Comme il n'est pas possible de la découvrir par le seul secours de la dissection, quelque adresse qu'on y apporte ; plusieurs anatomistes, et M. Monro en particulier, ont cherché la meilleure méthode d'y parvenir autrement : voici l'extrait du mémoire de l'habîle professeur d'Edimbourg.

La principale préparation que demandent les os, est de les blanchir ; Pauli et Lyserus nous en ont indiqué la manière dans un assez grand détail, et nous ont appris aussi à dresser les squeletes des adultes.

Une bonne méthode pour blanchir les os des jeunes sujets, est de les laisser macérer longtemps dans l'eau froide, et de changer souvent l'eau ; il faut à chaque fois qu'on la renouvelle, laisser les os exposés quelque temps au soleil, afin qu'ils y séchent un peu. S'ils restent trop longtemps dans l'eau, les parties les plus spongieuses de ceux des adultes se dissoudront, et ceux des jeunes sujets perdront toutes leurs épiphyses ; si on les fait sécher, avant que le sang qui est contenu dans leurs vaisseaux soit dissous, ils ne deviendront jamais blancs.

La moèlle étant moins huileuse dans les jeunes sujets, que dans les adultes, leurs os en général deviennent plus blancs, et ne jaunissent pas sitôt étant gardés. Dans les os des foetus, on ne doit pas enlever le périoste aux endroits où se trouvent les épiphyses, autrement, il est presqu'impossible de conserver ces pièces rapportées. La méthode de bruler et d'exposer pendant longtemps à l'air les os des adultes pour en découvrir le tissu, est si généralement connue, qu'il n'est pas nécessaire d'en faire mention.

On rend les cartilages transparents par le même moyen dont on se sert pour blanchir les os. Il faut ensuite, si l'on veut les garder secs, leur donner la forme et la situation qu'ils ont naturellement, et leur conserver l'une et l'autre par le moyen des fils, des poids, des épingles, et de telle autre manière qui paraitra plus propre à ce dessein.

Pour montrer les extrémités des vaisseaux injectés dans l'eau commune, on mettra le cerveau, les poumons, le foie, la rate, ou quelqu'autre partie que ce sait, dont le tissu est délicat et qu'on a injectée ; on les laissera dans l'eau jusqu'à ce que la membrane qui sert d'enveloppe soit soulevée par l'eau introduite dans le tissu cellulaire, qui l'attache aux parties qui sont au-dessous. On séparera alors la membrane, et l'on remettra encore la partie dans l'eau, jusqu'à ce que les fibres qui lient les petits vaisseaux soient dissoutes ; c'est ce qu'on connaitra, en agitant de temps à autre dans l'eau la partie préparée, dont il se détachera des parcelles corrompues, et on verra les vaisseaux distincts et flottants dans l'eau.

On ôtera pour lors la partie ainsi préparée de l'eau, et l'ayant doucement pressée pour en exprimer ce qu'il y reste d'humidité ; on la lavera dans un peu de la liqueur dans laquelle on se propose de la conserver, pour la mettre tout de suite dans un vaisseau plein de la même liqueur, où on la suspendra par le moyen d'un fil, afin que la partie s'étende et que les petits vaisseaux se séparent les uns des autres.

Il n'est guère possible de diviser les nerfs en leurs petits filaments, lorsqu'ils ont une fois reçu de la dure-mère leur plus forte enveloppe ; mais on les sépare facilement lorsqu'on les prend au-dessus ; ceux qui forment la queue du cheval sont plus propres pour cette préparation, parce qu'ils sont longs, et que leurs fibres ne sont unies que par une membrane très-mince et faible. L'un de ces cordons étant coupé au sortir de la moèlle de l'épine, et avant qu'il ait reçu une enveloppe de la dure-mère, on liera une de ses extrémités avec un fil, et on le suspendra dans un vaisseau plein d'eau, où après l'avoir laissé macérer quelque temps, on le retirera vers le bord du vaisseau, et tenant le fil d'une main, on aura une aiguille emmanchée de l'autre, avec laquelle on fera doucement une légère égratignure tout le long du nerf.

