Il y a plusieurs espèces de basse ; basse fondamentale, dont nous ferons un article particulier.

Basse continue, ainsi appelée parce qu'elle dure pendant toute la pièce : son principal usage, outre celui de régler l'harmonie, est de soutenir les voix, et de conserver le ton. On prétend que c'est un Ludovico-Viana, dont nous en avons un traité, qui au commencement du dernier siècle la mit le premier en usage.

Basse figurée, qui au lieu de s'arrêter sur une seule note, en partage la valeur en plusieurs autres notes sous un même accord. Voyez HARMONIE FIGUREE.

Basse contrainte, dont le sujet ou le chant, borné à un petit nombre de mesures, recommence sans-cesse, tandis que les parties supérieures poursuivent leur chant et leur harmonie, et les varient de différentes manières. Cette basse appartient originairement aux couplets de la chaconne : mais on ne s'y asservit plus aujourd'hui. La basse contrainte descendant diatoniquement, ou chromatiquement, et avec lenteur, de la tonique à la dominante dans les tons mineurs, est admirable pour les morceaux pathétiques : ces retours périodiques affectent insensiblement l'âme, et la disposent à la tristesse et à la langueur. On en voit de fort beaux exemples dans plusieurs scènes des opéras Français.

Basse chantante, est l'espèce de voix qui chante la partie de la basse. Il y a des basses récitantes et des basses de chœurs des concordants ou basses tailles, qui tiennent le milieu entre la taille et la basse ; des basses proprement dites que l'usage fait encore appeler aujourd'hui basses-tailles ; et enfin des basses-contre, les plus graves de toutes les voix, qui chantent la basse sous la basse même, et qu'il ne faut pas confondre avec les contre-basses qui sont des instruments. Voyez CONTRE-BASSE.

BASSE FONDAMENTALE, est celle qui n'est formée que des sons fondamentaux de l'harmonie ; de sorte qu'au-dessous de chaque accord, elle fait entendre le vrai son fondamental de cet accord ; par où l'on voit qu'elle ne peut avoir d'autre contexture que celle de la succession fondamentale de l'harmonie.

Pour bien entendre ceci, il faut savoir que tout accord, quoique composé de plusieurs sons, n'en a qu'un qui soit fondamental : savoir celui qui a produit cet accord, et qui lui sert de base. Or la basse qui règne au-dessous de toutes les autres parties, n'exprime pas toujours les sons fondamentaux des accords : car entre tous les sons d'un accord, on est maître de porter à la basse celui qu'on croit préférable, eu égard à la marche de cette basse au beau chant ou à l'expression. Alors le vrai son fondamental, au lieu d'être à sa place naturelle, qui est la basse, se transporte dans les autres parties, ou même ne s'exprime point du tout ; et un tel accord s'appelle accord renversé. Dans le fond, un accord renversé ne diffère point de l'accord direct qui l'a produit ; car ce sont toujours les mêmes sons ; mais ces sons formant des combinaisons différentes, on a longtemps pris ces combinaisons pour autant d'accords fondamentaux, et on leur a donné différents noms, qu'on peut voir au mot ACCORD, et qui ont achevé de les distinguer ; comme si la différence des noms en produisait réellement dans les choses. M. Rameau a fait voir dans son traité de l'Harmonie, que plusieurs de ces prétendus accords n'étaient que des renversements d'un seul. Ainsi l'accord de sixte n'est que l'accord parfait dont la tierce est transportée à la basse : en y portant la quinte, on aura l'accord de sixte quarte. Voilà donc trois combinaisons d'un accord qui n'a que trois sons ; ceux qui en ont quatre, sont susceptibles de quatre combinaisons ; car chacun des sons peut être porté à la basse ; mais en portant au-dessous de celle-ci une autre basse, qui sous toutes les combinaisons d'un même accord, présente toujours le son fondamental, il est évident qu'on réduit au tiers le nombre des accords consonnans, et au quart le nombre des dissonans. Ajoutez à cela tous les accords par supposition, qui se réduisent encore aux mêmes fondamentaux, vous trouverez l'harmonie simplifiée à un point qu'on n'eut jamais espéré de l'état de confusion où étaient ses règles jusqu'au temps de M. Rameau. C'est certainement, comme l'observe cet auteur, une chose très-étonnante qu'on ait pu pousser la pratique de cet Art jusqu'au point où elle est parvenue, sans en connaître le fondement, et qu'on ait trouvé exactement toutes les règles, avant que de trouver le principe qui les produit.

