BOSSE, vice de conformation, qui consiste en ce que l'épine du dos est convexe et voutée, et quelquefois le sternum. La moelle de l'épine et les nerfs qui en sortent, sont comprimés par ce dérangement ; de-là vient l'amaigrissement du corps, tandis que la tête grossit ; les nerfs du cerveau sont d'autant plus actifs et plus nourris, que ceux de la moelle de l'épine sont plus affoiblis. C'est peut-être pour cette raison, dit M. Daubenton (Histoire naturelle tom. III.), que les bossus ont ordinairement plus d'esprit que les autres. La règle n'est pourtant pas générale, et l'auteur ne donne cette explication que comme une conjecture. Voyez RACHITIS. (O)

BOSSE, en Anatomie ; épithète dont on se sert pour caractériser une éminence. Voyez EMINENCE.

Ainsi on dit la protubérance ou bosse occipitale. Voyez OCCIPITAL. (L)

BOSSE ou RONDE BOSSE, en Architecture, est toute figure qui sert à l'ornement d'un édifice ; ou plus généralement tout ouvrage de sculpture, dont les parties ont leur véritable rondeur, et sont isolées comme les figures. On appelle demi-bosse, un bas-relief, qui a des parties saillantes et détachées. (P)

BOSSE, en termes de Bâtiment ; c'est dans le parement d'une pierre un petit bossage que l'ouvrier laisse pour marquer que la taille n'en est pas taisée, et qu'il ôte après en ragréant. (P)

BOSSE (travailler d'après la), se dit, en Dessein, d'un élève ou d'un maître qui copie d'après une figure de relief, soit en marbre, soit en plâtre. (R)

BOSSE, en Marine ; se dit de bouteilles de verre fort minces qu'on remplit de quatre à cinq livres de poudre, qu'on garnit de plusieurs meches qui pendent du goulot, et d'un bouchon qu'on allume et qu'on lance d'un vaisseau dans un autre, avec une corde longue de quatre à cinq pieds : cette machine venant à se briser, met le feu dans le bâtiment, et répand le désordre entre l'équipage. On dit qu'elle est d'usage sur la Méditerranée.

BOSSES, s. m. pl. (Marine) ce sont des bouts de corde d'une médiocre longueur, ayant à leurs extrémités des nœuds nommés cul de ports doubles. L'usage des bosses est de rejoindre une manœuvre rompue, ou qu'un coup de canon aura coupée ; ce qui est fort nécessaire dans un combat.

BOSSES pour les haubans. Voyez HAUBAN.

BOSSES à éguillettes ou à raban, bosses de câbles ; ce sont les bosses qui sont pour le câble, c'est-à-dire qui ont au bout une petite corde qui sert à saisir le câble lorsque le vaisseau est à l'ancre.

BOSSES à fouet ; ce sont celles qui étant tressées par le bout, vont jusqu'à la pointe en diminuant.

BOSSE du bossoir ; c'est la manœuvre qui sert à tirer l'ancre hors de l'eau, pour l'amener au bossoir lorsqu'elle parait. Voyez CANDELETTE.

BOSSES de chaloupe ou de canot ; ce sont les cordes dont on se sert pour amarrer les chaloupes et les canots.

Prendre une bosse ; c'est-à-dire amarrer une bosse à quelque manœuvre. (Z)

BOSSE (serrure à) ; elle s'attache en-dehors, soit avec des clous rivés, soit avec des vis dont les écrous sont placés en-dedans, et se ferme à moraillon. Voyez la description de cette serrure à l'article SERRURE.

BOSSE, dans les grosses Forges ; on donne ce nom à une partie des aplatissoires. Voyez APPLATISSOIRE et GROSSES FORGES.

BOSSE ; (Economie rustique) c'est ainsi qu'on appelle à la campagne les paquets des chardons que l'on fait pour être vendus aux drapiers, laineurs, couverturiers, etc.

BOSSE a aussi son acception en Orfèvrerie. La vaisselle se distribue en plate et en vaisselle en bosse. La plate comprend les assiettes, les plats, les cuilleres, et tout ce qui n'a pas une concavité considérable. Celle en bosse comprend tous les grands vaisseaux qui ont un ventre et un cou, comme seaux, flacons, aiguières, bassins profonds, etc.

BOSSE, chez les Paumiers, se dit ou d'une éminence ronde pratiquée en saillie, d'un pied ou environ de diamètre, sur quatre à cinq de haut, du côté de la grille ; ou d'un angle obtus que le mur du côté de la grille fait au même endroit, dans lequel la balle venant à frapper, elle est très-difficîle à juger pour ceux qui ont à la prendre.

* BOSSES, dans les Salines ; c'est ainsi qu'on appelle des tonneaux pleins de sel en grain, ou de sel trié, destiné pour satisfaire aux engagements de la France avec les cantons Catholiques de Suisse. Les bosses doivent contenir seize fierlins, mesure de Berne, qui sont évalués sur le pied de quatre charges deux tiers, et la charge à raison de cent trente livres : cependant les seize fierlins ne pesent environ que cinq cent cinquante à soixante livres. Quoique le sel trié soit le moins humide de celui qui se tire de la poêle, sur les bords de laquelle on le laisse assez longtemps en monceaux, pour que la plus grande partie de la muire s'en écoule ; cependant une des principales conditions du traité du Roi et du fermier avec les Suisses, c'est qu'il ait été déposé pendant six semaines sur les étuailles, avant que d'être mis dans les bosses. Les ouvriers qu'on appelle poulains, et qui emplissent les bosses, entrent dedans à la quatrième mesure, c'est-à-dire au quatrième gruau qu'on y verse, et foulent le sel avec les pieds, et ainsi de quatre en quatre mesures. Elles restent ensuite huit jours sur leurs fonds ; après quoi on bat encore le sel de dix-huit coups de pilon ou demoiselle. On ajoute la quantité nécessaire pour qu'elles soient bien pleines ; on les ferme, et on les marque d'une lettre. Chaque lettre a cent bosses. Les bosses rendues à Grandson et à Yverdun, y doivent encore rester trois semaines en dépôt. On les mesure encore de nouveau, et l'entrepreneur des voitures, à qui le fermier passe pour déchet 9 pour 100 en-dedans, ce qui fait cent bosses pour quatre-vingt-onze, est tenu de les remplir de manière qu'il n'en revienne pas de plaintes.

BOSSES (contrôleur à l'emplissage des) ; c'est un officier gagé dans les Salines, qui veille à ce que les poulains fassent bien leur devoir, et que les bosses soient bien pleines. Voyez POULAIN.

BOSSE, se dit, en Vénerie, de la première poussée d'un cerf qui a mis bas ; ce qui commence dès les mois de Mars ou d'Avril. Il se prend en même sens pour le chevreuil. C'est dans l'une et l'autre l'éminence d'où sort le mairin, la perche, ou le fût du bois. Cette éminence se nomme meule dans le premier de ces animaux, et enflure dans le second.

* BOSSE, terme de Verrerie ; c'est la forme que l'ouvrier appelé bossier, donne à la matière vitrifiée, en l'allongeant, polissant, tournant sur le marbre, et soufflant à plusieurs reprises. La bosse a la figure d'un globe d'environ deux pieds de tour : elle tient à la felle par une espèce de col. C'est ce globe qui deviendra par les opérations subséquentes, un plat de verre à vitre. Voyez VERRERIE A VITRE.