Mais si on regarde ce pronom dans quelque emploi actuel, on doit, selon la remarque de M. l'abbé Fromant (supp. au ch. VIIIe de la II. part. de la gramm. gén.), dire qu'il est réciproque, lorsqu'il s'emploie avec les verbes qui signifient l'action de deux ou de plusieurs sujets qui agissent respectivement les uns sur les autres de la même manière, comme dans cette phrase, Pierre et Paul s'aiment l'un l'autre, Pierre est un sujet qui aime, l'objet de son amour est Paul ; Paul est en même temps un sujet qui aime, et Pierre est à son tour l'objet de cet amour de Paul ; ce que l'un des deux sujets fait à l'égard du second, le second le fait à l'égard du premier ; ni l'un ni l'autre n'est l'objet de sa propre action ; l'action d'aimer est réciproque.

Dans les phrases au contraire où le sujet qui agit, agit sur lui-même, comme Pierre s'aime, le pronom se que l'on joint au verbe, doit être appelé réfléchi, parce que le sujet qui agit, est alors l'objet de sa propre action ; l'action retourne en quelque manière vers sa source, comme une balle qui tombe perpendiculairement sur un plan, remonte vers le lieu de son départ ; sa direction est rompue, flectitur, et elle repasse sur la même ligne, reflectitur, c'est-à-dire, retrò flectitur.

Je remarquerai ici une erreur singulière où est tombé M. l'abbé Regnier, et que M. Restaut a adoptée dans ses principes raisonnés : c'est que l'on ou on, et quelquefois soi, est un nominatif, que de soi en est le génitif, se et à soi le datif, se et soi l'accusatif, et de soi l'ablatif. On prouve cette doctrine par des exemples : au nominatif, on y est soi-même trompé ; au génitif, on agit pour l'amour de soi ; au datif, on dispose de ce qui est à soi, on se donne des libertés ; à l'accusatif, on se trompe, on n'aime que soi ; à l'ablatif, on parle de soi avec complaisance.

J'ai dit ailleurs quels sont les véritables cas de ce pronom et des autres ; et ils diffèrent entr'eux, comme dans toutes les langues à cas, et comme l'exige leur dénomination commune de cas par des terminaisons différentes, par des chutes variées, casibus. Voyez PRONOM. Je ne veux donc pas insister ici sur la singularité de l'opinion cent fois détruite dans cet ouvrage, que les prépositions et les articles forment nos cas ; mais je remarquerai que les exemples allégués ne prouvent que soi, de soi, se, à soi, et de soi sont les cas de on, qu'autant qu'ils ont rapport à on. Il faudrait donc dire que soi est un autre nominatif du nom ministre dans cette phrase, le ministre crut qu'il y serait soi-même trompé ; que de soi est le génitif de chacun dans celle-ci, chacun agit pour l'amour de soi ; que à soi est le datif de Dieu dans cette autre, Dieu rapporte tout à soi ; que soi est l'accusatif de l'homme, quand on dit, l'homme n'aime que soi ; et qu'enfin de soi est l'ablatif du nom philosophe, quand on dit, le philosophe parle rarement de soi. Comment a-t-on pu admettre le principe dont il s'agit, sans en voir les conséquences, ou voir les conséquences sans rejeter le principe ? Est-ce-là ce qu'on appelle raisonner ?

Remarquez qu'il aurait pu arriver qu'il y eut aussi des pronoms réciproques ou réfléchis des deux premières personnes, puisque les sujets de l'une et de l'autre peuvent être envisagés sous les mêmes aspects que ceux de la troisième ; par exemple, je me flatte, tu te vantes, nous nous promenons, etc. Mais l'usage n'introduit guère de choses superflues dans les langues ; et les pronoms réfléchis des deux premières personnes ne pouvaient servir à rien : il n'y a que le sujet qui parle, ou qui est censé parler, qui soit de la première personne ; il n'y a que le sujet à qui l'on parle qui soit de la seconde ; cela est sans équivoque : mais tous les différents objets dont on parle, sont de la troisième ; et il était raisonnable qu'il y eut un pronom de cette personne qui indiquât nettement l'identité avec le sujet de la proposition, tel que se et soi. (B. E. R. M.)

RECIPROQUE, adj. (Mathématiques) les figures réciproques, en terme de Géométrie, sont celles dont les côtés se peuvent comparer de telle manière que l'antécédent d'une raison et le conséquent de l'autre se trouvent dans la même figure. Voyez Pl. géom. fig. 22, n °. 2. soit A = 12, D = 3, C = 9, B = 4.

A : B : : C : D, ou

12 : 4 : : 9 : 3.

c'est-à-dire, autant que le côté A du premier rectangle est plus grand que le côté B du second rectangle, autant aussi le côté C du second rectangle est-il plus grand que le côté D du premier : d'où il suit que les deux rectangles doivent être égaux. Voyez RECTANGLE.

Il suit de-là que les triangles, les parallélogrammes, les prismes, les parallélepipedes, les pyramides, les cones ou les cylindres, qui ont leurs bases et leurs hauteurs réciproques, sont égaux ; et que s'ils sont égaux, leurs bases et leurs hauteurs seront réciproques. Voyez TRIANGLE, PARALLELEPIPEDE, PRISME, CONE et CYLINDRE.

Proportion réciproque. Lorsqu'on a quatre nombres dont le quatrième est moindre que le second, en même raison que le troisième est plus grand que le premier, et vice versâ, cela s'appelle une proportion réciproque. Voyez PROPORTION. La proportion réciproque s'appelle plus communément raison inverse. Voyez RAISON et INVERSE.

C'est-là le fondement de la règle de trois inverse. Voyez REGLE.

RECIPROQUES, RECURRENS ou RETROGRADES, en Poésie, se dit de certains vers qui lus à-rebours, sont les mêmes. Voyez PALINDROMES.