On continuera cette opération jusqu'à ce qu'en agitant le nerf dans l'eau, il paraisse comme une fine toîle tissue de fibres fort petites, et on le mettra alors dans une liqueur pour le conserver. Lorsqu'on a ainsi préparé quelques-uns des nerfs de la queue du cheval, l'effet en est fort beau, parce que presque tous les filets du nerf paraissent accompagnés de leur vaisseau sanguin injecté.

Quand c'est quelque membrane fine, telle que la plèvre ou le péritoine, qu'on veut conserver seule pour en démontrer les artères par le moyen de l'injection ; il faut en les disséquant, conserver le plus qu'on pourra du tissu cellulaire qui les attache aux parties contiguès, sans perdre la transparence de la membrane ; car lorsque ce tissu cellulaire est entièrement séparé, on ne peut voir que quelques ramifications des vaisseaux.

Ruysch décrit la manière de séparer de la peau l'épiderme, et le corps muqueux ou réticulaire ; il veut qu'on étende sur une planche ces téguments communs bien dépouillés du corps graisseux, et qu'on mette l'épiderme en-dehors ; qu'on plonge ensuite le tout dans l'eau bouillante, laquelle détache la cuticule et le corps muqueux de la peau, de telle manière qu'on peut les en séparer facilement par le moyen d'un scalpel émoussé, ou avec le manche mince d'ivoire d'un pareil instrument ; ensuite avec le même instrument, on sépare le corps réticulaire d'avec l'épiderme, et on laisse ces deux parties attachées ensemble et avec la peau en quelques endroits.

L'épiderme entier de la main ou du pied avec les ongles, appelé des Anatomistes, chirotheca ou podotheca, s'enlève sans beaucoup de peine, lorsque la cuticule s'est détachée par le moyen de la putréfaction, d'avec les parties qui sont au-dessous, ce qui arrive lorsqu'on garde longtemps un sujet. Cette méthode réussit mieux que celle de l'eau bouillante, par le moyen de laquelle on entreprend de détacher l'épiderme de la peau, et qui l'attendrit beaucoup.

On ne peut conserver la membrane cellulaire distendue par le moyen de l'air, ou soufflée, que lorsqu'il n'y a point ou presque point de graisse. Une des parties les plus propres pour cette préparation est le scrotum, ou ce que l'on appelle communément le muscle dartos ; en y introduisant de l'air, il peut être changé en une fine membrane cellulaire.

Pour conserver la dure-mère et tous ses prolongements dans leur situation naturelle, il faut scier le crâne perpendiculairement, depuis la racine du nez jusqu'au milieu de l'os occipital, à un demi-pouce de distance de la suture sagittale ; et le scier ensuite horizontalement d'un côté pour enlever cette portion du crâne comprise entre ces deux incisions. Cela fait, on coupe en T la portion de la dure-mère qui est à découvert, et on enlève le cerveau et le cervelet pour conserver ensuite la tête dans une liqueur convenable, ou bien on nettoie les os et on les laisse à l'air pour les faire sécher, observant de tenir les parties incisées étendues, par le moyen d'épingles, de petits crochets ou de fils.

Si l'on a dessein de faire ainsi dessécher la tête du foetus ou d'un jeune sujet, il faut avoir la précaution par le moyen de plusieurs petits bâtons d'une longueur convenable, de tenir distendues les membranes ligamenteuses et qui se trouvent entre les os, et placer ces bâtons de manière, qu'étant mis dans la cavité du crâne, ils soient appuyés sur les os, et qu'ils les poussent en-dehors.

Le cerveau ne demande aucune préparation, si ce n'est, lorsqu'on veut en démontrer les petits vaisseaux, ou lorsqu'on veut lui donner une consistance plus solide.

Pour bien préparer et conserver l'oeil, de manière qu'on puisse en démontrer les tuniques, les humeurs, et les vaisseaux ; il faut auparavant coaguler les humeurs crystalline et vitrée, en plongeant pendant quelque temps cet organe dans une liqueur propre à cet effet. Après cette préparation, elles seront plus en état de supporter la macération dans l'eau, pour séparer par ce moyen la choroïde et la lame ruyschienne.