La marche ou le mouvement de la basse fondamentale se règle sur les lois de la succession harmonique ; de sorte que si cette basse s'écarte de l'ordre prescrit, il y a faute dans l'harmonie.

Bien moduler et observer la liaison, sont les deux plus importantes règles de la basse fondamentale. Voyez HARMONIE et MODULATION. Et la principale règle mécanique qui en découle, est de ne faire marcher la basse fondamentale que par intervalles consonnans, si ce n'est seulement dans un acte de cadence rompue, ou après un accord de septième diminuée, qu'elle monte diatoniquement. Quant à la descente diatonique, c'est une marche interdite à la basse fondamentale, ou tout au plus tolérée dans le cas de deux accords parfaits, séparés par un repos exprimé ou sous-entendu ; cette règle n'a point d'autre exception. Il est vrai que M. Rameau a fait descendre diatoniquement la basse fondamentale sous des accords de septième, mais nous en dirons la raison aux mots CADENCE et DISSONANCE.

Qu'on retourne comme on voudra une basse fondamentale ; si elle est bien faite, on n'y trouvera jamais que ces deux choses : ou des accords parfaits sur les mouvements consonnans, sans lesquels ces accords n'auraient point de liaison ; ou des accords dissonans dans des actes de cadence ; en tout autre cas, la dissonance ne saurait être ni bien placée ni bien sauvée.

Il s'ensuit de-là que la basse fondamentale ne peut jamais marcher que d'une de ces trois manières ; 1°. monter ou descendre de tierce ou de sixte ; 2°. de quarte ou de quinte ; 3°. monter diatoniquement au moyen de la dissonance qui forme la liaison, ou par licence sur un accord parfait. Toute autre marche de la basse fondamentale est mauvaise.

Quoique la basse fondamentale doive régner généralement au-dessous de la basse continue, il est pourtant des cas où celle-ci descend au-dessous de la fondamentale ; tels sont ceux des accords par supposition ainsi appelés, parce que la basse continue suppose au-dessous de l'accord un nouveau son qui n'est point de cet accord, qui en excède les bornes, et qui ainsi se trouve au-dessous de la basse fondamentale. Voyez SUPPOSITION.

La basse fondamentale, qui n'est faite que pour servir de preuve à l'harmonie, se retranche dans l'exécution, et souvent elle y ferait un fort mauvais effet. Elle produirait tout-au-moins une monotonie très-ennuyeuse par les retours fréquents du même accord, qu'on déguise et qu'on varie plus agréablement, en le combinant différemment sur la basse continue. (S)

En général, les règles rigoureuses de la basse fondamentale peuvent se réduire à celles-ci.

1°. Il doit toujours y avoir au moins un son commun dans l'harmonie de deux sons fondamentaux consécutifs. Voyez LIAISON.

2°. Dans toute dominante, la dissonance doit être préparée, à moins que la dominante ne soit tonique.

3°. Toute dominante doit descendre de quinte, et toute sous-dominante doit monter de quinte. Voyez DISSONANCE, DOMINANTE, SOUS-DOMINANTE, PREPARER, etc. On trouvera à ces articles les raisons de ces règles.

Au reste la basse fondamentale prend quelquefois des licences ; on peut mettre de ce nombre les accords de septième diminuée, et les cadences rompues, dont on peut cependant donner la raison. Voyez SEPTIEME DIMINUEE et CADENCE.

Regles de la basse continue. La basse continue n'est qu'une basse fondamentale, renversée pour être plus chantante. Ainsi dès que la basse fondamentale est faite, on trouvera une basse continue par le renversement des accords. Voyez ACCORD. Par exemple, cette basse fondamentale monotone ut sol ut sol ut sol ut, peut donner cette basse continue plus chantante ut si ut ré mi fa mi. La basse continue n'est obligée de se conformer à la basse fondamentale, que lorsqu'elle approche des cadences, ou qu'elle s'y termine. La basse continue admet aussi les accords par supposition. Voyez ACCORD et SUPPOSITION. Toute note qui porte dans la basse continue l'accord de fausse quinte, doit monter ensuite diatoniquement ; toute note qui porte l'accord de triton, doit descendre diatoniquement. Voyez FAUSSE-QUINTE et TRITON. On trouvera les raisons de toutes ces règles à leurs différents articles.

