BALLE, dans l'Art milit. comprend toutes sortes de petites boules ou boulets pour les armes à feu, depuis le canon jusqu'au pistolet. Voyez BOULET, ARME A FEU, CANON, etc.

Celles qui servent pour les canons sont de fer ; celles des mousquets, carabines, et pistolets, sont de plomb. On a voulu se servir de balles de fer pour ces armes : mais on a reconnu qu'outre leur légèreté qui ne permet pas de tirer juste, elles ont encore le défaut de rayer le canon du fusil.

Il faut remarquer que quoiqu'on dise ordinairement un boulet de canon, on dit aussi qu'une pièce de batterie porte 36, 33, ou 24 livres de balle. On dit encore charger le canon à balle, pour dire charger à boulet. (Q)

* Les balles dont on charge les petites armes à feu, se fabriquent de la même manière que les dragées moulées, mais dans des moules plus grands. Voyez l'article FONTE de la dragée au moule. Il y en a de 26 sortes différentes, numérotées selon la quantité ou le nombre qu'il faut pour faire une livre pesant. La sorte la plus grosse est des huit à la livre ; la sorte suivante est de seize à la livre, et chaque balle pese une once. La plus petite, qui approche beaucoup de la dixième sorte de dragée, est des 120 à la livre. Voyez la table à l'article cité.

On appelle balles ramées, deux balles attachées ensemble par un fil de fer ; et balle de calibre, celle qui est de même grosseur que le calibre du fusil.

* Comme il importe aux chasseurs qui ont quelquefois occasion de tirer du poisson dans l'eau, de savoir si les balles y souffrent ou non de la réfraction, je vais rapporter quelques expériences que M. Carré, de l'académie royale des Sciences, a fait faire, et qu'on peut voir dans le recueil de cette académie année 1705. On tira un fusil chargé à balle deux coups dans un bassin de pierre plein d'eau, de deux pieds et demi de diamètre, profond de seize pouces, sous un angle de 20 degrés et sous celui de 80 ; mais le grand effort de l'eau contre les parois du bassin où l'on avait mis les ais, le dérangèrent tellement qu'on ne put savoir si les balles souffraient quelque dérangement dans la direction de leur mouvement. Les expériences réitérées dans des bennes pleines d'eau ont été accompagnées du même inconvénient : elles ont été brisées sur le champ, et ce furent les cerceaux d'en-bas que l'eau fit casser.

On serait tenté de croire que c'était la balle qui faisait briser les vaisseaux en passant à-travers les ais, et non le mouvement de l'eau : mais l'expérience qui suit ne laisse aucun doute que ce ne soit la dernière de ces causes. Un coup fut tiré dans une caisse carrée d'un pied de haut, et de six pouces d'épaisseur, dont les quatre ais qui faisaient la longueur avaient chacun un pouce d'épaisseur, et les deux bouts en avaient chacun deux, afin d'y bien attacher les autres avec force clous : on avait rempli ce vaisseau par une petite ouverture, les ais furent percés par la balle sans en être brisés : mais l'eau s'en tourmenta de manière qu'elle fit écarter ces ais les uns des autres, et que la caisse fut rompue.

Il fallut donc pour obtenir un résultat exact sur la réfraction, recommencer les expériences dans un bassin de pierre : on en prit un dont la longueur intérieure était de trois pieds trois pouces, la largeur d'un pied huit pouces, et la profondeur d'un pied et un pouce ; on fit placer à son côté le plus éloigné un ais pour recevoir les balles ; un autre ais vertical et pareil à celui-là occupait le milieu du bassin, et au-dessus du côté le plus voisin du tireur, un carton : l'arquebuse était arrêtée fixe à huit pieds du bassin. La balle a percé le carton : mais elle est tombée aplatie, à-peu-près comme une pièce de douze sols, entre le carton et le premier ais. Au second coup, la balle s'est divisée en trois morceaux aplatis, sans avoir atteint le premier ais. On a tiré deux autres coups avec une forte charge, sans trouver de balles dans le fond du bassin ni contre les ais : ces balles avaient près de quatre lignes de diamètre ; elles étaient faites exprès pour l'arquebuse, et ne pouvaient entrer dans le canon qu'en les poussant avec une baguette de fer.