Les glandes sébacées et les conduits excréteurs des paupières, paraissent beaucoup plus sensiblement après une injection subtîle des artères, et après la coagulation de leurs liqueurs, que dans le sujet frais.

Le docteur Frew a remarqué que la membrane qui revêt le conduit auditif externe, laquelle est une continuation de l'épiderme de l'oreille, et qui forme la tunique externe de la membrane du tympan, peut être séparée entière dans les adultes, en faisant macérer l'oreille dans l'eau, aussi-bien qu'on la sépare dans le foetus ou dans les enfants ; et en effet, la membrane du tympan ne parait autre chose que cette épiderme de l'oreille, unie par un tissu cellulaire fort mince à la membrane qui revêt le tympan, et dans l'entre-deux desquelles il rampe, comme dans toutes les autres parties du corps, de grosses branches de vaisseaux.

La cuticule qui revêt les houpes nerveuses ou papilles des lèvres, et que Ruysch appelle epithelion, peut s'enlever par la macération dans l'eau, et alors la surface des lèvres parait mieux, lorsqu'on les met dans un vaisseau de verre avec la liqueur propre à les conserver.

La substance villeuse de la langue peut être rendue sans peine entièrement rouge, en injectant les artères, et on peut en séparer la membrane dont elle est revêtue, et qui répond à la cuticule, en la trempant dans l'eau. Lorsqu'on compare les lèvres, la langue, l'oesophage, l'estomac, et les intestins entr'eux, la structure de toutes ces parties parait entièrement semblable, étant toutes revêtues de cette espèce de cuticule, qui est attachée à la partie charnue par le moyen d'un tissu cellulaire, dans lequel se trouvent logés un grand nombre de nerfs, de vaisseaux et de glandes. Cette tunique cellulaire parait sous la forme de rides ou de valvules dans les endroits où elle se trouve épaisse et lâchement attachée, ou bien elle se montre comme une fine membrane dans ceux où elle est mince et tendue.

Il n'y a point d'organes dans tout le corps, dont il soit plus difficîle de donner une idée bien nette aux étudiants en Anatomie, que des organes de la déglutition. Dans les sujets frais, il n'est pas possible de les leur faire tous voir à la fois en situation. Dans les préparations humides, il n'est guère plus possible de les placer de la manière qu'il convient pour leur en faire prendre une notion exacte. Ce qui réussit le mieux, est de démontrer d'abord les parties les plus frappantes sur une préparation seche, laquelle demande beaucoup de patience pour être bien faite.

Si l'on se propose de garder les viscères secs, il faut les préparer d'une manière particulière pour en conserver la forme, et pour en faire voir la structure du côté de la surface interne. Il faut pour cela les remplir de quelque matière convenable. Les propriétés que doit avoir cette matière, sont de pouvoir résister à la contraction des fibres de ces viscères, d'en remplir également les cavités, et de les laisser nets lorsqu'on voudra l'ôter. C'est pourquoi le coton, la laine, le sable, et autres matières semblables ne conviennent pas ; tout ce qui peut servir en pareil cas, c'est le vif-argent et la cire fondue.

Il ne faut se servir de la cire que quand on a seulement le dessein de voir la surface externe, auquel cas on peut en pousser dans la cavité des viscères, mais dans tous les autres cas, il faut se servir de l'air ou du vif-argent.

Lorsque l'air pourra suffire, il sera préférable au vif-argent, parce qu'il distend d'une manière uniforme, au lieu que ce dernier pese davantage sur les parties inférieures. L'air desseche les viscères en une vingtième partie du temps qu'il faut au vif argent pour cela ; et il n'y laisse ni couleur, ni rien autre, ce que fait toujours ce fluide métallique. Il est vrai aussi que l'air ne distend pas suffisamment certaines parties, qu'il est impossible de le retenir, et qu'il y a telles parties au travers desquelles il s'échappe, et qu'il laisse affaisser à mesure qu'elles se sechent : le vif-argent n'est pas sujet aux mêmes inconvéniens.

