La cause de cette maladie est souvent un virus vénérien dégénéré, ou un virus scorbutique ou écrouelleux.

Avicenne a parlé du spina ventosa, lib. IV. Fen. 4. tract. 4. c. ix. Pandolfin en a fait un traité entier, auquel Mercklin a ajouté des notes. M. A. Severinus en a écrit aussi un traité, sous le nom de paedarthrocace, terme composé de trois mots grecs, , puer ; enfant, jeune personne, , articulus, articulation, et , malum, mal, à cause que ce mal attaque principalement les enfants et les jeunes gens, et rarement ceux de 25 ou 30 ans, à moins qu'ils n'en aient été incommodés auparavant sans être guéris, et parce qu'il commence presque toujours par les jointures.

Le pronostic est fort douteux, on a souvent Ve cette maladie se reproduire ailleurs, après l'avoir détruite dans une partie.

Dans le commencement, lorsqu'il n'y a point encore ulcération à l'os, on peut tâcher de guérir cette maladie après les remèdes généraux, par un régime convenable. L'usage de la décoction des bois sudorifiques, l'application extérieure des cataplasmes résolutifs et aromatiques, les onctions mercurielles, et autres remèdes suivant la sagacité du guérisseur. Si ces secours loin de diminuer les accidents semblent augmenter les douleurs, c'est un signe qu'il se fait abscès dans l'os ; on ne peut l'ouvrir trop promptement, pour éviter les progrès de la carie que le pus occasionne dans l'intérieur. M. Petit rapporte dans son Traité des maladies des os, à l'article de la carie, avoir donné issue par l'opération du trépan, à un abscès dans la cavité du tibia. Un homme avait été traité méthodiquement de la vérole, traitement qui fit disparaitre une tumeur à la partie moyenne du tibia. Les douleurs ne cessèrent pas entièrement ; elles augmentèrent quinze jours après être sorti de chez M. Petit. Le malade avait de la fièvre ; sa jambe était devenue rouge, et même douloureuse à l'extérieur. On délibera dans une consultation qu'il fallait ouvrir l'endroit où il y avait eu tumeur, pour donner issue à quelque matière qu'on soupçonnait être infiltrée dans le périoste, et causer ces accidents. L'incision ne procura aucun soulagement ; on se détermina deux jours après à l'application du trépan qui procura une évacuation considérable d'un pus très-fétide. La moèlle était toute fondue, et le canal paraissant presque vide, M. Petit appliqua trois autres couronnes de trépan, et coupa les ponts qui restaient des uns aux autres. Le cautère actuel fut appliqué plusieurs fois pour détruire la carie, et le malade guérit. Il y a plusieurs observations de cette nature, et on réussit presque toujours lorsque l'opération n'a pas été trop differée. Ce spina ventosa est une exostose suppurée. Voyez EXOSTOSE.

Il n'est pas toujours possible de détruire ces exostoses et ces caries. Lorsque par leur situation elles ne sont pas accessibles, il faut en venir au remède extérieur, qui est l'amputation du membre. J'ai eu occasion d'ouvrir une tumeur qui semblait aquoflatueuse, à la partie interne et inférieure de la caisse d'un jeune homme de 20 ans. Cette tumeur qui était sans changement de couleur à la peau, avait été précédée par des douleurs assez vives dans l'os du fémur, ce qui caractérisait un spinosa ventosa. Après avoir donné issue par une incision, à une grande quantité de matière assez fétide, je portai mon doigt dans le foyer de cet abscès, il passa par-dessus le muscle vaste interne, à la partie postérieure du fémur, où je sentis un trou à l'os qui pénétroit dans la cavité. Il fallut nécessairement faire l'amputation de la cuisse, n'étant pas possible de travailler à la destruction de la carie dans un lieu où l'os est recouvert d'une aussi grande quantité de muscles et de vaisseaux considérables. (Y)