C'est du premier mouvement, qu'on déduit la diversité de la nuit et du jour, voyez NUIT et JOUR, et c'est par le dernier qu'on rend raison de la vicissitude des saisons, etc. Voyez SAISON, PRINTEMS, ETE, HIVER, etc.

On distingue dans la terre trois parties ou régions ; savoir, 1°. la partie extérieure, c'est celle qui produit les végétaux, dont les animaux se nourrissent. 2°. La partie du milieu ou la partie intermédiaire qui est remplie par les fossiles, lesquels s'étendent plus loin que le travail de l'homme ait jamais pu pénétrer. 3°. La partie intérieure ou centrale qui nous est inconnue ; quoique bien des auteurs la supposent d'une nature magnétique ; que d'autres la regardent comme une masse ou sphère de feu ; d'autres comme un abîme ou amas d'eau, surmonté par des couches de terre ; et d'autres enfin, comme un espace creux et vide, habité par des animaux qui ont, selon eux leur soleil, leur lune, leurs plantes, et toutes les autres choses qui leur seraient nécessaires pour leur subsistance.

Il y en a aussi qui divisent le corps du globe en deux parties, la partie extérieure qu'ils appellent écorce, et qui renferme toute l'épaisseur des couches solides, et l'intérieure qu'ils appellent noyau, qui est d'une nature différente de la première, et qui est remplie, suivant leur sentiment, par du feu, de l'eau ou quelqu'autre matière que nous ne connaissons point.

La partie extérieure du globe, ou bien nous présente des inégalités, comme des montagnes et des vallées, ou est plane et de niveau, ou creusée en canaux, en fentes, en lits, etc. pour servir aux mers, aux rivières, aux lacs, etc. Voyez RIVIERE, LAC, OCEAN, etc.

La plupart des physiciens supposent, que ces inégalités sont provenues d'une rupture ou bouleversement des parties de la terre, laquelle a eu pour cause des feux ou des eaux souterraines.

Burnet, Stenon, Woodward, Whiston et d'autres supposent, que dans son origine et dans son état naturel, la terre a été parfaitement ronde, unie et égale ; et c'est principalement du déluge qu'ils tirent l'explication de la forme inégale et irrégulière que nous lui voyons ; sur quoi Voyez DELUGE, TREMBLEMENT DE TERRE, etc.

On trouve dans la partie extérieure de la terre différents lits qu'on suppose être des sédiments dont les eaux de differents déluges étaient chargées, c'est-à-dire des matières de differentes espèces qu'elles ont déposé, en se séchant ou en formant des marais. On croit aussi qu'avec le temps, ces differentes matières se sont durcies en differents lits de pierre, de charbon, d'argile, de sable, etc.

Le dr. Woodward a examiné avec beaucoup d'attention ces differents lits, leur ordre, leur nombre, leur situation par rapport à l'horizon, leur épaisseur, leurs intersections, leurs fentes, leur couleur, leur consistance, etc. et il a attribué l'origine de leur formation au grand déluge. Il suppose que dans cette terrible révolution, les corps terrestres furent dissous et se confondirent avec les eaux, et qu'ils y furent soutenus de façon à ne former avec elles qu'une masse commune. Cette masse des particules terrestres ayant donc été mêlée avec l'eau, se précipita ensuite au fond, selon cet auteur, et cela suivant les lois de la gravité, les parties plus pesantes s'enfonçant les premières, puis de plus légères, et ainsi de suite. Il ajoute que les differents lits dont la terre est composée se formèrent par ce moyen, et qu'ayant acquis peu-à-peu de la solidité et de la dureté, ils ont subsisté depuis en cet état. Il prétend enfin, que ces sédiments ont été parallèles, puis concentriques, et que la surface de la terre qui en était formée était parfaitement unie et régulière, mais que les tremblements de terre, les éruptions des volcans, etc. y ayant produit peu-à-peu divers changements, l'ordre et la régularité des couches se sont alterées ; de sorte que la surface de la terre a pris la forme irrégulière que nous lui voyons à présent. Tout cela, comme l'on voit, est purement hypothétique et conjectural. Voyez à ce sujet, le premier article de l'hist. nat. de M. de Buffon.

TERRE, en Astronomie ; c'est, suivant le système de Copernic, l'une des planètes qu'on appelle premières. Voici le caractère par laquelle on la désigne . Voyez PLANETE.

Dans l'hypothèse de Ptolémée, la terre est le centre du système. Voyez SYSTEME.

Le grand point qui distingue le système de Ptolémée et celui de Copernic, c'est que le premier de ces auteurs suppose la terre en repos, et que l'autre la fait mouvoir ; c'est-à-dire que l'un la met dans le centre, et fait tourner autour d'elle de l'orient à l'occident le soleil, les cieux et les étoiles ; au lieu que l'autre, supposant les cieux et les étoiles en repos, fait mouvoir la terre de l'occident à l'orient. Voyez SYSTEME DE COPERNIC et DE PTOLEMEE.

L'industrie des Astronomes de notre siècle a mis hors de doute le mouvement de la terre. Copernic, Gassendi, Kepler, Hoock, Flamsteed, etc. se sont surtout fait par là une réputation à jamais durable.

Il est vrai, que d'anciens philosophes ont soutenu ce même mouvement : Ciceron dit dans ses questions tusculanes, que Nicetas de Syracuse avait découvert le premier, que la terre a un mouvement diurne, par lequel elle tourne autour de son axe dans l'espace de 24 heures ; et Plutarque de placit. philosoph. nous apprend, que Philolaus avait découvert son mouvement annuel autour du soleil. Environ cent ans après Philolaus, Aristarque de Samos soutint le mouvement de la terre, en termes encore plus clairs et plus forts, suivant que nous l'apprend Archimède dans son traité de numero arenae.

Mais les dogmes trop respectés de la religion payenne, empêchèrent qu'on ne suivit davantage ces idées ; car Cleanthes ayant accusé Aristarque de sacrilege, pour vouloir faire mouvoir de sa place la déesse Vesta et les autres divinités tutelaires de l'univers, les philosophes commencèrent alors à abandonner un sentiment qui paraissait si dangereux.

Plusieurs siècles après, Nicolas de Cusa, cardinal fit revivre cet ancien système ; mais ce sentiment ne fut pas fort en vogue jusqu'à Copernic, qui démontra ses grands usages et ses avantages dans l'Astronomie. Il eut bientôt pour lui tous ceux qui osèrent se dépouiller d'un préjugé vulgaire et qui ne furent point effrayés de censures injustes. Aussi Kepler son contemporain n'hésite-t-il pas de dire ouvertement : Hodierno tempore praestantissimi quique philosophorum et astronomorum Copernico adstipulantur, secta est haec glacies ; vincimus suffragiis melioribus : caeteris penè sola obstat superstitio aut metus à Cleantibus.

Les arguments qu'on a allegués contre le mouvement de la terre, sont faibles ou frivoles. On objecte.

1°. Que la terre est un corps pesant et par conséquent, ajoute-t-on, peu propre au mouvement.

2°. Que si la terre tourne autour de son axe en vingt-quatre heures, ce mouvement devrait renverser nos maisons, nos bâtiments, etc.

3°. Que les corps ne tomberaient pas précisément sur les endroits qui sont au-dessous d'eux lorsqu'on les laisse échapper. Une balle, par exemple, qu'on laisserait tomber perpendiculairement à terre, tomberait en arrière de l'endroit sur lequel elle aurait été avant que tomber.

4°. Que ce sentiment est contraire à l'Ecriture.

5°. Qu'il contredit nos sens qui nous représentent la terre en repos, et le soleil en mouvement.

Les preuves qu'on donne du mouvement de la terre sont d'une espèce bien différente, et portent à l'esprit une évidence à laquelle on ne saurait se refuser ; ce qui vient de ce qu'elles sont tirées des observations et des phénomènes actuels et non des raisonnements vagues ; les voici en raccourci : on y trouvera la réponse à celles des objections précédentes qui sont les moins déraisonnables.

1°. Le soleil doit également paraitre en mouvement, et la terre en repos à un spectateur placé sur la terre, soit que le soleil se meuve, et que la terre soit en repos, soit qu'au contraire, ce soit le soleil qui reste en repos et la terre qui se meuve. Car supposons la terre en T (Pl. d'Astron. fig. 16.) et le soleil en I. Le soleil paraitra alors en ; et supposant que le soleil se meuve dans une orbite qui entoure la terre de 1 en 2, il paraitra ensuite en ; et s'il continue à aller en 3, il paraitra en , de sorte qu'il semblera toujours se mouvoir dans l'écliptique, suivant l'ordre des signes.

Supposons maintenant la terre en 1 et le soleil en T. Le soleil sera vu, ou paraitra alors en ; que la terre avance de 1 à 2 ; et le Soleil paraitra alors aux habitants de la terre avoir avancé de en , et si la terre parvient en 3, le soleil paraitra s'être avancé de jusqu'en , et ainsi de suite, suivant l'ordre des signes de l'écliptique.

Le soleil paraitra donc toujours également se mouvoir, soit qu'il se meuve réellement ou qu'il soit en repos, et ainsi on ne doit faire aucun cas de l'objection qu'on tire des apparences sensibles. Voyez VISION.

2°. Si l'on suppose qu'une des planètes se soit mue d'une certaine quantité de l'occident à l'orient, le soleil, la terre et les autres planètes, doivent paraitre aux habitants de cette première planète s'être mue d'une même quantité en sens contraire. Car imaginons une étoîle M, (fig. 55.) dans le zenith d'un habitant d'une planète placé en T, et supposant que la planète ait tourné sur son axe de l'occident à l'orient, le soleil paraitra après un certain espace de temps être arrivé au zenith de T, puis l'étoîle I paraitra y être arrivée à son tour, puis N, puis la planète L, puis enfin l'étoîle M, le soleil S, la planète L, et les étoiles j M N, paraitront donc s'être m s en sens contraire autour de la planète. S'il y avait donc des habitants dans les planètes, la sphère du monde, le soleil, les étoiles et les autres planètes devraient leur paraitre se mouvoir autour d'eux de l'orient à l'occident. Or les habitants de notre planète, c'est-à-dire, de la terre, sont sujets aux mêmes illusions que les autres.

3°. Les orbites de toutes les planètes renferment le soleil comme leur centre commun. Mais il n'y a que les orbites des planètes supérieures qui renferment la terre, laquelle n'est cependant placée au centre d'aucune de ces orbites, suivant que nous l'avons fait voir dans les articles SOLEIL et PLANETE.

4°. Comme il est prouvé que l'orbite de la terre est située entre celle de Vénus et celle de Mars, il s'ensuit de-là que la terre doit tourner autour du soleil ; car puisqu'elle est renfermée dans les orbites des planètes supérieures, leur mouvement pourrait à la vérité lui paraitre inégal et irrégulier sans cette supposition ; mais au-moins sans cela elles ne pourraient lui paraitre stationnaires ni rétrogrades.

5°. Les orbites et les périodes des différentes planètes autour du soleil, de la lune autour de la terre, des satellites de Jupiter et de Saturne autour de ces deux planètes, prouvent que la loi de la gravitation sur la terre, sur Jupiter et sur Saturne, est la même que sur le soleil, et que les temps périodiques des différents corps qui se meuvent autour de chacune de ces planètes, sont dans une certaine proportion avec leurs distances respectives. Voyez PERIODE et DISTANCE.

Or il est certain que dans la supposition du mouvement annuel de la terre, son temps périodique se trouverait suivre exactement cette loi ; en sorte qu'il y aurait entre son temps périodique et les temps périodiques de Mars et de Vénus, le rapport qui règne entre les temps périodiques des autres planètes ; c'est-à-dire, le rapport qui règne entre les racines carrées des cubes des distances de ces planètes au soleil ; au-lieu qu'on s'écarte prodigieusement de cette loi, si on suppose que ce soit le soleil qui tourne autour de la terre. En effet, si la terre ne tourne pas autour du soleil, le soleil tournera donc, ainsi que la lune, autour de la terre. Or le rapport des distances du soleil et de la lune à la terre est de 22000 à 57 ; et la période de la lune est d'ailleurs moindre que de vingt-huit jours, il faudrait donc (pour que la proportion des temps périodiques eut lieu) que la révolution du soleil ne se fit qu'en plus de quarante-deux ans, au-lieu qu'elle n'est que d'une année. Cette réflexion seule a paru à M. Whiston d'assez grand poids pour terminer la dispute sur les deux systèmes, et pour établir le mouvement de la terre. Voyez REVOLUTION.

6°. Ou-bien les corps célestes tournent tous autour de la terre en 24 heures, ou-bien il faut que la terre tourne dans le même temps autour de son axe ; or les planètes qui tournent autour du soleil font leur révolution en plus ou moins de temps, suivant que leurs orbites sont plus ou moins grandes, c'est-à-dire, suivant qu'elles sont plus ou moins éloignées du soleil ; d'où il s'ensuit que si les étoiles et les planètes tournaient autour de la terre, elles feraient de même leur révolution en des temps inégaux, suivant que leurs orbites ou leurs distances seraient plus ou moins grandes ; au-moins serait il vrai que les étoiles fixes qui sont à des distances si prodigieuses de la terre, ne sauraient se mouvoir autour d'elle en 24 heures, comme on suppose que le font les planètes les plus voisines.

7°. Dans tous les ouvrages de la nature qui sont soumis à notre connaissance, le créateur parait agir par les moyens les plus courts, les plus aisés et les plus simples ; or, si la terre parait être en repos, et si les étoiles se meuvent, la vitesse des étoiles devra être immense, au-lieu qu'il ne faudrait, pour expliquer ces mêmes effets, que supposer à la terre un mouvement plus modéré.

En effet, la moyenne distance de la lune à la terre est de 57 demi-diamètres de la terre ; ce qui, supposant le demi-diamètre de la terre de 3440 milles géographiques, se monte à 196080 milles ; la circonférence du cercle diurne de la lune est donc de 1231380 milles, et par conséquent son mouvement horaire de 483308 milles ; de sorte que dans chaque seconde (espèce de temps moindre que celui qui est employé à chaque battement d'artere), la lune, quoique le plus lent de tous les corps célestes, parcourt 3 milles et 5/9, c'est-à-dire plus d'une lieue et demie. Voyez LUNE. De-plus la moyenne distance du soleil à la terre est de 22000 demi-diamètres de la terre, ou de 75680000 milles géographiques ; d'où il s'ensuit que le mouvement diurne du soleil, lorsqu'il est dans l'équateur, devrait être de 475270400 milles, et que par conséquent dans l'espace d'une seconde il devrait parcourir 5480 milles géographiques, ou plus de 2000 lieues ; de-plus, la distance du soleil à la terre est à celle du soleil à Mars, comme 1 est à 2 ; à celle du soleil à Jupiter, comme un est à 5 et 1/4 ; et à celle du soleil à Saturne, comme 1 est à 9 : ainsi puisque les espaces diurnes, et tous les autres espaces semblables décrits dans un même temps, devraient être entr'eux comme ces distances ; Mars devrait donc dans un clin-d'oeil décrire 8222 milles, Jupiter 28688 milles, et Saturne 520652 milles, c'est-à-dire environ 20000 lieues : enfin, les étoiles fixes étant bien plus éloignées de la terre que Saturne, leur mouvement dans l'équateur ou auprès de l'équateur, devra donc être par cette raison beaucoup plus prompt que celui de cette planète.

