Ces pièces sont un grand ressort en-dedans de la platine, une noix et bride sur le chien avec sa mâchoire ; une vis au-dessus, le bassinet, une batterie qui couvre ce même bassinet, et un petit ressort qui le fait découvrir et recouvrir.

Le chien tient à la platine par le moyen d'une vis. Son extrémité en-dehors forme une espèce de gueule dans laquelle est retenue fixement une pierre à fusil, par le moyen d'une grande vis. La partie supérieure de cette gueule est appelée la mâchoire du chien. Le bassinet est un petit bassin posé en saillie sur la platine, vis-à-vis la lumière ou la petite ouverture faite au canon pour mettre le feu à la poudre dont il est chargé. La batterie est disposée en espèce d'équerre, dont une branche couvre le bassinet, et l'autre se présente à-peu-près parallèlement au chien.

Lorsque le chien est tendu, ou ce qui est la même chose, lorsque le fusil est bandé, et qu'on veut le tirer, on lâche la détente qui est sous la platine, ce qui fait tomber avec force sur la batterie le chien armé de sa pierre. Cet effort fait mouvoir la batterie, et lever sa branche qui couvre le bassinet ; et comme la pierre fait feu en même temps sur la partie de la batterie qui lui est opposée, elle allume la poudre du bassinet, laquelle communique le feu à la charge du fusil, et fait ainsi partir le coup.

Les platines du mousqueton, du pistolet, etc. sont composées des mêmes pièces que celles du fusil.

L'équipage du fusil est composé du talon, qui est une espèce de plaque de fer qui couvre le bout de la crosse ; de l'écusson, qui est une pièce de fer qui embrasse la clé des portes-baguette ; de la sougarde avec sa détente, qui sert à lâcher le ressort du chien, etc.

Les fusils ont commencé à être généralement établis dans les troupes vers l'année 1704. Avant cette époque il n'y avait que les grenadiers des bataillons qui en fussent armés, à l'exception néanmoins du régiment des fusiliers, créé en l'an 1671, qui fut dès lors attaché au service de l'artillerie. Tous les soldats eurent des fusils à la place des mousquets, qui étaient alors en usage dans tous les corps d'infanterie. Les fusiliers outre l'épée, furent aussi armés d'une bayonnette ; c'est le premier corps dont les soldats aient été ainsi armés. Ce régiment est aujourd'hui royal artillerie. Quant aux raisons qui firent quitter les mousquets pour prendre les fusils, voyez MOUSQUET. (Q)

De la portée du fusil. Pour connaître ce qu'on doit appeler la portée d'une arme à feu, il faut considérer 1°. la ligne droite par laquelle on voit l'objet vers lequel on veut porter la balle ou boulet, laquelle s'appelle ligne de mire ; 2°. une autre ligne droite, qui représente l'axe qu'on peut supposer au calibre ou cylindre de l'arme, et que j'appellerai ligne de tire ; 3°. la ligne que décrit le globe qui est lancé par la poudre hors le calibre de l'arme, vers le but qu'on se propose de frapper.

FUSIL à portée de but en blanc. Si la ligne de tire se trouvait parallèle avec la ligne de mire, jamais la balle ou boulet ne pourrait arriver qu'au-dessous du but ; car à chaque instant après sa sortie, la balle ou boulet s'éloigne de la ligne de tire, et tend à se rapprocher vers la terre ; aussi la ligne de mire et la ligne de tire, sont-elles sécantes entr'elles dans toutes les armes à feu, et la ligne courbe que décrit le boulet coupe d'abord la ligne de mire, s'élève au-dessus, et redescend ensuite la recouper : le point où la ligne courbe que décrit le boulet, recoupe la ligne de mire, est la portée de l'arme à feu, le but en blanc. Ce point est plus ou moins éloigné, à proportion de l'amplitude de l'angle que forment entr'elles la ligne de mire et la ligne de tire et en raison de la force qui chasse le boulet, de sa masse, de son volume, de sa densité, et de celle du milieu qu'il traverse, et de la longueur du calibre.

Sait supposé le canon d'un fusil épais de quatre lignes à sa culasse, d'une ligne à sa bouche, qu'il ait quatre pieds de long, que le calibre soit de six lignes, la ligne de tire et celle de mire se couperont à quatre pieds au-delà de la bouche du fusil, et l'angle que les lignes de mire et de tire fermeront en se rencontrant, sera de 0d, 10 ou 15' ; la balle montera au-dessus de la ligne de mire, formant à bien peu de chose près, le même angle ; donc à douze pieds au-delà de la bouche du canon, elle sera sept lignes environ au-dessus de la ligne de mire. Pour calculer à quel endroit on doit trouver le point du but en blanc, il faut d'abord faire abstraction de la force d'inertie, centripete, ou pesanteur de la balle ou boulet, et calculer l'élévation que prend la ligne de tire au-dessus du point vers lequel on vise, eu égard au plus ou moins d'éloignement de ce but, estimer la vitesse à parcourir l'étendue supposée, et diminuer sur l'élévation reconnue l'attrait occasionné par sa masse, et ce par les calculs des masses et des vitesses, etc.

