Pour y parvenir on se sert d'une lumière dont on fait tomber obliquement les rayons sur l'objectif, afin que la fumée n'intercepte pas ceux de l'astre qu'on observe, et lorsqu'on en a la commodité, on fait une ouverture à la lunette auprès du foyer de l'objectif, et c'est alors vis-à-vis de cette ouverture qu'on place la lumière afin d'éclairer les fils.

M. de la Hire, par un moyen fort simple, a beaucoup perfectionné la première de ces deux méthodes : il veut qu'on couvre le bout du tube vers l'objectif d'une pièce de gase ou de crepe fin de soye blanche ; avec cette seule précaution, il suffit de placer le flambeau à une bonne distance du tube pour rendre visible les fils du micromètre.

Les observations du soleil demandent absolument qu'on place entre l'oeil et l'oculaire du télescope, un verre noirci par la fumée d'une chandelle ou d'une lampe, afin d'intercepter par ce moyen la plus grande partie des rayons du soleil qui troubleraient la vue et endommageraient l'oeil.

Les observations astronomiques se font ordinairement avec des lunettes à deux verres qui renversent les objets ; parce qu'il importe peu pour l'astronomie que les astres soient renversés, et qu'on gagne beaucoup à n'avoir que deux verres.

On peut observer les corps célestes dans toute l'étendue du ciel visible ; mais on distingue ordinairement les observations en deux sortes, celles qui sont faites à leur passage par le méridien, ou à leur passage dans les autres verticaux. Voyez MERIDIEN et VERTICAL.

Les observations des anciens étaient beaucoup moins exactes que les nôtres, faute d'instruments suffisans et convenables. L'invention du télescope, l'application de la lunette au quart de cercle, et celle du micromètre à la lunette ; enfin la perfection de l'horlogerie pour la mesure du temps, ont rendu les observations astronomiques modernes d'une precision qui semble ne laisser plus rien à désirer. Voyez MICROMETRE, HORLOGE, PENDULE, etc. (O)

OBSERVATION, s. f. en termes de mer, signifie l'action de prendre la hauteur méridienne du soleil, d'une étoile, et principalement du soleil, afin de déterminer la latitude. Voyez HAUTEUR, MERIDIENNE et LATITUDE.

Trouver la latitude par l'observation de la hauteur méridienne, s'appelle chez les marins faire l'observation.

OBSERVATION, (Gram. Physiq. Méd.) c'est l'attention de l'âme tournée vers les objets qu'offre la nature. L'expérience est cette même attention dirigée aux phénomènes produits par l'art. Ainsi, l'on doit comprendre sous le nom générique d'observation l'examen de tous les effets naturels, non-seulement de ceux qui se présentent d'abord, et sans intermède à la vue ; mais encore de ceux qu'on ne pourrait découvrir sans la main de l'ouvrier, pourvu que cette main ne les ait point changés, altérés, défigurés. Le travail nécessaire pour parvenir jusqu'à une mine, n'empêche pas que l'examen qu'on fait de l'arrangement des métaux qu'on y trouve, de leur situation, de leur quantité, de leur couleur, etc. ne soit une simple observation ; c'est aussi par l'observation qu'on connait la géographie intérieure, qu'on sait le nombre, la situation, la nature des couches de la terre, quoiqu'on soit obligé de recourir à des instruments pour la creuser et pour se mettre en état de voir ; on ne doit point regarder comme expérience les ouvertures des cadavres, les dissections des plantes, des animaux, et certaines décompositions, ou divisions mécaniques des substances minérales qu'on est obligé de faire pour pouvoir observer les parties qui entrent dans leur composition. Les lunettes des Astronomes, la loupe du Naturaliste, le microscope du Physicien n'empêchent pas que les connaissances qu'on acquiert par ce moyen ne soient exactement le produit de l'observation : toutes ces préparations, ces instruments ne servent qu'à rendre plus sensibles les différents objets d'observation, emporter les obstacles qui empêchaient de les apercevoir, ou à percer le voîle qui les cachait ; mais il n'en résulte aucun changement, pas la moindre altération dans la nature de l'objet observé ; il ne laisse pas de paraitre tel qu'il est ; et c'est principalement en cela que l'observation diffère de l'expérience qui décompose et combine, et donne par-là naissance à des phénomènes bien différents de ceux que la nature présente ; ainsi, par exemple, si lorsqu'on a ouvert une mine, le chimiste prend un morceau de métal, et le jette dans quelque liqueur qui puisse le dissoudre ; l'union artificielle de ces deux corps, effet indispensable de la dissolution, formera un nouveau composé, produira des nouveaux phénomènes, et sera proprement une expérience, par laquelle aux résultats naturels on en aura substitué d'arbitraires ; si le physiologiste mêle avec du sang nouvellement tiré d'un animal vivant quelque liqueur, il fera alors une expérience ; et la connaissance qu'on pourra tirer de-là sur la nature du sang, et sur les altérations qu'il reçoit de cette liqueur, ne sera plus le fruit d'une simple observation ; nous remarquerons en passant que les connaissances acquises par ce moyen sont bien médiocres et bien imparfaites, pour ne pas dire absolument nulles, et que les conséquences qu'on a voulu en tirer sur l'action des remèdes sont très-fautives, et pour l'ordinaire démenties par l'observation ; &, en général, on tire peu d'utilité de l'expérience dans l'examen des animaux et des végétaux, même des expériences chimiques, qui, de toutes les expériences, sont, sans contredit, les plus sures et les plus lumineuses, et la partie de la Chimie qui traite des corps organisés est bien peu riche en faits duement constatés, et bien éloignée de la perfection où l'on a porté la Minéralogie ; et l'on ne pourra vraisemblablement parvenir à ce point dans cette partie, que par la découverte des lois du mécanisme de l'organisation, et de ce en quoi elle consiste ; découverte précieuse et féconde, qu'on ne doit attendre que de l'observation. L'expérience sur les corps bruts inanimés est beaucoup plus utîle et plus satisfaisante : cette partie de la chimie a été poussée très-loin ; le chimiste est parvenu à décomposer et à récomposer ces corps, soit par la réunion des principes séparés, soit avec des principes tirés d'autres corps en entier, comme dans le soufre artificiel, ou en partie comme cela se pratique à l'égard des métaux qu'on récompose, en ajoutant à la terre métallique déterminée un phlogistique quelconque.

L'observation est le premier fondement de toutes les sciences, la voie la plus sure pour parvenir, et le principal moyen pour en étendre l'enceinte, et pour en éclairer tous les points : les faits, quels qu'ils soient, la véritable richesse du philosophe, sont la matière de l'observation : l'historien les recueille, le physicien rationnel les combine, et l'expérimental vérifie le résultat de ces combinaisons ; plusieurs faits pris séparément paraissent secs, stériles et infructueux ; dès qu'on les rapproche, ils acquièrent une certaine action, prennent une vie qui par-tout résulte de l'accord mutuel, de l'appui réciproque, et d'un enchainement qui les lie les uns aux autres ; le concours de ces faits, la cause générale qui les enchaine, sont des sujets de raisonnement, de théorie, de système, les faits sont des matériaux ; dès qu'on en a ramassé un certain nombre, on se hâte de bâtir ; et l'édifice est d'autant plus solide, que les matériaux sont plus nombreux, et qu'ils trouvent chacun une place plus convenable ; il arrive quelquefois que l'imagination de l'architecte supplée au défaut qui se trouve dans le nombre et le rapport des matériaux, et qu'il vient à bout de les faire servir à ses desseins, quelques défectueux qu'ils soient ; c'est le cas de ces théoriciens hardis et éloquents, qui, dépourvus d'une patience nécessaire pour observer, se contentent d'avoir recueilli quelques faits, les lient tout de suite par quelque système ingénieux, et rendent leurs opinions plausibles et séduisantes par les coloris des traits qu'ils emploient, la variété et la force des couleurs, et par les images frappantes et sublimes sous lesquelles ils savent présenter leurs idées ; peut-on se refuser à l'admiration, et presque à la croyance, quand on lit Epicure, Lucrèce, Aristote, Platon, et M. de Buffon ? Mais quand on s'est trop pressé (c'est un défaut ordinaire) de former l'enchainement des faits qu'on a rassemblés par l'observation, on risque à tout moment de rencontrer des faits qui ne sauraient y entrer, qui obligent de changer le système, ou qui le détruisent entièrement ; et comme le champ des découvertes est extrêmement vaste, et que ses limites s'éloignent encore à mesure que la lumière augmente, il parait impossible d'établir un système général qui soit toujours vrai, et on ne doit point être étonné de voir des grands hommes de l'antiquité attachés à des opinions que nous trouvons ridicules, parce qu'il y a lieu de présumer que dans le temps elles embrassaient toutes les observations déjà faites, et qu'elles s'y accordaient exactement, et si nous pouvions exister dans quelques siècles, nous verrions nos systèmes dominans qui paraissent les plus ingénieux et les plus certains, détruits, méprisés et remplacés par d'autres qui éprouveront ensuite les mêmes vicissitudes.

L'observation a fait l'histoire, ou la science des faits qui regardent Dieu, l'homme et la nature ; l'observation des ouvrages de Dieu, des miracles, des religions etc. a formé l'histoire sacrée ; l'observation de la vie, des actions, des mœurs et des hommes a donné l'histoire civîle ; et l'observation de la nature, du mouvement des astres, des vicissitudes des saisons, des météores, des éléments, des animaux, végétaux et minéraux, des écarts de la nature, de son emploi, des arts et métiers, a fourni les matériaux de différentes branches de l'histoire naturelle. Voyez ces mots.