8°. Si la terre est en repos, et que les étoiles se meuvent d'un mouvement commun, les différentes planètes décriront chaque jour différentes spirales qui s'éloigneront jusqu'à un certain terme vers le nord, et retourneront ensuite vers le terme opposé du côté du sud dans des limites tantôt plus et tantôt moins étroites.

Car les différences des distances des planètes au zénith varient chaque jour, et elles augmentent jusqu'à un certain point vers le nord, et décroissent ensuite vers le sud ; ainsi puisqu'on trouve en même temps la hauteur du pôle toujours la même, et que les planètes ne retournent pas au même point du méridien, on doit conclure de-là qu'elles décriront non pas des cercles, mais des spirales ; à quoi il faut ajouter que comme les différentes planètes ne conservent pas toujours la même distance de la terre, mais qu'elles s'en approchent quelquefois, et que d'autres fois elles s'en éloignent, elles décrivent donc de plus grandes spirales à de plus grandes distances, et de plus petites spirales à de plus petites distances : de plus, puisque leur mouvement devient plus lent lorsque la planète est plus éloignée de la terre, il s'ensuit de-là que les plus grandes spirales devront être décrites en moins de temps que les plus petites ; or, toute cette complication de mouvements en spirale peut-elle être admise, lorsqu'on a un moyen si simple d'y suppléer, en admettant le mouvement de la terre ?

9°. On trouve que la force de la gravité décroit à mesure qu'on approche de l'équateur, et cela arrive dans tous les corps qui ont un mouvement sur leur axe ; et dans ceux-là seulement, parce que c'est en effet le résultat nécessaire d'un pareil mouvement. Voyez GRAVITE et FIGURE DE LA TERRE.

En effet, lorsqu'un corps tourne sur son axe, toutes les parties, ou tous les corps qui lui appartiennent, font un effort continuel pour s'éloigner du centre ; ainsi l'équateur étant un grand cercle, et les parallèles allant toujours en diminuant vers les pôles, c'est dans l'équateur que la force centrifuge est la plus grande, et elle décroit vers les pôles en raison des diamètres des parallèles, à celui de l'équateur. Or la force de la gravité détermine les différentes parties vers le centre du système total ; et par conséquent la force centrifuge qui agit en sens contraire de la force de la gravité, retarde la descente des graves, et elle la retarde d'autant plus qu'elle est plus grande. Le docteur Keill prouve par le calcul que la force de la gravité est à la force centrifuge vers l'équateur, comme 289 est à 1, et que par conséquent les corps qui s'y trouvent y perdent 1/289, partie du poids qu'ils auraient si la terre était en repos. La force centrifuge étant donc extrêmement petite vers les pôles, les corps qui ne pesent à l'équateur que 288 liv. peseront aux pôles 289 livres ; or, on a remarqué en effet que la pesanteur est moindre à l'équateur qu'aux pôles. La terre tourne donc sur son axe.

10°. Voici une démonstration du mouvement de la terre tirée des causes physiques, nous en sommes redevables aux découvertes de M. Newton ; et le docteur Keill la regarde comme très-concluante, et même sans replique.

Il est démontré que toutes les planètes gravitent sur le soleil, et toutes les expériences confirment que le mouvement soit de la terre autour du soleil, soit du soleil autour de la terre, se fait de manière que les aires décrites par les rayons recteurs de celui de ces deux corps qui est mobile, sont égaux en temps égaux, ou sont proportionnels au temps ; mais il est démontré aussi que lorsque deux corps tournent l'un autour de l'autre, et que leurs mouvements sont réglés par une pareille loi, l'un doit nécessairement graviter sur l'autre. Or si le soleil gravite dans son mouvement sur la terre, comme l'action et la réaction sont d'ailleurs égales et contraires, la terre devra donc pareillement graviter sur le soleil. De plus, le même auteur a démontré que lorsque deux corps gravitent l'un sur l'autre, sans s'approcher directement l'un de l'autre en ligne droite, il faut qu'ils tournent l'un et l'autre autour de leur centre commun de gravité. Le soleil et la terre tournent donc autour de leur centre commun de gravité ; mais le soleil est un corps si grand par rapport à la terre, laquelle n'est, pour ainsi-dire, qu'un point par rapport à lui que le centre commun de gravité de ces deux corps, doit se trouver dans le soleil même, et peu loin de son centre ; la terre tourne donc autour d'un point qui est situé dans le corps du soleil ; et on peut dire par conséquent qu'elle tourne autour du soleil.

En un mot, supposer la terre en repos, c'est confondre et détruire tout l'ordre et toute l'harmonie de l'univers ; c'est en renverser les lois ; c'est en faire combattre toutes les parties les unes avec les autres ; c'est vouloir enlever au créateur la moitié de la beauté de son ouvrage, et aux hommes le plaisir de l'admirer. En effet, on rend par-là inexpliquables et inutiles les mouvements des planètes ; et cela est si vrai, que ceux des astronomes modernes qui avaient soutenu cette opinion avec le plus de zèle, ont été obligés de l'abandonner lorsqu'ils ont voulu calculer les mouvements des planètes. Aucun d'eux n'a jamais tenté de calculer ces mouvements dans des spirales variables, mais ils ont tous supposé tacitement dans leur théorie que la terre se mouvait sur son axe, et ils ont changé par-là les mouvements diurnes en cercles.

Riccioli, par exemple, qui par ordre du pape, s'opposa de toutes ses forces au mouvement diurne de la terre, comme contraire à l'Ecriture-sainte, fut cependant obligé, pour construire des tables qui se rapportassent un peu aux observations, d'avoir recours au mouvement de la terre.

C'est ce qu'avoue franchement le P. de Chales de la même société P. Ricciolus nullas tabulas aptare potuit quae vel mediocriter observationibus respondèrent, nisi secundum systema terrae motae ; et cela quoiqu'il s'aidât de tous les secours étrangers qu'il pouvait tirer des épicycles.

Le système qui suppose la terre en repos, est donc par lui-même absolument inutîle dans l'Astronomie, et on n'en doit pas faire beaucoup de cas en Physique, puisque ceux qui le soutiennent sont obligés à tout moment d'avoir recours à l'action immédiate de la divinité, ou-bien à des raisons et à des principes inconnus.

Il y a des auteurs qui rejettent le mouvement de la terre comme contraire à la révélation, parce qu'il est fait mention dans l'Ecriture-sainte du lever et du coucher du soleil ; qu'il y est dit, par exemple, que le soleil s'arrêta dans le temps de Josué, et qu'il recula dans le temps d'Ezéchias.

Mais on ne doit entendre autre chose par le lever du soleil, que le retour de son apparition sur l'horizon au-dessous duquel il avait été caché ; et par son coucher, autre chose que son occultation au-dessous de l'horizon après avoir été visible pendant un temps au-dessus ; ainsi lorsque l'Esprit-saint dit dans l'Eclésiaste, le soleil se lève et se couche, et revient à l'endroit d'où il était parti, il n'entend par-là rien autre chose, sinon que le soleil qui auparavant avait été caché, se voit de nouveau sur l'horizon ; et qu'après avoir paru, il se cache de nouveau pour reparaitre ensuite à l'orient ; car c'est-là ce qui parait à une personne qui voit le soleil, et par conséquent c'est cela, et rien de plus que les Ecritures ont dû avoir en vue.

De-même lorsque dans Josué, Xe 12. 13. il est dit que le soleil et la lune se sont arrêtés, ce qu'on doit entendre dans cet endroit par le mot de station, c'est que ces luminaires n'ont point changé de situation par rapport à la terre ; car en disant, soleil, arrête-toi sur Gédéon, et toi lune sur la vallée d'Ayalon, ce général du peuple de Dieu n'a pu demander autre chose, sinon que le soleil qui paraissait alors sur cette ville ne changeât point de situation ; or de ce qu'il demande au soleil de s'arrêter dans la même situation, on serait très-mal fondé à conclure que le soleil tourne autour de la terre, et que la terre reste en repos.

Gassendi distingue fort à-propos à ce sujet deux livres sacrés : l'un écrit qu'on appelle la bible, l'autre qu'on appelle la nature ou le monde ; c'est ce qu'il développe dans ce passage singulier. " Dieu s'est manifesté lui-même par deux lumières, l'une celle de la révélation, et l'autre celle de la démonstration ; or les interprêtes de la première sont les théologiens, et les interprêtes de l'autre sont les mathématiciens ; ce sont ces derniers qu'il faut consulter sur les matières dont la connaissance est soumise à l'esprit, comme sur les points de foi on doit consulter les premiers ; et comme on reprocherait aux mathématiciens de s'éloigner de ce qui est de leur ressort, s'ils prétendaient revoquer en doute, ou rejeter les articles de foi, en vertu de quelques raisonnements géométriques, aussi doit-on convenir que les théologiens ne s'écartent pas moins des limites qui leur sont marquées, quand ils se hasardent à prononcer sur quelque point des sciences naturelles au-dessus de la portée de ceux qui ne sont pas versés dans la géométrie et dans l'optique, en se fondant seulement sur quelque passage de l'Ecriture-sainte, laquelle n'a prétendu nous rien apprendre là-dessus ".

Après avoir ainsi prouvé le mouvement de la terre, il faut observer de plus que la terre Ve dans son orbite de manière que son axe se maintient constamment parallèle à lui-même. Voyez AXE et PARALLELISME.

L'axe de la terre a cependant un petit mouvement autour des pôles de l'écliptique ; c'est de ces mouvements que dépend la précession des points équinoxiaux. Voyez MUTATION et PRECESSION.

Sur l'inclinaison de l'axe de la terre, voyez INCLINAISON, ECLIPTIQUE et OBLIQUITE.

TERRE, en Géométrie, est ce globe mêlé de parties solides et fluides que nous habitons. Voyez TERRAQUEE ; voyez aussi OCEAN, MER, CONTINENT, etc. Wolf et Chambers. (O)

TERRE, couches de la, (Histoire naturelle, Minéralogie) strata telluris ; l'on nomme couches de la terre les différents lits, ou bancs de terres, de pierres, de sables, etc. dont notre globe est composé. Pour peu qu'on observe la nature, on s'aperçoit que le globe que nous habitons est recouvert d'un grand nombre de différentes substances, disposées par couches horizontales et parallèles les unes aux autres, lorsque quelque cause extraordinaire n'a point mis obstacle à ce parallélisme. Ces couches varient en différents endroits, pour le nombre, pour leur épaisseur, et pour la qualité des matières qu'elles contiennent ; dans quelques terrains on ne trouvera en fouillant à une très-grande profondeur, que deux, trois, ou quatre couches différentes ; tandis que dans d'autres, on trouvera trente ou quarante couches placées les unes au-dessus des autres. Quelques couches sont purement composées de terres, telles que la glaise, la craie, l'ochre, etc. d'autres sont composées de sable, de gravier ; d'autres sont remplies de cailloux et de galets, ou de pierres arrondies, semblables à celles que l'on trouve sur le bord des mers et des rivières ; d'autres contiennent des fragments de roches qui ont été arrachés ailleurs et rassemblés dans les lieux où on les trouve actuellement ; d'autres couches ne sont composées que d'une roche suivie, qui occupe un espace de terrain quelquefois très-considérable ; ces roches ne sont point par-tout de la même nature de pierre ; tantôt c'est de la pierre à chaux, tantôt c'est du gypse, du marbre, de l'albâtre, du grais, du schiste, ou de l'ardoise, et souvent il arrive que la roche qui forme une couche, est elle-même composée de plusieurs bancs, ou lits de pierres, qui différent entr'elles : on trouve des couches qui sont remplies de matières bitumineuses ; c'est ainsi que sont les mines de charbon de terre. Voyez CHARBON MINERAL. D'autres sont un amas de matières salines ; c'est ainsi que se trouvent le natron, et le sel gemme. Voyez ces articles.

Plusieurs couches enfin, ne sont que des amas de substances métalliques, et de mines qui semblent avoir été transportés par les eaux dans les endroits où nous les trouvons, après avoir été arrachées des endroits où elles avaient pris naissance. Voyez l'article MINES. Toutes ces différentes couches sont quelquefois remplies de coquilles, de madrepores, de corps marins, de bois, et d'autres substances végétales, d'ossements de poissons et de quadrupedes, et d'un grand nombre de corps entièrement étrangers à la terre.

Toutes ces circonstances qui accompagnent les couches de la terre, ont de tout temps exercé l'imagination des physiciens ; ils ont cherché à rendre raison de l'arrangement qu'ils y remarquaient, et des autres phénomènes qu'elles présentent : la position horizontale de la plupart de ces couches, et la situation parallèle qu'elles observent entr'elles, ont fait aisément sentir qu'il n'y avait que les eaux qui eussent pu leur donner cet arrangement uniforme. Une expérience très simple suffit pour confirmer cette idée ; si l'on jette dans un vase plein d'eau, quelques poignées de terre, de sable, de gravier, etc. chacune de ces substances s'y déposera plus tôt, ou plus tard, en raison de sa pesanteur spécifique, et le tout formera plusieurs couches qui seront parallèles les unes aux autres : cela posé, on a conclu qu'il fallait que les couches de la terre eussent aussi été formées par des substances qui avaient été délayées dans un fluide immense, d'où elles se sont successivement déposées. Comme l'histoire ne nous a point conservé le souvenir d'une inondation plus universelle que celle du déluge, les naturalistes n'ont point fait difficulté de le regarder comme le seul auteur des couches de la terre ; parmi ceux qui ont adopté ce sentiment, Woodward occupe le premier rang ; il suppose que les eaux du déluge ont détrempé et délayé toutes les parties de notre globe, et que lorsque les eaux se retirèrent, les substances qu'elles avaient détrempées, se déposèrent et formèrent les différents lits dont nous voyons la terre composée. Cette hypothèse, plus ingénieuse que vraie, a eu un grand nombre de sectateurs ; cependant pour peu que l'on y fasse attention, on verra que le prétendu détrempement de toute la masse de notre globe, est une idée très-chimérique. De plus, il n'est point vrai que les couches de la terre se soient déposées en raison de leur pesanteur spécifique, Ve que souvent quelques-unes de ces couches, composées de substances plus légères, sont au-dessous de couches composées de matières plus pesantes.

