Rien n'était si simple que l'origine de cette divination. " Le serpent, dit M. Pluche, symbole de vie et de santé, si ordinaire dans les figures sacrées, faisant si souvent partie de la coiffure d'Isis, toujours attaché au bâton de Mercure et d'Esculape, inséparable du coffre qui contenait les mystères, et éternellement ramené dans le cérémonial, passa pour un des grands moyens de connaître la volonté des dieux.

On avait tant de foi, ajoute-t-il, aux serpens et à leurs prophéties, qu'on en nourrissait exprès pour cet emploi ; et en les rendant familiers, on était à portée des prophetes et des prédictions. Une foule d'expériences faites depuis quelques années par nos apoticaires et par la plupart de nos botanistes, auxquels l'occasion s'en présente fréquemment dans leurs herborisations, nous ont appris que les couleuvres sont sans dents, sans piqûre et sans venin. La hardiesse avec laquelle les devins et les prêtres des idoles maniaient ces animaux, était fondée sur l'épreuve de leur impuissance à mal faire ; mais cette sécurité en imposait aux peuples, et un ministre qui maniait impunément la couleuvre, devait sans doute avoir des intelligences avec les dieux. Histoire du ciel, tome premier, page 447 "

Les Marses, peuples d'Italie, se vantaient de posséder le secret d'endormir et de manier les serpens les plus dangereux. Les anciens racontent la même chose des Psylles, peuples d'Afrique ; et l'on pourrait même regarder comme une espèce d'ophiomancie la coutume qu'avaient ceux-ci d'exposer aux cérastes leurs enfants lorsqu'ils étaient nés, pour connaître s'ils étaient légitimes ou adultérins. Car dit Lucain, traduit par Brébeuf :

L'enfant par les serpens constamment respecté,

D'un pur attouchement prouve la pureté ;

Et lorsque sa naissance est un présent du crime,

De ces monstres cruels il devient la victime.

On trouve sur cette matière une dissertation très-curieuse de M. l'abbé Souchay, dans les mémoires de l'académie des Belles-Lettres, tome VII. p. 273.