L'observation et l'expérience sont les seules voies que nous ayons aux connaissances, si l'on reconnait la vérité de l'axiome : qu'il n'y a rien dans l'entendement qui n'ait été auparavant dans le sens ; au-moins ce sont les seuls moyens par lesquels on puisse parvenir à la connaissance des objets qui sont du ressort des sens ; ce n'est que par eux qu'on peut cultiver la physique, et il n'est pas douteux que l'observation même dans la physique des corps bruts ne l'emporte infiniment en certitude et en utilité sur l'expérience ; quoique les corps inanimés, sans vie, et presque sans action, n'offrent à l'observateur qu'un certain nombre de phénomènes assez uniformes, et en apparence aisés à saisir et à combiner ; quoiqu'on ne puisse pas dissimuler que les expériences, surtout celles des Chimistes, n'aient répandu un grand jour sur cette science ; on voit que les parties de cette physique, qui sont entièrement du ressort de l'observation, sont les mieux connues et les plus perfectionnées ; c'est par l'observation qu'on a déterminé les lois du mouvement, qu'on a connu les propriétés générales des corps ; c'est à l'observation que nous devons la découverte de la pesanteur, de l'attraction, de l'accélération des graves, et le système de Newton, celui de Descartes est bâti sur l'expérience. C'est enfin l'observation qui a créé l'Astronomie, et qui l'a portée à ce point de perfection où nous la voyons aujourd'hui, et qui est tel qu'elle surpasse en certitude toutes les autres sciences ; l'éloignement immense des astres qui a empêché toute expérience, semblait devoir être un obstacle à nos connaissances ; mais l'observation à qui elle était totalement livrée, a tout franchi, l'on peut dire aussi que la physique céleste est le fruit et le triomphe de l'observation. Dans la Chimie, l'observation a ouvert un vaste champ aux expériences ; elle a éclairé sur la nature de l'air, de l'eau, du feu, sur la fermentation, sur les décompositions et dégénérations spontanées des corps ; c'est l'observation qui a fourni presque tous les matériaux de l'excellent traité du feu que Boerhaave a rassemblé de divers physiciens ; il y a dans la Minéralogie une partie qui ne pourra être éclairée que par le flambeau de l'observation ; c'est l'accroissement, la maturation et la dégénération des métaux dans les mines ; et si jamais on parvient à la découverte de la pierre philosophale, ce ne peut être que lorsqu'on aura Ve les moyens dont la nature se sert pour porter les métaux aux différents points de maturation qui constituent chaque métal en particulier, alors l'art rival et imitateur de la nature pourra peut-être hâter et opérer la parfaite maturité, qui, suivant l'idée assez vraisemblable des adeptes, fait l'or.

En passant de la physique des corps bruts à celle des corps organisés, nous verrons diminuer les droits de l'expérience, et augmenter l'empire et l'utilité de l'observation ; la figure, le port, la situation, la structure, en un mot l'anatomie des plantes et des animaux, les différents états par lesquels ils passent, leurs mouvements, leurs fonctions, leur vie, etc. n'ont été aperçus que par le naturaliste observateur, et l'histoire naturelle n'a été formée que par un recueil d'observations : les différents systèmes de botanique et de zoologie, ne sont que des manières différentes de classer les plantes et les animaux en conséquence de quelques propriétés qu'on a observé être communes à un certain nombre, ce sont autant de points où se place l'observateur, et auxquels il vient rapporter et ranger les faits qu'il a rassemblés ; l'effet même de ces corps, pris par l'homme en remède, ou en nourriture, n'est constaté que par l'observation ; les expériences n'ont presque apporté aucune lumière sur leur manière d'agir, la pharmacologie rationelle de la plupart des medicaments est absolument ignorée ; celle que nous avons sur quelques-uns est très-imparfaite, on n'en connait que les vertus, les propriétés et les usages, et c'est à l'observation que nous devons cette connaissance ; il en a été à-peu-près des autres remèdes comme du quinquina, dont la vertu fébrifuge s'est manifestée par hasard à quelques indiens attaqués de fièvres intermittentes, qui allèrent boire dans une fontaine où étaient tombées des feuilles ou de l'écorce de l'arbre appelé quinquina ; ils furent aussi-tôt guéris, le bruit s'en répandit, l'observateur recueillit ces faits, les vérifia, et ce remède fut d'abord regardé comme spécifique ; d'autres observations en firent apercevoir les inconvéniens, et sur cela, on fixa les cas où il était indiqué, ceux où il était contr'indiqué, et l'on établit des règles et des précautions pour en prévenir les mauvais effets ; c'est ainsi que notre matière médicale s'est enrichie, et que la Pharmacologie, produit de l'expérience, est restée si imparfaite.

L'homme enfin de quelque côté qu'on l'envisage, est le moins propre à être sujet d'expérience ; il est l'objet le plus convenable, le plus noble, et le plus intéressant de l'observation, et ce n'est que par elle qu'on peut faire quelque progrès dans les sciences qui le regardent ; l'expérience est ici souvent plus qu'inutile. On peut considérer l'homme sous deux principaux points de vue, ou comme relatif à la Morale, ou dans ses rapports à la Physique. Les observations faites sur l'homme moral sont, ou doivent être la base de l'histoire civile, de la morale, et de toutes les sciences qui en émanent. Voyez MORALE. L'histoire de l'élévation et de la décadence de l'empire romain, et le livre immortel de l'esprit des lais, excellents traités de morale, ne sont presque qu'un immense recueil d'observations fait avec beaucoup de génie, de choix, et de sagacité, qui fournirent à l'illustre auteur des réflexions d'autant plus justes, qu'elles sont plus naturelles. Les observations faites sur l'homme considéré dans ses rapports à la Physique, forment cette science noble et divine qu'on appelle Médecine, qui s'occupe de la connaissance de l'homme, de la santé, de la maladie, et des moyens de dissiper et prévenir l'une, et de conserver l'autre ; comme cette science est plus importante que toute autre, qu'elle doit beaucoup plus à l'observation, et qu'elle nous regarde personnellement, nous allons entrer dans quelque détail.