On a mis dans un réservoir de 10 pieds en carré deux ais parallèles entr'eux et à l'horizon, et à un pied de distance l'un de l'autre : celui de dessus ne faisant qu'un même plan avec la surface de l'eau, on a tiré deux coups sur cet ais, sous un angle de 30 degrés, avec une égale charge de poudre ; le premier avec une arquebuse dont le canon avait trois pieds deux pouces six lignes de long, et la balle trois lignes 3/4 de diamètre ; le second avec un fusil dont le canon avait trois pieds dix pouces trois lignes de long ; et la balle sept lignes de diamètre : la grosse balle a percé les deux ais, et traversé par conséquent toute l'étendue de l'eau qui était entr'eux ; au lieu que la petite n'a percé que l'ais supérieur, et s'est arrêtée aplatie sur l'ais inférieur : d'où l'on a conclu que le fusil était plus propre pour l'expérience de la réfraction que l'arquebuse.

On a attaché au-dessus du bassin de pierre qu'on a décrit plus haut, un fusil sur deux appuis fixes, dont l'un était à cinq et l'autre à sept pieds de distance du bassin : on l'a assuré et rendu immobîle sur ces appuis : il faisait avec l'horizon, ou la surface de l'eau ou du bassin, un angle de vingt degrés ; il était chargé du poids de trois deniers vingt grains de poudre, avec une balle de sept lignes de diamètre, qui pesait dix-sept deniers six grains. La balle a percé le carton, le premier ais, et s'est arrêtée dans le second : on a vuidé l'eau, et les centres des trois trous se sont trouvés exactement dans la même direction.

La même expérience réitérée a donné la même chose : en augmentant la charge, on a remarqué que la balle entrait moins ; et chassée par sept deniers six grains de poudre, elle s'est aplatie d'un côté, et a peu frappé l'ais du milieu.

Chassée de l'arquebuse avec la même charge, elle s'est divisée en deux parties, chacune inégalement aplatie, sans avoir touché l'ais du milieu. Chassée de la même arme avec la moitié de la charge, elle n'a point atteint l'ais du milieu, et n'a perdu que peu de sa sphéricité.

Une balle de sept lignes poussée avec une forte charge dans un réservoir de 40 pieds de diamètre, profond de six pieds, contre un linge parallèlement étendu à la surface de l'eau, à deux pieds de profondeur, est restée sur ce linge aplatie, mais fort inégalement.

La balle de même calibre, chassée de la même arme avec un tiers de poudre de plus, s'est divisée en plusieurs petits morceaux de la grosseur d'une lentille, et diversement figurés.

La balle tirée perpendiculairement à la surface de l'eau, s'est aplatie assez régulièrement.

Quand on tire dans l'eau, il s'en élève une quantité plus ou moins grande, et plus ou moins haut, selon la charge : quand la charge est forte, l'eau s'élève jusqu'à vingt pieds.

La balle de sept lignes chassée par quatre deniers de poudre ou environ, entre assez avant dans l'eau sans perdre de sa sphéricité ; chassée par huit deniers de poudre, elle en perd la moitié ; par douze deniers elle la perd entièrement ; et par seize, elle se divise en plusieurs parties.

D'où il s'ensuit 1°. que la commotion communiquée à l'eau par la balle est très-considérable ; en effet si l'on tire sur une rivière, on en sentira le rivage ébranlé sous ses pieds : 2°. que plus la charge est forte, moins la balle fait de progrès dans l'eau : 3°. qu'il n'y a point de réfraction sensible : 4°. par conséquent qu'il ne faut tirer dans l'eau, ni au-dessous ni au-dessus de l'objet qu'on veut atteindre : 5°. qu'il ne faut employer qu'une petite charge.

Mais on sait qu'une balle qui passe à-travers un morceau de bois mobîle sur des gonds, et fort épais, ne se défigure presque pas, et ne lui communique aucune impulsion ; tandis qu'il est constant par les expériences qui précèdent, qu'elle s'aplatit sur l'eau, et occasionne une grande commotion à tout le rivage. D'où vient, peut-on demander, la différence de ces phénomènes ? l'eau serait-elle plus difficîle à diviser que le bois.