Regles que doit observer le dessus par rapport à la basse fondamentale. Toute note du dessus qui fait dissonance avec la note qui lui répond dans la basse fondamentale, doit être préparée et sauvée. Voyez HARMONIE, DESSUS, COMPOSITION, PREPARER, SAUVER, etc.

La connaissance de la basse fondamentale, ou la règle pour trouver la basse fondamentale d'un chant donné, dépend beaucoup de celle du mode, ou de la modulation. Voyez MODE. (O)

BASSE DE VIOLLE, instrument de Musique. Voyez VIOLE, et la table du rapport et de l'étendue des instruments de Musique. Cet instrument a sept cordes, dont la plus grosse à vide est à l'union du la du ravalement des clavecins, ou du la du 16 pied. La plus petite ou la chanterelle, est à l'unisson du ré qui suit immédiatement la clé de c-sol-ut.

BASSE DE FLUTE A BEC, instrument dont la figure et la tablature est entièrement semblable à celle de la flute-à-bec décrite à son article, dont la basse ne diffère qu'en grandeur. Cet instrument sonne l'octave au-dessous de la flute-à-bec, appelée taille. Son ton le plus grave est à l'unisson du fa de la clé f-ut-fa des clavecins, et il a une 13e d'étendue jusqu'au ré à l'octave de celui qui suit immédiatement la clé de c-sol-ut. Voyez la table du rapport de l'étendue des instruments de Musique.

BASSE DE FLUTE TRAVERSIERE, représentée Pl. IX. de Lutherie, fig. 34 et suiv. est un instrument qui sonne la quinte au-dessous de la flute traversière, et qui lui est en tout semblable, à cela près, qu'il est plus grand, et qu'il est courbé dans la première partie, pour que l'embouchure a soit plus près de l'endroit où il faut poser les mains. Le coude B qui joint la pièce où est l'embouchure avec le reste de l'instrument, est un tuyau de laiton qui entre par chacune de ses extrémités dans des boites ou noix pratiquées aux extrémités des pièces qu'il faut joindre. Les trous 1, 2, 3, 4 et 6, auxquels les doigts ne sauraient atteindre, Ve la grandeur de l'instrument, se bouchent avec les clés que l'on voit vis-à-vis. Ces clés sont tellement fabriquées, que lorsqu'elles sont abandonnées à leurs ressorts, elles laissent les trous qui sont vis-à-vis, ouverts ; et que lorsque l'on appuie dessus avec un doigt, ils sont fermés, la soupape de ces clés étant entre la charnière et le point où on applique le doigt : au lieu qu'à la clé du mi b mol, c'est la charnière qui est entre la soupape et l'endroit où on pose le doigt. Cet instrument sert de basse dans les concerts de flute. Son ton le plus grave est à l'unisson du sol que se trouve entre la clé de f-ut-fa et de c-sol ut des clavecins ; ce qui est, comme on a dit ci-devant, une quinte au-dessous des flutes ordinaires qui ont deux pieds de long. Voyez FLUTE TRAVERSIERE, et la tablature de cet instrument, qui sert pour celui-ci, observant toutefois de commencer par le sol 5e. On façonne cet instrument qui est de bouis ou de quelqu'autre bois dur, sur le tour, comme tous les autres instruments à vent. Voyez l'article FLUTE TRAVERSIERE et TOUR A LUNETTE, et la table du rapport et de l'étendue des instruments de Musique.

BASSE DES ITALIENS, c'est le même instrument que celui que nous appelons basse de violon. Voyez BASSE DE VIOLON. Avec cette différence qu'ils l'accordent une tierce mineure plus bas, en sorte que le son le plus grave de cet instrument sonne l'unisson de la mi la du 16 pied. Voyez la table du rapport de l'étendue de tous les instruments de Musique.

BASSE DE VIOLON, instrument de Musique, en tout semblable au violon, à l'exception des ouies, qui sont en C, au lieu qu'au violon elles sont en S, et en ce qu'il est beaucoup plus grand, et qu'on le tient entre ses jambes pour en jouer. On le construit sur le moule représenté fig. 2. Plan. XII. de Lutherie. Voyez VIOLON et VIOLE.