L'observation a été le berceau et l'école de la Médecine, en remontant aux siècles les plus reculés où la nécessité l'inventa, où la maladie força de recourir aux remèdes, avant que quelques particuliers sacrifiassent leur tranquillité, leur santé, et leur vie à l'intérêt public, en s'adonnant à une science longue, pénible, respectable, et souvent peu respectée, la Médecine était entre les mains de tout le monde ; on exposait les malades à la porte de leurs maisons, dans les rues, ou dans les temples ; chaque passant venait les examiner, et proposait les remèdes qu'il avait Ve réussir dans une occasion semblable, ou qu'il jugeait telle : les prêtres avaient soin de copier ces recettes, de noter le remède et la maladie, si le succès était favorable ; l'observation des mauvais succès eut été bien avantageuse, et dans quelques endroits on écrivait ces observations sur les colonnes des temples ; dans d'autres on en formait des espèces de recueils qu'on consulta ensuite lorsqu'ils furent assez considérables. De-là naquit l'empirisme dont les succès parurent d'abord si surprenans, qu'on déïfia les Médecins qui s'y étaient adonnés. Toutes leurs observations sont perdues, et on doit d'autant plus les regretter, qu'elles seraient surement simples, dépouillées de toute idée de théorie, de tout système, et par conséquent plus conformes à la vérité. La Médecine qui se conservait dans la famille des Asclépiades, et qui se transmettait de père en fils, n'était sans doute autre chose que ce recueil intéressant ; les premières écoles de Médecine n'eurent pas d'autres livres, et les sentences cnidienes n'étaient, au rapport d'Hippocrate, que de pareils recueils d'observations. Tel a été l'état de la Médecine clinique jusqu'au temps mémorable de ce divin législateur. Quelques philosophes après Pythagore, avaient essayé d'y joindre le raisonnement ; ils avaient commencé d'y mêler les dogmes de la physique regnante ; ils étaient devenus théoriciens, mais ils n'étaient médecins que dans le cabinet ; ils ne voyaient aucun malade ; les empiriques seuls qui avaient fondé la Médecine, l'exerçaient ; l'observation était leur unique guide ; serviles, mais aveugles imitateurs, ils risquaient souvent de confondre des maladies très-différentes, n'en ayant que des descriptions peu exactes, et nullement instruits de la valeur des vrais signes caractéristiques ; l'empirisme était alors nécessaire, mais il était insuffisant ; la Médecine ne peut absolument exister sans lui, mais il n'est pas seul capable de la former. Le grand et l'immortel Hippocrate rassembla les observations de ses prédécesseurs ; il parait même s'être presque uniquement occupé à observer lui-même, et il a poussé si loin l'art de l'observation, qu'il est venu à bout de changer la face de la Médecine, et de la porter à un point de perfection, que depuis plus de vingt siècles on n'a pu encore atteindre. Quoique possédant bien des connaissances théoriques, les descriptions qu'il a donné des maladies, n'en sont point altérées, elles sont purement empiriques ; ses observations sont simples et exactes, dépouillées de tout ornement étranger ; elles ne contiennent que des faits et des faits intéressants ; il détaille les observations dans ses livres d'épidémies, ses aphorismes, ses prénotions coaques, et les prorrhétiques, et les livres de pronostics supposent une quantité immense d'observations, et en sont une espèce d'extrait précieux. A quel degré de certitude ne serait point parvenue la Médecine, si tous les Médecins qui l'ont suivi, eussent marché sur ses traces ? Si chacun se fût appliqué à observer et à nous transmettre ses observations avec la simplicité et la candeur d'Hippocrate, quelle immense collection de faits n'aurions-nous pas aujourd'hui ? Quelles richesses pour le médecin ? Quel avantage pour l'humanité ? Mais, avouons-le, la Médecine d'aujourd'hui, et encore plus la Médecine du siècle passé, est bien éloignée, malgré les découvertes anatomiques, l'augmentation de la matière médicale, les lumières de la Physique, de la perfection que lui a donné un seul homme. La raison en est bien évidente : c'est qu'au lieu d'observer, on a raisonné, on a préféré le titre brillant de théoricien, au métier pénible et obscur d'observateur ; les erreurs de la Physique ont de tout temps infecté la Médecine ; la théorizo-manie a gagné ; plus on s'y est livré, et moins on a cultivé l'observation ; les théories vicieuses dans leur principe, l'ont été encore plus dans leurs conséquences, Asclépiade médecin hardi et présomptueux, blâma publiquement l'observation qu'avait suivi Hippocrate, et il eut des sectateurs. Il se forma aussi dans le même temps une nouvelle secte d'empiriques par système ; mais l'insuffisance de leur méthode les fit bien-tôt disparaitre ; longtemps après parut le fameux commentateur d'Hippocrate, Galien qui a beaucoup observé, mais trop raisonné, il a monté la Médecine sur le ton de la Philosophie ; les Grecs l'ont suivi dans ce défaut, et ont négligé l'observation ; ils ont donné dans les hypothèses, et ont été imités en cela par les Arabes, qui ont presque entièrement défiguré la Médecine. Nous n'avons d'eux que quelques observations de Chirurgie, et une description très-exacte de la petite vérole qu'on trouve dans Rhasis. La Médecine passa des mains des Galénistes ignorants et servilement attachés aux décisions de leur maître, dans celles des Chimistes médecins actifs, remplis d'imagination que la vapeur de leurs fourneaux échauffait encore. Les principes de leur médecine étaient totalement opposés à l'observation, à l'étude de la nature ; ils voulaient toujours agir, et se vantaient de posséder des spécifiques assurés ; leurs idées étaient très-belles, très-spécieuses : qu'il serait à souhaiter qu'elles eussent été vraies ? Les Mécaniciens s'emparèrent de la Médecine, la dépouillèrent de toutes les erreurs qu'y avait introduit la chimie, mais ce fut pour en substituer de nouvelles. On perdit totalement de vue l'observation, et on prétendit la suppléer par des calculs algébriques, par l'application des Mathématiques au corps humain. La prétendue découverte de la circulation éblouit tous les esprits, augmenta le délire et la fureur des hypothèses, et jeta dans l'esprit des Médecins le goût stérîle des expériences toujours infructueuses ; les théories qu'on bâtit sur ces fondements devinrent la règle de la pratique, et il ne fut plus question de l'observation. Le renouvellement des Sciences procura à la Médecine quelques connaissances étrangères à la pratique, plus curieuses qu'utiles, plus agréables que nécessaires. L'Anatomie, par exemple, et l'Histoire naturelle, devinrent l'objet des recherches des Médecins, qui furent par-là détournés de l'observation, et la médecine clinique en fut moins cultivée et plus incertaine, et nous n'y gagnâmes d'ailleurs que quelques détails minutieux absolument inutiles ; la Physiologie parut faire quelques progrès ; la connaissance des maladies et la science des signes furent beaucoup plus négligées ; la Thérapeutique s'enrichit du côté des remèdes, mais elle en fut moins sure dans les indications, et moins simple dans les applications ; dans les derniers temps le Chiracisme étant devenu dominant, la médecine active fut mise à la mode, et avec elle l'usage inconsideré des saignées et des purgations. L'observation fut moins suivie que jamais, et elle était peu nécessaire, parce que ces remèdes s'appliquaient indifféremment dans tous les cas ; ou si l'on donnait quelques observations, il n'était pas difficîle de s'apercevoir qu'on voyait avec des yeux préoccupés, et qu'on avait des intérêts à ménager en racontant.

Telle a été la Médecine depuis Hippocrate jusqu'à nos jours, passant sans cesse d'un sectaire à l'autre, continuellement altérée et obscurcie par des hypothèses et des systèmes qui se succédaient et s'entre-détruisaient réciproquement, avec d'autant plus de facilité, que le vrai n'était d'aucun côté ; plongée par le défaut d'observation dans la plus grande incertitude, quelques médecins observateurs en petit nombre, ont de temps en temps élevé la voix ; mais elle était étouffée par les cris des Théoriciens, ou l'attrait des systèmes empêchait de la suivre. Voyez OBSERVATEUR. Le goût de l'observation parait avoir repris depuis quelque temps : les écrits de Sydenham, de Baglivi, de Stahl, ont servi à l'inspirer ; le pouvoir de la nature dans la guérison des maladies, rappelé par cet illustre auteur sous le nom impropre d'ame, n'y a pas peu contribué ; ce système qui n'est vicieux que parce qu'on veut déterminer la qualité de la nature et la confondre avec l'âme, est très-favorable à la Médecine pratique, pourvu qu'on ne le pousse pas à l'excès ; il a fait beaucoup de partisans, qui sont tout autant de sectateurs zelés de l'observation. L'esprit philosophique qui s'introduit heureusement dans la Médecine, qui veut principalement des faits, qui porte à tout voir, à tout examiner, à saisir avec ardeur le vrai et à l'aimer par-dessus tout ; la quantité prodigieuse d'erreurs passées, qui nous en laisse moins à craindre, peut-être aussi les lumières de notre siècle éclairé, toutes ces causes réunies, favorisent le retour de l'observation, et servent à rallumer ce flambeau. La Médecine parait être sur le point d'une grande révolution ; les systèmes bien appréciés sont réduits à leur juste valeur ; plusieurs médecins s'appliquent comme il faut à l'observation ; ils suivent la nature, ils ne tarderont pas à faire revivre la Médecine d'Hippocrate, qui est la véritable Médecine d'observation. Ainsi, après bien des travaux, cette science pourra être avancée et portée au point où elle était il y a deux mille ans. Heureux encore les hommes, si les Médecins qui viendront après, continuent de suivre cette route, et si toujours guidés par le fil de l'observation, ils évitent des égarements si honteux pour eux-mêmes, et si funestes aux autres.

En parcourant toutes les parties de la Médecine, nous verrons qu'elles sont toutes formées par l'observation, et qu'elles sont d'autant plus certaines et plus claires, que l'observation y a plus de part ; on pourrait assurer la même chose de toute la Physique ; et de cet examen naitront les différentes espèces d'observations qui sont du ressort des Médecins. 1°. L'Anatomie résulte de l'observation simple, de l'arrangement, de la figure, de la situation etc. des parties qui composent le corps humain ; l'observation des fonctions qui sont produites par le mouvement ou la vie de ces différentes parties bien disposées, constitue la partie historique de la Physiologie et la séméiotique de la santé ; d'où l'on tire plus ou moins directement la Physiologie théorique. L'observation appliquée à l'homme malade, fait connaître les dérangements qui se trouvent dans les fonctions qui constituent proprement l'état de maladie, et les causes éloignées qui les ont fait naître : c'est la vraie Pathologie, et ses deux branches essentielles l'Aitiologie et la Symptomatologie ; on doit aussi se rapporter à la seméiotique de la maladie. L'observation de l'effet que produisent sur le corps sain l'air, les aliments, le sommeil, l'exercice, les passions, et les excrétions, en un mot, les choses non-naturelles, forme l'Hygiene, et sert de fondement et de principe aux règles diététiques. L'observation des changements que produisent les remèdes sur le corps malade et dans la marche des maladies, a établi la Thérapeutique, ou la science des indications, d'où est née la matière médicale. Telles sont les différentes sources d'observations qui se présentent au médecin, et dans lesquelles il peut et doit puiser la vraie Médecine : nous allons les suivre chacune en particulier, mais en peu de mots.

