Des partis ou détachements conduits par des officiers habiles et expérimentés sont absolument nécessaires pour la sûreté de l'armée. Un général peut par ce moyen n'être jamais surpris, parce qu'il est toujours informé à temps de tous les mouvements et de toutes les opérations de son adversaire. Il lui rend les communications difficiles, de même que le transport des vivres et des munitions, et il trouve le moyen d'étendre les contributions jusqu'à 30, 40, et même 50 lieues de son camp. Par le moyen des partis, on assure aussi les marches de l'armée, et l'on empêche l'ennemi de venir les troubler ou les inquiéter.

Lorsqu'il ne s'agit que de savoir des nouvelles de l'ennemi, les petits partis sont plus commodes que les grands, parce qu'ils ont plus de facilité à se cacher et à roder avec moins d'inconvénient autour du camp ennemi, attendu la célérité avec laquelle ils peuvent s'en éloigner : ces petits partis doivent être de cavalerie. M. le maréchal de Saxe ne les voulait point au-dessus de cinquante hommes. Ils doivent marcher par les lieux les moins fréquentés et les plus détournés, se cacher ou s'embusquer dans les bois et autres lieux fourrés de l'armée ennemie, et tâcher de faire des prisonniers. Ceux qui commandent ces partis doivent toujours se ménager une retraite assurée, et faire en sorte de n'être point coupés et enlevés. On partage sa troupe en petits détachements qui se soutiennent les uns et les autres, de manière que si les premiers sont enlevés, les autres puissent se retirer.

Lorsque les partis ou les détachements sont destinés à établir des contributions, et à forcer de petites villes, châteaux et autres lieux capables de quelque défense, on les fait plus nombreux. Leur conduite demande alors à-peu-près la même science et la même intelligence que la guerre qui se fait entre les grandes armées. Il faut veiller avec d'autant plus de soin à la conservation de sa troupe et à éviter les surprises, qu'on se trouve environné d'ennemis de toutes parts ; qu'il est important de brusquer les entreprises que l'on fait pour ne pas donner le temps à l'ennemi de rassembler des troupes pour s'y opposer, et qu'il faut beaucoup de fermeté et une grande connaissance du pays pour éluder toutes les difficultés que l'ennemi peut employer pour s'opposer à la retraite. (Q)