Sait supposé, que pour parcourir cent taises le globe soit 0' Xe x''', etc. que la ligne de mire (suivant l'angle que nous avons supposé 0d, 10 ou 15'), soit à ce but éloigné de 600 lignes, égales à 50 pouces ou 4 pieds 2 pouces. Si l'épreuve d'accord avec le calcul, fait voir que le globe frappe le but visé à cesdites 100 taises, il faudra en conclure qu'à 60 taises environ, par exemple, la balle était élevée au-dessus de la ligne de mire d'environ 2 pieds, ce qui a été sa plus grande élévation : qu'il s'ensuit donc que s'il s'était trouvé à ces 60 taises un corps élevé à deux pieds, ou quelque chose de moins, au-dessus de la ligne de mire, ce corps eut été frappé par la balle, quoique le coup ait été bien visé au but : on aurait dit à cela sans réfléchir : c'est que le coup relève ; mots vides de sens. J'avoue qu'il y a beaucoup d'expériences à faire, pour établir théoriquement la portée des armes à feu ; j'en proposerai ci-après quelques-unes pour la pratique ; on ne fait jusqu'à présent que l'estimer à-peu-près, et l'on tombe quelquefois dans des défauts que l'on n'imagine pas, faute de connaître non-seulement le point de perfection, mais même ce que peut indiquer la théorie connue : par exemple on recommande souvent aux troupes de viser vers le milieu du corps de l'ennemi ; on leur prescrit même de tirer bas, et plutôt plus que moins. Certainement rien n'est moins une loi générale que ce prétendu axiome, si suivant (la supposition faite ci-dessus) à 100 taises l'on frappe un but à l'endroit visé, quatre pieds au-dessus de l'horizon, à 60 taises on passera 6 pieds au-dessus de l'horizon, et l'on ne frapperait pas un but M, N, qui serait à cette distance, quand il aurait 5 pieds 10 pouces de hauteur depuis le niveau de l'horizon ; si à 100 taises l'on a visé précisément au pied du but H, B, l'on n'arrivera qu'à ce point ; et si le but eut été de quelques pas plus éloigné, on ne l'aurait pas frappé.

Si à 60 pas, l'on a visé deux pieds plus bas que le pied du but O K, c'est-à-dire deux pieds plus bas que la ligne horizontale sur laquelle le but serait planté, on n'atteindra pas encore ce but. Il s'ensuit donc qu'on ne peut jamais avec un fusil atteindre au but quelconque, quand on vise deux pieds plus bas que l'extrémité inférieure du but, à quelque éloignement qu'il soit ; que si l'on vise au pied du but, on ne peut le frapper que depuis ledit pied ou base, jusqu'à une élévation de deux pieds ; si dans cette distance de 100 taises un but a d'élévation trois fois deux pieds, on le frappera dans la dimension du milieu, si l'on vise à deux pieds au-dessus de sa base ; et s'il est à 60 taises, on le frappera dans la dimension supérieure ; mais si le but est plus éloigné de 100 taises, il faut viser plus haut que lui, pour le frapper dans la dimension du milieu, et de plus en plus s'élever, suivant que le but serait plus éloigné.