Il est évident par tout ce qui vient d'être dit, que l'air est nécessaire, ou qu'il est de beaucoup préférable au vif-argent pour faire des préparations seches de l'oesophage, de l'estomac, des intestins, de la vésicule du fiel avec les conduits biliaires, et de la vessie avec les uretères ; d'un autre côté, il est également visible que le péricarde et l'utérus ne peuvent conserver leur forme naturelle que par le moyen du vif-argent. Ce fluide est encore préférable lorsqu'il faut dessécher et distendre le cœur et ses vaisseaux sanguins, et le bassinet du rein avec l'uretère, parce que toutes ces parties ont de petites ouvertures par lesquelles s'échappe l'air, qui ne saurait d'ailleurs résister à la forte contraction de leurs fibres.

Les corps caverneux de la verge et les vésicules séminales, retiennent également l'air et le vif-argent ; mais ce dernier laisse dans le corps caverneux quelque chose de luisant qui empêche qu'on ne puisse voir à souhait leur structure interne et leurs vaisseaux.

On a aussi quelque difficulté à l'introduire dans les vésicules séminales, parce qu'on ne saurait l'injecter par les ouvertures qui se trouvent dans le canal de l'uretre, au véru-montanum, et lorsqu'on le pousse par l'un des vaisseaux déférents, l'humidité de ce conduit étroit est propre à l'arrêter dans son passage. D'ailleurs, supposé qu'on vienne à bout de l'introduire dans ce vaisseau, il forcera par son poids l'ouverture d'un petit conduit commun au vaisseau déférent et à la vésicule séminale, appelé conduit éjaculateur, de sorte qu'il ne passera pas dans la vésicule séminale qu'il n'ait auparavant rempli la cavité de l'uretre. Au lieu que la contraction naturelle de l'extrémité du conduit éjaculateur s'oppose à la sortie de l'air lorsqu'on souffle tout doucement, de manière qu'il passe alors plus librement dans le tissu cellulaire de la vésicule séminale. Il résulte de toutes ces raisons que lorsqu'on veut préparer les corps caverneux et les vésicules séminales, l'air est préférable au vif-argent.

On rencontre rarement des sujets dont les poumons et la rate retiennent l'air, et ce fluide s'échappe ordinairement lorsqu'on l'introduit dans le tissu spongieux du gland ; c'est pourquoi on est obligé pour l'ordinaire de se servir du vif-argent pour la préparation de ces parties. Ce fluide cependant les gâte ordinairement, mais surtout les poumons et le gland, dont les cellules sont plus petites que celles de la rate.

Quand on est déterminé par les régles précédentes sur le choix de l'un ou de l'autre de ces deux fluides, il faut exprimer tout le sang de la partie qu'on se propose de préparer, et ensuite en lier toutes les ouvertures, excepté celle par laquelle on doit introduire le fluide nécessaire pour la distendre ; et si on en découvre quelqu'une par laquelle l'air ou le vif-argent s'échappe dans le temps qu'on pousse l'un ou l'autre dans la partie, on y fait une ligature.

Il faut toujours se servir d'un tuyau lorsqu'on veut pousser de l'air dans quelque partie. Le meilleur à cet usage, est celui à la petite extrémité duquel il y a une coche ou entaillure, et un robinet un peu au-dessus. Il faut introduire le petit bout du tuyau dans un conduit propre à le recevoir, et lier ce conduit sur le tuyau avec un fil ciré qui doit entrer dans l'entaillure. Dès qu'on s'aperçoit que le viscère est suffisamment distendu, on tourne le robinet pour empêcher que l'air n'en sorte ; s'il vient à s'en échapper quelque peu, on y supplée facilement en soufflant dans le tuyau qui doit être soutenu par quelque corde, afin d'empêcher qu'il ne presse ou ne tiraille la partie préparée dans le temps qu'elle seche.