En général le déluge n'est point propre à rendre raison de la formation des couches dont nous parlons ; on ne peut nier qu'il n'en ait produit quelques-unes ; mais ce serait se tromper, que de les lui attribuer toutes indistinctement, comme ont fait quelques auteurs. En effet, comment concevoir qu'une inondation passagère, qui, suivant le recit de Moïse, n'a pas même duré une année, ait pu produire toutes les couches de substances si différentes, dont les différentes parties de notre globe sont composées ?

Le sentiment le plus vraisemblable sur la formation des couches de la terre, est celui qui en attribue la plus grande partie au séjour des mers qui ont successivement, et pendant plusieurs siècles, occupé les continens qui sont aujourd'hui habités. C'est au fond de ces mers que se sont déposées peu-à-peu les différentes substances que leurs eaux avaient détrempées ; les fleuves qui se rendent dans les mers, charrient sans-cesse un limon qui ne peut manquer à la longue de former des dépôts immenses, qui haussent le lit de ces mers, et les force à se jeter vers d'autres endroits. Notre globe étant exposé à des révolutions continuelles, a dû changer de centre de gravité, ce qui a fait varier l'inclinaison de son axe, et ce mouvement a pu suffire pour mettre à sec quelques portions du globe, et pour en submerger d'autres. La disposition et la nature de quelques couches de la terre, nous fournissent même des preuves convainquantes que les eaux de la mer ont couvert et ont abandonné à plusieurs reprises, les mêmes endroits de la terre. Voyez l'article FOSSILES.

Ce serait cependant se tromper, que d'attribuer à la mer seule la formation de toutes les couches que nous voyons sur la terre ; les débordements des rivières portent sur les terrains qu'elles inondent, une quantité prodigieuse de limon, qui au-bout de plusieurs siècles, forment des lits que l'oeil distingue facilement, et par lesquels on pourrait compter le nombre des débordements de ces rivières, dont le lit parlà même est souvent forcé de changer.

Quelques pays présentent aux yeux des couches d'une nature très-différente de celle dont nous avons parlé jusqu'ici ; ces couches sont des amas immenses de cendres, de pierres calcinées et vitrifiées, de pierres ponces, etc. Il est aisé de sentir que ces sortes de couches n'ont point été produites par les eaux ; elles sont l'ouvrage des embrasements souterrains et des volcans, qui dans différentes éruptions ont vomi ces matières à des intervalles quelquefois très-éloignés les uns des autres : telles sont les couches que l'on trouve en Sicîle près du mont Etna, en Italie près du mont Vésuve, en Islande près du mont Hécla, etc. c'est l'inspection de ces sortes de couches, qui a fait croire à Lazzaro Moro, que toutes les couches de la terre n'avaient été produites que par des volcans, d'où l'on voit qu'il a étendu à tout notre globe les phénomènes qui n'existaient que dans la contrée qu'il habitait, et dans d'autres qui sont sujettes aux mêmes révolutions.

Un grand nombre de montagnes ne sont formées que d'un assemblage de couches de terre, de pierres, de sable, etc. placés les uns au - dessus des autres. On a fait voir en quoi elles différent des montagnes primitives, qui sont aussi anciennes que le monde. Voyez l'article MONTAGNES. Les montagnes par couches sont d'une formation plus récente que les autres, puisqu'elles contiennent souvent des substances qui ne sont que des débris des montagnes primitives. Quelques-unes des montagnes composées de couches, sont souvent très-élevées. M. Sulzer a fait en Suisse une observation qui prouve qu'elles ont été couvertes autrefois par les eaux ; en effet ce savant naturaliste a trouvé que le mont Rigi était couvert d'une couche, composée d'un amas de cailloux et de pierres roulées de toutes sortes d'espèces, et liées par un gluten sablonneux et limoneux, qui n'en faisait qu'une seule masse.

A l'égard du dépôt qui a formé les couches de la terre, il ne s'est point toujours fait de la même manière ; quelquefois ce dépôt s'est fait dans des eaux tranquilles, et sur un fond uni ; alors les couches produites par ce dépôt, se sont trouvées horizontales et unies ; mais lorsque le dépôt est venu à se faire dans des eaux violemment agitées, ces couches ont eu des inégalités, voilà pourquoi l'on rencontre quelquefois des lits dans lesquels on remarque comme des bosses et des ondulations, et des substances en désordre et confondues ensemble. Lorsque le dépôt des matières détrempées et charriées par les eaux, s'est fait contre la crouppe d'une montagne primitive, les couches qui ont été déposées, ont dû nécessairement prendre la même inclinaison que le terrain qui leur a servi d'appui ; de-là vient l'inclinaison que l'on remarque dans de certaines couches.

Enfin l'on remarque que les couches de la terre sont quelquefois brisées et interrompues dans leur cours ; il parait naturel d'attribuer ces interruptions aux ébranlements causés par les tremblements de terre, par les affaissements de certains terrains, occasionnés par les excavations qu'ont faites les eaux souterraines. (-)

TERRE, révolutions de la, (Histoire naturelle, Minéralogie) pour peu que l'on jette les yeux sur notre globe, on trouve des preuves convaincantes qu'il a dû éprouver autrefois, et qu'il éprouve encore de temps à autres, des changements très-considérables. Les physiciens ont donné le nom de révolutions aux événements naturels par lesquels la terre est altérée en tout, ou dans quelques-unes de ses parties. L'histoire nous a transmis la mémoire d'un grand nombre de ces révolutions ; mais il y en a un plus grand nombre encore qui est demeuré dans la nuit des temps, et dont nous ne sommes assurés que par les débris et les ravages dont nous voyons des traces dans presque toutes les parties du globe que nous habitons : c'est ainsi que Moïse nous a transmis dans la Genèse, le souvenir du déluge universel ; l'histoire profane nous a parlé des déluges de Deucalion et d'Ogygès ; mais aucuns monuments historiques ne nous ont appris l'époque de plusieurs autres révolutions très-marquées, qui ont considérablement alteré la surface de la terre.

Ces révolutions de la terre sont de deux espèces, il y en a qui se sont fait sentir à la masse totale de notre globe, et l'on peut les appeler générales ; d'autres n'opèrent des changements que dans de certains lieux, nous les appellerons locales ; quelques-uns de ces changements sont opérés par des causes qui agissent sans-cesse ; d'autres sont opérés par des causes momentanées.

Tous les physiciens conviennent aujourd'hui que la terre s'est applattie par ses pôles, et qu'elle s'est par conséquent étendue vers l'équateur. On a lieu de présumer pareillement que l'axe de la terre a changé d'inclinaison et de centre de gravité ; il est aisé de sentir que des changements de cette nature, ont dû faire une impression très-forte sur la masse totale de notre globe ; ils ont dû changer totalement le climat de certains pays, en présentant au soleil des points de la terre différemment de ce qu'ils étaient auparavant ; ils ont dû submerger les parties de la terre qui étaient continent, et en mettre à sec d'autres qui servaient de bassin ou de lit à la mer ; et ces changements si considérables ont pu influer sur les productions de la nature, c'est-à-dire, faire disparaitre de dessus la terre certaines espèces d'êtres, et donner naissance à des êtres nouveaux : telles sont les révolutions les plus générales, que nous présumons avoir été éprouvées par la terre.

Il en est d'autres qui sans avoir entièrement changé la face de la terre, n'ont pas laissé de produire sur elle des altérations très-considérables ; de ce nombre sont surtout les tremblements de terre ; par leurs moyens nous voyons que les montagnes sont fendues, et quelquefois englouties dans le sein de la terre ; des lacs, des mers viennent prendre la place du continent ; les rivières sont forcées de changer leur cours ; des terrains immenses sont abimés et disparaissent ; des îles et des terres nouvelles sortent du fond des eaux. Voyez TREMBLEMENS DE TERRE.

Une expérience journalière et funeste nous apprend que les vents déchainés, poussent souvent avec violence les eaux des mers, sur des portions du continent qu'elles inondent, et d'où ensuite elles ne peuvent plus se retirer. Ces mêmes causes arrachent quelquefois des parties considérables de la terre ferme, et en font des îles : c'est ainsi que l'on est en droit de présumer que la Sicîle a été autrefois arrachée de l'Italie ; la Grande-Bretagne a été séparée du continent de la France ; les îles de l'Archipel du continent de l'Asie, etc.

Ces effets ont été quelquefois produits par plusieurs causes combinées ; les feux souterrains et les tremblements de terre ont souvent frayé la route aux eaux des mers, qui elles-mêmes ont été mises dans un mouvement impétueux par les vents, et alors les ravages ont été plus terribles.

Des causes moins violentes opèrent encore des altérations très-frappantes à la surface de notre globe ; les eaux des pluies détrempent et détachent peu-à-peu les terres et les pierres des montagnes, et s'en servent pour combler les vallées ; les rivières entraînent sans cesse un limon très-abondant, qui au bout de quelques siècles forme des terres aux endroits qui auparavant étaient entièrement couverts par les eaux ; c'est ainsi que l'on peut conjecturer que les eaux du Rhin ont formé peu-à-peu le terrain de la Hollande. C'est ainsi que les eaux du Rhône ont vraisemblablement produit l'île de la Camargue. Les eaux du Nil ont formé à l'embouchure de ce fleuve le Delta, etc. Les eaux de la Seine ont produit les mêmes effets en Normandie.

La force de l'air et des vents suffisent pour transporter des montagnes entières de sable, et par-là d'un pays fertîle en font un désert aride et affreux ; nous en avons un exemple dans les déserts de la Libye et de l'Arabie.

Les volcans en vomissant de leurs flancs des amas immenses de cendres, de sable, de pierres calcinées, de lave, altèrent totalement la face des terrains qui les environnent, et portent la destruction dans tous les lieux qui en sont proches. Voyez VOLCAN.

Nous voyons toutes ces causes, souvent réunies, agir perpétuellement sur notre globe ; il n'est donc point surprenant que la terre ne nous offre presque à chaque pas qu'un vaste amas de débris et de ruines. La nature est occupée à détruire d'un côté pour aller produire de nouveaux corps d'un autre. Les eaux travaillent continuellement à abaisser les hauteurs et à hausser les profondeurs. Celles qui sont renfermées dans le sein de la terre la minent peu-à-peu, et y font des excavations qui détruisent peu-à-peu ses fondements. Les feux souterrains brisent et détruisent d'autres endroits ; concluons donc que la terre a été et est encore exposée à des révolutions continuelles, qui contribuent sans-cesse, soit promptement, soit peu-à-peu, à lui faire changer de face. Voyez les articles FOSSILES, TREMBLEMENT DE TERRE, VOLCANS, LIMON, TERRE, couches de la terre, etc. (-)

TERRE, (Chimie et Physique) c'est un corps solide qui sert de base à tous les autres corps de la nature. En effet, toutes les expériences et les analyses de la chimie, lorsqu'elles sont poussées jusqu'où elles peuvent aller, nous donnent une terre ; c'est-là ce qui a fait regarder la terre comme un principe élémentaire des corps ; mais c'est une erreur que de la regarder comme un élément, ou comme un corps parfaitement simple ; toutes les terres que nous pouvons apercevoir par nos sens, sont dans un état de combinaison et de mixtion, et quelquefois d'agrégation, et même de sur composition. Ce sont les différentes combinaisons de la terre, ses différentes élaborations et atténuations ; qui leur donnent des propriétés si variées, et quelquefois si opposées.

Le célèbre Beccher regarde tous les corps de la nature comme composés de trois terres, dont les différentes combinaisons et proportions produisent des êtres si variés. La première terre est celle qu'il appelle vitrescible ; elle se trouve dans les sels, dans les cailloux, dans les métaux, et c'est à elle qu'est dû. la propriété de se vitrifier par l'action du feu.

La seconde terre de Beccher est celle qu'il nomme sulfureuse ou inflammable, et que Stahl a depuis nommé phlogistique. C'est cette terre qui donne aux corps de la nature l'éclat, la couleur, l'odeur et la propriété de s'enflammer. Voyez l'article PHLOGISTIQUE.

La troisième est, suivant Beccher, la terre mercurielle, elle est propre aux métaux, et leur donne la faculté d'entrer en fusion ; tandis que les deux autres terres leur sont communes avec les végétaux et les animaux. Voyez METAUX.

Quelque dénomination qu'on veuille donner à ces différentes terres, il est certain que les analyses chymiques nous font trouver des terres de nature différente dans tous les corps qui tombent sous nos sens. Il n'est point douteux que l'eau la plus pure ne contienne une portion de terre avec laquelle elle est intimement combinée, au point de ne point perdre sa transparence ; cette terre se montre aussitôt qu'on fait évaporer l'eau ; c'est ainsi qu'une goutte d'eau de pluie mise sur une glace bien nette, y laisse une tache après qu'elle est évaporée. Tous les sels tant acides qu'alkalins, tant fluides que solides, ne sont que des terres combinées avec de l'eau.

L'air contient une portion sensible de terre. L'eau contenue dans l'air est chargée de ce principe ; les vapeurs, les fumées, les émanations qui s'élèvent dans notre athmosphère ne peuvent manquer d'y porter sans-cesse une grande quantité de terres diversement modifiées.

Ce sont des particules inflammables, c'est-à-dire des terres qui servent d'aliment au feu. En appliquant l'action du feu à toutes les substances tant végétales qu'animales et minérales, le résultat est toujours une terre ; on la trouve dans les cendres, dans la suie, dans les sels, dans les huiles, dans la partie aqueuse que l'on nomme phlegme ; en un mot dans tous les produits des opérations qui se font à l'aide du feu, les végétaux et les animaux donnent une terre lorsqu'ils entrent en pourriture ; mais toutes ces terres n'ont point les mêmes propriétés : d'où il est aisé de conclure qu'elles ne sont point parfaitement pures, mais dans un état de combinaison.

C'est la terre qui sert de base à toutes ces substances, c'est elle qui est la cause de leur accroissement et de leur entretien ; les pierres, les métaux ne sont que des composés de terres. Mais vainement cherche-t-on dans la nature une terre pure, si elle existait seule, elle échapperait à tous nos sens ; ainsi quand on parle d'une terre pure, cette pureté n'est que relative. (-)

TERRE, (Histoire naturelle, Minéralogie) on a Ve dans l'article qui précède ce que les chymistes entendent par terre ; nous allons examiner ici la nature des substances, à qui on donne ce nom dans la minéralogie.

On peut définir les terres des substances fossiles solides, composées de particules déliées qui n'ont que peu ou point de liaison entr'elles, qui ne sont point solubles dans l'eau, qui demeurent fixes au feu, et qui quand elles sont pures, n'ont ni saveur, ni odeur.