Cet instrument sonne l'octave au-dessous de la quinte du violon, et la douzième au-dessous du violon, et l'unisson des basses du clavecin depuis le c sol ut double octave au-dessous de celui de la clé de c sol ut, ou l'unisson du huit pied ouvert. Voyez la table du rapport de l'étendue des instruments de Musique.

BASSE ou CALADE, s. f. (Manège) pente douce d'une colline, sur laquelle on accoutume un cheval à courir au galop, pour lui apprendre à plier les jarrets. (V)

BASSE-CONTRE, s. f. acteur qui dans les chœurs de l'opéra et autres concerts chante la partie de basse-contre.

Il y a peu de basses-contre à l'opéra ; l'harmonie des chœurs y gagnerait, s'il y en avait un plus grand nombre. (B)

BASSE-COUR, s. f. terme d'Architecture ; on appelle ainsi, dans un bâtiment construit à la ville, une cour séparée de la principale, autour de laquelle sont élevés des bâtiments destinés aux remises, aux écuries, ou bien où sont placés les cuisines, offices, communs, etc. Ces basses-cours doivent avoir des entrées de dégagement par les dehors, pour que le service de leurs bâtiments se puisse faire commodément et sans être aperçu des appartements des maîtres et de la cour principale.

Pour l'ordinaire ces basses-cours ont des issues dans la principale cour : mais la largeur des portes qui leur y donnent entrée s'accordant mal avec l'ordonnance d'un bâtiment régulier, il est mieux que les équipages, après avoir amené les maîtres près le vestibule, s'en retournent par les dehors pour aller à leur destination.

On appelle à la campagne basses-cours, non-seulement celles qui servent aux mêmes usages dont nous venons de parler, mais aussi celles destinées au pressoir, sellier, bucher, ainsi que celles des bestiaux, des grains, etc. (P)

BASSE-EAU ou BASSE-MER, (Marine) se dit de la mer retirée, et lorsque l'eau n'est pas plus haute qu'elle était avant que la mer commençât à monter, ce qui est entièrement opposé à plaine mer. (Z)

BASSE-ENCEINTE, s. f. c'est la même chose que la fausse-braie, en terme de Fortification. Voyez FAUSSE-BRAIE. (Q)

BASSE-JUSTICE, (Jurisprudence) Voyez JUSTICE, NCIEREIERE. V. aussi ci-dessus BAS-JUSTICIER. (H)

BASSE-TAILLE, s. m. acteur de l'opéra ou d'un concert qui chante les rôles de basse-taille. Voyez BASSE.

Ces rôles ont été les dominans ou en sous-ordre, dans les opéra, selon le plus ou le moins de goût que le public a montré pour les acteurs qui en ont été chargés.

La basse taille était à la mode pendant tout le temps que Thevenard a resté au théâtre : mais les compositeurs d'à présent font leurs rôles les plus brillans pour la haute-contre.

Les rôles de Roland, d'Egée, d'Hidraot, d'Amadis de Grèce, etc. sont des rôles de basse-taille.

On appelle Tancrede l'opéra des basses-tailles, parce qu'il n'y a point de rôles de haute-contre, et que ceux de Tancrede, d'Argant et d'Ismenor, sont des rôles fort beaux de basse-taille.

Les Magiciens, les Tyrants, les Amants haïs sont pour l'ordinaire des basses-tailles ; les femmes semblent avoir décidé, on ne sait pourquoi, que la haute-contre doit être l'amant favorisé ; elles disent que c'est la voix du cœur : des sons mâles et forts alarment sans-doute leur délicatesse. Le sentiment, cet être imaginaire dont on parle tant, qu'on veut placer par-tout, qu'on décompose sans-cesse sans l'éprouver, sans le définir, sans le connaître, le sentiment a prononcé en faveur des hautes-contres. Lorsqu'une basse-taille nouvelle se sera mise en crédit, qu'il paraitra un autre Thevenard, ce système s'écroulera de lui-même, et vraisemblablement on se servira encore du sentiment pour prouver que la haute-contre ne fut jamais la voix du cœur. Voyez HAUTE-CONTRE. (B)

BASSES-VOILES, c'est ainsi qu'on appelle en Marine, la grande voîle et celle de misene ; quelques-uns y ajoutent l'artimon, qui ne doit pas y être compris quand on dit amarrez les basses-voiles ; car l'artimon n'a point de couets. (Z)