Lorsqu'on se sert du mercure, il faut que l'ouverture par laquelle on l'introduit soit plus élevée qu'aucune autre partie de la préparation ; et lorsque cette ouverture est petite, il faut y ajuster un petit tuyau ou un entonnoir de verre. Ce tuyau doit être long dans le cas où l'on ne saurait avoir une colonne de mercure assez haute pour que le poids le fasse pénétrer jusque dans les plus petits vaisseaux, si la partie préparée le permet ; il faut lier fortement le canal par lequel on a introduit le vif-argent ; ou autrement, avant que d'y en verser une goutte, il faut que l'ouverture par laquelle on le fera entrer soit assurée, de manière qu'elle se trouve toujours en haut pendant tout le temps que la préparation sera à sécher.

Les règles qu'on vient de donner serviront pour préparer la plupart des viscères ; mais les poumons et la rate dont les membranes retiennent difficilement le vif-argent ou l'air, et surtout ce dernier, demandent plus de soin. Il ne faut pas prendre ces viscères indifféremment dans toutes sortes de sujets ; on doit toujours choisir ceux dont les membranes extérieures sont fortes et épaisses.

Dès qu'on les a soufflés de la manière qu'il a été dit ci-dessus, il faut les exposer au soleil, ou les tenir auprès du feu, afin de les faire sécher promptement, et introduire de temps à autre de nouvel air, pour suppléer à celui qu'ils perdent en peu de temps. Lorsque la surface extérieure sera seche, on les trempera dans un fort vernis de térébenthine, de manière que toute leur surface en soit couverte, parce qu'après cette préparation l'air s'en échappera bien plus difficilement : on continuera à les exposer dans un endroit où ils puissent sécher le plus promptement que faire se pourra, en observant de passer du vernis avec une plume aux endroits où il en manquera, et de continuer à y pousser de nouveau vent à mesure qu'ils s'affaisseront.

Lorsqu'on est parvenu à avoir la rate humaine distendue par le moyen du vif-argent ou de l'air, jusqu'à ce qu'elle soit desséchée, elle parait entièrement formée de cellules qui communiquent les unes avec les autres, et sur les parois desquelles on voit un grand nombre de ramifications d'artères, si on les a auparavant injectées.

Il me reste à parler des moyens de conserver les parties préparées ; c'est de les exposer à l'air, jusqu'à ce que toute leur humidité soit dissipée ; et alors elles deviennent seches, dures et ne sont pas sujettes à se corrompre, ou bien il faut les plonger dans une liqueur propre à les conserver. Il faut encore, principalement lorsque les parties préparées sont épaisses et grosses, et que le temps est chaud, empêcher les mouches d'en approcher et d'y déposer leurs œufs, qui transformés en peu de temps en vers, y attireraient la corruption et les détruiraient. On peut enfin les préserver des souris et des insectes, si l'on trempe la préparation quelque temps avant que de la mettre sécher, dans une dissolution de sublimé corrosif, faite avec l'esprit-de-vin ; et dans le temps qu'elle seche, il faut la mouiller de temps en temps avec la même liqueur. On peut par ce moyen, et sans craindre aucun inconvénient, faire dessécher des cadavres disséqués d'enfants assez grands, dans le milieu de l'été, pendant lequel les préparations sechent en bien moins de temps que dans l'hiver.

Lorsque la préparation est seche, elle est encore exposée à se réduire en poudre, à devenir cassante, à se gerser, et à avoir une surface inégale ; c'est pourquoi il est nécessaire de la couvrir par-tout d'un vernis épais, dont on mettra autant de couches qu'il faudra pour qu'elle soit luisante : il faut toujours aussi la préserver de la poussière et de l'humidité.

Les préparations seches sont utiles en plusieurs cas, mais il y en a beaucoup d'autres où il est nécessaire que les préparations anatomiques soient flexibles, et plus approchantes de l'état naturel que ne le sont ces premières. La difficulté a été jusqu'à présent de trouver une liqueur qui puisse les conserver dans cet état approchant du naturel.

Les liqueurs aqueuses n'empêchent pas la pourriture, et elles dissolvent les parties les plus dures du corps. Les liqueurs acides préviennent la corruption, mais elles réduisent les parties en mucilage. Les esprits ardents les racornissent, en changent la couleur, et détruisent la couleur rouge des vaisseaux injectés. L'esprit de térébenthine, outre qu'il a les mêmes inconvénients des liqueurs spiritueuses, a encore celui de devenir épais et visqueux.