Les différentes terres que l'on rencontre sur notre globe varient considérablement pour leurs couleurs, leurs mélanges et leurs propriétés, c'est-là ce qui a déterminé les naturalistes à en faire différentes classes relativement à ces propriétés. Woodward divise toutes les terres, 1°. en celles qui sont onctueuses ou douces au toucher ; 2°. en celles qui sont rudes au toucher. Stahl, relativement aux effets que l'action du feu produit sur les terres, les divise en terres vitrifiables, c'est-à-dire, que l'action du feu change en verre, et en calcinables, que le feu convertit en chaux. Woltersdorf divise les terres en argilleuses, dont la propriété est de prendre de la liaison dans l'eau et de durcir dans le feu, et en alkalines, qui comme les sels alkalis se dissolvent par les acides, et que l'action du feu convertit en chaux. Cartheuser, dans sa minéralogie, fait deux classes de terres ; il appelle les premières terres dissolubles. Ce sont celles qui sont propres à se détremper, et rester quelque temps mêlées avec l'eau, telles sont les argilles, les terres savonneuses, etc. Il nomme les secondes terres indissolubles ; ce sont celles qui ne se détrempent point dans l'eau, et qui se déposent promptement au fond ; telles sont la craie, la marne, etc.

Le célèbre Wallerius divise les terres en quatre classes. La première est celle des terres en poussière, elles n'ont aucune liaison, sont seches au toucher, ne se détrempent point dans l'eau, et n'y prennent point de corps ; mais elles s'y gonflent et occupent un plus grand espace. Il les nomme terres maigres, et les soudivise en deux genres ; savoir, le terreau, humus, et la craie.

2°. Les terres onctueuses ou compactes, telles que les argilles, dont les parties ont de la ténacité, qui paraissent grasses au toucher, qui se détrempent dans l'eau, et peuvent ensuite prendre une forme.

3°. Les terres composées, ce sont celles qui sont mêlées de substances étrangères, salines, métalliques, bitumineuses, sulphureuses, etc.

4°. Les sables qui doivent avec plus de raison être mis au rang des pierres que des terres.

Enfin M. Emanuel Mendez Dacosta, de la société royale de Londres, a divisé les terres en trois classes, qu'il soudivise en sept genres. Selon cet auteur, 1°. la première classe est celle des terres qui sont naturellement humides, d'un tissu compacte et douces au toucher, telles sont les terres bolaires, les argilles et les marnes.

2°. La seconde classe est celle des terres qui sont naturellement séches, d'un tissu lâche, et qui sont rudes au toucher ; dans cette classe on met la craie et les ochres.

3°. La troisième classe est celle des terres composées, elles sont mêlangées de substances étrangères qui font qu'elles ne sont jamais pures ; telles sont les glaises et le terreau.

Telles sont les principales divisions que les minéralogistes nous ont données des terres ; il est aisé de sentir qu'elles sont purement arbitraires, et fondées sur les différents points de vue sous lesquels ils ont considéré ces substances, et l'on voit que souvent ils se sont arrêtés à des circonstances purement accidentelles, et qui ne nous peuvent rien apprendre sur les qualités essentielles qui mettent de la différence entre les terres.

Quelques auteurs ont fait différentes classes des terres, et leur ont assigné des dénominations d'après les usages auxquels on les employait dans les arts et métiers ; c'est ce qui a donné lieu aux divisions des terres en médecinales et en mécaniques ; par les premières, on entend celles que le préjugé ou l'expérience a fait trouver propres aux usages de la médecine et de la pharmacie, telles que les terres bolaires, les terres sigillées, dont l'efficacité n'est communément dû. qu'aux parties ferrugineuses et étrangères qui y sont mêlées dans différentes proportions, tandis que ces terres n'agissent point du tout par elles-mêmes, ou si elles agissent, ce ne peut être que comme absorbantes, et alors elles sont calcaires, parce que les terres calcaires étant les seules qui se dissolvent par les acides, sont aussi les seules qui peuvent passer dans l'économie animale ; quant aux terres argilleuses et non calcaires, les substances avec qui elles sont mêlées peuvent produire quelqu'effet, mais les terres elles-mêmes sont incapables de passer au-delà des premières voies dans le corps humain, n'étant point solubles dans les acides, et par conséquent elles ne peuvent y rien produire, sinon d'obstruer, d'embarrasser, et de charger l'estomac de ceux à qui on le donne.

Les terres mécaniques sont celles que l'on emploie dans différents arts et métiers, telles sont les terres colorées dont on se sert dans la peinture, les terres à potier, les terres à foulon, les terres à pipes, les terres à porcelaine, etc.

On a encore donné différentes dénominations aux terres, selon les noms des différents endroits dont on les fait venir, c'est ainsi qu'on a appelé la terre de Lemnos, terre cimolée, terre de Cologne, etc.

Quoi qu'il en soit de ces différentes divisions et dénominations de terres, il est certain que le règne minéral ne nous en offre point qui soient parfaitement pures, elles sont toujours mêlangées de plus ou moins de substances étrangères qui sont la cause de leurs couleurs, de leur saveur et des autres qualités que l'on y découvre. Les végétaux, les animaux et les minéraux se décomposent sans-cesse à l'aide du mouvement, les eaux se chargent de molécules qui en ont été détachées, et elles vont porter ces molécules à la terre, qui par-là devient impure et mêlangée. L'air lui-même est chargé de particules salines, volatiles et inflammables, qu'il doit nécessairement communiquer aux terres qu'il touche et qu'il environne, c'est donc un être de raison qu'une terre parfaitement pure. (-)

TERRES des îles Antilles, (Minéralogie) toutes les différentes terres dont le sol des îles Antilles est composé, sont tellement remplies de particules métalliques, qu'on pourrait les regarder en général comme des terres minérales. Mais si on les considère avec attention, il sera aisé de les distinguer en terres purement minérales, servant, pour ainsi dire, de matrice à la formation des minéraux et en terres accidentellement minérales, c'est-à-dire que les minéraux tous formés s'y trouvent mêlés et confondus par des causes étrangères ; ce que l'on peut attribuer aux bouleversements occasionnés par les tremblements de terre, aux pluies abondantes, et aux torrents grossis qui se précipitant du haut des montagnes inondent le fond des vallées, délaient les terres et y déposent les particules minérales entrainées par la force du courant. D'après cette distinction, il se forme naturellement deux classes. La première comprend toutes les espèces de terres bitumineuses et sulphureuses, les terres vitrioliques, les alumineuses, celles même qui contiennent du sel marin, les ochres rouges et jaunes hauts en couleur, et généralement toutes les terres de substance métallique.

Dans la seconde classe sont les terres meubles, propres à la culture, les différentes sortes d'argilles, comme les glaises, les terres à potier, les marnes, les terres bolaires et les espèces de craie. Les sables peuvent être compris dans cette seconde classe, étant plus ou moins mêlés de substances minérales, et de particules métalliques ferrugineuses, toutes formées et attirables par l'aimant, ainsi que je l'ai éprouvé plusieurs fais.

Selon la nature de ces terres, on y trouve beaucoup de roches et de pierres détachées, composées des mêmes substances, mais plus atténuées et mieux liées, sans cependant être moins apparentes au coup-d'oeil.

Les terres des îles Antilles propres à la culture sont de différentes couleurs, on en voit de grises mêlées de petites pierres ponces, comme il s'en trouve beaucoup aux quartiers du fort S. Pierre, du Corbet, du Prêcheur et de la basse-pointe à la Martinique ; les terres rouges du morne des casseaux à la Capsterre de la même ile, étant lavées par les pluies, présentent à l'oeil une multitude de paillettes noires, très-brillantes, qui ne sont autre chose que du fer tout formé et attirable par l'aimant. Les mornes rouges et de Cambala en l'île de la Grenade contiennent beaucoup d'une pareille terre, mais dont les paillettes sont moins apparentes ; cette espèce ne manque pas à la Guadeloupe ; elle durcit beaucoup en se séchant, et se divise en grosses masses presque parallélepipedes, ou à-peu-près cubiques, lorsqu'elle a été étendue par couches de l'épaisseur d'un pied.

La plupart des terres jaunâtres contiennent du gravier, on y trouve quelquefois des marcassites brillantes, qui, étant poussées au feu, se dissipent en fumées sulphureuses.

Certaines terres brunes mêlées de jaune, contiennent beaucoup de fer ; on en voit de cette espèce en l'île de la Grenade, au quartier des sauteurs, près de Levera, chez le sieur Louis le jeune, au pied d'un gros rocher, dont les éclats brillent comme de l'acier poli. Ce fer est aigre, et entre difficilement en fusion ; il a besoin de beaucoup de substances calcaires pour le désoufrer.

Les terres blanchâtres, seches, se réduisent facilement en poussière, et sont moins propres à la culture que les précédentes. Les meilleures de toutes sont les terres brunes, moyennement grasses, et celles qui ne sont pas d'un noir trop foncé ; on en trouve beaucoup de cette sorte, tant à la Martinique qu'à la Guadeloupe, à Ste Lucie, à S. Vincent, à la Grenade, et dans presque toutes les îles un peu considérables.

Plusieurs cantons fournissent de la terre propre à blanchir le sucre. C'est une argille semblable à celle de Rouen dont on fait des pipes ; elle est blanche, et ne fait point effervescence avec les acides. Voyez les remarques à la fin de l'article SUCRE.

Près de la rivière de l'Ayon, à la Dominique, au côté du vent, on trouve dans les falaises une terre grise, blanchâtre, mêlée de paillettes brillantes qui se dissipent au feu : cette terre contient beaucoup de fer et un peu de cuivre ; quelques particuliers prétendent qu'il se trouve des mines d'argent aux environs.

Les terres à potier et celles dont on peut faire de la brique, sont assez communes dans plusieurs endroits des iles.

Aux environs de la rivière Simon, près de la grande rivière en l'île de la Grenade, on trouve sur le bord de la mer un sable noir très-brillant et fort pesant. Celui de l'Ance-noire, à la basse terre de la même ile, est un peu moins éclatant ; mais il tient, ainsi que le précédent, beaucoup de fer attirable par l'aimant ; il y a lieu de présumer qu'on pourrait y trouver de l'or, en le travaillant selon l'art.

On rencontre dans plusieurs montagnes de la Martinique et ailleurs des petits amas d'une terre, couleur de cendre blanchâtre, fine, compacte, en consistance de pierre, ayant quelque rapport à la marne, mais plus dure ; elle se broye et craque entre les dents, sans être sablonneuse ni pâteuse, à-peu-près comme de la terre à pipe cuite ; les negres la nomment taoua ; ils la mangent avec une sorte d'appétit qui dégénere en passion si violente, qu'ils ne peuvent se vaincre : malgré les dangers auxquels l'usage de cette terre les expose, ils perdent le goût des choses saines, deviennent bouffis, et périssent en peu de temps. On a Ve plusieurs hommes blancs possédés de la manie du taoua ; et j'ai connu des jeunes filles en qui le désir, si naturel à leur sexe de conserver ses grâces, se trouvait anéanti par l'appétit de ce funeste poison, dont un des moindres effets est de détruire l'embonpoint et de défigurer les traits du visage.

Le remède le plus efficace qu'on ait trouvé jusqu'à présent est de faire prendre au malade deux ou trois cuillerées d'huîle de ricinus ou palma-christi, nouvellement tirée à froid ; on en continue l'usage tous les matins pendant plusieurs jours, jusqu'à ce que les évacuations aient emporté la cause du mal : mais il est à-propos de s'y prendre de bonne-heure, et ne pas laisser le temps à la terre de se fixer dans l'estomac, où elle formerait une masse qu'aucun remède ne pourrait détacher.

Au défaut de taoua, les maniaques mangent de la terre commune, des espèces de petits cailloux, des pipes cassées, et d'autres drogues non moins préjudiciables à la santé. Article de M. LE ROMAIN.

TERRE à foulon, (Histoire naturelle, Paléontologie) terre fossile, grasse, onctueuse, friable étant seche, pleine de nitre, et d'un très-grand usage en Angleterre pour dégraisser les laines.

Cette terre, qu'on nommait simplement fuller'searth, est si précieuse dans toute la grande Bretagne pour l'apprêt de ses étoffes de laine, que l'exportation en a été défendue sous les mêmes peines que celle de ses laines même ; en effet, cette terre, la meilleure de toutes pour son usage, est telle que la Hollande, la France et l'Espagne n'en possèdent point de pareille.

On en trouve près de Ryegate en Surrey, près de Maidstone dans la province de Kent, près de Nutley en Sussex, près de Woorburn en Bedfordshire, près de Brickhill en Staffordshire, et dans l'île de Skies en Ecosse. Dans la province de Surrey, on creuse cette terre dans des trous en forme de puits, dont les côtés sont soutenus comme ceux du charbon.

On voit entre Brickhill et Wooburn une grande bruyere qui couvre quelques collines pleines de cette même terre. Le trou est un vaste découvert, creusé en forme de cône renversé qui montre la couleur et l'épaisseur de différents lits de sable, au-dessus desquels on trouve la terre à foulon à environ cinquante ou soixante pieds de la surface. Sous la surface de la terre à un pied de profondeur est une couche de sable fin, jaune, rougeâtre, de l'épaisseur de neuf à dix pieds ; ensuite pendant trente à quarante pieds il y a divers lits de sable gris et blanc ; plus bas, une couche de deux à trois pieds de sable gras mêlé de veines rougeâtres ; puis un pied de terre médiocrement grasse, encore un peu sableuse ; enfin la terre à foulon pure pendant environ sept à huit pieds.

Ce banc de terre est distingué en différentes couches ; l'assiette de ces bancs est sur un plan horizontal régulier qui, communément en toutes sortes de lits et couches de terre ou mines, annonce une grande étendue. Les ouvriers sont employés à fouiller cette terre avec la pioche, et deux hommes suffisent à en fouiller et charger dans un chariot mille livres pesant dans un jour ; cette charge vaut, prise sur le lieu, 4 shelins, 4 liv. 12. s. tournois.

Cette terre est d'une couleur gris-verdâtre, qui se dégrade à l'air ; sa consistance, médiocrement ferme, se divise aisément en morceaux à la pioche ; à sécher, elle devient dure comme du savon ; sa qualité est grasse et pleine de nitre. Elle ne se dissout dans l'eau qu'en la remuant beaucoup ; le sédiment qui s'en forme lorsqu'il est séché, est doux et gras au toucher, très-friable, et se réduit entre les doigts dans une poudre presque impalpable qui semble se perdre dans les pores de la peau, etc. Cette poussière vue au microscope est matte, opaque, et n'a point le brillant des parties sableuses ; ces qualités la rendent très-propre à s'insinuer dans les pores de la laine et à s'imbiber de sa graisse, sans offenser le tissu de l'étoffe par les plus violents frottements. (D.J.)

