Entre les douze espèces de thym que compte Tournefort, il y en a bien deux ou trois dont il faut dire un mot ; le principal est le thym de Crète, thymus capitatus, qui Dioscoridis, I. R. H. en anglais, the headed-thyme from Creta.

C'est un sous-arbrisseau qui croit à la hauteur d'un pied ; il pousse plusieurs rameaux, grêles, ligneux, blancs, garnis de petites feuilles opposées, menues, étroites, blanchâtres, qui tombent l'hiver en certains lieux, selon Clusius, et qui sont d'un goût âcre. Ses fleurs naissent en manière de tête aux sommets des rameaux, petites, purpurines, formées en gueule ; chacune est un tuyau découpé en deux lèvres avec quatre étamines à sommets déliés. Quand cette fleur est passée, il lui succede quatre semences presque rondes, renfermées dans une capsule qui a servi de calice à la fleur.

Cette plante, dont l'odeur est agréable, est des plus communes en Candie, dans l'île de Corfou, dans toute la Grèce, en Espagne, en Sicile, le long des côtes maritimes tournées au midi, sur les montagnes, et aux autres lieux exposés au soleil ; on la cultive dans les jardins des curieux ; sa fleur varie en couleur suivant le terroir.

THYM, (Chimie et Mat. médic.) plante aromatique de la classe des labiées de Tournefort.

Toute cette plante répand une odeur très-agréable, quoique assez forte. Elle a un goût âcre et amer. On emploie principalement ses feuilles et ses fleurs, ou plutôt leurs calices ; car on doit compter les pétales à-peu-près pour rien comme dans toutes les fleurs des plantes de cette classe.

La marjolaine et le serpolet sont celles des plantes labiées avec lesquelles le thym a le plus de rapport. M. Cartheuser assure que l'huîle essentielle de thym est plus âcre que celle de marjolaine, et que la première plante contient aussi une plus grande quantité du principe camphré, dont nous parlerons plus bas. L'huîle essentielle de thym est d'une couleur dorée ou rouge. M. Cartheuser en a retiré environ un gros et demi d'une livre de plante. Cette huîle est, selon une expérience de Neumann, rapportée dans les miscellanea berolinensia, en partie liquide, et en partie concrete, dès le temps même de la distillation ; c'est-à-dire qu'en distillant le thym avec l'eau, selon la méthode ordinaire, il s'élève un principe huileux concret, un vrai camphre capable d'obstruer le bec de l'alambic, etc. Voyez CAMPHRE.

Le thym est rarement employé dans les remèdes magistraux destinés à l'usage intérieur. Il est sur cependant que réduit en poudre, ou bien infusé dans l'eau, dans le vin, etc. il pourrait servir utilement dans tous les cas pour lesquels on emploie les feuilles ou les fleurs de sauge, et qu'il fournirait même dans tous ces cas un remède plus efficace ; on peut regarder ces remèdes, et surtout la poudre, comme de bons emmenagogues, aristolochiques, etc. comme stomachiques, cordiaux, vulnéraires, etc.

L'usage du thym pour les remèdes extérieurs est plus fréquent. On le fait entrer assez généralement dans la composition des vins aromatiques, des lotions et des demi-bains qu'on destine à fortifier les membres, à en dissiper les enflures, à en calmer les douleurs, etc.

Le thym que les botanistes appellent de Crète, qui est celui de Dioscoride et des anciens, et qui est absolument analogue à notre thym commun, a été employé dans plusieurs anciennes compositions officinales, telles que la confection hamech, l'aurea alexandrina, etc. Les modernes emploient le thym vulgaire dans un grand nombre de compositions tant externes qu'internes, et ils y font entrer aussi ses principes les plus précieux, son huîle essentielle par exemple, dans le baume nervin et dans le baume apoplectique ; son eau distillée dans une eau composée, appelée aromatique par excellence, aqua odorata, seu milleflorum, de la pharmacopée de Paris. (b)