Mais, sans nous arrêter plus longtemps sur les défauts des liqueurs qu'on peut employer, il semble que la meilleure est un esprit ardent rectifié, n'importe qu'il soit tiré du vin ou des grains ; lequel est toujours limpide, qui n'a aucune couleur jaune, et auquel on ajoute une petite quantité d'acide minéral, tel qu'est celui du vitriol ou du nitre. L'une et l'autre de ces liqueurs résiste à la pourriture, et les défauts qu'elles ont séparément, se trouvent corrigés par leur mélange.

Lorsque ces deux liquides sont mêlés dans la proportion requise, la liqueur qui en résulte ne change rien à la couleur, ni à la consistance des parties, excepté celles où il se trouve des liqueurs séreuses ou visqueuses, auxquelles elles donnent presqu'autant de consistance que l'eau bouillante. Le cerveau, celui même des enfants nouveaux-nés, acquiert tant de fermeté dans cette liqueur, qu'on peut le manier avec beaucoup de liberté. Le crystallin et l'humeur vitrée de l'oeil, y acquièrent aussi plus de consistance ; mais ils en sortent blancs et opaques. Elle coagule l'humeur que filtrent les glandes sébacées, la mucosité, la liqueur spermatique, etc.

Elle ne produit aucun changement sur les liqueurs aqueuses ou lymphatiques, telles que l'humeur aqueuse de l'oeil, la sérosité lymphatique du péricarde et de l'amnios. Elle augmente la couleur rouge des injections, de manière que les vaisseaux qui ne paraissaient pas d'abord, deviennent très-sensibles lorsque la partie y a été plongée pendant quelque temps. Si l'on compare ces effets avec ce que Ruysch a dit en différents endroits de ses ouvrages, au sujet de ses préparations, on trouvera que la liqueur qu'on vient de décrire, approche beaucoup pour les propriétés de sa liqueur balsamique, c'est ainsi qu'il nomme celle dont il se sert pour conserver ses préparations humides.

La quantité de la liqueur acide qu'il faut ajouter à l'esprit ardent, doit varier selon la nature de la partie que l'on a à conserver, et selon l'intention de l'anatomiste. Si l'on veut donner de la consistance au cerveau, aux humeurs de l'oeil, etc. il faut une plus grande quantité de la liqueur. Par exemple, il faudra deux gros d'esprit de nitre sur une livre d'esprit de vin rectifié. Lorsqu'on veut seulement conserver les parties, il suffira d'y en mettre 30 ou 40 gouttes, ou même moins, surtout s'il y a des os dans la partie préparée. Si on en mettait une trop grande quantité, les os deviendraient d'abord flexibles, et ensuite ils se dissoudraient.

Lorsqu'on a plongé quelque partie dans cette liqueur, il faut avoir une attention particulière qu'elle en soit toujours couverte ; autrement ce qui se trouve hors du fluide perd sa couleur, et certaines parties se durcissent, tandis que d'autres se dissolvent. Pour prévenir donc autant qu'il est possible, l'évaporation de la liqueur, et pour empêcher la communication de l'air, qui fait que la liqueur spiritueuse se charge d'une teinture, il faut boucher exactement l'ouverture de la bouteille avec un bouchon de verre, ou de liege enduit de cire, et mettre par-dessus une feuille de plomb, de la vessie ou une membrane : par ce moyen la liqueur se conservera un temps considérable sans aucune diminution sensible. Quand on a mis à-peu-près assez de liqueur pour atteindre le haut de la préparation, il faut pour la couvrir entièrement, ajouter de l'esprit de vin sans acide, crainte que celui-ci ne s'échappe.