Je viens d'expliquer que ce qui faisait qu'une balle ou boulet arrive au but que l'on veut attraper, c'est certainement à cause qu'on l'a dirigé vers un autre endroit ; car sans s'en apercevoir, on tire avec un fusil ou canon vers un but, comme les Archers ou Arbalêtriers tirent vers celui où ils veulent faire arriver leurs flèches. Il est démontré que la ligne par laquelle un coup peut être lancé le plus loin possible, est la parabole qui formerait à ses extrémités un angle de 45 degrés avec l'horizon, abstraction faite de l'effet de la pesanteur du coup lancé. C'est parce qu'ils approchaient davantage de cette projection, que les Perses de Xenophon lançaient leurs flèches, qui portaient plus loin que celles de tous les Grecs, excepté des Archers de Candie. Voyez RETRAITE DES DIX MILLE. Les carabines pourraient bien n'avoir une plus longue portée que par la même raison (leurs balles trouvant peut-être plus de difficulté à vaincre le milieu qu'elles traversent par la perte qu'elles font de leur forme sphérique) ; et les gispes du maréchal de Puisegur (voyez page 30 in-4°.), dont il souhaiterait que plusieurs soldats par compagnies fussent armés, ne sont encore autre chose que des armes renforcées par la culasse, et dont par conséquent les lignes de mire et de tire formantes un angle plus ouvert, donnent une portée plus longue que les armes ordinaires. Ce n'est point pour donner aucun blâme à ce grand maître que j'ose le citer ici, mais pour faire remarquer aux Militaires l'avantage considérable que peuvent leur procurer les premières notions des Mathématiques, dans les moindres comme dans les plus grandes parties de leur art. J'observerai encore que les plus habiles tireurs au blanc ne peuvent le plus souvent tuer une pièce de gibier à la chasse, et les chasseurs qui tuent à tout coup, ne tirent jamais, en ayant parfaitement le gibier sur la ligne de mire de leurs fusils ; non-seulement ils tirent à l'endroit où sera la pièce de gibier lorsque leur coup y arrivera, mais ils visent plus au-dessous ou au-dessus, suivant l'éloignement du but qu'ils veulent frapper.

FUSIL. Sa portée possible. Pour reconnaître la plus grande portée possible d'une balle ou boulet, il faut déterminer ses différentes portées, suivant l'élévation que l'on peut donner à la ligne de tire ; il faut connaître les lois de la projection des corps ; la plus longue est par l'angle de 45 degrés, et l'angle de 15 degrés donne une projection de moitié moins d'étendue. Voyez PROJECTION.

Il doit y avoir une compensation en progression, depuis la plus grande portée jusqu'à la plus courte, relativement à la longueur du calibre qui dirige la balle ou boulet dans l'une ou l'autre projection. Les expériences bien faites ne l'ont été qu'avec des bombes ou des jets d'eau, ou l'équivalent ; et le calibre plus ou moins long dans ces deux cas, n'a pas dû faire une différence sensible, ni des frottements à beaucoup près aussi grands que ceux qui se rencontrent par l'effet du calibre du fusil.

Il faut observer que les différents calibres des armes ne sont pas ensemble en même raison de leur diamètre à leur longueur : en général dans l'usage des armes à feu, plus le diamètre est petit, plus le cylindre ou calibre est long en proportion ; plus le calibre ou cylindre est petit, plus les défauts en sont considérables proportionnellement ; plus le calibre a de longueur, plus il tend à donner une direction droite ; plus le calibre est petit, plus il y a de différence entre le diamètre du boulet et le sien ; plus il y a de différence entre le boulet et son calibre, plus les ondulations du boulet dans ce calibre peuvent l'éloigner du but vers lequel il est dirigé.

Serait-il vrai que tout globe d'une densité capable de résister à la force qui le chasse, dirigé par un calibre ou cylindre en proportion semblable relativement à son volume, poussé par une poudre d'une force proportionnelle à sa masse, lancé dans la même projection, parcourait des distances égales, et peut-être même dans des temps égaux, et décrira la même courbe ? Les preuves pour ou contre ne peuvent être aisément éclaircies ; il est difficîle de déterminer exactement une force proportionnelle à la masse du boulet dans l'usage de la poudre, non-seulement parce que sa force augmente à-proportion de la promptitude de sa dilatation, et que cette promptitude dépend de sa qualité, de son degré de siccité, de sa disposition dans le calibre, du plus ou moins de pression de ses parties, et de la résistance de la balle, mais encore par la difficulté dont il est de connaître la quantité de poudre qui s'enflamme assez tôt pour donner au boulet toute l'impulsion qu'il acquiert, avant de quitter tel calibre qu'il parcourt.

La théorie peut faire reconnaître que pour que la charge d'un fusil fit tout l'effet que sa dilatation peut produire, il faudrait que la longueur du canon d'un fusil fût de 90 pieds ; mais l'expérience a prouvé que la balle chassée par la même charge dans un fusil de quatre pieds de canon, peut aller à deux mille cent soixante taises : il s'ensuivrait donc, qu'avec cette longueur supposée de 90 pieds, la balle serait portée à 48600 taises ; ce qu'il n'est pas possible d'expérimenter, car on ne fera pas un canon de fusil de 90 pieds.