Voici comment je pense qu'on pourrait répondre à cette objection : qu'un corps mu ne communique du mouvement, au moins de translation, à un autre, qu'autant que cet autre lui résiste ou s'oppose à son mouvement. Ayez un corps, même mou, rendez-le résistant, et aussi-tôt vous lui communiquerez beaucoup de mouvement, et à tout ce qui l'environnera. Si vous enfoncez doucement un bâton dans l'eau, vous la diviserez sans peine, et presque sans l'agiter ; si vous la frappez avec impétuosité, vous donnez lieu à son élasticité, et en même temps à sa résistance ; vous lui communiquez beaucoup de mouvement, mais vous ne la divisez pas : voilà pour le corps fluide. Quant au corps solide, ce corps solide ne peut résister à la balle qui vient le frapper, que par l'adhésion de ses parties : si l'adhésion de ces parties n'est rien relativement à la vitesse de la balle qui le vient frapper, il est évident qu'il ne peut être mu d'un mouvement de translation, parce que rien ne résiste à la balle. Qu'on suppose une porte ouverte percée d'un trou couvert d'une toîle d'araignée ; si j'applique mon doigt contre les endroits solides de la porte, ces endroits résistant à son impulsion, la porte tournera sur les gonds et se fermera : mais elle restera immobîle avec quelque vitesse que je porte mon doigt contre elle, si je l'applique contre la toîle d'araignée : or tout le tissu de la porte devient toîle d'araignée, relativement à la vitesse d'une balle chassée par un fusil ; et l'adhésion des parties n'est pas assez grande pour donner lieu à l'élasticité.

Mais on pourra demander encore pourquoi l'élasticité de l'eau frappée avec vitesse a plutôt lieu, quoique ses molécules n'aient presqu'aucune adhérence entr'elles, que l'élasticité du bois dont les molécules tiennent les unes aux autres très-fortement. Il faut, je crois, recourir ici à la densité, à la constitution particulière des corps ; et de ces deux causes, la dernière et la principale nous est malheureusement très-peu connue.

BALLE A FEU, est dans l'Artillerie un amas d'artifice de figure ronde ou ovale de différentes grosseurs, qui se jette à la main ou avec le mortier.

Manière la plus usitée pour faire des balles à feu. L'on se sert pour faire des balles à feu d'une livre de salpetre, d'un quarteron de fleur de soufre, deux onces de poussier broyé passé par le tamis de soie ; et mêlé avec l'huîle de pétrole ou huîle de lin ; il faut en faire de petites boules de la grosseur d'une balle, les percer quand elles seront humides, y mettre de la corde d'amorce en-travers, les passer quatre à quatre ou deux à deux, et les rouler dans le poussier vif, après quoi cela prend feu.

Autre manière pour faire les balles à feu, qui peuvent s'exécuter dans les mortiers. Il faut avoir un porte-feu d'un pied et demi ou de deux pieds de longueur, suivant la grosseur dont on voudra faire la balle, sur un pouce ou un pouce et demi de diamètre, lequel sera chargé d'une composition que l'on aura faite avec deux livres de salpetre, une livre de soufre, et demi-livre de poudre, le tout bien pilé séparément, le passer dans un tamis bien fin, et après mêler le tout ensemble autant qu'il se pourra.

En cas que le feu soit trop lent, on y ajoutera un peu de poudre pilée ; et s'il brule trop vite, on y ajoutera un peu de salpetre pour le faire durer davantage. Le milieu de la balle sera un petit sac rempli de même composition. Les porte-feux seront passés au-travers de ce sac ; et par-dessus, pour couvrir la balle, on mettra de gros copeaux avec de la filasse, que l'on fera tremper dans un grand chauderon ou chaudière, dans laquelle on mettra six à sept livres d'huîle de lin, et autant d'huîle de térébenthine, avec huit ou neuf livres de goudron ou poix que l'on fera chauffer doucement, et qu'on remuera bien souvent ; et lorsque le tout sera bien lié, l'on fera tremper dans la chaudière la filasse et les copeaux, que l'on mettra à part pour les faire sécher à demi ; et après on fera tremper aussi de la vieille toîle bien grossière, qui servira pour envelopper la balle. Il faut avoir du soufre pilé sans être passé au tamis, et du salpetre, et en jeter sur la toile, comme aussi sur la filasse et les coupeaux à part, pour que le feu soit plus clair. Il faut observer qu'il faut mettre de temps en temps du fil de fer autour de la matière qu'on mettra dans la boule pour la faire tenir, et ne la pas trop presser, parce que le feu serait trop lent. Quand la matière est un peu mouvante, la flamme en est plus grande. Si l'on veut davantage presser le feu, il faut prendre trois livres de poudre pilée, une livre de charbon pilé, mêler le tout ensemble, et après l'étendre sur une table, et faire rouler la balle sur cette matière lorsqu'elle sera garnie de copeaux et de filasse, et après l'on mettra la toîle par-dessus ; ou si l'on ne veut pas se servir de toîle pour la dernière enveloppe, l'on peut y faire une petite caisse de bois d'enveloppe léger ; le tout dépend de la conduite de l'officier qui s'en doit servir ; il peut se corriger à la première ou seconde balle qu'il fera jouer.

