Quand on couvre de tuile, on place les chevrons à deux pieds ou seize pouces au plus de distance. Le millier de tuiles du grand moule, fait sept taises de couvert. Ces tuiles ont treize pouces de long, huit de large, et quatre pouces trois lignes de pureau ; on appelle de ce nom, la portion de tuîle qui reste découverte quand elle est en place. La grandeur des tuiles du petit moule est communément de neuf à dix pouces de long, sur six de large, et trois pouces et demi de pureau. Les tuiles rondes, ou creuses, ou en s couchée, demandent un toit extrêmement plat. Il y a de l'ardoise de 11 pouces de long sur 6 à 7 de large, et 2 lignes d'épais ; c'est la carrée forte. La carrée fine a 12 à 13 pouces de large sur une ligne d'épais. Le millier fait 4 taises de couverture, en lui donnant 3 pouces et demi de pureau ; en la ménageant bien, elle peut former jusqu'à quatre taises et demie. Le bardeau, ou ces petits ais qu'on substitue à la tuile, ne charge pas les maisons ; on les appelle aissis ou aissantes. On les emploie communément aux hangards. Il faut qu'ils soient sans aubier. Si on en fait des toits de maison, il ne sera pas nécessaire que la charpente soit forte. Il n'y faudra pas épargner le clou, non plus qu'à l'ardoise. Il durera plus longtemps si on le peint à l'huile. A la campagne, on couvre de chaume ou de paille de seigle non battue au fleau ; après que les faites et soufaites sont posés, on y attache avec des gros osiers ou des baguettes de coudriers etc. de grandes perches de chêne, à trois pieds de distance ; on lie ces perches avec de plus petites qu'on met en-travers, et l'on applique là-dessus le chaume ou la paille qu'on fixe avec de bons liens. Plus ces liens sont serrés et le chaume pressé et égal, mieux la couverture est faite. Il y a des couvertures de jonc et de roseaux. Quelquefois on gache la paille avec de la terre et du mortier.

On accroche la tuîle à la latte ; on y cloue l'ardoise après l'avoir percée d'un coup de marteau ; c'est pour cela qu'on remarque à la tuîle une encrénure en-dessous. Le pureau est plus grand ou plus petit selon la distance des lattes. Voilà en quoi consiste tout l'ouvrage de couvreur, qui demande plus de hardiesse et de probité que d'adresse. La latte est attachée sur les chevrons.

Comme il est quelquefois difficîle de vérifier l'ouvrage de couvreur, il n'a pas de peine à tromper. Il peut compter plus de tuîle ou d'ardoise qu'il n'en emploie. Il peut employer de mauvaise latte et de la tuîle mal façonnée ; il peut disposer la neuve de manière qu'elle soit mêlée avec la vieille, ou qu'elle lui serve de cadre. Il n'y a que la stipulation avant que l'ouvrage commence, et un examen attentif après que l'ouvrage est achevé, qui puisse mettre à couvert de la tromperie.

Le taiser de la couverture n'a rien de difficile, les dimensions étant données ; mais il est quelquefois dangereux de les prendre sur le toit. Quand on les a, il faut supposer la couverture plane, et ajouter au produit pour le battelement un pied carré, pour la pente un pied carré ; pour le posement de gouttière un pied carré ; pour une vue de faiture six pieds ; pour un oeil de bœuf commun dix-huit pieds, pour les lucarnes, demi-taise ou taise, selon leur forme.

Il n'est pas difficîle de savoir ce qu'il doit entrer d'ardoise ou de tuîle dans une couverture, les dimensions de l'ardoise étant données, l'étendue de la couverture, et la quantité de pureau ; ce qu'on a toujours.

On appelle couverture à la mi-voie, celle où l'on a tenu les tuiles moins serrées que dans la couverture ordinaire. Cette manière de couvrir convient à tous les ateliers où il faut ménager une issue à la fumée ou à des vapeurs incommodes ou nuisibles.

COUVERTURE, terme à l'usage des Couteliers, Serruriers, Taillandiers, et autres ouvriers en fer, c'est un morceau de gros acier, forgé comme il convient pour l'espèce d'ouvrage auquel on le destine ; qu'on refend ou qu'on recourbe, et dans lequel on place un morceau d'acier fin ; cet acier fin forme le tranchant de l'ouvrage, et le morceau de gros acier, qu'on appelle couverture, forme le dos, la scie, et les autres parties qu'il est indifférent de faire d'une matière fine ou grossière. Ainsi, la couverture sert, comme on voit, à épargner l'acier fin, et elle fait la fonction de la dorure chez les Chapeliers.

COUVERTURE, (Maréchallerie) on appelle ainsi un morceau de coutis bordé, qu'on met sur le corps du cheval dans l'écurie. On dit donner une couverture d'un étalon, lorsqu'on lui fait couvrir une jument.