1°. Observations anatomiques cadavériques. Ces observations peuvent se faire sur des cadavres d'hommes morts de mort violente dans la simple vue d'acquérir des connaissances anatomiques ; ou elles peuvent avoir lieu sur ceux qui sont morts de maladie, et elles ont alors pour but de découvrir les causes de la mort et les dérangements intérieurs qui y ont donné lieu : la première espèce d'observation, que nous appellerons simplement anatomique, peut aussi se faire sur les animaux, leur structure interne est, à peu de chose près, semblable à celle de l'homme, et c'est par la dissection des animaux que l'anatomie a commencé dans un temps où l'ignorance, la superstition et le préjugé faisaient regarder comme une souillure de toucher aux cadavres humains, et empêchaient à plus forte raison d'y porter le couteau anatomique pour en connaître l'intérieur ; et même dans notre siècle que nous croyons devoir appeler modestement le plus savant, le plus éclairé et le plus exempt de préjugés ; si l'on ne donne pas dans le ridicule outré de se croire souillé par la dissection d'un cadavre ; on se fait une peine d'en accorder au zèle louable et aux recherches avantageuses des Anatomistes, et dans quelques endroits où l'on accorde (pour de l'argent) les cadavres des hommes, on refuse ceux des femmes, comme si l'un était plus sacré que l'autre pour le médecin, et qu'il ne lui fût pas aussi utîle et nécessaire de connaître la structure des femmes que celle des hommes. Hérophîle et Erasistrate passent pour être les premiers qui ont osé secouer le préjugé en dissequant non-seulement des cadavres humains, mais des hommes vivants criminels, que les princes zélés pour le bien public et philosophes leur faisaient remettre. Dès que le premier pas a été fait, les médecins qui les ont suivis se sont empressés de marcher sur leurs traces, et les rois éclairés ont favorisé leurs tentatives par les permissions les plus authentiques et les récompenses les plus honorables ; de-là les progrès rapides de l'Anatomie, les découvertes fréquentes qui se sont faites successivement. Voyez -en l'histoire à l'article ANATOMIE, voyez aussi au même endroit les recueils d'observations anatomiques dans les ouvrages qui y sont cités, auxquels on peut ajouter les mémoires des différentes académies, et sur - tout de l'académie royale des Sciences, où l'on trouve dans chaque volume des observations singulières, curieuses et intéressantes, ces mémoires sont devenus des monuments qui attestent et classent les découvertes qui se font chaque jour. Comme cette science, qui ne demande que de la dextérité dans la main et une bonne vue, et qui est par conséquent du ressort immédiat et exclusif de l'observation, a été bientôt portée à une certaine perfection, il reste à présent peu d'objets d'observations, peu de chose à découvrir ; aussi n'ajoute-t-on, à présent que la science est faite, que quelques observations de monstres qui ne seront pas encore épuisées, parce que les écarts de la nature peuvent varier à l'infini, que quelques divisions futiles, quelques détails minutieux qui ne sont d'aucune utilité ; on ne peut même dissimuler que les avantages de l'Anatomie ne sont pas aussi grands qu'on devait se le promettre. Il paraissait tout naturel de croire que le corps humain étant une machine, plus on en connaitrait les ressorts, plus il serait facîle de découvrir les causes, les lais, le mécanisme de leurs mouvements, plus aussi on serait éclairé sur la manière d'agir et sur les effets des causes qui dérangeaient ces ressorts et troublaient ces mouvements, et qu'enfin ces connaissances devaient répandre un grand jour sur l'art de guérir, c'est-à-dire de corriger des altérations si bien connues ; mais l'évenement n'a pas justifié un raisonnement en apparence si juste et si conséquent ; toutes les observations et les découvertes anatomiques ne paraissent avoir servi jusqu'ici qu'à exercer la pénétration, la dextérité et la patience des hommes, et à enrichir la Médecine d'une science très-curieuse, très-satisfaisante, et un des plus forts arguments, selon Hoffman, et tous les médecins et philosophes, de l'existence et de l'opération de Dieu. Cette espèce d'observation aurait sans doute été plus utile, si l'on avait examiné, comme Hérophile, la structure du corps dans l'homme vivant ; l'Anatomie raisonnée ou Physiologique aurait été principalement éclairée sur l'usage et la nécessité des différentes parties. On ne doit point regarder l'exécution de ce projet comme une action barbare et inhumaine ; il y a tant de gens qui ont mérité par leurs crimes de finir leur vie sur un échafaud dans les tourments les plus cruels, auxquels il serait au-moins très-indifférent d'être mis entre les mains d'un anatomiste, qui ne regarderait pas l'emploi de bourreau qu'il remplirait alors comme déshonorant, mais qui ne le verrait que comme un moyen d'acquérir des lumières, et d'être utîle au public, le crime fait la honte et non pas l'échafaud. Le criminel pourrait encore avoir l'espérance de survivre aux observations qu'on aurait fait sur lui, et on pourrait proportionner le danger et la longueur des épreuves à la gravité des crimes : mais quand même une mort assurée attendrait ce coupable, ou même un autre, soumis au couteau anatomique, il est des cas où il est expédient qu'un homme meure pour le public, et l'humanité bien entendue, peut adopter cette maxime judicieuse d'un auteur moderne, qu'un homme vis-à-vis de tous les autres n'est rien, et qu'un criminel est moins que rien.

Le seul usage qu'on put tirer des observations anatomiques, ou de l'Anatomie telle qu'on la cultive aujourd'hui, ce serait sans doute d'éclairer pour les observations cadavériques, j'appelle ainsi celles qui se font pour découvrir les causes de mort sur des sujets que quelque maladie a mis au tombeau. Nous sommes encore forcés d'avouer ici qu'on n'a pas retiré beaucoup de lumière sur la connaissance des causes de cette espèce d'observation ; la Médecine clinique n'était pas moins avancée lorsqu'il ne se faisait point d'ouverture de cadavres du temps d'Hippocrate qu'elle l'est aujourd'hui ; est-ce un vice attaché à la nature de cette observation, ou un défaut dépendant de la manière dont on la fait ? Si l'on y fait attention, on verra que ces deux causes y concourent, 1° il est bien certain que les choses ne sont pas dans le même état dans un homme mort de maladie, que dans un homme mort subitement, ou encore vivant ; les gangrenes qu'on trouve à la suite des maladies aiguës inflammatoires sont une suite ordinaire de la cessation de la vie dans ces parties, on en trouve quelquefois des traces dans des parties où il n'y a point eu d'inflammation ; les obstructions, suppurations que présentent les cadavres de ceux qui sont morts de maladie chronique, n'ont souvent eu lieu qu'à la fin de la maladie, lorsqu'elle tendait à sa fin et qu'elle était incurable ; quelles lumières de pareilles observations peuvent-elles répandre sur la connaissance et la guérison de ces maladies ? On raisonnerait bien mal, et on pratiquerait bien plus mal encore si l'on établissait des indications curatives sur les observations cadavériques. Pour avoir quelque chose de certain, il faudrait avoir ouvert cinquante personnes attaquées de la même maladie, et morts dans des temps différents par quelqu'autre cause, on pourrait alors voir les progrès de la maladie et des dérangements qu'elle occasionne, ou qui l'ont produite ; observation presque impossible à suivre. Un des cas où l'on regarde l'observation cadavérique comme inutile, savoir celui où l'on ne trouve aucun vestige de maladie, aucune cause apparente de mort, où tous les viscères bien examinés paraissent sains et bien disposés : ce cas, dis-je, est précisément celui où cette observation me semble plus lumineuse, parce qu'elle démontre qu'il n'y avait qu'un vice dans les nerfs, et que la maladie était strictement nerveuse : un des cas encore où l'observation peut avoir quelqu'utilité, c'est pour déterminer le siege de la maladie ; il arrive souvent qu'on attribue des toux, des symptômes de phtisie, à des tubercules du poumon, tandis qu'il n'y a que le foie d'affecté : la même chose arrive dans certaines prétendues péripneumonies, et alors l'observation cadavérique peut faire réfléchir dans une occasion semblable, rectifier le jugement qu'on porte sur la maladie, et faire suivre une pratique différente. La seconde cause de l'inutilité des observations cadavériques, c'est qu'on les fait mal. Un malade aurait-il eu une douleur vive au côté, après sa mort le médecin qui croit que c'était une pleurésie, fait ouvrir la poitrine, n'y voit aucun dérangement, s'en Ve tout étonné, et ne s'éclaire point ; s'il eut ouvert le bas-ventre, il eut Ve le foie ou la face inférieure du diaphragme enflammée. Un homme meurt dans les fureurs d'un délire phrénétique : on se propose de voir la dure-mère engorgée, tout le cerveau délabré, on scie le crâne, la dure-mère et le cerveau paraitront dans leur état naturel, et on ne Ve pas s'imaginer et chercher le siege de la maladie dans le bas-ventre. Quand on veut examiner un cadavre pour y découvrir quelque cause de mort, il faut tout le parcourir, ne laisser aucune partie sans l'observer. On trouve souvent des causes de mort dans des endroits où on les aurait le moins soupçonnées : un autre inconvénient qui s'oppose à la bonté des observations cadavériques, c'est de fouiller les cadavres avec un esprit préoccupé, et avec l'envie d'y trouver la preuve de quelqu'opinion avancée ; cette prévention qui fait trouver tout ce qu'on cherche, est d'une très-grande conséquence en Médecine ; on prépare par-là de nouveaux écueils aux médecins inhabiles, et on taille des matériaux pour des systèmes erronés ; c'est un défaut qu'on reproche à certains infatigables faiseurs d'expériences de nos jours. J'ai Ve des médecins qui ayant annoncé dans un malade une suppuration dans la poitrine, et en conséquence une impossibilité de guérison, prétendaient la trouver dans le cadavre, prenaient pour du pus l'humeur écumeuse qui sortit des vesicules bronchiques dans le poumon très-sain : il y en a d'autres qui ayant imaginé le foyer d'une maladie dans quelque viscère, trouvent toujours dans l'ouverture des cadavres quelques vices, mais ils sont les seuls à faire ces observations. Ceux qui seront curieux de lire beaucoup d'observations cadavériques dont je me garde bien de garantir l'exactitude et la vérité, peuvent consulter le Sepulchretum Boneti, les recueils d'observations de Tulpius, Forestus, Hoffman, Rivière, Sennert, Schenckius, Zacutus Lusitanus, Italpart Van-der-vic, les miscellanea natur. curiosor. et le synopsis, et Wepfer histor. apoplectic. cum observat. celebr. medicor. Manget, bibliothec. med. practic. Lieutaud, son précis de la Médecine, remarquable par les observations cadavériques qu'il a faites lui-même, ou qu'il a rassemblé des autres, mais qu'on est fâché de voir si abrégée, Morton, sa Phthisiologie ; Senac, son immortel traité du cœur ; et un petit, mais excellent ouvrage sur les fièvres intermittentes et remittentes, où il y a un chapitre particulier qui renferme les observations faites sur les cadavres de ceux qui sont morts de fièvres intermittentes, etc. on trouve aussi de ces observations dans une foule de petits traités particuliers sur chaque maladie ; les mémoires de différentes académies ; les essais de la société d'Edimbourg, et le journal de Médecine en renferment aussi beaucoup.

