tous les hommes ; qu'il n'y en a aucun qui par la mort de Jesus-Christ ne puisse être reconcilié avec Dieu, et qu'il fait offrir à certaines conditions le salut à tous.

Clément Alexandrin était grand universaliste : on trouve à chaque page de ses écrits des traits qui l'indiquent. " Dieu se propose, dit-il in protreptico, p. 72, de sauver le genre humain ; c'est pour cela que ce Dieu tout bon, a envoyé le bon pasteur ". Il dit dans ses stromates, l. VII. p. 702. que Dieu est le sauveur de tous, non de ceux-ci, et point de ceux-là : . Et peu après il ajoute : " comment est-il sauveur et seigneur, s'il n'est pas seigneur et sauveur de tous ?... Jamais donc le sauveur n'a en haine les hommes, lui qui par un effet de sa charité, n'ayant point dédaigné de prendre une chair infirme, est venu en chair pour le salut commun de tous. "

Irénée, liv. V. c. XVIIe dit que " dans les derniers temps Notre Seigneur établi médiateur entre Dieu et les hommes, a apaisé pour tous le père contre qui nous avions péché, ayant réparé notre desobéissance par son obéissance ".

Origène pensait de la même façon ; il dit, l. I. in Jobum, " que Jesus-Christ étant venu sur la terre, a souffert en son corps pour le salut de tous les hommes ". Il insiste sur cette doctrine en divers en droits. Dans son traité contre Celse, il dit l. IV. p. 135, " qu'il ne tient pas à Jesus-Christ que sa vertu ne se fasse sentir par-tout, puisqu'il est venu pour être le sauveur de tout le genre humain. "

Les docteurs dont nous exposons les sentiments, n'étaient pas moins universalistes sur l'article de l'offre que Dieu fait de sa grâce à tous les hommes. Clément d'Alexandrie tient encore ici un rang distingué. Il dit, in protreptico, p. 55. " que comme Dieu aime les hommes, il les appelle tous à la connaissance de la vérité, ayant envoyé le Paraclet. Ecoutez, dit-il, vous qui êtes loin ; écoutez aussi, vous qui êtes près ; la parole n'est cachée à personne ; c'est une lumière commune ; elle brille pour tous les hommes, etc. "

Origène est dans les mêmes idées, comme on le voit en divers endroits de son traité contre Celse. " Que les savants, dit-il dans cet ouvrage, l. III. p. 116. de la traduction de Bouhereau, que les sages, que les prudents approchent s'ils veulent ; mais que les ignorants, les fous, les étourdis et les simples, ne laissent pas d'approcher hardiment aussi, car notre doctrine promet de guérir ceux qui sont dans ce mauvais état, et de les rendre tous dignes de Dieu. C'est une fausseté d'avancer que les prédicateurs de cette sainte doctrine ne veulent gagner que des personnes sans esprit, sans jugement et sans vertu, des femmes, des enfants et des esclaves. Il est vrai qu'elle invite toutes ces personnes à la suivre, afin de les corriger de leurs défauts ; mais elle y invite aussi ceux qui ont d'autres qualités meilleures ; car Jesus-Christ est le sauveur de tous les hommes, et principalement des fidèles, sans avoir égard soit à leur sagesse, soit à leur simplicité ; il est la victime de propitiation offerte au père pour nos péchés, et non-seulement pour les nôtres, mais aussi pour ceux de tout le monde ".

Les curieux trouveront un grand nombre de passages semblables dans Vossius, hist. Pelag. l. VII. part. I. thesi 2. 3. 4.

Enfin il est constant que la plupart des Peres ont été universalistes, et S. Augustin parait avoir embrassé ce sentiment dans son exposition de ces paroles de S. Paul : Dieu veut que tous les hommes soient sauvés. En premier lieu, dit-il, il veut que tous soient sauvés en tant qu'il n'y en a aucun de sauvé que Dieu n'ait dessein de sauver, à peu-près comme l'on dit d'un maître qu'il enseigne telle ou telle science à tout le monde, parce qu'il n'y a personne de ceux qui l'étudient, qui ne l'apprenne de ce maître. En second lieu il veut que tous soient sauvés, c'est-à-dire des personnes de toute nation, de tout sexe, de tout âge, de toute condition. En troisième lieu, l'apôtre parle d'une volonté de Dieu antécédente et conditionnelle, de la même manière qu'on peut dire d'un juge, qu'en général il veut la vie de tous les hommes en les considérant exempts de crimes, et par une volonté conséquente, il veut que tel ou tel soit puni de mort, en tant que coupable de meurtre, ou d'autre crime. Voyez PREDESTINATION, Hist. ecclés. (D.J.)

REDEMPTION DES CAPTIFS, ou NOTRE-DAME DE LA MERCY, (Histoire ecclésiastique) ordre militaire, et ensuite religieux, fondé par S. Pierre Nolasque, par S. Raimond de Rochefort, et par Pierre, roi d'Aragon. Les religieux de cet institut, outre les trois vœux ordinaires de la religion, de chasteté, de pauvreté et d'obéissance, en font un quatrième de s'employer pour la délivrance des esclaves chrétiens, détenus par les Barbares, et même d'entrer en servitude pour la liberté des fidèles. Les papes ont approuvé cet ordre, et lui ont accordé divers privilèges.