Autre manière de composition de balles à feu qui se jettent avec le mortier, rapportée dans le Bombardier François de M. Belidor. Pour composer ces sortes de balles il faut 30 livres de poudre, 5 livres de poix blanche ou résine, 10 livres de poix noire, 2 livres de suif de mouton, 2 livres d'étoupes, 4 grenades chargées, 4 cordes pour les montants, grosses environ comme le doigt, longues chacune de 6 pieds et demi ; 6 brasses de corde de la grosseur du petit doigt, et de la toîle pour un sac de 11 pouces de diamètre, sur 22 pouces de hauteur.

Il faut faire fondre la poix dans une chaudière ou marmite de fer ; et lorsqu'elle sera fondue, y jeter les deux livres de suif de mouton, que l'on aura eu soin de faire bien hacher : le tout bien incorporé ensemble, on le remuera de temps en temps avec la spatule de fer, et l'on en ôtera avec l'écumoire les corps étrangers. On retire cette chaudière de dessus le feu pour la porter la plus chaude qu'il se peut, auprès d'une autre chaudière de fer, que l'on aura fait enterrer de façon qu'il y ait un glacis autour d'environ six pouces, pour que la composition que l'on verse doucement dans cette autre chaudière, ne s'écarte pas. Il faudra échauffer la chaudière enterrée avec un peu de braise, de façon qu'on la puisse toucher de la main, et la bien nettoyer avec un sac à terre pour qu'il ne reste point de feu. Ensuite on y verse la composition, sur laquelle on répand peu à peu les trente livres de poudre, en faisant remuer toujours avec deux spatules ou pelles de fer rondes. Cette poudre bien mêlée avec la composition, on y met l'étoupe par petits morceaux, faisant toujours remuer à force de bras pour qu'elle s'imbibe parfaitement ; après quoi on formera la balle à feu. Pour cela on noue les quatre cordes ensemble dans leur milieu, ce qui forme huit montants ; on pose le culot du sac sur le nœud ; on met dans le fond environ un tiers de la composition ; sur laquelle on met encore deux grenades, que l'on couvrira d'un autre tiers de composition. On lie ensuite le sac avec une ficelle par le haut à dix-huit pouces ou environ de longueur, puis on rassemble les huit montants, qu'on lie au-dessus du sac avec une autre ficelle, observant que le sac soit toujours bien droit et bien à-plomb sur son culot, que les montants soient également distants les uns des autres le long du sac. Ces précautions prises, on cordelle la balle à feu, fermant le culot comme celui d'un panier ; on continue jusqu'à la moitié de la hauteur de la balle, observant de bien tirer les montants à mesure que l'on monte les travers, qui doivent être distants de deux pouces les uns des autres. On lie les montants à demeure avec de la ficelle, et on continue de cordeler, jusqu'en-haut, serrant les montants également, afin qu'ils restent droits autant qu'il se pourra, et bien partagés.

Cette balle à feu qui doit avoir la forme d'un œuf étant faite, on fait un anneau avec le reste des montants ; on les lie avec de la ficelle pour pouvoir y passer un levier, pour la tremper dans une chaudière où est pareille composition que celle des tourteaux, pour la goudronner de tous côtés ; après quoi on la met dans de l'eau pour la refroidir : on perce ensuite deux trous auprès de l'anneau avec une cheville de bois d'environ un pouce de diamètre et de cinq à six pouces de profondeur, observant que ces deux chevilles puissent se joindre en un point. On a soin de bien graisser les chevilles qui doivent rester dans la balle jusqu'à ce que l'on veuille l'exécuter, afin qu'alors on puisse les retirer aisément. On remplit les trous qu'elles laissent, avec de la composition pareille à celle des fusées de bombe, observant de la battre avec une machine de cuivre ou de bois, crainte d'accident : mais lorsque l'on ne veut pas garder longtemps la balle à feu, on charge les fusées de suite au moment qu'elle est froide, de la façon qu'il est dit ; on les coeffe avec de la cire préparée, y mettant à chacun un petit bout de ficelle pour les reconnaître au besoin. La balle à feu s'exécute dans le mortier comme la bombe. Les bombardiers mettent le feu en même temps aux fusées ; et lorsqu'on les voit bien allumées, on met le feu au mortier.

