La partie du pont qui est sous la porte se baisse dans une espèce de cage ou d'enfoncement, pratiquée à cet effet, qu'on nomme par cette raison la cage de la bascule.

Les ponts-levis à flèches sont ceux qui se meuvent par le moyen de deux pièces de bois suspendues en bascule au haut de la porte, et auxquelles le pont est attaché avec des chaînes de fer par sa partie qui tombe sur le pont dormant. Ces pièces de bois se meuvent sur une espèce d'essieu placé sur le bord extérieur de la porte ; elles sont appelées flèches, ce qui a fait donner ce nom aux ponts-levis, où elles sont employées. A la partie extérieure des flèches, c'est-à-dire à leur extrémité sous la porte, il y a des chaînes attachées qui servent à tirer cette partie des flèches en-bas pour faire lever le pont ; ce pont étant levé, il couvre la porte comme dans les ponts à bascule et le passage ou l'entrée de la ville se trouve alors interrompue et la porte bouchée.

On ne fait plus de ponts-levis à flèches aux places neuves, parce que les flèches font voir de loin quand le pont est levé ou baissé, et que le canon de l'ennemi peut facilement le rompre, et faire ainsi baisser le pont sans que ceux de la place puissent l'empêcher : un autre défaut encore de ces ponts, c'est qu'ils obligent de couper les plus beaux ornements du frontispice de la porte pour loger les flèches.

Il y a encore une autre espèce de pont-levis qu'on a pratiqué à Givet et à Toul, dont les flèches par la disposition du pont ne sont pas vues de la campagne. On nomme cette espèce de pont-levis ponts à zigzague. On en trouve de cette manière à Hambourg et à Lubec. Il y a apparence que ceux qui l'ont proposé en France, en avaient pris l'idée de ceux de ces villes ; car ils sont beaucoup plus anciens que ceux qui ont été construits en France selon cette méthode. Voyez sur ce sujet le livre de la science des Ingénieurs, par M. Bélidor, et l'article capit. PONT. (Q)

PONT ou TILLAC, (Marine) c'est un des étages du vaisseau. Les plus grands vaisseaux de guerre n'ont que trois ponts à cinq pieds de hauteur l'un sur l'autre. Les frégates de guerre n'en ont que deux. Le premier pont est celui qui est le plus près de l'eau. Cela est ainsi entendu parmi les Charpentiers, quoique quelques officiers entendent que le premier pont est celui qui est le plus élevé, et qu'ils appellent second ou troisième pont, selon qu'il y a deux ou trois ponts dans un vaisseau, celui qui règne sur le fond de cale. Il est certain cependant qu'on donne le nom de première batterie à celle qui est sur le pont le plus bas, et le nom de seconde à celle qui est au-dessus ; de sorte qu'il semble qu'il faut donner le nom de premier pont à celui d'en-bas qu'on nomme aussi franc-tillac. Chaque pont est soutenu par des poutres appelées baux ou barrost. Voyez BAUX.

Premier pont ou franc-tillac. C'est le pont qui est le plus près de l'eau à un vaisseau qui a plusieurs ponts.

Second pont. C'est le pont qui est au-dessus du premier pont.

Traisième pont. C'est le pont le plus haut du vaisseau, lorsqu'il est à trois ponts. Voyez Pl. V. fig. 1. coupe d'un vaisseau dans sa largeur où l'on voit le premier et le second pont.

Faux-pont. C'est une espèce de pont fait à fond de cale pour la commodité et pour la conservation de la charge du vaisseau, ou pour loger les soldats. Voyez FAUX-BAUX.

Pont-volant. C'est un pont de vaisseau qui est si léger qu'on ne saurait poser de canon dessus.

Pont de cordes. C'est un entrelacement de cordages dont on couvre tout le haut du vaisseau en forme de pont. Il n'y a guère que les vaisseaux marchands qui portent cette sorte de pont. Il sert à se défendre contre les ennemis qui viennent à l'abordage, parce que de dessous ce pont on perce aisément à coups d'épée ou d'esponton ceux qui ont sauté dessus.

Pont-coupé. C'est celui qui n'a que l'accastillage de l'avant et de l'arrière, sans régner entièrement de proue à poupe : ainsi le pont coupé est le contraire du pont courant devant l'arrière.

Vaisseau à pont coupé, pont courant devant arrière, c'est-à-dire qu'il est entier à la différence des ponts coupés.

Pont à caillebotis ou à treillis. Ces sortes de ponts sont affectés aux vaisseaux de guerre, pour laisser évaporer la fumée du canon.

Pont à rouleaux, sur lequel on fait passer des bâtiments d'une eau à l'autre par le moyen d'un moulinet.