TERRE LEMNIENNE, terra lemnia, sorte de terre médicale, astringente, d'une consistance grasse, et d'une couleur rougeâtre, dont on se sert dans le même cas que des bols. Voyez BOLS.

Elle prend son nom de la terre de Lemnos, d'où on l'apporte principalement.

On la met souvent en gâteaux ronds qu'on cachette, ce qui la fait nommer terre sigillée.

TERRE DE POUZZOLES, sorte de terre rougeâtre dont on se sert en Italie au-lieu de sable.

La meilleure est celle qui se trouve auprès de Pouzzoles, de Baies et de Cumes, dans le royaume de Naples ; et la première de ces villes lui a donné son nom.

Cette terre mêlée avec la chaux fait le meilleur mortier qu'il soit possible. Voyez MORTIER. Il se durcit et se pétrifie dans l'eau ; il pénètre les pierres à feu noires, et les blanchit. On s'en sert beaucoup pour la construction des moules, et des autres bâtiments qu'on élève dans les places maritimes. Agricola présume que la terre de Pouzzoles est d'une nature sulphureuse et alumineuse. Voyez Vitruve, Pline, Delorme, etc. qui tous font un grand cas de cette terre.

TERRE SAMIENNE ou TERRE DE SAMOS, terra Samia, sorte de bol ou terre astringente, venant de l'île de Samos, dans la mer Egée. Voyez TERRE.

La meilleure est appelée par Dioscoride collyrium, parce qu'on l'emploie dans les médecines de ce nom : elle est blanche, fort luisante, douce, friable, de bon gout, et un peu glutineuse sur la langue.

Il y en a une autre espèce plus dure, plus sale et plus glutineuse, qu'on appelle aster Samius, à cause de plusieurs pailles brillantes qu'on y trouve quelquefois, et qui sont disposées en forme de petites étoiles.

Chacune de ces deux espèces est regardée comme fort astringente, et propre à dessécher et à guérir les blessures. Elles ont beaucoup de qualités communes avec le bol d'Arménie. Voyez ARMENIEN et BOL.

Il y a aussi une pierre qu'on nomme pierre de Samos, , et qui se tire de quelques mines dans la même ile. Cette pierre est blanche, elle s'attache à la langue quand on l'y met dessus, et passe pour être astringente et échauffante. Les Orfèvres s'en servent aussi pour polir l'or, et lui donner de l'éclat.

TERRE SIGILLEE, terra sigillata, voyez SIGILLEE.

TERRE VERTE, (Histoire naturelle, Paléontologie) nom d'une terre dure, d'un verd bleu foncé, qu'on trouve par couches de grands morceaux plats qui ont quatre ou cinq pieds de diamètre ; on les casse irrégulièrement en les coupant, ce qui fait qu'on nous l'apporte en pièces de différentes grosseurs. Cette terre est lisse, luisante, douce au toucher, et semblable à quelques égards au morochtus ; elle s'attache fermement à la langue, ne teint point les mains en la maniant, mais en la frottant sur un corps dur, elle y imprime une rayure blanchâtre qui tire sur le verd ; elle ne fermente point avec les acides, et prend en la brulant une couleur brune foncée. On la fouille dans l'île de Chypre, dans le voisinage de Vérone et en plusieurs endroits de ce royaume ; on l'emploie beaucoup pour la peinture, surtout la peinture à fresque, parce qu'elle donne un verd durable, et qu'on la mêle utilement avec d'autres couleurs. (D.J.)

TERRES ou REMEDES TERREUX, (Médecine) les Médecins ont employé dès longtemps à titre de remèdes un grand nombre de matières pierreuses et terreuses. Le docteur Tralles, médecin de Breslau, qui a écrit il y a environ vingt ans, un long traité sur les remèdes terreux, fait de ces remèdes l'énumération suivante : Du règne animal, le crâne humain, le calcul humain, la corne de cerf, la dent de sanglier, l'ivoire, la corne d'élan, la dent d'hippopotame, les yeux ou pierres d'écrevisses, les pierres des carpes, et celles des perches, la mâchoire de brochet, le talon de lièvre, l'unicorne ou l'ivoire fossile, l'unicorne vrai, le nombril de mer, les coquilles, les perles, la mère de perle, le besoard oriental et occidental, les coquilles d'œuf, les écailles d'huitre, etc. M. Tralles a oublié encore l'os de seche, les tayes des crustacées, etc. Du règne minéral, le bol d'Arménie, les terres scellées ou sigillées de divers pays, telles que la terre de Lemnos, la terre de Malthe, la terre de Golberg, celle de Strigau, etc. les pierres précieuses telles que la topaze, l'émeraude, le saphir, le rubis, l'hyacinthe, le grenat, la chrysolite, le crystal de roche, et un grand nombre d'autres pierres, telles que la pierre judaïque, la pierre de linx, la pierre néphrétique, l'osteocole, la pierre d'éponge, etc. l'auteur a oublié encore ici la craie commune ou de Champagne, la marne, la craie de Briançon, le talc, la pierre d'aigle, etc.

Quant à plusieurs pierres évidemment métalliques, comme la pierre d'azur, la pierre hématite, etc. il les a sans-doute omises à dessein et avec raison, car leurs vertus spécifiques et propres doivent être déduites de leurs principes métalliques plutôt que de leurs principes terreux, et il ne s'agit ici que des remèdes purement terreux. M. Tralles fait cependant une troisième classe des remèdes purement terreux, de plusieurs substances métalliques, tellement altérées par des opérations chymiques qu'elles ne font plus, selon lui, relativement à la vertu médicinale, que des corps purement terreux ; il met dans cette classe l'antimoine diaphorétique, la céruse d'antimoine, la matière perlée, le bésoardique minéral, solaire, martial, auxquels l'auteur pouvait joindre encore le jovien ou antihectique de Poterius, la magnésie blanche, le prétendu soufre fixe d'antimoine, etc. on peut très-vraisemblablement ranger dans la même classe la terre douce de vitriol et les soufres de mer absolus, c'est-à-dire parfaitement calcinés ; s'il est vrai pourtant ce qui est dit dans plusieurs livres modernes de la destruction absolue des qualités médicamenteuses du fer par la dissipation totale du phlogistique. Voyez MARS, Mat. médic.

Quant à la question de fait, savoir si les matières ci-dessus alléguées sont toutes purement terreuses, c'est-à-dire insolubles dans les liqueurs aqueuses, sans gout, sans odeur, et sans activité vraiement médicamenteuse sur les solides et les fluides des animaux, ce point est examiné en détail dans des articles particuliers, qu'on a destinés à ceux des corps qui ont paru mériter cette discussion particulière. Toutes les matières tirées du règne animal ont paru être dans ce cas. Voyez tous ces articles particuliers et l'article SUBSTANCES ANIMALES.

Nous répeterons seulement ici, que toutes les matières, à tirer les substances terreuses animales, ne diffèrent entr'elles que par le plus ou moins de mucosité ou de lymphe animale qu'elles contiennent ; et que ce principe étant détruit par quelque moyen que ce sait, toutes ces substances deviennent absolument identiques, et ne diffèrent plus entre elles que par le degré de dureté : nous dirons encore qu'elles sont toutes changées en chaux vive par la calcination ; altération qui leur donne de nouvelles propriétés médicinales. Voyez CHAUX, Chimie, AUXHAUX, Médecine.

Enfin nous observerons encore que toutes ces matières, soit calcinées, soit non-calcinées, lorsqu'elles sont devenues exactement et purement terreuses, c'est-à-dire qu'elles ont perdu cette portion de mucosité animale, qui marque dans quelques-unes le principe terreux, comme cela arrive éminemment dans l'ivoire, etc. (Voyez IVOIRE), que dans cet état, dis-je, purement terreux, sec, maigre, macer, toutes ces matières s'unissent aux acides, et mêmes aux acides très-délayés. Quant aux substances terreuses et pierreuses retirées du règne minéral, il est évident qu'elles sont exactement dans le cas supposé. On peut prononcer hardiment sur celles-ci, que toutes celles qui ne sont pas calcaires, et même qui quoique de nature calcaire ne sont pas d'un tissu assez rare pour qu'elles puissent être attaquées facilement par les acides faibles ; que celles-ci, dis-je, n'ont absolument aucune vertu médicinale. Or de toutes les matières minérales dont nous avons donné la liste, nulle excepté la craie, n'a cette propriété ; le bol et toutes les terres scellées, qui sont spécialement regardées comme astringentes et cicatrisantes, pourraient tout-au-plus avoir quelque efficacité à titre de topique, mais encore cette qualité est-elle fort douteuse ; ces terres sont pour le moins fort inutiles dans l'usage extérieur ; elles sont des ingrédiens impertinens de plusieurs compositions pharmaceutiques destinées à l'usage intérieur, telles que la thériaque, la confection hyacinthe, et même de quelques autres consacrées à l'usage extérieur, comme l'emplâtre contra rupturam : nous n'avons pas meilleure idée des pierres précieuses. Voyez l'article particulier FRAGMENS PRECIEUX.

Le troisième ordre de corps terreux, savoir les chaux métalliques, nous ont paru mériter spécialement d'être examinées chacune en particulier ; ainsi voyez sur ce sujet les articles ANTIMOINE, MATIERE PERLEE, MAGNESIE BLANCHE, VITRIOL, MARS, MATIERE MEDICALE.

Il résulte de ce que nous avons avancé sur les corps terreux naturels, que ceux qui sont retirés du règne animal et la craie, ont une vertu médicinale réelle, savoir la vertu absorbante (voyez ABSORBANS) mais qu'ils n'ont que celle-là ; et qu'ainsi, excepté le cas de la présence des acides dans les premières voies, tous ces remèdes sont purement inutiles. L'observation prouve d'ailleurs qu'ils sont souvent nuisibles : ainsi ils ont assurément mérité d'être privés de tous les titres fastueux que les anciens médecins leur avaient donnés, et qui s'étaient perpétués par la charlatanerie et la routine. Je ne sais pourtant point si c'était la peine d'écrire un assez gros in-quarto pour démontrer qu'il était très-douteux que les remèdes terreux passassent dans le sang ; qu'ils n'étaient point ni diaphorétiques, ni diurétiques, ni anti-spasmodiques, ni anti-épileptiques, ni roborants, ni cardiaques, ni antorgastiques, ni rafraichissants, ni capables d'arrêter les hémorrhagies internes, ni anti-phlogistiques, ni anti-néphrétiques, ni fébrifuges, ni spécifiques contre les fièvres éruptives, malignes et pourprées, ni contre les intermittentes, ni utiles contre les catarrhes, la goutte, et le rhumatisme, ni propres à résoudre le sang coagulé ; et enfin que quelques-uns de ces remèdes ne possédaient point de vertus dépendantes de leur signature, comme par exemple l'ostéocolle, celle de procurer la réunion des os, parce que cette pierre imite grossièrement la figure d'un os, etc. Quoi qu'il en sait, toutes ces assertions sont vraies, et l'ouvrage de M. Tralles, qui est ce gros in-quarto dont je parle, est plein de recherches et d'observations utiles ; et cette prolixité que nous lui avons presque reprochée est peut-être pardonnable dans ce qu'on appelle un traité complet. (b)

TERRE DOUCE DE VITRIOL, (Chym. et Mat. méd.) Voyez VITRIOL et MARS.

TERRE FOLIEE DE TARTRE, (Chym. et Mat. méd.) la terre foliée de tartre est la même chose que ce qu'on nomme tartre régénéré. Voyez TARTRE REGENERE.

J'ajouterai seulement que pour sa préparation, il est nécessaire d'employer un sel alkali très-pur ; les cendres gravelées réussissent fort bien ; on remarque encore que plus on emploie de vinaigre, plus les feuillets de ce sel sont larges et blancs, outre que la surabondance de vinaigre en rendant la terre foliée plus pure, prévient encore sa trop grande alkalicité : cette terre au reste devient plus blanche et plus pure par des dissolutions, des évaporations, et des liquéfactions réitérées.

Ce remède, depuis un demi-gros jusqu'à deux gros, est un bon altérant et un excellent diurétique ; depuis trois jusqu'à six gros il forme un purgatif doux, qui ne cause aucun désordre dans la machine, et qui convient particulièrement dans l'hydropisie. (D.J.)

TERRE, (Jurisprudence) signifie quelquefois un champ, quelquefois une certaine étendue de pays, une seigneurie.

Terre allodiale, est celle qui est possédée en franc aleu.

Terre aumonée, celle qui a été donnée en franche aumone à l'Eglise.

Terre emblavée, celle qui est ensemencée en blé.

Terre hermes, est une terre vacante et inculte. Voyez HERMES.

Terre jectile, est de la terre jetée et amassée de main d'homme, dans un lieu pour l'exhausser, à la différence des terres qui sont dans leur état naturel. Voyez l'article 192. de la coutume de Paris.

Terre noble, est celle qui est possédée à titre de fief ou de franc aleu noble.

Terre titrée, est une seigneurie qui a titre de duché ou principauté, comté, marquisat, baronie, ou châtellenie, etc. Voyez FIEF, SEIGNEURIE, DUCHé, COMTE, etc. (A)

TERRES, Mesure des, la diversité des termes employés pour la mesure des terres, fait souvent une difficulté embarrassante ; arpent, journal, acre, setier, saumée, etc. sont des termes usités en parlant d'arpentage : mais si ces noms sont différents, les mesures ou les quantités qu'ils expriment ne le sont guère moins ; il y a plus, c'est que le même terme ne signifie pas toujours la même chose ; par exemple, l'arpent est plus ou moins grand, suivant les différentes coutumes, ce qui fait varier la pratique de l'arpentage, et la rend même plus difficile.

L'arpent est ordinairement de cent perches, mais les perches varient beaucoup ; tantôt elles sont de 18 pieds en tous sens, ou pour mieux dire en carré, tantôt de 20 : ailleurs, elles sont de 22, de 24, etc. sur quoi il serait à désirer qu'on put établir dans le royaume, des mesures et des dénominations qui fussent les mêmes dans toutes les provinces ; l'art de mesurer les terres deviendrait plus uniforme et plus aisé.

Plusieurs savants, amateurs d'agriculture, emploient dans leurs calculs l'arpent de cent perches, à 20 pieds en carré par perche. Cette mesure moyenne entre les extrêmes serait fort commode, elle donne des comptes ronds, faciles à entendre et à manier, et dès-lors elle mériterait la préférence.

Si l'on admettait la perche de 20 pieds en carré, en multipliant 20 par 20 pour la perche carrée, on aurait 400 pieds carrés pour la perche de terre ; en ajoutant à ce produit deux zeros pour multiplier par cent, le nombre des perches dont l'arpent est composé, on aurait 40000 pieds carrés pour l'arpent total.

