Le sang doit passer lorsqu'il coule par tout le corps par des vaisseaux, dont le diamètre n'excède point la dixième partie de la grosseur d'un cheveu : mais le même sang sorti du corps, s'épaissit de façon qu'il ne serait plus capable de passer par les gros canaux. On appellerait résolutifs ce qui pourrait de nouveau diviser le sang épaissi en particules assez petites pour qu'il put fluer par les plus petits vaisseaux.

Comme il y a diverses sortes d'humeurs, il est nécessaire qu'il y ait différents dissolvants : car les dissolvants aqueux résolvent tout ce qui est mucilagineux, glutineux, gommeux, savonneux, etc. Mais il se rencontre plusieurs humeurs que l'eau ne peut résoudre : car notre sang jeté dans l'eau tiede, ne laisse pas de se coaguler : la plupart des dissolvants salins, ont l'admirable propriété de résoudre ce coagulum. Les sels neutres sont très-propres à résoudre les concrétions inflammatoires ; la plupart des préparations de nitre, et surtout le nitre lui-même, qui est plus léger que le sel de mer, et que les forces du corps peuvent surmonter plus aisément, est d'un meilleur usage dans presque toutes les maladies aiguës ; les sels alkalis sont plus estimés pour les concrétions glutineuses.

Les substances savonneuses, surtout les plus douces, faites de sucre, de miel, et d'autres ingrédiens, résolvent quantité de concrétions, sans presque aucun effort et sans aucun dérangement ; au lieu que celles qui sont plus fortes, telles que sont les préparations chymiques les plus âcres, opèrent en excitant un mouvement plus violent.

Mais toutes ces choses ne sont d'un grand secours que lorsqu'on aide leur effet par des frictions ; car alors les résolvants mêlés avec le sang, par la pression et le relâchement alternatif des vaisseaux, sont, pour ainsi dire, broyés avec les fluides épaissis. Ainsi, il est constant qu'une légère friction faite avec le bain de vapeur (ayant en même temps donné les remèdes intérieurs les plus résolvans), a souvent dissipé des tumeurs aux glandes qu'on croyait presque indissolubles.

Les résolutifs sont 1°. les délayans ; 2°. les préparations de sel marin, de sel gemme, de borax, de sel ammoniac, les sels alkalis, soit fixes ou volatils ; les acides bien fermentés, et les substances dont ils sont la base, tels que le sel polychreste, le tartre tartarisé, le tartre purgatif de Sennert, la panacea duplicata du duc de Holstein, le nitre antimonié, et le sel de vipere soulé de Tachenius.

Les résolutifs savonneux sont les sels volatils spiritueux, aromatiques et huileux ; les savons chymiques, qui consistent en huiles distillées, et en alkalis fixes ; le savon commun qui est fait avec des huiles tirées sans feu et un alkali fixe ; enfin, les préparations de sucs mûrs de fruits d'été. On peut administrer toutes ces choses sous différentes formes pour les maladies chroniques ; et à la longue dans des mains habiles, comme dans celles de M. Tronchin, ce sont d'excellents remèdes. (D.J.)

RESOLUTIFS, adj. terme de Chirurgie concernant la matière médicale externe. Ce sont des médicaments qui ont la vertu de dissiper les humeurs qui embarrassent les parties, et les distendent contre l'ordre naturel. La résolution est la terminaison la plus favorable des tumeurs contre nature. Il n'y a que les tumeurs critiques, qu'il est plus à-propos de faire suppurer, de crainte que l'humeur morbifique rentrant dans le sang, ne se porte sur des parties intérieures où elle serait moins favorablement placée.