Pont de bateaux. Ce sont des bateaux qu'on joint ensemble par divers moyens pour passer une rivière.

PONT, terme de fonte de cloche, c'est une des anses de la cloche qui n'est point recourbée, qui sort du milieu du cerveau de la cloche, et à laquelle les autres anses viennent se joindre par le haut. Voyez l'article FONTE DES CLOCHES, et les fig. 4. et 5. Planche de la fonderie des cloches ; c'est le pont dans la première figure.

PONT, terme d'Horlogerie, espèce de coq ou de potence, qui sert à porter les roues d'une pendule ou d'une montre, qui, par leur position, ne pourraient rouler dans les platines ou sur des chevilles placées sous le cadran. Voyez nos Planches d'Horlogerie et leur explication.

PONT-LEVIS, en terme de Manège, se dit du désordre et de la désobéissance du cheval, quand il se cabre plusieurs fais, et se dresse si haut sur les jambes de derrière, qu'il est en danger de se renverser et de renverser le cavalier. Ce cheval est dangereux à monter, à cause des ponts-levis qu'il fait souvent. Il faut rendre la main au cheval qui fait des ponts-levis. Les chevaux ramingues sont sujets à doubler des reins, et à faire des ponts-levis. Voyez RAMINGUE.

PONT, (Rubanier) c'est une planche de la largeur du métier attachée sur deux montants d'un pied environ de haut ; il se met au bout du métier du côté du siege, il sert comme d'échelon à l'ouvrier pour monter sur le métier ; il sert encore à recevoir dans la cavité la broche où sont enfilées les marches, les bouts de cette broche entrent dans deux trous faits aux montants, au moyen de quoi les marches se trouvent un peu élevées de terre.

PONT, le (Mythologie) c'est le nom qu'Hésiode et d'après lui bien d'autres écrivains donnent à la mer. Ce poète en fait un dieu né de la Terre, et qui s'allia ensuite avec elle, et en eut plusieurs enfants. Nérée est le premier de tous, vieillard vénérable et ennemi du mensonge, qu'on appelle vieux à cause de sa douceur, et parce qu'il aime la justice. Le second fils de la Terre et du Pont fut Thaumas. Eurybie fut le troisième fruit de cette alliance. Il est inutîle d'entrer dans d'autres détails, dont l'explication est également inintelligible. (D.J.)

PONT DE VAROLE, pons Varolii, en terme d'Anatomie, est le dessus d'un conduit qui se trouve dans le troisième ventricule du cerveau, situé dans le cervelet, et qui Ve à l'entonnoir. Voyez nos Planches anatomiques et leur explication. Voyez aussi CERVEAU, VENTRICULE, ENTONNOIR, etc.

On l'a ainsi appelé de Varole, médecin italien qui florissait dans l'université de Padoue vers l'an 1572, et qui en a fait la découverte.

D'autres Anatomistes ont aussi comparé les grosses branches de la moèlle allongée à deux rivières, et la protubérance à un pont sous lequel passait le confluent des deux rivières, et lui ont donné le même nom. Voyez PROTUBERANCE.

PONT, LE (Géographie ancienne) Pontus ou regio pontica, est une grande région de l'Asie mineure le long de la côte méridionale du Pont-Euxin, qui forme aujourd'hui la bande septentrionale de la Natolie. Cette contrée se portait depuis le fleuve Halys jusqu'à la Colchide, et elle prenait son nom du Pont-Euxin. Pline et Ptolémée joignent le pont avec la Cappadoce.

On a aussi donné au Pont le nom de royaume de Mithridate. Cependant le royaume de Mithridate était d'abord d'une bien moindre étendue que le Pont : il s'accrut peu-à-peu, et à la fin il s'étendit même au-delà des bornes du Pont.

Ptolémée n'a décrit le Pont que de la manière dont il était sous les empereurs : il le distingue en trois parties, et donne à chacun le nom de Pont, et point celui de Cappadoce. Il appelle la partie occidentale du Pont, le Pont Galatique, la partie orientale, le pont de Cappadoce ; et celle du milieu, le pont Polémoniaque.

L'origine de la première division du Pont vint de Marc-Antoine, qui ayant eu l'orient dans le partage des terres de la république entre les triumvirs, fit divers changements dans les royaumes, et dans les provinces. Il donna premièrement le Pont à Darius, fils de Pharnace, comme nous l'apprend Appien, Civil. l. V. Ensuite il le donna à Polemon, qui, dans le temps qu'Antoine marcha contre les Medes, regnait dans le Pont, selon le témoignage de Dion Cassius, l. XLIX. p. 407. La veuve de Polémon, nommée Pithodoris regnait dans ce pays du temps de Strabon, qui fait, l. XII. l'éloge de cette reine. Caligula rendit à Polémon, fils de cette princesse, le royaume qu'avait possédé son père ; et de son consentement, Néron en fit une province romaine, comme le disent Suétone, ch. VIIIe et Eutrope, liv. VII. ch. ix.