Du reste, pour faciliter les opérations de l'arpenteur, au lieu de suivre les varietés de la perche, on pourrait s'en tenir à une mesure commune et plus constante, je veux dire le pied de 12 pouces qu'on appelle pied de roi ; ainsi, l'on n'aurait qu'à mesurer par pieds les deux côtés d'une pièce quelconque, pièce ou carrée ou réduite en triangles, suivant les procedés connus ; pour lors par une seule multiplication dont les moindres calculateurs sont capables, on saurait le nombre de pieds carrés contenus dans une pièce de terre.

Si l'on avait choisi l'arpent moyen dont nous avons parlé, il y a mille occasions où l'on en pourrait convenir ; alors autant de fois qu'on aurait 40000 pieds carrés, autant on aurait d'arpens de la grandeur convenue. Quant aux fractions, autant de fois qu'on aurait 20000 ou 10000, autant de fois on aurait des demis ou des quarts ; et quant aux fractions ultérieures, autant de fois qu'on aurait 400 pieds, autant on aurait de perches carrées. Il serait aisé de faire pour cela des tables qui ne seraient ni longues, ni embarrassantes, et qui rendraient l'arpentage une opération simple et à la portée des moindres villageais ; au lieu qu'il faut aujourd'hui pour ce travail de prétendus experts qui font les importants, et qui font payer chérement leurs vacations.

Pour opérer dans cette méthode, on prend une chaîne de 20 pieds, où les demis et les quarts, les pieds même sont marqués. On mesure les deux dimensions d'un carré quelconque ; le nombre des chaînes contenues en chaque côté se réduit aisément en centaine et en mille, et on les porte séparément sur le papier. Au surplus, à chaque pièce mesurée dans ses deux côtés, on multiplie l'un par l'autre le nombre de pieds qu'on a trouvés en chaque dimension, et l'on en porte le produit à part, ce que l'on pratique de même à toutes les pièces l'une après l'autre ; après quoi on n'a plus que la peine d'additionner ces produits, et comme on l'a dit, autant de fois qu'on a 40000 pieds carrés, autant on compte d'arpens. Bien en tendu, que s'il y a quelque inégalité dans les côtés opposés, on redresse le tout en prenant une moyenne proportionnelle ; je veux dire, que si un côté avait 110 pieds, tandis que son opposé n'en aurait que 102, alors on additionerait ces deux nombres et l'on en prendrait la moitié 106 pour en faire l'un des membres de la multiplication ; mais du reste ce sont-là des notions qu'on doit supposer dans tout homme qui se mêle d'arpentage.

La table qui suit est relative à la proposition précédente.

400 pieds font une perche carrée.

600 pieds font une perche et demie.

800 pieds font deux perches.

1000 pieds font deux perches et demie.

1200 pieds font trois perches.

1600 pieds font quatre perches.

2000 pieds font cinq perches.

3000 pieds font sept perches et demie.

4000 pieds font dix perches.

5000 pieds font douze perches et demie.

6000 pieds font quinze perches.

7000 pieds font dix-sept perches et demie.

8000 pieds font vingt perches.

9000 pieds font vingt-deux perches et demie.

10,000 pieds font vingt-cinq perches.

20,000 pieds font cinquante perches.

30,000 pieds font soixante-quinze perches.

40,000 pieds font cent perches ou l'arpent moyen.

60,000 pieds font cent cinquante perches.

80,000 pieds font deux cent perches ou deux arpens.

100,000 pieds font deux arpens et demi.

200,000 pieds font cinq arpens.

300,000 pieds font sept arpens et demi.

400,000 pieds font dix arpens.

500,000 pieds font douze arpens et demi.

600,000 pieds font quinze arpens.

700,000 pieds font dix-sept arpens et demi.

800,000 pieds font vingt arpens.

900,000 pieds font vingt-deux arpens et demi.

1,000,000 de pieds font vingt-cinq arpens.

La méthode que je propose du pied de roi pour unique mesure des arpenteurs, conviendrait à toutes les varietés admises par nos coutumes ; car si l'entier qu'on cherche soit journal, acre ou saumée, etc. si cet entier contient, par exemple, 36,000 pieds carrés, plus ou moins peu importe ; autant de fois qu'on aura 36 mille pieds carrés, autant de fois on aura des mesures ou des entiers cherchés ; et à proportion des moindres fractions ou quantités. Il n'y aura qu'à faire des tables relatives à ces différentes mesures pour abreger les opérations, et surtout pour les rendre beaucoup plus faciles à tout le monde.

La méthode proposée, constamment plus maniable au vulgaire des arpenteurs, se pratiquerait également pour taiser les ouvrages de maçonnerie et tous autres. Pour cela, il faudrait chercher par la multiplication le nombre de pieds carrés contenus dans la pièce ouvragée, écrire à mesure le produit de pieds qu'on trouverait en chaque partie ; faire ensuite l'addition de ces articles ou produits, et voir enfin dans une table qu'on aurait exprès, combien de fois la taise carrée se trouverait avec ses fractions dans l'ouvrage qu'on examine. Par cette méthode, le moindre particulier, homme ou femme maniant tant-sait-peu la multiplication, pourrait suivre et même rectifier le calcul d'un expert ou d'un ouvrier. Article de M. FAIGUET, T. D. F.

TERRE, (Marine) on ne définit pas autrement ce terme sur mer que sur terre : mais il y a à cet égard differentes façons de parler, dont voici l'explication.

TERRE, (Marine) mot que crie à haute voix celui qui aperçoit le premier la terre.

TERRE DE BEURRE, (Marine) c'est un nuage qui parait à l'horizon, qui ressemble à la terre, et que le soleil dissipe ; ce qui fait dire aux gens de mer, que la terre de beurre fond au soleil.

TERRE DEFIGUREE, (Marine) terre qu'on ne peut pas bien reconnaître, à cause de quelques nuages qui la couvrent.

TERRE EMBRUMEE, (Marine) terre couverte de brouillards.

TERRE FINE, (Marine) terre qu'on voit clairement, sans aucun brouillard qui en dérobe la vue.

TERRE HACHEE, (Marine) terre entrecoupée.

TERRE qui asseche, (Marine) Voyez ASSECHER.

TERRE QUI FUIT, (Marine) terre qui faisant un coude, s'éloigne du lieu où l'on est.

TERRE QUI SE DONNE LA MAIN, (Marine) c'est une terre qui n'est séparée par aucun golfe, ni aucune baie.

TERRES BASSES, (Marine) ce sont les rivages qui sont bas, plats, et sans remarques.

TERRES HAUTES, (Marine) ce sont les montagnes ou les rivages, qui sont beaucoup élevés au-dessus de la surface de la mer.

Voici encore d'autres façons de parler.

Aller à terre. Voyez RANGER.

Aller chercher une terre ; c'est cingler vers une terre, pour la reconnaître.

Dans la terre ou dans les terres ; façon de s'exprimer, pour parler de quelque chose qui est éloigné du bord de la mer.

La terre mange ; cela signifie que la terre cache quelque chose, et le dérobe à la vue.

La terre nous reste. Voyez RESTER.

Prendre terre ; c'est aborder une terre, y arriver.

Tout à terre ; on entend par - là qu'un vaisseau est très-proche de la terre.

TERRE, (Architecture et Jardin.) on entend par ce mot et la consistance du terrain sur lequel on bâtit, et le terrain même qu'on destine à un jardin. Ainsi nous devons examiner la terre par rapport à l'art de bâtir, et relativement au jardinage. Nous l'examinerons aussi suivant ses bonnes qualités et ses façons.

De la terre par rapport à l'art de bâtir. Terre franche. Espèce de terre grasse, sans gravier, dont on fait du mortier et de la bauge en quelques endroits.

Terre massive. Nom général qu'on donne à toute terre considerée solide et sans vide, et taisée cubiquement, ou réduite à la taise cube pour faire l'estimation de sa fouille.

Terre naturelle. Terre qui n'a point encore été éventée ni fouillée : on la nomme aussi terre neuve.

Terre rapportée. Terre qui a été transportée d'un lieu à un autre, pour combler quelque fossé, et pour régaler et dresser un terrain de niveau.

Terres jectisses. On appelle ainsi, outre les terres qui sont remuées pour être enlevées, celles qui restent pour faire quelque exhaussement de terrasse ou de parterre dans un jardin. Si cet exhaussement se fait contre un mur mitoyen, comme il est à craindre que la poussée de ces terres jectisses ne le fasse périr, parce que les rez de-chaussée des deux héritages ne sont plus pareils, il est à-propos, et même nécessaire, que pour résister à cette poussée, on fasse un contre-mur suffisant, réduit au tiers de l'exhaussement, et qu'on ajoute des éperons du côté des terres.

De la terre par rapport au jardinage. Terre bonne ou fertile. C'est une terre où tout ce qui est semé ou planté croit aisément, et sans beaucoup d'amendement et de façon. Elle est ordinairement noire, grasse et légère.

Terre franche. Terre sans mélange, saine, sans pierres ni gravais, et qui étant grasse tient aux doigts, et se paitrit aisément, comme le fonds des bonnes prairies.

Terre hâtive. Terre qui est d'une bonne qualité et en belle exposition, comme au midi sur une demi-côte, et où ce qu'on plante produit de bonne heure.

Terre meuble. Terre qui est légère et en poussière ; les Jardiniers l'appellent miette : elle est propre à garnir le dessus d'un arbre quand on le plante, et à l'entretenir à-plomb.

Terre neuve. Terre qui n'a encore rien produit. Telle est la terre qu'on tire à cinq ou six pieds de profondeur.

De la terre suivant ses mauvaises qualités. Terre chaude ou brulante. Terre légère et seche, qui fait pâlir les plantes dans la chaleur, si elle n'est amendée. On l'emploie ordinairement pour les espaliers.

Terre forte. Terre qui tient de l'argille ou de la glaise, et qui étant trop serrée, ne vaut rien sans être amendée. On s'en sert pour les bassins.

Terre froide. Terre humide qui est tardive, mais qu'on amende avec du fumier.

Terre grouette. Terre pierreuse qu'on passe à la claie pour l'améliorer.

Terre maigre. Terre sablonneuse, seche, stérîle et qui ne vaut pas la peine d'être façonnée.

Terre tuffière. Terre qui approche du tuf, et qui est par conséquent maigre et très-ingrate. On l'ôte d'un jardin, parce qu'elle couterait plus à amender, qu'à y substituer de la bonne terre.

Terre veule. Terre où les plantes ne peuvent prendre racine, parce qu'elle est trop légère, et qui s'amende avec de la terre franche.

De la terre suivant ses façons. Terre amendée. C'est une terre qui après avoir été plusieurs fois labourée et fumée, est propre à recevoir toutes sortes de plantes. On appelle aussi terre amendée, une terre dont on a corrigé les mauvaises qualités, par le mélange de quelqu'autre.

Terre préparée. Terre mêlangée pour chaque espèce de plante ou de fleur.

Terre rapportée. C'est de la bonne terre qu'on met dans les endroits d'où l'on a ôté la méchante pour y planter.

Terre reposée. Terre qui a été un an ou deux en jachère, c'est-à-dire sans avoir produit, ni sans avoir été cultivée.

Terre usée. Terre qui a travaillé longtemps sans être amendée. (D.J.)

TERRE CUITE, (Arts anciens) les anciens ont fait plusieurs ouvrages de terre cuite qui nous restent encore ; ils les ont formés sur le tour ou sur la roue, et les ont ornés de toutes sortes de figures. Cette opération, ainsi que la préparation des matières, parait avoir été la même que celle de nos travaux en fayence et en porcelaine. Voici comme M. le comte de Caylus pense que se faisait cette opération.

Il a remarqué deux sortes de terre dans leurs différents ouvrages, l'une blanche, et l'autre noire. Il est vrai que cette dernière ne se trouve pas employée aussi fréquemment que la première. Plus on examine ces ouvrages, et plus on voit, dit-il, qu'ils ont été préparés avec le plus grand soin, avant que d'être mis au feu. Ces morceaux ainsi préparés, ont été cuits très-légérement, pour faire ce que nous nommons le biscuit, sur lequel on met ensuite la couverte ou l'émail. Si l'on appliquait cette couverte sur les morceaux avant que de les cuire, elle pénétrerait la terre, ou plutôt elle s'incorporerait dans ses pores, et il serait très-difficîle de la bien enlever, comme la chose était nécessaire dans la pratique des plus beaux ouvrages de ce genre.

Cette couverte placée en tout autre temps, aurait empêché d'exécuter avec une aussi grande délicatesse d'outil, les desseins dont les ouvrages de terre cuite des anciens, sont ornés. La terre étant cuite est moins inégale et plus dense, et la couverte ne s'attache que médiocrement, lorsqu'elle n'a reçu qu'un feu léger ; alors il est aisé de l'enlever, ou plutôt de la découper, sans qu'elle laisse la trace la plus légère.

Cette couverte était faite avec une terre bolaire très-martiale, la même que celle que nous employons dans notre fayence, connue sous le nom de manganeze ou maganesia vitriariorum. Cette terre prend aussi dans la cuite une couleur rouge très-foncée ; mais qu'il est facîle de rendre noire avec la moindre mixtion de couleur, ou d'autres terres. Cette matière a dû être préparée et broyée parfaitement, pour la mettre en état de s'étendre, et de couler au pinceau comme les émaux. Mais avant que de mettre cette couleur noire, les Etrusques avaient soin de tremper leurs ouvrages, ou de leur donner une couleur rougeâtre, claire et fort approchante de celle de notre terre cuite. Ils prenaient cette précaution pour corriger la teinte naturelle et blanchâtre de leur terre, qui ne produisait pas l'effet qu'ils aimaient à voir dans leurs plus beaux ouvrages. L'examen de plusieurs morceaux étrusques suffira pour faire sentir aux curieux ces différences, et connaître à fond les détails.

Les terres se trouvant ainsi préparées, voici l'opération la plus essentielle pour la manière de les orner. Quand la couverte noire ou rouge était seche, le peintre, ou plutôt le dessinateur, devait nécessairement calquer ou poncer son dessein ; et selon l'usage de ce temps, il n'a pu se servir pour y parvenir, que de lames de cuivre très-minces, susceptibles de tous les contours, et découpées comme l'on fait aujourd'hui ces mêmes lames pour imprimer les lettres et les ornements.

Il prenait ensuite un outil fort tranchant, avec lequel il était maître de faire ce qu'on appelle de réserve, les traits les plus deliés ; car il emportait et ôtait la couverte noire sur tout ce qui devait être clair : on ne peut mieux comparer cette manœuvre qu'à celle de notre gravure en bois. Alors la couleur rouge se distinguait, et faisait voir fort nettement les figures, les ornements et tout ce qu'on avait entrepris de représenter. La seule inspection de la plus grande partie de ces terres, démontre ces sortes d'opérations. Enfin ces ouvrages étant parvenus à ce point, on leur donnait la seconde cuite, un peu plus forte que la première.