Les humeurs arrêtées dans une partie, ne peuvent se résoudre qu'en rentrant dans la voie de la circulation par le moyen de l'action organique des vaisseaux. Il faut donc, pour obtenir la résolution, que les humeurs soient assez fluides pour reprendre cette voie ; et l'on doit exciter l'action des vaisseaux avec des remèdes plus ou moins stimulants, suivant le degré de tension qu'ils ont. Ainsi, dans certains cas où les solides sont tendus et crispés, il faut avoir recours aux émolliens avant que de songer à l'administration des résolutifs ; et il faudra commencer par les plus doux, en les associant d'abord aux émolliens. Dans d'autres cas où l'action organique des solides est très-foible ; on se sert d'abord des résolutifs stimulants les plus actifs. En général on ne peut les employer avec connaissance de cause, qu'ayant égard, comme nous venons de le faire remarquer, aux dispositions relatives des solides et des fluides dans chaque espèce de tumeur, dont on se propose de procurer la résolution.

Les résolutifs les plus doux qui possèdent des parties actives, capables d'atténuer les humeurs, et de donner du ressort aux vaisseaux, joints à des mucilages adoucissants et émolliens, sont les fleurs de mélilot, de sureau, de camomille, de safran ; les farines de lin, de froment, de seigle, d'orobes, de lupins, de fèves. Les plantes vulnéraires et légèrement aromatiques viennent ensuite : et enfin les aromatiques astringens, et tous les remèdes corroborants et toniques, qui donnent beaucoup de ressort aux vaisseaux, sont des résolutifs plus actifs. Le camphre est un excellent remède, atténuant, calmant et résolutif. Tous les livres enseignent la méthode de formuler ces médicaments, et d'en faire des fomentations, des cataplasmes, etc. Les emplâtres fondantes sont résolutives, telles que les emplâtres de ciguè, de savon, de diabotanum, de vigo, avec ou sans mercure. Le mercure est le plus puissant résolutif qu'on connaisse : il y a des cas où son application en pommade est seule spécifique.

Les sels alkalis fixes doivent être mis au rang des résolutifs les plus efficaces. On sait que dans l'usage intérieur le sel alkali fixe est un puissant diurétique et diaphorétique. Ce sel mis en mouvement par l'action des vaisseaux agit sur les humeurs crues et glutineuses, et même sur les sucs albumineux ou lymphatiques ; il les incise, les dissout et les rend plus fluides ; il excite l'action des vaisseaux, et donne par-là du mouvement aux liquides. On ne peut donc employer de meilleur résolutif que le sel alkali fixe, pour donner de la fluidité et du mouvement aux humeurs qui séjournent dans les vaisseaux d'une partie affoiblie, comme dans les anciens oedemes, dans les ulcères avec empâtement, dans les congestions qui restent à la suite des grandes plaies contuses, telles que celles par armes à feu. On se sert alors avec beaucoup de succès des eaux minérales sulfureuses, fournies d'alkalis fixes naturels ; ou bien on a recours aux lessives de cendres de bois ou de plantes qui fournissent beaucoup de sel alkali, comme le sarment de vigne. Le sel alkali dissout dans l'eau, à la dose de deux gros sur pinte, a la même propriété que l'infusion des cendres dont on vient de parler. On se sert de ces dissolutions ou de ces lessives en forme de bains chauds et de douches. Voyez DOUCHES.

Tous les alkalis n'ont pas la même activité. Ceux des eaux thermales, c'est-à-dire, les alkalis naturels, sont plus faibles que les artificiels ; cependant les eaux minérales sont de puissants résolutifs, parce que ces eaux augmentent beaucoup la vertu de ces sels.

La dissipation de l'engorgement est le signe que la résolution se fait ; et dans les tumeurs inflammatoires, elle s'annonce par les rides de la peau sur la partie tendue. Le recueil des pièces qui ont concouru pour le prix de l'académie royale de Chirurgie, tome premier, contient des mémoires instructifs sur les médicaments résolutifs.

Les résolutifs seraient sans effet, si l'on n'avait l'attention de procurer des déplétions convenables qui favorisent et déterminent la résolution. Voyez RESOLUTION, Chimie, (Y)