Lorsque la liqueur spiritueuse devient trop colorée, il faut la verser, et mettre sur les préparations une nouvelle liqueur moins chargée d'acide que la première ; on conservera cette ancienne liqueur dans une bouteille bien bouchée, et on s'en servira pour laver les préparations nouvelles, et pour les dépouiller de leurs sucs naturels ; attention qui est toujours nécessaire, avant que de mettre quelle partie que ce soit dans la liqueur balsamique ; et toutes les fois qu'on renouvelle cette liqueur, il faut laver les préparations dans une petite quantité de la liqueur spiritueuse limpide, afin d'en enlever tout ce qui pourrait y rester de la liqueur ancienne et colorée, ou bien il faut faire une nouvelle préparation. Les liqueurs aussi qui ne sont plus propres à servir dans des vaisseaux de verre transparents, peuvent être encore d'usage pour conserver dans des vaisseaux de terre ou verre commun, certaines parties qu'il faut tirer hors de la liqueur pour les examiner.

Il est bon d'observer ici que les vaisseaux de verre dans lesquels on doit démontrer les préparations, doivent être d'un verre épais, et le plus transparent qu'il est possible, parce que ces vaisseaux laissent voir les parties d'une manière plus distincte, sans rien changer à leur couleur, et grossissent en même temps les objets ; de sorte qu'on découvre par leur moyen les parties qu'on n'apercevrait pas les yeux nuds, lorsqu'elles sont hors du vaisseau. Puis donc que le verre et la liqueur ont un certain foyer auquel les objets sont vus plus distinctement, il sera à-propos de trouver quelqu'expédient pour tenir la partie préparée à une distance convenable des parois du verre.

C'est ce qu'on peut faire en mettant dans le vaisseau quelque petite tige branchue de plante, ou un petit bâton, ou en attachant le fil ou le cheveu qui soutient la préparation, à un des côtés du vaisseau. Quiconque s'adonne à l'exercice de l'Anatomie, trouvera sans peine de semblables moyens, nécessaires pour tenir les parties étendues, et pour les faire voir dans le point de vue le plus favorable.

On doit enfin avertir ici les Anatomistes, d'éviter autant qu'ils pourront, de tremper les doigts dans cette liqueur acidule, ou de manier les préparations qui en seront bien impregnées, parce qu'elle rend la peau si dure pendant quelque temps, que les doigts deviennent incapables d'aucune dissection fine. M. Monro dit qu'il n'a rien trouvé de mieux, pour remédier à cette sécheresse de la peau, que de se laver les mains dans l'eau à laquelle on a ajouté quelques gouttes de tartre par défaillance. (D.J.)

PREPARATION, (Pharmac. et Chim.) la valeur de ce mot s'annonce presque d'elle-même quant à son sens le plus prochain. On entend par ce mot une altération quelconque que l'on fait essuyer à divers sujets pharmaceutiques officinaux, pour les rendre propres à être employés sur-le-champ d'après l'ordonnance du médecin, ou à entrer dans différentes compositions officinales.

On prépare d'avance les corps que la préparation ne rend pas moins durables, et qui exigent une préparation trop longue pour être faite à mesure qu'ils sont ordonnés. C'est ainsi qu'on réduit en poudre, en trochisques, etc. les terres absorbantes, comme corail, yeux d'écrevisses, etc. qu'on purifie les sels neutres, les baumes, les gommes, résines, les graisses ; qu'on réduit le soufre en fleur, etc. car ce sont-là tout autant d'espèces de préparations pharmaceutiques proprement dites, celles qui font porter à la plupart de leurs sujets ce nom de préparé, yeux d'écrevisses préparés, litharge préparée, etc.

Le sens du mot préparation pour signifier la confection, l'exécution extemporanée d'un remède, est plus arbitraire, car la préposition prae qui signifie d'avance, n'a ici aucun sens ; on emploie ce mot en Pharmacie d'après son acception très-vulgaire : on dit préparer une médecine, un clistère, au-lieu de faire exécuter, adornare, &c.

On se sert encore en Pharmacie du mot préparation dans un troisième sens, on l'applique au produit même des préparations : il est à-peu-près synonyme du mot composition, s'il n'est même plus général. Ainsi une potion, un julep, un syrop, un électuaire, etc. sont des préparations ou des compositions pharmaceutiques.

Les Chimistes se servent aussi du mot préparation dans ce dernier sens ; ils nomment un sel neutre artificiel une teinture, un extrait, etc. des préparations chimiques. (b)