C'est pour cette raison qu'aucune constellation n'est aujourd'hui au même endroit où les anciens astronomes l'avaient placée : du temps d'Hypparque les points équinoctiaux étaient aux premières étoiles d'aries et de libra ; mais ces points en sont à présent fort éloignés ; et les étoiles qui étaient alors en conjonction avec le soleil au temps de l'équinoxe, en sont aujourd'hui distantes vers l'orient d'un signe entier, c'est-à-dire, de 30 degrés ; ainsi la première étoîle d'aries est à présent dans la portion de l'écliptique appelée taurus : la première étoîle de taurus est dans les gémeaux ; et les gémeaux sont en cancer. Voyez SIGNE et CONSTELLATION.

Les équinoxes qui retrogradent continuellement vers l'occident, reviendront enfin au premier point d'aries après plusieurs années ; et toutes les constellations reprendront alors leur première situation par rapport aux points des équinoxes ; la durée de cette révolution est de 25816 ans, selon Tycho ; de 25920, selon Riccioli, et de 24800, selon M. Cassini.

Les anciens, et même quelques modernes, ont cru faussement que les points des équinoxes étaient immobiles ; et ont attribué le changement de place des étoiles par rapport aux équinoxes, à un mouvement réel dans l'orbe des fixes, qu'ils supposaient tourner fort lentement sur les pôles de l'écliptique ; selon ces Astronomes, les étoiles font leurs révolutions autour de ces pôles en 25920 ans ; après quoi elles doivent revenir à leur première place.

Les anciens appelaient cette période l'année platonique, ou la grande année : et ils croyaient (mais sans aucun fondement) que quand cette période serait finie, toutes choses recommenceraient dans leur premier état, et reviendraient dans le même ordre où elles étaient arrivées. Voyez AN.

La précession des équinoxes fait que le temps qui s'écoule depuis un équinoxe de printemps ou d'automne jusqu'à l'équinoxe suivant de printemps ou d'automne est un peu plus court que le temps que la terre met à faire sa révolution dans son orbite. Voyez AN.

Selon M. Newton, la cause physique de la précession des équinoxes vient de la figure de la terre, qui est, comme l'on sait, celle d'un sphéroïde aplati vers les pôles, et qui est telle, à cause de la rotation de la terre autour de son axe.

Ce phénomène vient en effet de la figure de la terre ; mais quelque ingénieuse que soit la théorie de M. Newton à ce sujet, elle laissait encore beaucoup à désirer, et pour dire le vrai, elle était très-fautive et très-imparfaite. C'est ce que j'ai fait voir en détail dans l'ouvrage que j'ai publié en 1749, et qui a pour titre, recherches sur la précession des équinoxes, et sur la nutation de l'axe de la terre dans le système newtonien ; dans cet ouvrage j'ai résolu le premier exactement cet important problême d'astronomie physique, j'ai fait voir 1°. qu'en vertu de la figure aplatie de la terre l'action du soleil et celle de la lune devaient produire dans les points équinoctiaux, un mouvement retrograde uniforme ; 2°. qu'outre ce mouvement l'inclinaison de l'orbite de la lune sur l'écliptique, et le mouvement de ces nœuds devait produire une nutation dans l'axe, et une petite équation dans la précession, telles à-peu-près que M. Bradley les a observés. Voyez NUTATION. Depuis ce temps j'ai fait voir dans les mémoires de l'académie des Sciences de 1754, que les mêmes lois de la précession et de la nutation auraient lieu, quand même les méridiens ne seraient pas semblables. Je renvoie le lecteur à ces différents écrits. (O)

En vertu de la précession des équinoxes, la différence entre le calendrier de l'horizon et l'ordre des signes du zodiaque dans l'écliptique est très-considérable. Dans l'horizon, le 21 de Mars répond au premier degré du bélier ; et ce premier degré touche l'équinoxe du printemps, ou l'intersection de l'écliptique sur le premier degré de l'équateur au point de l'orient. Vous y trouverez de même le 22 Juin marqué vis-à-vis le premier degré de l'écrevisse, où arrive le point de l'écliptique le plus déclinant de l'équateur ; et c'est le solstice d'été. Vous y verrez ensuite le 23 Septembre placé vis-à-vis le premier degré de la balance, et à l'autre intersection de l'écliptique sur le 180 degré de l'équateur ; ce qui est l'équinoxe d'automne. Enfin on y voit le 22 Décembre placé vis-à-vis le premier degré du capricorne, où l'écliptique décline le plus de l'équateur avec le pôle austral ; et c'est le solstice d'hiver. Si de dessus le bord de l'horizon terrestre vous portez les yeux sur le globe terrestre, vous y trouverez à la vérité la marque abrégée du bélier auprès de l'intersection sur le premier degré de l'équateur ; mais les étoiles mêmes du bélier, et la figure de l'animal qui les embrasse dans son étendue, sont 30 degrés plus éloignés vers l'orient. Toutes les marques abrégées des autres signes sont placées sur tout le reste de l'écliptique, comme elles sont marquées dans l'horizon. Mais les signes même, ou les animaux avec leurs étoiles commencent 30 degrés plus loin vers l'orient.

Les premiers astronomes eurent soin de poser les premiers degrés des signes du bélier, etc. aux points des équinoxes et des solstices. C'est ainsi qu'on comptait depuis longtemps, et ils étaient persuadés que les étoiles qu'on voyait dans ces points ne les quittaient jamais. Cependant peu-à-peu l'on s'est aperçu que la première étoîle du bélier s'écartait d'un degré du point de l'équinoxe vers l'orient, dans l'espace de 70 ans ; et enfin que tous les signes sont présentement avancés de 30 degrés vers l'orient. Mais ces points conservent encore aujourd'hui les noms des signes qui n'y sont plus.

Les Astrologues prêtent à la balance des influences bénignes, au scorpion une impression de malignité, et aux autres signes des effets conformes à la nature des animaux ou des objets, dont ces signes portent le nom. Ils prétendent surtout que toute l'activité de l'influence se fait sentir au moment que tel ou tel signe commence à monter sur l'horizon ; mais leur prétention est bien vaine, puisque, quand ils disent qu'un homme est né sous le dangereux aspect du scorpion, c'était réellement la balance, qui montait alors sur l'horizon ; que ce sont les gémeaux qui y montent, quand on dit que c'est le cancer, et ainsi des autres. Article de M. FORMEY, qui l'a tiré du spect. de la nature, t. IV. p. 378.