Pour mériter ce titre, il ne suffit pas de savoir lever un plan et le mettre au net, il est important de bien dessiner non seulement l'architecture, mais aussi d'avoir une connaissance plus que superficielle de la sculpture, de la peinture, de la perspective, et du clair obscur : ce qui se rencontre rarement. Il est vrai que ces études, qui sont indispensables pour former un bon dessinateur, demandent l'exercice de plusieurs années. Qu'il est rare que les hommes aisés veuillent se donner la peine de surmonter les dégouts que porte après soi l'application d'une étude si longue, et que les hommes d'un fortune médiocre sont souvent retenus par des considérations particulières à pousser leurs études jusqu'à un certain point ! c'est par ces deux raisons que nous avons en France peu d'habiles dessinateurs ; presque tous se roidissent contre la figure et l'ornement : s'imaginant que ces deux parties doivent regarder en particulier le peintre et le sculpteur : cependant il est très-probable qu'il est impossible de dessiner seulement un plan dans lequel continuellement il entre des courbes qui émanent du gout, qu'on ne peut gironner des marches, contourner un limon d'escalier, varier les formes d'une pièce, enfin varier un profil, si l'on n'a puisé dans l'exercice du dessein la variété des formes que nous présente la nature prise dans chaque degré de ses productions.

Or si un homme destiné à piquer des plans doit avoir quelques connaissances de la figure et de l'ornement, quelle profondeur de talent ne doit-on pas exiger de celui qui doit rendre les pensées d'un habîle architecte, sous lequel il est dessinateur ? comment lui confier la conduite d'une décoration ? quels seront les rapports et les comptes qu'il pourra rendre de l'exécution de la menuiserie, de la sculpture, serrurerie, dorure, &c ? comment enfin se rendra-t-il digne d'un emploi plus éminent, s'il n'a occupé plusieurs années de sa jeunesse à un travail sans relâche sous la conduite d'habiles maîtres, et qu'il ne joigne continuellement à cela la théorie à la pratique, et qu'il soit aidé de dispositions naturelles, qui lui fassent mettre du feu, du génie, et de l'invention dans ce qu'il produira ? Voyez DESSEIN (P)

DESSINATEUR, (Rubanier) V. PATRONNEUR.