Les patriarches donnèrent ensuite ce nom aux diacres qu'ils députaient pour les intérêts de leurs églises, et aux ecclésiastiques qui étaient envoyés de Rome pour traiter des affaires du saint siège : car outre les sous-diacres et les défenseurs que les papes envoyaient de temps en temps dans les provinces pour y exécuter leurs ordres, ils avaient quelquefois un nonce ordinaire résident à la cour impériale, que les Grecs appelaient Apocrisiaire, et les Latins Responsalis ; parce que son emploi n'était autre que d'exposer au prince les intentions du pape, et au pape les volontés de l'empereur, et les réponses réciproques de l'un et de l'autre sur ce qu'il avait à négocier : de sorte que ces Apocrisiaires étaient, à proprement parler, ce que sont les ambassadeurs ordinaires des souverains et les nonces du pape auprès des princes. Saint Grégoire le grand avait exercé cet emploi avant que d'être pape, et plusieurs autres l'ont aussi exercé avant leur pontificat. Les Apocrisiaires n'avaient aucune juridiction à Constantinople (non plus que les nonces n'en ont point en France), si ce n'était qu'ils fussent aussi délégués du pape pour le jugement de quelques causes d'importance. Quoiqu'ils fussent nonces du pape, ils cédaient néanmoins aux évêques ; comme il parut au concîle de Constantinople en 536, où Pélage, Apocrisiaire du pape Agapet, et le premier de ses nonces apostoliques qu'on trouve dans l'histoire, souscrivit après les évêques. Ces Apocrisiaires étaient toujours des diacres, et jamais des évêques ; car ceux-ci n'étaient employés qu'aux ambassades extraordinaires, ou aux légations. Nous avons remarqué que les patriarches en Orient avaient leur Apocrisiaire. Ainsi dans le synode tenu à Constantinople l'an 439, Dioscore, Apocrifiaire de l'église d'Alexandrie, soutint la primatie de son prélat contre celui d'Antioche. On trouve aussi des exemples d'Apocrisiaires que les papes ont envoyés aux patriarches d'Orient. On a encore donné le nom d'Apocrisiaire aux chanceliers, que l'on appelait aussi Référendaires. Ainsi S. Ouen est appelé Apocrisiaire du roi ; et Aimoin dit qu'il était Référendaire. Voyez LEGAT. Ducange, Gloss. latinit. Thomass. Discipl. ecclesiast.

Bingham dans ses Antiquités ecclésiastiques, observe que la fonction d'Apocrisiaire des papes peut avoir commencé vers le temps de Constantin, ou peu après la conversion des empereurs, qui dut nécessairement établir des correspondances entre eux et les souverains pontifes : mais on n'en voit guère le nom que vers le règne de Justinien, qui en fait mention dans sa Novelle VI. ch. IIe par laquelle il parait que tous les évêques avaient de semblables officiers. A leur imitation les monastères eurent aussi dans la suite des apocrisiaires, qui ne résidaient pourtant pas perpétuellement dans la ville impériale ou à la cour, comme ceux du pape ; mais qu'on déléguait dans le besoin pour les affaires que le monastère, ou quelqu'un des moines, pouvait avoir au-dehors ou devant l'évêque. Dans ces cas Justinien, dans sa Novelle LXXIX, veut que les ascetes et les vierges consacrées à Dieu comparaissent et répondent par leurs apocrisiaires. Ils étaient quelquefois clercs, comme il parait par les actes du V. concîle général, où Théonas se nomme prêtre et apocrisiaire du monastère du mont Sinaï. C'était à-peu-près ce que sont aujourd'hui les procureurs dans les monastères, ou même les procureurs généraux des ordres religieux. Suicer ajoute, que les empereurs de Constantinople ont aussi donné quelquefois à leurs ambassadeurs ou envoyés le titre d'apocrisaire ou apocrisiaire. Bingham, Orig. eccles. lib. III. c. XIIIe §. 6.

L'hérésie des Monothélites et celle des Iconoclastes qui la suivit, abrogèrent l'usage où la cour de Rome était d'avoir un apocrisiaire à Constantinople. (G)