CANNE D'INDE, voyez BALISIER.

CANNE, (Architecture) espèce de roseaux dont on se sert en Italie et au Levant, au lieu de dosses, pour garnir les travées entre les cintres, dans la construction des voutes.

On se sert aussi de ces roseaux à la place de chaume, c'est-à-dire, de paille de seigle ou de froment, pour couvrir à la campagne les étables, granges, écuries, de peu d'importance, ou bien les maisons des paysans. (P)

CANNE ou JONC à écrire, (Histoire ancienne) calamus scriptorius ou arundo scriptoria. Les anciens se servaient de stylets pour écrire sur les tablettes enduites de cire, ou de jonc, ou de canne, pour écrire sur le parchemin, ou le papier d'Egypte ; car notre papier ordinaire est d'une invention nouvelle. Le Psaumesiste dit que sa langue est comme la canne ou le jonc à écrire d'un écrivain habîle : lingua mea calamus scribæ ; du-moins c'est ainsi que traduit la vulgate : mais le texte hébreu signifie plutôt un stylet qu'une canne à écrire. L'auteur du troisième livre des Macchabées, dit que les écrivains employés à faire le rôle des Juifs qui étaient en Egypte, vinrent montrer leurs roseaux qui étaient tout usés, disant qu'ils ne pouvaient suffire à faire le dénombrement que l'on demandait. Baruch écrivait ses prophéties avec de l'encre, et par conséquent avec les roseaux dont nous venons de parler ; car il ne parait pas que l'usage des plumes fût connu en ce temps-là. Saint Jean, dans sa troisième épitre, dit qu'il n'a pas voulu écrire avec l'encre et le roseau : nolui per atramentum et calamum scribere tibi. Cet usage est commun chez les auteurs prophanes. Inque manus chartæ nodosaque venit arundo. Les Arabes, les Perses, les Turcs, les Grecs, et les Arméniens, se servent encore aujourd'hui de ces cannes ou roseaux, comme le témoignent les voyageurs. Jerem. xxxvj. 18. 3. Joann. vers. 13. Pers. satyr. 3. Calmet, diction. de la Bible.

CANNE à vent, (Physique) est une espèce de canne creuse intérieurement, et par le moyen de laquelle on peut, sans le secours de la poudre, chasser une balle avec grande violence. La construction en est à-peu-près la même que celle de l'arquebuse à vent, avec cette différence, que l'arquebuse à vent a une crosse et une détente pour chasser la balle, au lieu que la canne à vent n'en a point, et a extérieurement la forme d'une canne ordinaire. Voyez ARQUEBUSE à vent. (O)

CANNE en hébreu kanna : (Histoire ancienne) sorte de mesure dont parlent Ezéchielel, chap. xl. vers. 3. et S. Jean dans l'Apocalypse, ch. Xe vers. 1. Ezéchielel dit qu'elle avait six coudées et une palme, ou plutôt six coudées et six palmes, c'est-à-dire six coudées hébraïques, dont chacune était plus grande d'une palme que la coudée babylonienne. Le prophète est obligé de déterminer ainsi la coudée dont il parle, parce qu'au-delà de l'Euphrate où elle était alors, les mesures étaient moins grandes qu'en Palestine. La coudée hébraïque avait vingt-quatre doigts ou six palmes, ou environ vingt pouces et demi, en prenant le pouce à douze lignes ; ce qui donne à la canne ou calamus cent vingt-trois pouces ou dix pieds trois pouces de notre mesure. Voyez Roseau d'Ezéchielel. Dict. de la Bible. (G)

CANNE, mesure romaine composée de dix palmes, qui font six pieds onze pouces de roi.

CANNE, mesure de longueur dont on se sert beaucoup en Italie, en Espagne, et dans les provinces méridionales de la France, et qui est plus ou moins longue en différents endroits.

A Naples la canne vaut sept pieds trois pouces et demi anglais, ce qui fait une aune et quinze dix-septiemes d'aune de Paris ; ainsi 17 cannes de Naples font 32 aunes de Paris. La canne de Toulouse et de tout le haut Languedoc, est semblable à la varre d'Aragon, et contient 7 pieds 8 pouces 1/5 anglais. A Montpellier, en Provence, en Dauphiné, et en bas Languedoc, elle contient 6 pieds 5 pouces et demi anglais. Voyez MESURE, PIE.

La canne de Toulouse contient cinq pieds cinq pouces six lignes de notre mesure, qui font une aune et demie de Paris ; ainsi deux cannes de Toulouse font trois aunes de Paris.

Celle de Montpellier et du bas-Languedoc a six pieds neuf lignes de longueur, et fait une aune deux tiers de Paris ; ainsi trois de ces cannes font cinq aunes de Paris.

L'usage de la canne a été défendu en Languedoc et on Dauphiné par arrêt du conseil du 24 Juin et 27 Octobre 1687, suivant lesquels on ne peut se servir dans ces provinces, pour l'achat et vente des étoffes, que de l'aune de Paris au lieu de canne.

CANNE se dit aussi de la chose qui a été mesurée avec la canne : une canne de drap, une canne de toile, comme nous disons une aune de drap. (G)

CANNE, s. f. (Manufactures en soie) grandes baguettes de roseau ou de noyer, qu'on passe dans les envergeures des chaînes, soit pour remettre soit pour tordre les pièces. Voyez REMETTRE et TORDRE.

* CANNE, (Verrerie en bouteilles) instrument de fer, d'environ quatre pieds huit pouces de long, en forme de canne, percé dans toute sa longueur d'un trou d'environ deux lignes de diamètre, dont on se sert pour souffler les bouteilles et autres ouvrages. Voyez VERRERIE.

CANNE, (Géographie) petite rivière d'Italie, au royaume de Naples, dans la province de Bari.