Observations physiologiques. Ce sont des observations sur l'homme vivant et en bonne santé, par lesquelles on s'instruit de tous les phénomènes qui résultent du concours, de l'ensemble et de l'intégrité des fonctions humaines ; le recueil de ces observations, bien fait et tel que je le conçais, formerait une histoire de l'homme physique très-complete , très-féconde et absolument nécessaire pour bâtir solidement un système bien raisonné d'économie animale : ce genre d'observations a cependant été presque généralement négligé ; inondés de traités de Physiologie, à peine en avons-nous un qui soit fait d'après l'observation exacte de l'homme, aussi quelle inexactitude dans les descriptions, quelles inconséquences dans les explications ! quel vague, quelles erreurs dans les systèmes ! Tous les physiologistes n'ont fait que se copier dans les descriptions, et semblent n'avoir eu en vue que de se combattre dans les théories ; loin d'aller examiner la nature, de s'étudier soi-même, de consulter les autres, ils n'ont cherché qu'à se former une liste des fonctions de l'homme, et ils les ont expliqué ensuite chacune en particulier, comme si elles n'avaient pas les unes sur les autres une action, une influence réciproque ; il semble dans leurs écrits qu'il y ait dans l'homme autant d'animaux différents qu'il y a de parties et de fonctions différentes ; ils sont censés vivre séparément, et n'avoir ensemble aucune communication. On lit dans ces ouvrages un traité de la circulation après un chapitre de la digestion, et il n'est plus question de l'estomac, des intestins, de leur action sur le cœur et les artères après qu'on en a fait sortir le chyle, et qu'on l'a fait monter mécaniquement jusqu'à la souclavière gauche. On pourrait, suivant l'idée de ces auteurs, comparer l'homme à une troupe de grues qui volent ensemble dans un certain ordre, sans s'entr'aider réciproquement et sans dépendre les unes des autres. Les Médecins ou Philosophes qui ont étudié l'homme et qui ont bien observé par eux mêmes, ont Ve cette sympathie dans tous les mouvements animaux, cet accord si constant et si nécessaire dans le jeu des différentes parties les plus éloignées et les plus disparates ; ils ont Ve aussi le dérangement qui résultait dans le tout du désaccord sensible d'une seule partie. Un médecin célèbre (M. de Bordeu) et un illustre physicien (M. de Maupertuis) se sont accordés à comparer l'homme envisagé sous ce point de vue lumineux et philosophique à un grouppe d'abeilles qui font leurs efforts pour s'attacher à une branche d'arbre, on les voit se presser, se soutenir mutuellement, et former une espèce de tout, dans lequel chaque partie vivante à sa manière, contribue par la correspondance et la direction de ses mouvements à entretenir cette espèce de vie de tout le corps, si l'on peut appeler ainsi une simple liaison d'actions. Le traité intitulé, recherches anatomiques sur la position et l'usage des glandes, où M. de Bordeu donne cette comparaison composée en 1749, fut imprimé et parut au commencement de 1751. La dissertation de M. de Maupertuis où il en est question, a été aussi imprimée à Erlang en 1751 sous ce titre.

Pour faire une bonne physiologie, il faudrait d'abord l'histoire exacte et bien détaillée de toutes les fonctions du corps humain, de la manière apparente extérieure dont elles s'exécutent, c'est-à-dire des phénomènes qui en sont le produit, et enfin des changements qu'opèrent sur l'ordre successif de ces fonctions les causes naturelles de la durée de la vie. Voyez OECONOMIE ANIMALE et PHYSIOLOGIE. On ne peut obtenir cela que par une observation assidue, désintéressée et judicieuse de l'homme ; ce plan a été suivi par l'illustre auteur du specimen medicinae conspectus, de l'idée de l'homme physique et moral etc. qui n'a donné dans ces ouvrages un système très-naturel et très-ingénieux d'économie animale qu'après s'être longtemps étudié et observé lui-même et les autres, nous l'exposerons à l'article OECONOMIE ANIMALE. Ce fameux médecin pense que pour tirer un plus grand parti de l'observation, il faut déjà avoir une espèce de théorie, un point de vue général qui serve de point de ralliement pour tous les faits que l'observation vient d'offrir ; mais il est à craindre que cette théorie antérieure dont l'esprit est préoccupé, ne lui déguise les objets qui se présentent ; elle ne peut être indifférente ou même utîle qu'entre les mains d'un homme de génie, qui ne sait pas se prévenir, qui voit du même oeil les objets contraires à son système que ceux qui lui sont favorables, et qui est assez grand pour savoir sacrifier quand il le faut les idées les plus spécieuses à la simple vérité.

Nous rapportons aux observations physiologiques la séméiotique de la santé, ou la science des signes qui caractérisent cet état si désirable, et qui peuvent faire promettre qu'il sera constant et durable ; pour déterminer exactement la valeur, la signification et la certitude de ces signes, il faut avoir fait un grand nombre d'observations : la séméiotique n'en est qu'un extrait digéré et rapproché.

Les observations hygiétiques trouvent aussi naturellement leur place ici, parce qu'elles nous apprennent ce que peut, pour maintenir la santé, l'usage réglé des six choses non-naturelles. Cette connaissance, fruit d'une observation suivie, est proprement la Médecine, et ce n'est qu'en l'exerçant qu'on peut l'obtenir. Hippocrate la recommande beaucoup ; il faut principalement, dit ce divin vieillard, s'appliquer à connaître l'homme dans ses rapports avec ce qu'il bait et ce qu'il mange, et les effets qui en résultent dans chaque individu : omni studio annitatur ut percipiat quid sit homo, collatione factâ ad ea quae eduntur et bibuntur, et quid à singulis cuique eventurum sit, lib. de veter. medicin. Ce n'est qu'après avoir rassemblé beaucoup d'observations qu'on a pu établir les différentes règles d'hygiéne, dont la principale, la plus sure et la plus avantageuse est pour les personnes qui ont un tempérament assez robuste de n'en point observer. Voyez DIETE, HYGIENE, REGIME. On trouvera des observations et des règles d'hygiene dans les ouvrages d'Hippocrate, de Galien et de Celse, dans l'école de Salerne ; on peut consulter aussi deux traités du docteur Arbuthnot, l'un intitulé : an essay concerning the nature of aliments and the choice of them, according to the diffèrent constitutions of human bodies in which, etc. London. 1731 ; et l'autre a pour titre : practical rules of diet in the various constitutions and diseases of human bodies. London. 1732, etc.

