RECOMPENSES MILITAIRES, (Histoire ancienne) prix ou marques d'honneur accordés par l'état aux guerriers, en reconnaissance de leur bravoure. On peut les distinguer chez les anciens en deux espèces générales, savoir en récompenses honorables, et en récompenses lucratives.

Les premières étaient celles auxquelles les peuples avaient attaché des idées de gloire, et qui étaient moins précieuses par les marques de distinction prises en elles-mêmes, que par la réputation qu'elles procuraient. De ce genre étaient chez les Grecs, les statues, les inscriptions, etc. et chez les Romains, les différentes couronnes et l'honneur du triomphe. Voyez COURONNE et TRIOMPHE.

Les récompenses lucratives étaient, ou des sommes d'argent, ou des terres conquises distribuées aux vieux soldats, ou des pensions données après leur mort à leurs femmes et à leurs enfants. Cette distinction supposée, il est facîle de l'appliquer aux différents genres de récompenses militaires usitées chez les anciens.

Les Grecs pour exciter l'émulation et l'amour de la gloire, avaient imaginé grand nombre de ces distinctions flatteuses, dont les hommes sont toujours avides : une statue, une inscription honorable sur son tombeau, engageaient un citoyen à se sacrifier pour la patrie. A Athènes on exposait pendant trois jours les ossements de ceux qui avaient été tués dans le combat, et chacun s'empressait à leur venir jeter des fleurs, offrir de l'encens et des parfums ; on les ensevelissait ensuite avec pompe dans autant de cercueils qu'il y avait de tribus dans la république, et avec un concours infini de peuple. Enfin quelques jours après un citoyen ou un orateur des plus qualifiés d'Athènes prononçait publiquement leur oraison funèbre.

Outre cela la république nourrissait les veuves de ces illustres morts, lorsqu'elles étaient dans le besoin, faisait élever leurs enfants jusqu'à ce qu'ils fussent parvenus à l'adolescence, et alors on les renvoyait chez eux avec cette cérémonie singulière. Pendant les fêtes de Bacchus, un héraut les produisait sur le théâtre, couverts d'une armure complete , et les renvoyait avec cette formule qu'il prononçait, et qu'Eschine nous a conservée. " Ces jeunes orphelins, à qui une mort prématurée avait ravi au milieu des hasards leurs pères illustres par des exploits guerriers, ont retrouvé dans le peuple un père qui a pris soin d'eux jusqu'à la fin de leur enfance. Maintenant il les renvoye armés de pied en cap, vacquer sous d'heureux auspices à leurs affaires, et les convie de mériter chacun à l'envi les premières places dans la république. "

Ceux qui survivaient aux dangers de la guerre, et qui avaient rendu des services importants à l'état, étaient honorés d'une couronne dans l'assemblée du peuple ; elle était d'abord d'un olivier sacré qu'on conservait dans la citadelle, ensuite on décerna des couronnes d'or. Souvent ils étaient nourris aux dépens du public dans le pritanée, et souvent aussi gratifiés d'une certaine quantité de terres dans les colonies.

Les Romains employèrent à-peu-près les mêmes récompenses, comme on peut voir au mot COURONNE. Mais ils avaient, outre cela, pour les généraux, les honneurs du grand et du petit triomphe, distinctions que les Grecs n'accordèrent jamais à leurs plus grands hommes. D'ailleurs les généraux eux-mêmes faisaient à leurs soldats des distributions de blés, et même de terres, comme Sylla en donna aux siens, ou des largesses pécuniaires ; ainsi César donna deux cent mille sesterces au centurion Sceva, qui dans une action avait reçu deux cent trente flèches sur son bouclier. Le congé absolu était toujours accompagné, ou d'un établissement dans les colonies, ou sous les empereurs, d'une espèce de pension, qui était régulièrement payée aux vétérants sur le trésor public pour leur subsistance. Outre cela les promotions à des grades supérieurs pour les officiers subalternes, les couronnes d'or, et le titre d'imperator déférés aux généraux, étaient de puissants aiguillons pour les faire voler à la gloire.

RECOMPENSE, (Jurisprudence) est une indemnité que l'on donne à quelqu'un pour lui tenir lieu de quelqu'autre chose qu'il devait avoir.

La récompense en fait de communauté, est l'indemnité qui est due à un des conjoints, par l'autre qui a profité des deniers de la communauté.

Cette indemnité a lieu, lorsqu'un des conjoints a fait des deniers de la communauté, quelques impenses ou améliorations sur ses propres, ou qu'il a racheté quelque rente qu'il devait de son chef : dans ces cas et autres semblables, celui qui a profité des deniers de la communauté, doit récompense à l'autre conjoint ou à ses héritiers, conformément aux articles 232 et 234 de la coutume de Paris ; autrement il dépendrait des conjoints de s'avantager l'un ou l'autre indirectement, aux dépens de la communauté, ou même de leurs propres biens.

Quand la femme ou ses héritiers renoncent à la communauté, ils ne peuvent demander de récompense au mari pour ce qu'il a tiré à son profit de la communauté, ils ne peuvent demander que le remploi de leurs propres s'il y en a eu d'aliénés.

Mais pour les impenses et améliorations faites sur les propres de la femme, la récompense en est toujours due au mari, quand même la femme renoncerait à la communauté.

Il y a une autre sorte de récompense ou indemnité qui est due par le frère ainé à ses puinés, quand il retient tout l'enclos ou jardin joignant le château ou manoir qui contient plus d'un arpent de terre. Cette récompense doit être fournie en terres du même fief, quand il y en a, sinon en d'autres terres ou héritages de la même succession, à la commodité des puinés, le plus que faire se peut, au dire de prudhommes, ainsi qu'il est porté par l'article 13 de la coutume de Paris.

Celle d'Etampes, art. 10, porte, qu'à défaut d'héritages, la récompense sera fournie en deniers ou autrement ; que pour raison de ce, il n'est dû au seigneur aucun quint ni rachat.

Il est encore dû une autre sorte de récompense au légataire, lorsque le testateur lui ayant laissé plus que le quint des propres, l'héritier ne veut lui abandonner que le quint, et que cet héritier trouve dans la succession d'autres biens libres en meubles et acquêts ; mais s'il n'y avait pas d'autres biens, le légataire n'aurait point de récompense à prétendre. Voyez COMMUNAUTE, PROPRES, REMPLOI, PRECIPUT, LEGS, QUINT DES PROPRES. (A)