Il est bon de remarquer que tous les ouvrages de terre cuite des anciens, ne sont pas fabriqués avec le même soin. On en trouve dont la terre blanchâtre souvent mal cuite, n'a pas reçu la première couleur rouge. Il y en a d'autres dont la terre est bien cuite et bien travaillée, et qui ne sont recouverts que par la couleur rouge, qui forme ou le fond, ou les ornements ; et ces morceaux paraissent les moins communs. Toutes les couleurs noires ne sont pas également belles. Il y en a qui sont ternes et sans aucun éclat, et d'autres qui par leur mat et leur poli, imitent en quelque façon l'émail de nos porcelaines.

La couleur blanche qu'ils mettaient toujours avec le pinceau sur les fonds, comme sur les espaces découverts, n'a aucune tenue. C'est une espèce de terre de Crète, qui n'est pas comparable pour la solidité, aux couleurs dont on vient de parler ; et c'est pour cela sans-doute, qu'ils l'emploient avec tant de ménagement, et le plus souvent pour des parties de coiffures, de brasselets et de réveillons dans les ornements.

Enfin on ne peut douter que pour conserver la propreté et l'exactitude de leurs ouvrages, ils ne se soient servis de ce que nous appelons des gazettes, c'est-à-dire des pots couverts, dans lesquels on fait cuire aujourd'hui les morceaux à l'abri de tout air extérieur. L'on ne connaissait alors rien de plus parfait que cette terre cuite ; et l'on employait pour la mettre en œuvre les mains des plus fameux artistes. Antiq. étrusq. tom. I. (D.J.)

TERRE DE BELLIEVRE, s. f. (Glaces) on nomme ainsi dans les manufactures des glaces, la terre avec laquelle on construit le dedans et le glacis des fours. Savary. (D.J.)

TERRE A TERRE, (Danse) on applique ce terme aux danseurs qui ne font point de caprioles, et qui ne quittent presque point la terre.

TERRE A TERRE, se dit aussi en termes de Manège, des chevaux qui ne font ni courbettes, ni ballotades, mais qui vont uniment sur le terrain un galop serré, en faisant seulement de petits sauts, et en levant un peu les pieds de devant.

Le terre à terre est proprement une suite de petits sauts aisés que le cheval fait en avant, en maniant de côté et sur deux allures ; dans ce mouvement il lève les deux jambes à la fais, et quand celles-ci sont sur le point de donner en terre, il les accompagne des jambes de derrière, par une cadence prompte et courte, maniant toujours sur les hanches, de sorte que les mouvements des quartiers de derrière sont extrêmement courts et vifs.

TERRE D'OMBRE, s. f. (Peinture) espèce de terre ou de pierre fort brune, qui sert aux Peintres et aux Gantiers. Il y en a de deux sortes ; l'une d'une couleur minime tirant sur le rouge, et l'autre seulement grise. La première est la meilleure ; l'une et l'autre vient du levant, et particulièrement d'Egypte : il faut la choisir tendre et en gros morceaux. Avant que de broyer la terre d'ombre, soit pour peindre, soit pour mettre des gants en couleur, il faut la bruler, ce qui la rend plus rougeâtre, et par conséquent de meilleure qualité ; mais en la brulant il faut en éviter la fumée qui est nuisible et puante. Il y a encore une espèce de terre d'ombre, qu'on appelle terre de Cologne ; mais elle est beaucoup plus brune que l'autre : son nom apprend d'où on la tire. Il faut la choisir tendre, friable, bien nette et sans menu. Savary. (D.J.)

TERRES REANIMEES, s. f. pl. (Salpétrerie) Les Salpétriers appellent ainsi des terres qui ont servi dans des cuviers qu'on fait sécher, et qu'on arrose ensuite à plusieurs reprises avec les écumes et les rappurages, les eaux mères ou amères, que l'on a détrempées auparavant dans l'eau, afin que les terres s'humectent plus facilement. Les terres amendées peuvent toujours servir à l'infini ; de sorte qu'au moyen de ces terres on ne peut jamais manquer de salpêtre. (D.J.)

TERRE A SUCRE, s. f. (Sucrerie) on nomme ainsi une sorte de terre avec laquelle on blanchit le sucre, pour en faire de la cassonade blanche. Celle qu'on emploie aux îles françaises de l'Amérique, vient de France, particulièrement de Rouen, de Nantes et de Bourdeaux. Il s'en trouve aussi à la Guadaloupe. Savary. (D.J.)

TERRE DU JAPON, (Botanique exotique) terra japonica, Voyez CACHOU.

TERRE, TERROIR, TERREAU, TERREIN, TERRITOIRE, (Synonyme) terre se dit de la terre en général ; la terre nourrit tous les animaux.

Terroir se dit de la terre, entant qu'elle produit des fruits ; un bon, un mauvais terroir.

Terreau, se dit d'un fumier bien consommé et réduit en terre ; on fait des couches de terreau pour y élever des salades, des melons, des légumes.

Terrein se dit en général d'un espace de terre considéré par rapport à quelque ouvrage qu'on y pourrait faire. Il faut ménager le terrain. On dit dans le même sens, en terme de manège, ce cheval garde bien son terrain.

Territoire est l'espace dans lequel s'exerce un district, une juridiction ; un territoire fort étendu. (D.J.)

TERRE, (Critique sacrée) ; ce mot signifie 1°. l'élément terrestre qui nous soutient. 2°. la matière qui fut créée au commencement, Gen. j. 3°. tout ce qui est contenu dans le globe terrestre, Psaumes xxiij. 1. 4°. les hommes qui l'habitent, Gen. VIe 11. 5°. un lieu particulier : Bethléem, terre de Juda. 6°. les fruits de la terre ; les sauterelles dévoreront la terre ; 7°. le tombeau, Job. Xe 22. 8°. la terre des vivants : c'est la Judée au propre, et au figuré, le séjour des bienheureux. (D.J.)

TERRE, (Mythologie) il y a eu peu de nations payennes qui n'aient personnifié la Terre, et qui ne lui aient rendu un culte religieux. Les Egyptiens, les Syriens, les Phrygiens, les Scythes, les Grecs et les Romains ont adoré la Terre, et l'ont mise avec le ciel et les astres au nombre des plus anciennes divinités. C'est que dans les premiers temps tous les cultes se rapportaient à des êtres matériels, et que l'on croyait alors que les astres, la Terre et la mer étaient les causes de tout le bien et le mal qui arrivaient dans le monde.

Hésiode dit que la Terre naquit immédiatement après le chaos : qu'elle épousa le ciel, et qu'elle fut mère des dieux et des géans, des biens et des maux, des vertus et des vices. On lui fait aussi épouser le tartare, et le pont ou la mer, qui lui firent produire tous les monstres que renferment ces deux éléments, c'est-à-dire, que les anciens prenaient la Terre pour la nature ou la mère universelle des choses, celle qui crée et nourrit tous les êtres ; c'est pourquoi on l'appelait communément la grande mère, magna mater. Elle avait plusieurs autres noms, Titée ou Titéia, Ops, Tellus, Vesta, et même Cybele ; car on a souvent confondu la Terre avec Cybele.

Les philosophes les plus éclairés du paganisme croyaient que notre âme était une portion de la nature divine, divinae particulam aurae, dit Horace. Le plus grand nombre s'imaginait que l'homme était né de la Terre imbibée d'eau et échauffée par les rayons du soleil. Ovide a compris l'une et l'autre opinion dans ces beaux vers où il dit que l'homme fut formé, soit que l'auteur de la nature l'eut composé de cette semence divine qui lui est propre, ou de ce germe renfermé dans le sein de la Terre, lorsqu'elle fut séparée du ciel.

Pausanias parlant d'un géant indien d'une taille extraordinaire, ajoute : " si dans les premiers temps la Terre encore toute humide venant à être échauffée par les rayons du soleil, a produit les premiers hommes, quelle partie de la Terre fut jamais plus propre à produire des hommes d'une grandeur extraordinaire, que les Indes, qui encore aujourd'hui engendrent des animaux tels que les éléphans ? "

Il est souvent parlé dans la Mythologie des enfants de la Terre ; en général lorsqu'on ne connaissait pas l'origine d'un homme célèbre, c'était un fils de la Terre, c'est-à-dire, qu'il était né dans le pays, mais qu'on ignorait ses parents.

La Terre eut des temples, des autels, des sacrifices ; on la nommait Omniparents ; on sait ce beau vers de Lucrèce,

Omniparents eadem rerum commune sepulcrum.

A Sparte il y avait un temple de la Terre qu'on nommait Gasepton, je ne sais pourquoi. A Athènes on sacrifiait à la Terre, comme à une divinité qui présidait aux noces. En Achaïe, sur le fleuve Crathis, était un temple célèbre de la Terre qu'on appelait la déesse au large sein, ; sa statue était de bois. On nommait pour sa prêtresse une femme qui dès ce moment était obligée de garder la chasteté, encore fallait-il qu'elle n'eut été mariée qu'une fois ; et pour s'assurer de la vérité, on lui faisait subir l'épreuve de boire du sang de taureau : si elle était coupable de parjure, ce sang devenait pour elle un poison mortel.

Les Romains firent bâtir leur premier temple à la déesse Tellus, ou la Terre, l'an de Rome 268 ; mais les historiens ne nous apprennent point quelle figure on donnait à la déesse ; il y avait plusieurs attributs de Cybele qui ne lui convenaient que par rapport à la Terre, comme le lion couché et apprivoisé, pour nous apprendre qu'il n'est point de terre si stérîle et si sauvage, qui ne puisse être bonifiée par la culture. Le tambour, symbole du globe de la terre : les tours sur la tête, pour représenter les villes semées sur la surface de la terre.

Avant qu'Apollon fût en possession de l'oracle de Delphes, c'était la Terre qui y rendait ses oracles, et qui les prononçait elle-même, dit Pausanias ; mais elle était en tout de moitié avec Neptune. Daphné, l'une des nymphes de la montagne, fut choisie par la déesse Tellus pour présider à l'oracle. Dans la suite Tellus céda tous ses droits à Thémis sur Delphes, et celle-ci à Apollon. (D.J.)

TERRE la, (Géographie moderne) ce mot, en géographie, a plusieurs significations qu'il est bon de distinguer. 1°. Il signifie cette masse composée sur laquelle nous vivons, et en ce sens la terre est la même chose que le globe terrestre ou terraquée ; on y comprend toutes les eaux dont sa surface est couverte.

2°. Il signifie la partie de cette masse qui par l'agriculture devient plus ou moins fertile, et dans ce sens on ne comprend point les mers.

3°. Il se prend aussi pour l'étendue d'un état, d'un pays, d'une domination. On dit en ce sens terre de France, terre de l'Empire.

4°. Chez les mariniers, le mot terre a différents sens, et entr'autres celui de rivage. Ils appellent terre embrumée un rivage que les brouillards couvrent : terre défigurée, celle qu'on ne peut bien reconnaître à cause de quelques nuages qui la déguisent : terre fine, celle que l'on découvre clairement et sans obstacle : grosse terre, un rivage haut, élevé : terre qui fuit, celle qui faisant un coude, s'éloigne de la route que fait le vaisseau : terre qui se donne la main, celle que l'on voit de suite, sans qu'elle soit coupée par aucun golfe, ni aucune baie : terre qui asseche, une terre que la mer fait voir après qu'elle s'est retirée. Ils appellent terre de beurre, un nuage à l'horizon qu'on prend pour la terre, et que le soleil dissipe ; on dit, aller terre-à-terre, pour dire naviger le long des côtes, et prendre terre, pour dire aborder.

Enfin il y a des pays d'une grande étendue que l'on appelle terre en géographie, comme la terre sainte, la terre ferme, la terre neuve, les terres arctiques, les terres australes, etc. (D.J.)

TERRES-ANTARCTIQUES, (Géographie moderne) ce sont les terres opposées aux terres arctiques ou septentrionales ; on les appelle autrement continent méridional, terres méridionales, terres australes. Elles sont bornées par la mer du sud, l'Océan éthiopique et l'Océan indien. Voyez TERRES AUSTRALES. (D.J.)

TERRES ARCTIQUES, les (Géographie moderne) c'est-à-dire, les terres septentrionales. Les Géographes appellent terres arctiques, les terres les plus voisines du pôle septentrional, comme sont les pays de Groènland, et les autres qui se trouvent au nord de l'Amérique, autour des détroits de Hudson, de Davis et de la baie de Baffin. On donne aussi ce nom au Spitzberg, qui est au nord de l'Europe, à la nouvelle Zemble, et à la nouvelle Irlande, etc.

De toutes les terres arctiques on n'en connait encore que quelques côtes, et on ignore pleinement si du fond de la baie de Baffin, ou en d'autres endroits, il n'y aurait point quelque passage d'une mer à l'autre.

C'est cependant l'envie de trouver au nord une communication de nos mers avec celle des Indes orientales, qui a fait entreprendre tant de navigations périlleuses, dont on peut voir les détails dans les voyages de la compagnie hollandaise des Indes orientales et dans le recueil des voyages au nord. C'est à cette espérance, que l'on doit la découverte de la nouvelle Zemble, de la nouvelle Irlande, et du Spitzberg au nord de l'Europe, du Groenland, des îles de Cumberland et de Raleigh, du nouveau Danemarck, et de la terre de Jesso, qui est au nord de l'Amérique et de l'Asie. (D.J.)

TERRES AUSTRALES, les, (Géographie moderne) ce sont les terres situées vers le pôle méridional, opposées au pôle arctique. Elles renferment la nouvelle Guinée, la terre des Papous, la nouvelle Hollande, la terre de la Circoncision, la terre de Feu, la nouvelle Zélande, l'île de Feu, l'île de Horn et les îles de Salomon, autant de pays qui nous sont inconnus.

Nous ne sommes pas aussi avancés en connaissances vers le midi que vers le nord ; en voici quelques raisons : les navigateurs partant de l'Europe, avaient plus d'intérêt de connaître le pôle dont elle est voisine, que celui qui lui est opposé. La navigation du nord se pouvait faire à moins de frais que celle du midi. On cherchait un passage aux Indes, le grand objet des navigateurs des quinze et seizième siècles. Quand on eut doublé le cap de Bonne-Espérance, on se vit tout-d'un-coup dans la mer des Indes, et il n'y eut plus qu'à suivre les côtes, en prenant la saison des vents favorables. Quand on eut trouvé passage dans la mer du sud par le détroit de Magellan, on se trouvait aux côtes du Chili et du Pérou, et on s'embarassa peu des pays qu'on laissait à la gauche du détroit ; des vaisseaux chargés de provisions ou de marchandises se flattaient d'arriver, sans se détourner de leur route que le moins qu'il était possible.