Les bornes de ce royaume que possédèrent les deux Polémons et Pythodoris, n'avaient pas la même étendue que le Pont polémoniaque que décrit Ptolémée ; ce dernier est beaucoup plus resserré. En effet, Strabon, l. XII. dit que Pythodoris possédait le pays des Thibarènes et celui des Chardéens jusqu'à la Colchide, avec les villes de Pharmacia et de Traperante que Ptolémée place dans le Pont cappadocien.

Il faut ainsi que du temps de Ptolémée la division des provinces romaines fût différente ; car il divise tellement le Pont, que le Pont galatique comprenait sur la côte du Pont-Euxin la ville de Thémiscyre, et dans les terres Sébastopolis, Amasia, et Comana Pontica. Le pont polémoniaque renfermait sur la côte l'embouchure du Thermodonte, Polemonium et Eotyorum ; et dans les terres Néocésarée, Zela, Sébaste, et Mégalassus : enfin le Pont cappadocien comprenait sur la côte Pharnacie, Cerasus et Traperus, et dans les terres, Cocalia, Cordyle, Trapezusae, Asiba, et quelques autres lieux peu connus. Cette division ne fut pas même constante depuis Ptolémée. A la vérité le nom de Pont polémoniaque se conserva, mais on y comprit d'autres villes, comme Néocésarée, Comana, Posemonium, Césarus, Trapezus, qui sont les cinq seules villes que les notices épiscopales mettent dans cette province.

Nicomède, roi de Bithynie, en mourant, ayant fait don de ses états au peuple romain, son royaume fut réduit en province romaine, que l'on appela la province du Pont, provincia Ponti, ou provincia pontica. Les Romains n'en tirèrent pourtant grand fruit, que lorsque Mithridate, qui avait fait alliance avec Sertorius, pour s'emparer de la Bithynie, eut été défait par Lucullus. Mais après que la guerre de Mithridate fut finie, Pompée augmenta la province du Pont d'une partie du royaume de ce prince, et des terres dont il s'était emparé.

Enfin Auguste ajouta à cette province la Paphlagonie, lorsque la race de ses rois fut éteinte en la personne de Déjotarus Philadelphe. Mais quoique cette province fût ainsi accrue, elle ne laissa pas de conserver encore son ancien nom, en même temps qu'on l'appelait province du Pont, ou province Pontique. Le premier nom lui est donné par Pline le jeune, l. IV. p. 9. et le second dans une inscription conservée à Milan. C'est cette même Bithynie avec ses accroissements que gouverna Pline le jeune ; et par ses lettres à Trajan, on peut juger quelles étaient les bornes de cette province ; car il les étend depuis la ville de Chalcédoine jusqu'à celle d'Amisus.

Ptolémée a décrit toutes les villes du Pont galatique, Polémoniaque et Cappadocien, qui étaient de son temps sur la côte du Pont-Euxin, et dans les terres. Les notices ecclésiastiques ne connaissent que deux provinces du Pont ; savoir la province du Pont ou de Bithynie, et la province du Pont Polémoniaque.

On a aussi transporté le nom de Pont à cette partie de la Scythie européenne qui borde la mer Noire au couchant, au-dessus et au-dessous des bouches du Danube. La capitale du Pont en Asie s'appelait Heraclea Mariandynorum, aujourd'hui Penderachi.

M. Vaillant a composé une histoire des rois de Pont, qui quoique instructive, ne peut être regardée que comme une ébauche très-imparfaite. Polybe en parlant des rois de cette contrée de l'Asie, dit qu'ils faisaient remonter leur origine jusqu'à l'un des seigneurs persans qui conspirèrent contre le mage Smerdis ; mais aucun de tous ces rois n'a fait plus de bruit dans le monde que le grand Mithridate, qui monta sur le trône à l'âge d'environ 13 ans, l'an 123 avant J. C. Voici le portrait qu'en fait Velleius Paterculus, c'est un portrait de main de maître, je n'en connais point de plus beau. Mithridatus rex Ponticus, vir neque silendus, neque dicendus sine curâ, bello acerrimus, virtute eximius ; aliquando fortuna, semper omnino maximus ; consiliis dux, miles manu, odio in Romanos Annibal. (D.J.)