* COUVERTURE, ouvrage d'ourdissage, qu'on étend sur les draps du lit pour se garantir du froid pendant la nuit. Les couvertures sont ordinairement blanches. Elles se fabriquent au même métier que le drap, voyez DRAP ; mais elles sont croisées comme la serge, voyez SERGE. On exécute aux coins, des couronnes ; et aux bords, des barres. On les foule ; au sortir du foulon on les peigne au chardon ; voyez l'article DRAP. On en fait à Montpellier d'une infinité de sortes différentes, distinguées par noms, marques, et poids. Il y a les grands marchands blancs et roux, marquées de trois barres et demie, et du poids de six livres au moins, et de sept au plus, au sortir des mains du pareur, et prêtes à être tondues. Les passe-grand-marchands, tant blancs que roux, marquées de quatre barres et demie, et du poids de neuf livres au moins et dix au plus. Les reforme-marchands, blancs et roux, marquées de cinq barres et demie, et du poids de onze livres au moins et douze au plus. Les extraordinaire-marchands, blancs et roux, marquées de six barres et demie, et du poids de treize livres au moins, et quatorze au plus. Les grands-fins, blancs et roux, marquées de quatre barres, et du poids de six livres au moins, et sept au plus. Les passe-grand-fins, blanc et roux ; marquées de cinq barres, et du poids de neuf livres au moins, et dix au plus. Les reforme-fins, blancs et roux, marquées de six barres, et du poids de onze livres au moins, et douze au plus. Les extraordinaire-fins, blancs et roux, marquées de sept barres, et du poids de treize livres au moins, et quatorze au plus. Les passe-extraordinaire-fins, blancs et roux, marquées de huit barres, et du poids de quinze liv. au moins, et de seize livres et demie au plus. Les repasse-extraordinaire-fins, blancs et roux, marquées de neuf barres, et du poids de dix-sept livres au moins, et dix-huit livres et demie au plus. Les grand-repasse-extraordinaire-fins, blancs et roux, marquées de dix barres, et du poids de dix-neuf livres au moins, et de vingt-une au plus. Les passe-grand-repasse-extraordinaire-fins, blancs et roux, marquées de onze barres, et du poids de vingt-trois livres au moins, et vingt-cinq au plus. Les grandes-fines, blancs et roux, marquées de douze barres, et du poids de vingt-trois livres au moins, et de vingt-cinq au plus. Les grandes-fines, blancs et roux, marquées de treize barres, et du poids de vingt-cinq liv. au moins, et de vingt-sept au plus. Les grandes-fines, marquées de quatorze barres, et du poids de vingt-sept livres au moins, et de vingt-neuf au plus. Les grandes-fines, marquées de quinze barres, et du poids de vingt-neuf livres au moins, et de trente-une au plus. Les grandes fines, tant blancs que roux, marquées de seize barres, et du poids de trente une livres au moins, et de trente-trois au plus. Les grandes fines, marquées de dix-sept barres, et du poids de trente-trois livres au moins, et de trente-cinq au plus : il n'y a point de couverture au-dessus de ce poids. Des peignées, façon d'Angleterre, marquées de deux croix, et du poids de dix livres au moins, et de douze au plus : elles sont de laines fines du pays, ou de laine refin d'Espagne. Des peignées, façon d'Angleterre, marquées de trois croix, et du poids de douze livres au moins, et quatorze au plus. Des peignées fines, façon d'Angleterre, marquées de quatre croix, et du poids de quatorze livres au moins, et de seize au plus : elles sont de laine refin du pays ou refin d'Espagne. Des peignées très-fines, façon d'Angleterre, marquées de cinq croix, et du poids de seize livres au moins, et dix-huit au plus. Les mêmes, marquées de six croix, et de dix-huit livres au moins, et de vingt livres au plus. Des couvertures façon de Rouen, fabriquées de laine de Constantinople, marquées de barres comme les autres et des mêmes poids. Des grises, de poids à la discrétion du marchand, parce qu'elles sont de bas-prix.

Il est ordonné par les règlements des Manufactures, que toutes les couvertures soient de bonne laine et de bon poil ; de ne laisser courir aucun fil ; que les peselles en soient retirées par le marchand, en les payant aux Tisserands ; qu'elles soient bien foulées, nettoyées, dégorgées, afin qu'elles aient le corps capables de soutenir le garnissage du pareur ; que les pareurs les épaississent, les nettoient, en coupent les nœuds avant que les garnir ; qu'on veillera à ce que les ouvriers n'en tirent aucune suite, bout, ou fil de long ; que les pareurs les garnissent doucement et sans les effondrer ; qu'elles soient visitées, afin qu'il n'y reste ni trou ni invaladure, ni autre défaut ; que les pareurs n'emploient point de cardes de fer, mais seulement des chardons ; et que si on les teint, elles soient teintes en bon teint sans garence.

COUVERTURE : les Relieurs appellent couvertures, les peaux ou étoffes dont ils couvrent les livres après qu'ils ont reçu les façons nécessaires ; elles sont ordinairement en veau, ou en basanne ; quelquefois en marroquin ou en parchemin, rarement en autre chose. Il y en a eu cependant en velours, etc.

Pour couper les couvertures lorsqu'elles sont préparées, on étend la peau sur une table, et on présente le volume qu'on veut couvrir sur cette peau, en ouvrant le volume sur le plat du dos, qui doit toucher la peau, afin de couper juste ce qu'il en faut, en laissant un rebord pour retourner sur le carton et en-dedans. On coupe de même le marroquin, le parchemin, etc. On dit couper le cuir. Voyez PARER LES PEAUX.