S. f. espèce de boisson forte ou vineuse, faite, non avec des fruits, mais avec des grains farineux. On en attribue l'invention aux Egyptiens. On prétend que ces peuples, privés de la vigne, cherchèrent dans la préparation des grains dont ils abondaient, le secret d'imiter le vin, et qu'ils en tirèrent la bière. D'autres en font remonter l'origine jusqu'aux temps des fables, et racontent que Cerès ou Osiris en parcourant la terre, Osiris pour rendre les hommes heureux en les instruisant, Cerès pour retrouver sa fille égarée, enseignèrent l'art de faire la bière aux peuples à qui, faute de vignes, elles ne purent enseigner celui de faire le vin : mais quand on laisse-là les fables pour s'en tenir à l'histoire, on convient que c'est de l'Egypte que l'usage de la bière a passé dans les autres contrées du monde. Elle fut d'abord connue sous le nom de boisson pélusienne, du nom de Peluse, ville située proche l'embouchure du Nil, où l'on faisait la meilleure bière. Il y en a eu de deux sortes : l'une que les gens du pays nommaient zythum, et l'autre carmi. Elles ne différaient que dans quelque façon, qui rendait le carmi plus doux et plus agréable que le zythum. Elles étaient, selon toute apparence, l'une à l'autre, comme notre bière blanche à notre bière rouge. L'usage de la bière ne tarda pas à être connu dans les Gaules, et ce fut pendant longtemps la boisson de ses habitants. L'empereur Julien, gouverneur de ces contrées, en a fait mention dans une assez mauvaise épigramme. Au temps de Strabon, la bière était commune dans les provinces du Nord, en Flandre, et en Angleterre. Il n'est pas surprenant que les pays froids où le vin et le cidre même manquent, aient eu recours à une boisson faite de grain et d'eau ; mais que cette liqueur ait passé jusqu'en Grèce, ces beaux climats si fertiles en raisin, c'est ce qu'on aurait de la peine à croire, si des auteurs célèbres n'en étaient garants. Aristote parle de la bière et de son ivresse ; Théophraste l'appelle , vin d'orge ; Eschyle et Sophocle, . Les Espagnols buvaient aussi de la bière au temps de Polybe. Les étymologies qu'on donne au mot bière sont trop mauvaises pour être rapportées ; nous nous contenterons seulement de remarquer qu'on l'appelait aussi cervoise, cervitia. Quant à ses propriétés, ses espèces, et la manière de la faire, voyez l'article BRASSERIE.