La ligne de contre-approche ne se pratique guère, parce qu'elle devient trop dangereuse en s'éloignant de la place. M. Goulon propose au lieu de cette ligne, de placer pendant la nuit une rangée de tonneaux ou de gabions, en s'avançant dans la campagne, à la distance de 30 ou 50 pas de l'angle saillant du chemin-couvert de la demi-lune collatérale de l'attaque, afin de pouvoir le matin enfiler la tranchée de derrière ces tonneaux. Mais pour faire cette manœuvre, il faut que l'ennemi n'ait pas de batteries tournées de ce côté-là ; autrement il culbuterait avec son canon toute cette espèce de ligne. On remplit ces tonneaux ou gabions de matière combustible, pour être en état de les bruler lorsqu'on ne peut plus les soutenir, et que l'ennemi vient pour s'en saisir. Celui qui est le plus près de la palissade du chemin-couvert, en doit être au moins éloigné de la longueur d'une halebarde, afin qu'il ne puisse y mettre le feu.

M. le chevalier de Folard dit, dans son traité de la défense des places des anciens, qu'il n'y a aucun exemple formel des lignes de contre-approche depuis le siège de Belgrade par Mahomet II. en 1456, c'est-à-dire depuis environ 300 ans. Cependant elles ont été employées fort utilement au siège de Bergopzoom, en 1622. Fritach le rapporte en ces termes dans son traité de fortification.

" Au siège de Bergopzoom il y avait quantité de contre-approches, desquelles les assiégés travaillèrent tellement l'ennemi, qu'il ne s'en pouvait approcher que d'un pied ; outre qu'ils avaient avancé dans la campagne toutes sortes d'ouvrages extérieurs, par le moyen desquels, comme aussi du secours, les Espagnols furent contraints de quitter le siège, etc. " Voilà évidemment les contre-approches en usage depuis Mahomet II. Il y a grande apparence que cet exemple n'est pas le seul. Mais quoi qu'il en sait, si l'on est en état de soutenir une ligne de contre-approche, on le sera encore davantage de faire de bonnes sorties qui pourront faire plus de mal à l'assiégeant. Le Blond, traité de la défense des places. (Q)