Quand on se sert de balle à feu pour découvrir les travailleurs de l'ennemi, il faut faire en sorte de pointer le canon de manière qu'elles ne montent point fort haut, de crainte qu'elles ne s'enterrent. Elles servent aussi pour mettre le feu dans les magasins à fourrage, de même que dans les maisons ; et en ce cas, on donne au mortier le degré d'élevation nécessaire pour que la balle tombe sur les toits comme la bombe, et qu'elle les perce. On peut mettre dans la balle à feu avec les grenades, des bouts de canon de fusils, de pistolets, remplis de poudre et de balles. Les grenades y sont mises pour écarter ceux qui voudraient l'éteindre.

On peut encore mettre dans la balle à feu une bombe de six pouces au lieu de grenades. On place pour cet effet environ un tiers de composition au fond du sac, sur laquelle on pose un tourteau goudronné, ensuite la bombe la fusée en-bas. On peut mettre aussi dans la balle à feu quatre lits de tourteaux et de grenades avec fusées.

omposition de balles à feu qu'on jette avec la main. Il faut prendre six livres de soufre tamisé, autant de poulverin, autant de salpetre, et autant de crystal minéral, une livre et demie de camfre, trois quarterons de vif-argent, une livre et demie de colophane, trois livres d'huîle de pétrole, six onces de gomme arabique, une livre et demie de sel ammoniac, et une demi-pinte d'esprit-de-vin. On fait dissoudre le camfre dans l'esprit-de-vin, la gomme dans un peu d'eau ; après quoi on met de l'esprit-de-vin, on mêle bien ensemble le soufre, le poulverin, le salpetre, le crystal minéral, et la colophane, humectant de temps en temps cette composition avec le camfre dissous, la gomme et l'huîle de pétrole.

Après que tout a été mis en pâte et bien mêlé à force de bras, on en fait des pelotes qui pesent environ quatre livres. On partage le vif-argent en autant de parties égales qu'on a fait de pelotes. On perce chacune de ces pelotes de plusieurs petits trous avec une cheville de bois graissée ; on y met cette partie de vif-argent, puis on resserre les trous ; on enveloppe la pelote avec un peu de filasse et de l'étoupe, et du papier gris que l'on entortille avec du gros fil : on la trempe dans le goudron, ensuite on la couvre d'une grosse toile, que l'on trempe une seconde fois dans le goudron ; après quoi on la trempe dans l'eau ; on y fait un trou avec une cheville de bois graissée qui ne passe pas le centre de la pelote, et on le remplit de la composition des fusées à bombes. On se sert de ces sortes de balles à feu pour éclairer un terrain occupé par l'ennemi. S. Remy. (Q)

BALLE LUISANTE, chez les Artificiers ; on appelle ainsi une espèce d'artifice semblable aux étoiles, et qui n'en diffère que par la composition, la grosseur, et la couleur du feu. Voici la manière de le faire.

Prenez six onces de soufre, deux onces d'antimoine crud ; de salpetre, de colophane, et de charbon, de chacun quatre onces : ou bien de salpetre, de colophane, de charbon, de chacun deux onces, et d'antimoine, de soufre et de poix noire, de chacun une once.

Après avoir bien pilé ces matières, on les fera fondre dans un vaisseau de cuivre ou de terre vernissée, dans lequel on jettera des étoupes de chanvre ou de lin autant qu'il en faudra pour absorber toute la matière fondue ; pendant qu'elle se refroidira on en fera des pelotons de la grosseur qu'on voudra, et on les amorcera de pâte de poudre écrasée, dans laquelle on les roulera, ou on les enveloppera de coton d'étoupille : il faut cependant prendre garde de ne pas faire ces balles si grosses qu'elles ne puissent être totalement consommées en retombant du pot d'une fusée volante, crainte qu'elles ne retombent en feu sur les spectateurs, ou sur des maisons où elles pourraient mettre le feu.