Observations pathologiques ou pratiques. Ce sont les observations qui se font au lit des malades, et qui ont, ou doivent avoir pour objet, les causes de la maladie, les symptômes qui la caractérisent, la marche qu'elle fait, les bons ou mauvais effets qui resultent de l'administration des remèdes, et ses différentes terminaisons ; c'est cette espèce d'observation, cultivée dans les temps les plus reculés, si bien et si utilement suivie par le grand Hippocrate, qui a été le fondement de la médecine clinique. Nous ne repéterons pas ce que nous avons dit plus haut sur les avantages de cette observation, et sur les qualités nécessaires à un bon observateur, voyez ce mot. Il ne nous reste plus qu'à donner un exposé des détails que doit embrasser une observation ; nous l'extrairons encore des ouvrages d'Hippocrate, que nous ne pouvons nous lasser de citer, et de proposer pour modèle surtout dans cette partie : ce n'est point une prévention ridicule pour les anciens, un mépris outré des modernes, ou un enthousiasme aveugle pour cet auteur qui nous conduit, c'est la simple vérité, c'est l'attrait puissant qui en est inséparable, et que sentent très-bien ceux qui ont lu et relu ses écrits. On peut se former un plan très-instructif d'observations, en lisant celles qu'il rapporte dans ses épidémies, et surtout dans le premier et le troisième livres qui ne sont point altérés, et que personne ne lui conteste. Mais il a soin d'avertir lui-même, avant d'entrer dans le récit circonstancié de ses observations, de la manière dont il faut s'y prendre pour parvenir à la connaissance des maladies, et des points sur lesquels doit rouler l'observation : voici comme il s'exprime. " Nous connaissons les maladies par leur nature commune, particulière et individuelle ; par la maladie présente ; par le malade ; par les choses qui lui sont offertes, et même par celui qui offre (ce qui n'est pas toujours indifférent), par la constitution partiale ou totale des corps célestes, (& non pas simplement de l'air, comme l'a traduit le D. Freind), et du pays qu'il habite ; par la coutume, le genre de vie, par les études ; par l'âge de chacun ; par les discours que tient le malade, ses mœurs, son silence, ses méditations, ses pensées, son sommeil, ses veilles, ses songes ; par les inquiétudes, les démangeaisons, les larmes, les redoublements, les déjections, les urines, les crachats, les vomissements. Il faut aussi voir, continue cet illustre observateur, quelles sont les excrétions, et par quoi elles sont déterminées, ; quelles sont les vicissitudes des maladies, en quoi elles dégénèrent ; quels sont les abscès ou métastases nuisibles, quels sont les favorables ; la sueur, les frissons, le refroidissement, la toux, l'éternuement, le hoquet, l'haleine, les renvois, les vents chassés sans bruit, ou avec bruit : les hémorragies, les hémorrhoïdes, doivent encore être mûrement examinées ; il est enfin nécessaire de s'instruire de ce qui arrive de toutes ces choses, et de ce qui en est l'effet ". Morbor. vulgar. l. I. sect. IIIe n°. 20. Telle est la table des objets que l'observateur doit recueillir auprès d'un malade. Il nous serait facîle de démontrer combien chaque article est important ; mais ce détail nous menerait trop loin : il n'est d'ailleurs point de médecins, qui ayant Ve des malades et des maladies, n'en sentent toute l'utilité. Les observations qui regardent les corps célestes, l'air, le pays, qui ont paru absolument indifférentes à plusieurs, ne laissent pas d'avoir beaucoup d'utilité ; l'influence des astres n'étant plus regardée comme chimérique lorsqu'elle est restreinte dans des justes bornes, suffit pour constater les avantages des observations de la constitution des corps célestes, voyez INFLUENCE des astres, et plus bas, OBSERVATIONS météorologiques. On pourrait ajouter à l'exposition d'Hippocrate, les observations qui se font sur le pouls, et qu'on a de nos jours beaucoup cultivées, rendues plus justes et plus propres à éclairer la marche des maladies, que tous les autres signes, voyez POULS. Parmi les observations de cette espèce, celles qui sont les plus utiles, sont celles qu'on fait sur des maladies épidémiques, dans lesquelles, malgré quelque variété accidentelle, on voit toujours un caractère général ; on observe le génie épidémique, même marche dans les symptômes, même succès des remèdes, même terminaison, etc. Mais il faut surtout dans ces observations, bannir toute conjecture, tout raisonnement, tout fait étranger ; il n'est pas même nécessaire de rapprocher les faits, de faire voir leur liaison ; il suffit, après avoir exposé la constitution du temps, les saisons, les causes générales, de donner une liste et une notice des maladies qui ont regné, et d'entrer après cela dans le détail. Voyez les épidémies d'Hippocrate, de Baillou, de Sydenham. Les recherches des causes prochaines ne doivent jamais entrer dans les observations. Celse voudrait qu'on les bannit de l'art ; il ne devrait pas permettre qu'on les laissât dans l'esprit des médecins : causis, dit-il, non ab artificis mente, sed ab arte rejectis. Elles sont toujours obscures, incertaines, et plus ou moins systématiques. Si un auteur a fait sur ses observations quelques remarques qu'il juge utiles, il peut en faire part à la fin et en peu de mots ; ces petits corollaires, sans jeter de la confusion dans le cours d'une observation, font quelquefois naître des vues avantageuses. Quoique les observations dénuées de raisonnement et d'application, paraissent stériles, sans sel et sans usage, elles sont, suivant l'expression de Baglivi, comme les lettres de l'alphabet qui, prises séparément, sont inutiles, et qui dès qu'elles sont rassemblées et diversement rapprochées, forment le vrai langage de la nature. Un avantage bien précieux qu'on peut et qu'on doit tirer des observations recueillies en grande quantité, c'est d'en extraire tout ce qu'on voit d'exactement semblable, de noter les particularités qui ont eu les mêmes signes, les excrétions qui ont eu les mêmes avant-coureurs : on peut former par ce moyen un code extrêmement intéressant, de sentences ou d'aphorismes vérifiés par une observation constante. C'est en suivant ce plan qu'Hippocrate a formé, par un travail immense et avec une sagacité infinie, tous ces ouvrages aphoristiques qui sont la base de la séméiotique, et qui font tant d'honneur au médecin qui en sait profiter : c'est en marchant sur ses traces qu'on peut procurer à l'art des richesses inaltérables et des fondements assurés. Hippocrate après avoir Ve mourir plusieurs phrénétiques qui avaient eu des urines pâles, limpides, etc. il fit cet aphorisme : quibus phreneticis urina alba, limpida, mala, l. IV. aphor. lxxij. L'observation de plusieurs fièvres, qui ont été bientôt terminées lorsqu'il est survenu des convulsions, et qu'elles ont cessé le même jour, lui a fait dire : convulsio in fèbre orta, et eâdem die desinens, bona est, coac. praenot. l. I. ch. IIIe n°. 52. et ainsi des autres, par où l'on voit que chaque aphorisme, chaque prédiction est le résultat de plusieurs observations. Quelle quantité n'a-t-il pas été obligé d'en rassembler ! Quand on lit ses ouvrages, et qu'on voit le génie et le travail qu'ils exigent, on a de la peine à croire qu'un seul homme y ait pu suffire.

La table que M. Clifton a proposée, peut servir de modèle à ceux qui s'appliquent à l'observation. Une société illustre qui travaille avec fruit aux progrès de notre art l'a adoptée ; elle renferme six colomnes. Il met dans la première le sexe, l'âge, le tempérament, les occupations et le genre de vie du malade ; dans la seconde, les jours de la maladie ; dans la troisième, les symptômes ; dans la quatrième, les jours du mois ; dans la cinquième, les remèdes administrés ; et dans la sixième, la terminaison de la maladie. Il y aurait bien des remarques à faire sur la manière dont il faut remplir chaque colomne ; mais chaque observateur doit consulter là-dessus ses propres lumières, et ce que nous avons dit dans le courant de cet article, que plus d'une raison nous force d'abréger : je remarquerai seulement qu'il me parait qu'on devrait ajouter à la tête une colomne qui renfermât les observations météorologiques, l'état de l'air et du ciel pendant que cette maladie a eu son cours, et avant qu'elle se décidât : cette attention est surtout nécessaire lorsqu'on décrit les maladies épidémiques. La seconde colomne dans la façon de vivre, comprendrait les causes éloignées, ou un détail des erreurs commises dans les six choses non-naturelles, s'il y en a eu. Enfin on pourrait y joindre une dernière colomne qui contint les observations cadavériques ; quoique nous ayons dit que ces observations n'avaient pas jeté jusqu'ici beaucoup de lumières sur le diagnostic des maladies, je n'ai point prétendu décider une absolue inutilité ; j'ai encore moins pensé qu'on ne pourrait jamais perfectionner ce genre d'observations, et le rendre plus utîle : je serais bien volontiers de l'avis de ceux qui regardent comme très-avantageuse une loi qui ordonnerait que les cadavres ne fussent remis entre les mains des prêtres, qu'au sortir de celles des Anatomistes ; la connaissance des maladies ne serait même pas le seul bien qui en resulterait. Les observations seraient infiniment plus utiles si chaque médecin s'appliquait à suivre avec candeur, le plan que nous venons d'exposer, ou tel autre semblable ; le lecteur se mettrait d'un coup d'oeil au fait des maladies. Et qu'on ne dise pas qu'il n'y a plus rien de nouveau à observer, et que les sujets d'observations sont épuisés ; car 1°. il y a des maladies qui ne sont pas encore assez bien connues, telles que les maladies de la peau, du nez, des yeux, de la bouche, des oreilles, de l'estomac, du foie, des nerfs, etc. la goutte, la migraine, beaucoup de fièvres, etc. Des observations bien suivies sur ces maladies seraient neuves, curieuses et importantes. Il nous manque encore des distinctions bien constatées des maladies nerveuses d'avec les humorales, des maladies incurables d'avec celles où l'art n'est pas absolument inutîle ; nous aurions aussi besoin de signes assurés, qui nous fissent connaître ces maladies dès le commencement. Nous ne sommes que très-peu éclairés sur la valeur des signes qu'on tire des urines et des selles, et ce n'est que depuis peu de temps que de nouvelles observations ont perfectionné ceux que le pouls fournit ; elles méritent et ont encore besoin d'être confirmées : nous ne finirions pas si nous voulions suivre tous les sujets nouveaux d'observations. Baglivi en indique quelques-uns, voyez les ouvrages excellents que nous avons de lui, Praxeos medic. l. II. ch. VIIe Mais en second lieu, quand les observations qu'on ferait ne serviraient qu'à vérifier celles qui sont dejà faites, à leur donner plus de force, de poids et de célébrité, ne serait-ce pas un grand avantage, et j'ose même dire plus grand que celui qu'on procurerait par des découvertes qui, quelqu'intéressantes qu'elles soient, ont toujours des contradicteurs dans les commencements ; et ensuite, qui pis est, des enthousiastes outrés ? Quoique nous n'ayons pas beaucoup de médecins qui méritent le titre glorieux d'observateur, il y a cependant une assez grande quantité d'observations. Plusieurs médecins ont pris la peine d'en former des recueils, et nous leur avons obligation de nous avoir conservé et rassemblé des faits quelquefois intéressants, qui sans cette précaution, se seraient perdus, ou seraient restés épars ça et là, et par conséquent ignorés. La plupart des auteurs de ces recueils se sont principalement attachés aux observations des faits merveilleux, qui nous montrent plutôt les écarts peu fréquents de la nature, que sa marche uniforme, et qui par-là sont bien moins utiles ; d'autres pour rassembler un plus grand nombre de faits, les ont tronqués, et ont prétendu nous donner des observations en deux ou trois lignes ; quelques-uns pour les plier à leurs opinions, sont allés jusqu'à les défigurer. Les principaux auteurs qui nous ont transmis des collections générales, sont Schenckius, Tulpius, Benivenius, Zacutus et Amatus Lusitanus, Forestus, Rivière, Manget, Stalpart Van-der wiel, Hoffman, Bonet, Chesneau, Albert qui a fait une espèce de lexicon d'observations, Gherli auteur italien. On trouve beaucoup d'observations semblables dans les mémoires des différentes académies, dans les acta natur. curiosor. les essais et observations de médecine de la société d'Edimbourg ; dans les miscellanea di medicina, che contiene dissertazioni, lettère, é osservazioni di alcuni celebri professori, etc. dans les medical observations and inquiries, by à society of physiciants in London ; dans les ouvrages de Freind ; dans les transactions philosophiques et leurs différents extraits et abrégés. Nous avons ensuite des observations sur des maladies particulières. Hippocrate en a donné sur les maladies épidémiques, de même que Sydenham, Huxham, Baillou, Ramazzini, Cleghorn on the epidemical diseases in minorca from the year 1744, to 1749. Bianchi, sur les maladies du foie ; Morton, sur la phtisie ; Senac, sur les maladies du cœur, dans l'immortel traité qu'il a fait sur cette matière, etc. On travaille à présent à un recueil d'observations de médecine, sous forme de journal. Le projet en était beau, louable ; il était dirigé par un célèbre médecin, tout semblait devoir promettre une heureuse exécution, mais l'événement n'y a pas répondu. Nous sommes bien éloignés d'en attribuer la faute à l'auteur ; nous savons que la jalousie peut faire échouer les desseins les plus utiles et les mieux concertés. La plupart des observations sont très-mal faites, remplies de raisonnements à perte de vue, de théorie, de conjectures, et ces défauts ne sont pas pour le journaliste un motif d'exclusion ; elles sont inserées sans choix, et l'on y reçoit également l'observation d'un chirurgien, qui dit avoir guéri une maladie interne, que celle d'un apoticaire qui raconterait une amputation qu'il aurait faite. Quoique ce défaut n'en soit pas un rigoureusement, on ne peut cependant s'empêcher d'être surpris qu'un chirurgien se vante d'avoir exercé une profession qu'il n'entend pas, et dont l'exercice lui est défendu par les lois et les arrêts les plus formels ; et qu'un médecin publie bonnement ce fait, quoiqu'il ne soit ni rare, ni curieux, ni en aucune manière intéressant, et qu'il n'ait d'extraordinaire que la qualité de l'auteur.

