La principale condition pour bien sonder est d'avoir une parfaite connaissance de la figure et de la courbure du canal de l'urethre ; il faut en outre de l'adresse et de l'habitude pour y réussir.

Il y a deux manières de sonder les hommes ; l'une qu'on appelle par-dessus le ventre ; et l'autre par le tour de maître. Pour sonder par-dessus le ventre, le chirurgien placé au côté gauche du malade, tenant le manche de l'algalie avec la main droite, introduit le bec de cet instrument dans l'urethre, la verge étant renversée sur le ventre, et tenue par la main gauche du chirurgien. Dans ce cas, il ne s'agit que de suivre doucement la route du canal pour entrer dans la vessie en relevant le manche de la sonde, et baissant la verge lorsque l'extrémité antérieure, ou bec de l'instrument, doit passer sous l'os pubis : l'algalie doit être graissée d'huile, afin de couler plus aisément dans l'urethre.

Pour sonder par le tour de maître, le dos de la sonde regarde le ventre, et son manche est tourné du côté des genoux du malade ; le chirurgien doit être placé à droite ; il soutient la verge avec trois doigts de la main gauche à l'endroit de la couronne du gland, évitant de comprimer l'urethre, qui est placé sous le corps caverneux. Il prend sa sonde bien graissée, et l'ayant conduite doucement jusqu'à la racine de la verge, il fait faire un demi-tour en la penchant conjointement avec la verge vers l'aine droite, et en conduisant le manche sur le ventre, il le baisse ensuite pour que le bec puisse passer sous l'os pubis et pénétrer dans la vessie. Dans ces différents mouvements, l'algalie doit être poussée dans la verge, et la verge doit être tirée sur l'algalie ; il faut qu'il y ait un concert entre les deux mains du chirurgien pour réussir à cette opération.

Si la sonde étant prête d'entrer dans la vessie, on sent quelqu'obstacle, il ne faut rien forcer de crainte de faire de fausses routes, qui rendent ensuite l'introduction de la sonde fort difficile, et quelquefois même impossible : mais il faut retirer la sonde de la largeur d'un travers de doigt, et la repousser ensuite doucement pour tâcher de trouver la vraie route.

Si la difficulté de sonder venait de l'inflammation, une ou deux saignées prépareraient efficacement à cette opération ; je n'ai souvent réussi à sonder qu'après avoir usé de ce moyen. Si les obstacles sont insurmontables, on fait la ponction à la vessie. Voyez PONCTION.

La difficulté d'introduire la sonde dans toute la continuité du canal de l'urethre est un signe d'obstacle dans ce conduit. Voyez CARNOSITE.

Il est plus facîle de sonder les femmes, que les hommes, parce que le conduit de l'urine est plus large, fort court et presque droit ; il faut écarter les lèvres et les nymphes, et introduire la sonde à femme dans l'orifice de l'urethre ; le bout qui est légèrement recourbé étant tourné du côté du pubis, on la pousse doucement dans la vessie. J'ai eu occasion pendant mon séjour à l'hôpital de la Salpêtrière, de sonder un grand nombre de femmes, où j'ai observé quelques difficultés. La plus commune vient de la descente de matrice : pour peu que cet organe soit un peu plus bas qu'il ne doit être naturellement, la vessie entrainée par son adhérence au vagin, forme un pli qui empêche l'introduction de la sonde ; il ne faut dans ce cas qu'étendre un peu les parties en introduisant le doigt index de la main gauche dans le vagin ; la sonde entre alors avec facilité, C'est une petite attention sans laquelle néanmoins on peut se trouver dans l'impossibilité de ne soulager une personne qui souffre cruellement, qu'en employant des moyens douloureux, tels que la ponction. (Y)