BALLES d'Imprimerie ; ce sont deux morceaux de bois creusés, surmontés d'un manche aussi de bois, parfaitement ressemblant à un entonnoir. Le creux de cet instrument se remplit de laine bien nette et bien cardée, laquelle y est maintenue par deux cuirs apprêtés et attachés avec de petits clous tout autour de la bouche de l'entonnoir ; c'est avec ces deux ustensiles que l'on empreint d'encre la forme. Voyez Planche IV. A. qui représente les deux balles posées l'une sur l'autre sur les chevilles de la presse.

BALLES TEIGNEUSES, terme d'Imprimerie. Lorsque les cuirs neufs refusent l'encre, faute de n'avoir pas été assez corroyés, ce qui fait paraitre sur les balles des taches noires et blanches, on dit que ces balles sont teigneuses. Pour remédier à ce défaut, l'on est contraint de démonter et corroyer de nouveau les cuirs et de les saupoudrer même de cendre pour imbiber le trop d'humidité dont ils se trouvent surchargés en quelques endroits. Les balles peuvent encore devenir teigneuses si la laine de dedans sort par les bords ; car alors il se forme une espèce de duvet, qui se mêle avec l'encre, et introduit sur la forme nombre d'ordures qui emplissent l'oeil de la lettre.

BALLE, chez les Paumiers ; c'est un corps sphérique fait de chiffons de laine couverts de drap blanc d'environ deux pouces et demi, ou trois pouces au plus de diamètre, dont on se sert pour jouer à la paume : il doit être bien rond et bien ficelé. Les statuts des paumiers ordonnent qu'il soit couvert de drap neuf, et qu'il pese en tout dix-neuf estelins. L'estelin vaut la vingtième partie d'une once. Pour faire la balle, il faut avoir du chiffon, une masse de bois et l'instrument appelé bilboquet. On prend du chiffon, on en forme un peloton que l'on ficelle, on le bat dans le bilboquet, afin de noyer la corde dans l'étoffe dont il est fait. Quand il a la grosseur convenable, on le revêt de drap blanc : on le finit ensuite sur le bilboquet, où on le remet pour abattre la couture de son vêtement, et la balle est faite. Voyez PAUMIER, BILBOQUET, et la figure de cet instrument dans la Planche du Paumier.

BALLE, terme de Commerce ; on appelle ainsi certaine quantité de marchandises enveloppées ou empaquetées dans de la toîle avec plusieurs tours de corde bien serrés par-dessus, après les avoir bien garnies de paille pour empêcher qu'elles ne se brisent ou ne se gâtent par l'injure du temps.

On dit une balle d'épicerie, de livres, de papier, de fil, etc. et l'on met sur les balles des marques et numeros, afin que les marchands à qui elles sont envoyées puissent les reconnaître.

Une balle de coton filé est ordinairement de trois, ou quatre cent pesant. Une balle de soie crue pese quatre cent. Une balle de grosse toîle est de trois, trois et demie ou quatre pièces.

Selon M. Chambers, une balle de laine en Angleterre est la valeur de la charge d'un cheval, et contient deux cent quarante livres de poids.

Vendre des marchandises sous cordes en balles ou en balles sous cordes, c'est les vendre en gros sans échantillon et sans les déballer.

On appelle marchandises de balle certaines quincailleries et autres ouvrages qui viennent de certains pays, particulièrement de Forès, et qui sont ordinairement fabriqués par de mauvais ouvriers.

Une balle de dez est un petit paquet en papier, qui contient une ou plusieurs douzaines de dez à jouer.

On nomme porte-balles les petits merciers qui vont par la campagne, et qui portent sur leur dos des balles de menue mercerie. (G)

* BALLET, (Economie rustique) c'est la pellicule qui enveloppe le grain, et que les fléaux, le van et le crible en détachent. Les laboureurs l'appellent menue paille. On la mêle avec l'avoine des chevaux : on la donne en buvée aux vaches ; elle peut nourrir toutes sortes de bestiaux ; elle fait mûrir les fruits et les conserve, et l'on en couvre la glace et la neige que l'on réserve pour l'été.