D'un autre côté, on ne sait pas si le port découvert par Drak au 300e degré de longitude, vers le 61. degré de latitude méridionale, appartient à quelque île ou à quelque continent, ni si les glaces vues par M. Halley entre les 340 et 355 degrés de longitude par les 53 degrés de latitude méridionale, ont quelque liaison avec les terres de vue. C'est aux navigateurs que les ordres de leurs maîtres ou les hazards de leur profession porteront dans ces climats, à nous dire ce qu'ils y trouveront ; ce n'est pas aux géographes à prévenir leurs découvertes par des conjectures que l'expérience détruirait. On s'est si mal trouvé de cette espèce de divination, qu'on devrait bien en être corrigé. (D.J.)

TERRE AUSTRALE DU SAINT-ESPRIT, la, (Géographie moderne) partie des terres australes, au midi de la mer du sud. Elle fut découverte par Fernand de Quiros, espagnol ; c'est pour cela que quelques-uns la nomment terre de Quiros. Il n'en a cependant parcouru que quelques côtes, comme les environs du golfe de Saint-Jacques et de Saint Philippe, et nous n'en connaissons pas davantage aujourd'hui. Nous ignorons même si la nouvelle Guinée, la nouvelle Hollande, la terre de Diémen, et la terre australe du Saint-Esprit sont une terre continue, ou si elles sont séparées par des branches de l'Océan. (D.J.)

TERRE AUSTRALE PROPRE ou TERRE DE GONNEVILLE, (Géographie moderne) pays des terres australes ou antarctiques. Ce pays est à l'occident de la nouvelle Hollande, et au midi de l'ancien continent. Il fut découvert en 1603 par un capitaine français nommé Gonneville, qui y fut jeté par la tempête, et qui en donna une relation. En 1697, le capitaine Vlamming, hollandais, envoya sur la terre australe propre trois vaisseaux, qui pour toute découverte y remarquèrent quelques havres assez bons et des rivières fort poissonneuses. (D.J.)

TERRE DE BAIRA, (Histoire naturelle) nom donné en Italie à une terre blanche, qu'on trouve près de Baira, et à peu de distance de Palerme ; on l'appelle aussi poudre de Claramont, en l'honneur de celui qui en fit le premier usage pour la guérison des fièvres malignes, et pour arrêter toutes sortes d'hémorrhagies ; mais enfin le monde a été détrompé sur les vertus prétendues de cette terre, comme sur celles de tant d'autres. (D.J.)

TERRE DE LA COMPAGNIE, la, (Géographie moderne) île située à l'entrée d'un golfe, qui entre dans la terre de Kamschatka, dont il fait une presqu'ile. Elle a été découverte par les Hollandais en cherchant un passage du Japon à la mer du Nord. Ils lui donnèrent ce nom pour l'approprier à leur compagnie des Indes orientales. Elle est entre le 45 et le 52 degré de latitude, au 175 de longitude pour la partie occidentale. (D.J.)

TERRE DES ETATS, (Géographie moderne) île de la mer du Sud. Elle fut découverte par Jacques le Maire en 1616 ; elle est située à l'orient de celle de Feu, dont elle n'est séparée que par le détroit de le Maire ; elle est entre le 37 et le 40 degré de latitude méridionale. (D.J.)

TERRE-FERME, (Géographie moderne) on appelle ainsi en général toute terre qui n'est pas une île de la mer. C'est en ce sens que les Vénitiens appellent l'état de Terre-Ferme, les provinces de leur république qui sont dans le continent, pour les distinguer des îles de la Dalmatie, de Corfou et de Venise elle-même, qui n'est qu'un amas d'iles, sans parler de Zante, de Céfalonie, de Candie et de quantité d'autres que les Vénitiens possédaient anciennement.

C'est aussi par cette même raison que les Espagnols qui avaient commencé la découverte de l'Amérique par les îles Lucayes, par Cuba, Saint-Domingue, Portorico, et par l'île de la Trinité, appelèrent Terre-Ferme, ce qu'ils trouvèrent du continent entre cette dernière ile, et l'isthme de Panama. (D.J.)

TERRE-FERME, l'état de, (Géographie moderne) l'état de Terre-ferme des Vénitiens comprend le Bergamasque, le Crémasque, le Bressan, le Véronèse, le Trévisan, le Frioul, le Polesin de Rovigo, le Padouan et l'Istrie. (D.J.)

TERRE-FERME, en Amérique, (Géographie moderne) vaste contrée de l'Amérique, sous la zone torride, entre le treizième degré de latitude septentrionale et le deuxième de latitude méridionale. Elle comprend six gouvernements sur la mer du Nord ; savoir, Paria, ou la nouvelle Andalousie, Venezuela, Rio de la Hacha, Sainte-Marthe, Carthagène et la Terre ferme proprement dite. Elle comprend sur la mer du Sud deux autres gouvernements ; savoir, le royaume de Grenade et le Popayan.

Le nom de Castille d'or était autrefois commun à une grande partie de ce pays-là, qui est aujourd'hui partagé entre trois audiences ; celle de Saint-Domingue, celle de Santa-Fé et celle de Panama.

La Terre-ferme proprement dite, est une province particulière du grand pays qui est le long de la côte septentrionale de l'Amérique méridionale ; c'en est proprement la partie, qui est entre la nouvelle Espagne, la mer du Nord, la mer du Sud et le golfe de Darien. Panama et Puerto-Belo en sont les principales villes. (D.J.)

TERRE-FRANCHE, la, (Géographie moderne) canton des Pays-Bas dans la Flandre française. Il comprend les chatellenies de Bourbourg, de Bergue S. Vinox et de Gravelines ; Dunkerque en faisait autrefois une partie. Ses principales villes sont Gravelines, Bourbourg et Bergue S. Vinox. (D.J.)

TERRE DE FEU, îles de la, (Géographie moderne) les Espagnols disent improprement Tierra del Fuego, comme si c'était un continent ; les îles de la Terre de Feu sont situées entre le détroit de Magellan et celui de le Maire. Ce sont plusieurs îles qui s'étendent environ 60 lieues est et ouest, le long du détroit de Magellan, et qui en forment la côte méridionale.

Le nom de Terre de Feu fut donné à cette côte, à cause de la grande quantité de feux et de la grosse fumée que les navigateurs, qui la découvrirent les premiers, y aperçurent. On croyait alors qu'elle joignait à quelque partie des terres australes ; mais quand on eut découvert le détroit de S. Vincent ou de le Maire, on s'aperçut qu'elle était isolée. Les nouvelles découvertes ont fait connaître que cette terre est divisée en plusieurs îles ; que pour passer dans la mer du Sud, il n'est pas même nécessaire de doubler le cap de Horn ; qu'on le peut laisser au sud en entrant par l'est dans la baie de Nassau, et gagner la haute mer par l'ouest de ce cap ; enfin, que comme on voit par-tout des anses, des baies et des golfes, dont la plupart s'enfoncent dans les terres autant que la vue peut s'étendre, il est à présumer qu'il y a des passages dans la grande baie ou golfe de Nassau, par où les vaisseaux pourraient traverser dans le détroit de Magellan.

Les îles de la Terre de Feu, sont habitées par des sauvages qu'on connait encore moins que les habitants de la Terre Magellanique. Dom Garcias de Model ayant obtenu du roi d'Espagne deux frégates pour observer ce nouveau détroit, y mouilla dans une baie, où il trouva plusieurs de ces insulaires, qui lui parurent d'un bon naturel. Ils sont blancs comme les européens ; mais ils se défigurent le corps, en changeant la couleur naturelle de leur visage par des peintures bizarres. Ils sont à-demi couverts de peaux d'animaux, portant au cou un collier d'écailles de moules blanches et luisantes, et autour du corps une ceinture de cuir. Leur nourriture ordinaire est une certaine herbe qui croit dans le pays, et dont la fleur est à-peu-près semblable à celle de nos tulipes.

Ces peuples sont armés d'arcs et de flèches, où ils enchâssent des pierres, et portent avec eux une espèce de couteau de pierre. Leurs cabanes sont faites de branches d'arbres entrelacées les unes dans les autres ; et ils ménagent dans le tait, qui se termine en pointe, une ouverture pour donner un libre passage à la fumée. Leurs canots faits d'écorces de gros arbres, sont assez artistement travaillés. Ils ne peuvent contenir que sept à huit hommes, n'ayant que douze ou quinze pieds de long sur deux de large. Leur figure est à-peu-près semblable à celle des gondoles de Venise.

La côte de la Terre de Feu est très-élevée ; le pied des montagnes est rempli de gros arbres fort hauts, mais le sommet est presque toujours couvert de neige. On trouve en plusieurs endroits un mouillage assez bon pour faire commodément du bois et de l'eau ; mais il règne dans ces îles de fréquentes tempêtes produites par les vents d'ouest ; c'est pourquoi ceux qui veulent faire route à l'ouest, évitent la côte de ces îles autant qu'ils peuvent, et courent au sud où ils trouvent les vents du sud qui les conduisent en toute sûreté au lieu de leur destination. (D.J.)

TERRE DE GUINEE, (Géographie moderne) pays de l'Afrique occidentale, à la droite de la rivière Niger, ou Sénégal, après qu'on a passé la Barre. Ce pays est beaucoup plus agréable que la pointe de Barbarie. Il est uni, couvert çà-&-là de verdure, avec des bouquets de grands arbres de différentes espèces, entremêlées de cocotiers et de palmiers. (D.J.)

TERRE-NEUVE, île de, (Géographie moderne) grande île de l'Océan sur la côte orientale de l'Amérique septentrionale, à l'entrée du golfe de S. Laurent, entre le 36 et le 53 degré de latitude. Cette île fut reconnue en 1497 par Jean et Sébastien Cabot père et fils, envoyés pour des découvertes par Henri VII. roi d'Angleterre ; c'est pourquoi les Anglais la nommèrent Newfound-land. On lui donne près de 300 lieues de tour. La dispute des Anglais et des François sur la première découverte de cette île n'a plus lieu depuis que par le traité d'Utrecht, la France a cédé la possession entière de Terre-Neuve à la grande-Bretagne.

C'est à soixante lieues de Terre-Neuve qu'est le grand banc pour la pêche de la morue, étendue de pays que l'on estime avoir 200 lieues de longueur ; les morues y sont si abondantes, qu'un bon pêcheur en prend plus d'une centaine dans un jour. Cette pêche y est très-ancienne, car un anglais rapporte y avoir trouvé l'an 1521, cinquante bâtiments de différentes nations. On en voit aujourd'hui chaque année cinq ou six cent, anglais, français ou hollandais ; c'est aussi tout l'avantage qu'on retire de Terre-Neuve, qui est un pays rempli de montagnes et de bois. Les brouillards y sont fréquents et de longue durée. Le grand froid en hiver est en partie causé par les glaces, qui venant à flotter sur les côtes, refroidissent l'air sensiblement. Les sauvages de Terre-Neuve sont de petite taille, n'ont que peu ou point de barbe, le visage large et plat, les yeux gros, et le nez court. (D.J.)

TERRE DE PATNA, (Histoire naturelle) terre qui se fait à Patna, ville des Indes sur le bord du Gange, et capitale d'une province à laquelle elle donne son nom. Cette terre est argilleuse, approchante de la terre sigillée, de couleur grise tirant sur le jaune, insipide au gout, et d'une odeur agréable ; on en fait dans ce pays-là des pots, des vases, des bouteilles, des caraffes minces et si légères que le vent les emporte facilement. On nomme ces caraffes gargoulettes. Voyez GARGOULETTE.

La terre de Patna passe pour absorbante et propre pour arrêter les cours de ventre ; mais l'artifice de cette poterie est plus joli que les vertus qu'on lui attribue ne sont réelles. On s'en sert dans le serrail du mogol, et dans les serrails des princes indiens. (D.J.)

TERRE PERSIQUE, (Histoire naturelle) persica terra dans les auteurs d'histoire naturelle, est une terre du genre des ochres, nommée dans les boutiques de Londres rouge-indien, indian red ; c'est un ochre d'un très-beau pourpre, d'une texture compacte et très-pesante. On la trouve dans la terre d'un rouge sanguin, et il faut se servir de crocs de fer pour l'en tirer en masses irrégulières ; sa surface est sale, inégale, pleine de particules larges, blanches et brillantes ; cette terre est rude au toucher, tache les mains profondément, est d'un goût très-astringent, et fait une violente effervescence avec des menstrues acides. On la fouille dans l'île d'Ormus au golfe Persique, et dans quelques parties des Indes orientales. (D.J.)

TERRE DE PORTUGAL, (Matière médicale) c'est un bol fort astringent qu'on trouve en abondance dans les parties septentrionales du Portugal. Ce bol est compact, serré, très-pesant, d'un rouge éclatant, d'une tissure lisse et brillante, se rompant aisément entre les doigts, et les teignant légèrement. Il s'attache fort à la langue, se fond promptement dans la bouche, a une saveur très-astringente, mais laisse comme un peu de sable entre les dents. Il ne fermente point avec les acides, et ne change que très peu sa couleur au feu. (D.J.)

TERRE-SAINTE, la, (Géographie moderne) pays d'Asie, ainsi nommé par excellence, pour avoir été sanctifié par la naissance et par la mort de notre Sauveur. On appelle proprement ce pays la Judée, la Palestine, voyez ces deux mots.

C'est assez de dire ici que ce pays reconnait aujourd'hui le turc pour son souverain, et qu'il n'a plus que des bourgades dépeuplées. On lui donne soixante lieues d'étendue du midi au nord, et trente dans sa plus grande largeur. Il est en proie aux courses des Arabes, quoique présentement partagé entre trois émirs qui relèvent du grand-seigneur, lequel outre cela y entretient deux sangiacs subordonnés au bacha de Damas. Ces trois émirs sont l'émir de Seyde, l'émir de Casaïr, et l'émir de Gaza.

L'émir de Seyde occupe presque toutes les deux Galilées, et possède depuis le pied de l'Antiliban jusqu'au fleuve de Madesuer. L'émir de Casaïr tient la côte de la mer depuis Caïpha, sous le mont Carmel, jusqu'à Jafa exclusivement. L'émir de Gaza a sous lui l'Idumée. Les deux sangiacs, ou gouverneurs turcs, prennent les noms de leur résidence, qui sont Jérusalem et Naplouse. Celui de Jérusalem a pour département la Judée, et celui de Naplouse commande dans la Samarie. Au-delà du Jourdain est ce qu'on appelle le royaume des Arabes. (D.J.)