OBSERVATIONS METEOROLOGIQUES. L'état de l'air, les différents changements qui arrivent dans l'athmosphère, les météores, la température et la constitution des saisons, sont en général le sujet de ces observations. Le physicien y trouve un objet intéressant de curiosité, de recherches et d'instruction, et elles sont ou peuvent être pour le médecin attentif une source féconde de lumière dans la connaissance et même la curation de bien des maladies, et surtout des épidémiques. Ce n'est point notre but ni notre dessein de faire voir combien la Physique doit à ces observations, de combien de faits précieux et satisfaisants elle s'est enrichie par-là ; plusieurs physiciens ont écrit sur cette matière. On trouve d'excellents mémoires là-dessus dans la collection de ceux de l'académie royale des Sciences. Voyez d'ailleurs dans ce Dictionnaire les articles AIR, ATHMOSPHERE, AURORE BOREALE, CHALEUR, FROID, METEORE, PLUIE, TONNERRE, VENT, etc. Physique.

Quant à leur utilité en Médecine, il sera facîle de s'en apercevoir, si l'on fait attention que nous vivons dans l'air, que ce fluide pénètre par bien des endroits toutes les parties du corps ; qu'il est un principe de vie et de santé lorsqu'il est bien constitué, et qu'il doit en conséquence devenir nécessairement un principe de maladie lorsqu'il y a quelque changement subit dans sa température, ou qu'il éprouve une altération considérable. Combien de maladies n'observe-t-on pas tous les jours qui doivent évidemment leur origine à un air vicieux, trop chaud, trop froid, sec ou pluvieux (voyez AIR, CHALEUR, FROID, &c.), combien qui dépendent d'un vice inconnu, indéterminé de l'athmosphère ? J'ai démontré par un grand nombre d'observations, que l'état particulier de l'air dans les voisinages de la mer, des étangs, des marais, était la principale et presque l'unique cause des fièvres intermittentes, Mémoire lu à la société royale des Sciences année 1759. Les maladies épidémiques sont évidemment dû.s à quelque vice de l'air. On ne peut, dit Hippocrate, recourir qu'à des causes générales communes à tout le monde (& par conséquent qu'à l'air), pour la production des maladies qui attaquent indifféremment tous les sexes, tous les âges et toutes les conditions, quoique la façon de vivre soit aussi variée qu'il y a d'états différents. C'est aussi dans ces maladies que les Médecins se sont particulièrement attachés à ces observations : nous en trouvons le premier exemple dans Hippocrate, qui, avant d'entrer dans le détail des maladies qui ont regné pendant la constitution qu'il Ve décrire, donne une idée exacte, souvent très-étendue, de l'état de l'air, des saisons, des vents, des pluies, des chaleurs ou des froids qui ont regné. Il a été suivi en cela par Sydenham et les autres auteurs qui ont écrit des maladies épidémiques. Il est très-important de remarquer la température des saisons : on ne saurait croire jusqu'à quel point elles influent sur les maladies, sur leur genie et sur leur curation. Les maladies qui viendront à la suite d'un été très-chaud, demanderont souvent une autre méthode curative que ces mêmes maladies précédées d'un été tempéré ou pluvieux. J'ai fait principalement cette observation sur les diarrhées et les dyssenteries, qui sont pour l'ordinaire assez fréquentes sur la fin de l'été. Lorsque les chaleurs avaient été douces, modérées par les pluies, et les fruits d'été en conséquence peu murs, aqueux ou glaireux, l'hypécacuana donné dans les dyssenteries les dissipait avec une extrême promptitude, et comme par enchantement ; lorsqu'au contraire l'été avait été sec et brulant, et les fruits mûrs, vifs et spiritueux, tous les dyssenteriques auxquels on ordonnait inconsidérément l'hypécacuana, mouraient en peu de temps, victimes de cette aveugle et dangereuse routine. Les rafraichissements mucilagineux, anti-phlogistiques étaient beaucoup plus efficaces. Voyez SAISONS. Hippocrate ne se contente pas de décrire les maladies propres à chaque saison, il a poussé ses observations assez loin pour pouvoir déterminer les accidents qui sont à craindre lorsque deux ou trois saisons ont été de telle ou telle température. Destitué des instruments de physique imaginés et exécutés depuis peu, qui sont extrêmement propres à mesurer les différentes altérations de l'athmosphère, il n'y employait que l'usage de ses sens, et il les appliquait bien sans se perdre dans les questions inutiles à la Médecine, savoir si l'ascension du mercure dans le baromètre est dû. à la gravité ou à l'élasticité de l'air, si elle présage de la pluie ou du vent ; il se contentait d'observer ces effets et de les décrire. Cependant on ne saurait disconvenir qu'avec l'aide de ces instruments, ces observations ne soient devenues plus faciles et moins équivoques : nous connaissons même plus surement avec le thermomètre les différents degrés de chaleur ; l'hygromètre sert à marquer l'humidité de l'air ; le baromètre est une mesure qui me parait assez suspecte et très-peu nécessaire, car la pluie et le vent ne demandent pour être observés que l'usage des sens ; la girouette bien mobîle et située sur un tait ou un clocher bien élevé, sert à déterminer la direction des vents. Il y a quelques machines propres à en évaluer la force, mais elles sont fautives et très-peu d'usage, et ne valent jamais, comme l'a remarqué M. Jurin, le simple usage des sens. On se sert aussi, pour savoir la quantité de pluie tombée dans un mois ou un an, d'un vaisseau cubique ou cylindrique élevé et placé dans un endroit isolé dont on connait exactement la capacité, et qui est divisé en pouces et en lignes ; et pour éviter dans ce cas toute erreur que pourrait introduire l'évaporation, il faut avoir soin ou de mesurer tous les jours, ou de prendre des précautions pour empêcher l'eau tombée de s'évaporer. Voyez tous ces articles particuliers.

L'observateur muni de tous ces instruments, peut les consulter à différentes heures de la journée : il y en a d'assez patiens, d'assez scrupuleux pour ne pas laisser passer une ou deux heures sans aller examiner les variations qui peuvent être arrivées dans l'état de leurs mesures. Ces détails minutieux peuvent avoir quelqu'utilité en Physique ; mais pour l'usage medicinal, trois observations par jour sur le thermomètre, savoir le matin, à midi et le soir, autant ou même moins sur le baromètre et l'hygromètre, sont très-suffisantes. Du reste, on ne peut donner là-dessus aucune règle rigoureuse ; les changements considérables qu'on peut apercevoir, doivent décider dans bien des cas. On a construit des tables suivant lesquelles on peut disposer les observations qu'on aura faites : l'académie royale des Sciences fait imprimer tous les ans un livre intitulé la connaissance des temps, où l'on trouvera une table commode pour ces observations. La société des médecins d'Edimbourg a regardé ces observations comme un objet intéressant, digne de l'application de ses membres. A la tête de chaque volume qu'elle donne au public, on voit une table très-exacte des observations météorologiques, et une description assez détaillée des maladies qui ont regné pendant ce temps ; et on a fait fort judicieusement précéder ces observations d'une description de la ville d'Edimbourg qui a paru, disent les éditeurs, nécessaire, parce que sa situation et d'autres particularités peuvent influer sur la disposition de l'air ou occasionner des maladies. Essais et observat. tom. I. préface. L'auteur du journal de Médecine a rendu cet ouvrage plus intéressant et plus utile, en y joignant aussi des observations météorologiques faites sur le plan de celles d'Edimbourg, et suivies d'un exposé trop court des maladies épidémiques, et auxquelles il manque la description ou la carte topographique de Paris et des environs, avec une notice des vents les moins salutaires. Recueil périodique d 'observations de Médecine, etc. Janvier 1757, tom. VI. et suiv.

La table dont se servent les médecins d'Edimbourg est composée de huit colomnes ; la première contient le jour du mois, dont le nom est mis au-dessus de la table ; la seconde les heures ; la troisième le baromètre ; la quatrième le thermomètre, la cinquième le hygroscope ; la sixième la direction et la force du vent ; la septième les variations du temps ; la huitième enfin, la quantité de pluie tombée dans le vaisseau. Nous transportons ici, pour donner une idée plus claire de cette table, les premières lignes qui renferment les observations faites le premier de Juin 1731.

Juin 1731.

Les observations que nous venons de proposer ne peuvent nous instruire que des qualités physiques de l'athmosphère. Il y a lieu de croire qu'il ne serait pas moins important de connaître la nature des corps hétérogènes, des miasmes vicieux qui la remplissent et l'infectent. Les observations et les expériences chimiques sont les seuls moyens que nous ayons pour parvenir à cette connaissance : déjà elles nous ont appris qu'un acide universel était répandu dans l'air, que cet acide était le vitriolique, et qu'il était plus abondant dans certains pays, comme dans les montagnes des Pyrénées ; que sur les côtes de la mer l'acide marin domine ; que les mouffetes devaient leurs mauvais effets le plus souvent à une surabondance d'acide sulphureux, volatil, constaté par la noirceur de l'argent et du verre de Saturne, etc. On pourrait s'assurer encore mieux et plus utilement de l'état de l'air dans les maladies épidémiques, si on analysait la pluie, la grêle, la rosée, la neige, etc. si on exprimait des linges imbibés de ces eaux dans quelque liqueur ; si on exposait à l'air des fils de soie teints de différentes couleurs. Les Chimistes connaissent que l'air est infecté de miasmes arsénicaux, lorsqu'ils voient les métaux des mines voisines devenir friables et s'en aller en poussière, et le cuivre acquérir l'éclat de l'argent. Nous proposons ces vues, que nous présumons pouvoir être utiles à quelque chimiste éclairé qui veuille bien sacrifier une partie de son temps à l'intérêt public : il en résulterait de-là une nouvelle preuve des avantages que la Médecine même pratique peut tirer de la chimie bien dirigée. M. Broussonnet, illustre médecin de Montpellier, a répondu d'une manière très-satisfaisante à cette belle question, qui lui fut proposée avec plusieurs autres aussi intéressantes, lors de la dispute d'une chaire dans l'université de Montpellier en 1759, savoir si on peut par les moyens chimiques découvrir les différents états de l'air, et de nuisible le rendre salutaire. L'extrême briéveté du temps accordé dans ces sortes d'occasions, ne l'a pas empêché de discuter savamment et de résoudre exactement ces deux questions. On peut voir le recueil de ses thèses, imprimé à Montpellier en 1759 ; l'on ne s'apercevra pas en les lisant qu'elles ont été composées et imprimées, suivant l'usage, en moins de douze jours.

Enfin, pour complete r les observations météorologiques, il me parait qu'on devrait avoir égard à l'état du ciel, y joindre quelques observations astronomiques : l'influence des astres est une question qui a eu assez de célébrité chez les anciens pour mériter d'être vérifiée. Plusieurs célèbres médecins modernes y sont revenus (voyez cet article au mot INFLUENCE), et nous avons prouvé qu'il y avait assez de réel dans cette prétention pour faire soupçonner qu'il peut y avoir de l'utile, et qu'il ne manque pour l'en retirer que des observations bien suivies. Hippocrate a recommandé et cultivé lui-même ce genre d'observations ; il marque soigneusement au commencement des épidémies, l'état du ciel tel qu'il le connaissait, le lieu du soleil, la situation des pleïades, de l'arcture, etc. voyez INFLUENCE. Les observations, aujourd'hui que l'Astronomie a été si perfectionnée, sont devenues plus faciles à faire, peuvent être plus sures et plus détaillées : on pourrait marquer les heures du lever et du coucher du soleil, son lieu dans le ciel, les phases de la lune, les éclipses, la situation et les conjonctions des planètes, etc. il faudrait ensuite comparer ces observations avec celles qu'on ferait sur les maladies ; et quand on en aurait rassemblé un assez grand nombre, on verrait si elles sont contraires ou favorables aux opinions des anciens, si elles confirment ou détruisent leurs prétentions, et l'on se déclarerait conséquemment avec connaissance de cause ou contr'eux ou en leur faveur.

OBSERVATIONS THERAPEUTIQUES, elles ont pour objet l'effet des différents secours tirés de la diete, de la Chirurgie et de la Pharmacie, sur la marche et la guérison des maladies, et pour but ou pour avantage, la connaissance des cas où il faut les employer, et la manière dont on doit les varier ; la superstition, les préjugés, l'ignorance, l'enthousiasme, la théorisomanie et l'intérêt même ont presque toujours présidé aux observations qui se sont faites sur les remèdes, et plus particulièrement sur ceux que la Pharmacie fournit, qu'on appelle plus strictement médicaments. Les premiers médecins observateurs, qui étaient des prêtres d'Esculape, attribuaient tous les bons effets qui résultaient de l'application des remèdes, à l'opération secrète du dieu dont ils étaient les ministres, guidés en cela par l'intérêt qui leur revenait de la grande célébrité de leur dieu, et par une aveugle superstition, causes qui ne sont pas sans exemples : par ce moyen on n'avait aucune observation assurée sur l'effet d'un remède. Quelque temps après l'ignorance et les erreurs dominantes couvrirent les vertus des médicaments sous le voîle épais et mystérieux de la magie ; un faux genre d'analogie tiré de la couleur, de la figure, de la dureté de quelques médicaments, leur fit attribuer des vertus spécifiques ; l'esprit prévenu supposa des observations, defigura ou altéra les faits qui se présentaient. Lorsqu'on fut ou qu'on crut être plus éclairé, on s'avisa de raisonner sur les remèdes, sur le mécanisme de leur action, et on donna pour des observations les théories les plus absurdes et les moins vraisemblables ; le défaut d'une règle sure pour évaluer l'effet des remèdes, fit tomber les plus prudents dans l'erreur, et donna lieu à une foule d'observations erronnées, quoique fidèles en apparence ; parce qu'on attribua à l'effet d'un remède donné, les changements qui étaient la suite ordinaire de la marche de la maladie ; on regarda certains remèdes comme curatifs dans bien des maladies, qu'ils n'auraient pas manqué d'aigrir, s'ils avaient eu quelque efficacité ; c'est ainsi qu'on a vanté la saignée et les purgatifs dans la guérison des fièvres inflammatoires et putrides, où ils auraient produit des mauvais effets ; ils en avaient produit quelqu'un, ils avaient été assez forts pour n'être pas indifférents : et nous voyons dans une foule d'observations des guérisons attribuées à ces sortes de remèdes, parce qu'elles sont venues à la suite ; on donnait dans cette mauvaise et pernicieuse Logique, post hoc ergo propter hoc, axiome dont l'usage a été souvent renouvellé par les ignorants et les fripons ; enfin l'espèce de fureur avec laquelle on s'est porté à tous les remèdes nouvellement découverts, a beaucoup nui à ce genre d'observations ; on les a regardés et donnés comme des remèdes merveilleux, polychrestes, pour des panacées infaillibles ; et ce n'est pas seulement en Médecine qu'on a Ve cet acharnement et cette confiance démesurée pour le nouveau : quid in miraculo non est, a dit Pline, ubi primum in notitiam venit ? La confiance avec laquelle les malades prenaient ces remèdes a, dans les premiers moments, beaucoup contribué à faire naître et à favoriser l'illusion : c'est une des meilleures dispositions pour aider à la vertu des remèdes, et qui quelquefois seule suffit pour guérir. Aussi a-t-on Ve constamment les remèdes faire plus de bien dans les commencements qu'après quelque temps ; on a Ve aussi quelquefois les meilleurs remèdes et les plus indifférents, et même les mauvais, avoir dans les moments d'un enthousiasme à-peu-près les mêmes succès ; mais avec le temps la confiance diminue, l'illusion cesse, les masques tombent, les mauvais remèdes sont proscrits, et les bons restent et s'accréditent. Ainsi pour faire des observations justes, il faut attendre que ce temps de vogue ait passé. Un des grands défauts de ces observations, c'est de ne contenir que les bons effets d'un remède : l'histoire des événements fâcheux qui en seraient la suite, aurait bien plus d'utilité ; on pourrait y ajouter celle des précautions qu'il faut prendre dans leur usage. Presque tous les auteurs qui ont écrit sur un remède particulier en font des éloges outrés. M. Geoffroy a donné dans ce défaut ; quoiqu'il ait entrepris un traité général de matière médicale, il semble à chaque article n'être occupé que d'un seul remède, et que ce remède soit découvert depuis peu, tant il est prodigue en éloges ; il n'y en a presque point qui ne possède toutes sortes de vertus. Nous aurions besoin d'une histoire critique de tous les médicaments, semblable à celle que Tralles a donnée sur les terreux dans son examen rigoureux, etc. M. Bordeu, dans ses recherches sur le pouls, a indiqué quelques moyens de reconnaître par le pouls l'effet de plusieurs remèdes, et de distinguer ceux qui sont efficaces d'avec ceux qui sont indifférents. Les règles et les observations qu'il donne là-dessus méritent par leur utilité d'être vérifiées et plus étendues. Le chapitre xxxiv. de son excellent ouvrage doit être surtout consulté. Cette méthode, pour évaluer l'effet des remèdes, est bien sure et bien lumineuse pour un observateur éclairé. (m)