Si d'un côté la théorie prouve que la meilleure longueur d'un fusil, pour chasser le plus loin possible la balle, est de 90 pieds ; que de l'autre, l'expérience prouve que par une longueur de quatre pieds de canon, on chasse la balle à 2160 taises : il doit donc s'ensuivre, que chaque pouce de longueur de plus ou de moins au canon, doit donner 45 taises de plus ou de moins de portée, et que le pistolet, qui est de 14 pouces de canon, aurait 630 taises de portée : mais des expériences faites avec des canons, des coulevrines, et autres armes à feu, ont prouvé que ces trois armes portent leurs globes à-peu-près à même distance entre 2000 et 2500 taises : donc on doit conclure qu'il n'y a pas une proportion en progression connue, entre la force qui chasse les balles ou boulets, et la longueur des calibres qui les dirigent. Il faut observer que la proportion entre la longueur du canon de 24, et son boulet, est à-peu-près la même que celle entre un petit pistolet de poche fort court, et sa balle, c'est-à-dire entre dix et douze fois le diamètre respectif de leur calibre. Quand on a fait des expériences pour constater quelle était la longueur de calibre la plus avantageuse à un canon, on a été occupé principalement de voir la différence que ses différentes dimensions pourraient occasionner dans l'effet du boulet, lorsqu'il frappe le but : pour cela, on a tiré d'abord avec le calibre qu'on avait fait le plus long possible ; ensuite on l'a raccourci à plusieurs reprises, en sciant à chaque fois l'extrémité. Le résultat pour la force a été établi, mais celui pour la portée ne l'a point été : vraisemblablement, pour la portée du but en blanc, il aurait dû être, à bien peu de chose près, le même : mais pour la plus longue portée possible, le résultat aurait dû être différent à chaque fais, et relatif à celui de la force du choc, et par les mêmes raisons, une certaine longueur donnant le temps à plus d'effet de la poudre, qu'une moindre ; et l'étendue de la portée de but en blanc, n'est pas comparable à la plus longue portée possible. D'ailleurs, les lignes de tire et de mire étaient toujours les mêmes dans les canons d'épreuve ; au lieu que dans les canons de différentes longueurs, elles forment des angles plus ouverts, à-proportion que les calibres sont plus courts.

Pour déterminer quelle est la courbe que décrit la balle d'un fusil de munition, de la dimension fixée par les ordonnances, et dont les troupes sont ou seraient armées ; il faudrait fixer un de ces fusils dans la position horizontale qu'on choisira ; placer ensuite sur la ligne de mire donnée plusieurs espèces de grands tamis placés verticalement entre 300 taises à distance les uns des autres, et faire feu : la balle tirée percerait les toiles, crins, taffetas, ou papiers dont ces tamis seraient faits ; et ces points-là reconnus détermineraient la courbe qu'aurait décrit cette balle. Si l'on ne voulait que trouver seulement le point le plus haut de cette courbe, on pourrait faire tirer dessous une voute dont le faite serait de niveau, en plaçant la ligne de mire parallèlement au-dessous de cette voute, à un pied, un pied et demi, ou deux pieds ; et remarquant ensuite l'endroit où la balle ne ferait qu'effleurer le dessous de ladite voute.

Les épreuves exactes de la plus longue portée possible, ne peuvent se faire sans risque que sur des canaux glacés de deux à trois mille taises de longueur environ, et assez larges pour espérer que la direction de la balle ne sera pas trop détournée par les diverses résistances qu'elle peut éprouver dans les cinq à six mille taises d'atmosphère qu'elle parcourait. Des hommes placés à distance l'un de l'autre, sous des espèces de guérites, le long des bords du canal, remarqueraient où la balle tomberait.

Toutes ces épreuves pourraient se faire avec les différents calibres, et dans diverses dimensions de culasses. Il est à croire que les expériences, en fixant les idées sur les différentes portées des armes à feu, fourniraient les moyens d'en faire un usage à-peu-près semblable à celui que l'on fait des flèches. La pratique en serait vraisemblablement beaucoup plus difficîle à perfectionner ; parce qu'une balle n'étant point visible comme le peut être une flèche, et sa portée étant beaucoup plus étendue, celui qui aurait tiré ne pourrait pas reconnaître aisément quel effet aurait fait sa balle : mais la théorie pourrait faire tirer parti de cette connaissance, pour faire porter des balles à des éloignements où l'on n'aurait pas lieu d'en craindre sans cela.

Les militaires instruits du résultat de ces expériences sur la partie du but en blanc et la plus longue portée possible, pourraient, suivant l'éloignement où ils se trouveraient de l'ennemi, ordonner à leurs soldats de tirer plus ou moins haut, suivant l'éloignement de leur ennemi. En visant, par exemple, à la hauteur de la pique ou fer des drapeaux, lorsqu'il serait encore à 300 taises ; et s'il était à 200, à la hauteur de la pique ou fer des espontons ; à 150, au haut de la tête, aux chapeaux de cet ennemi ; à 100, à la ceinture ; à 60 taises, aux genoux, ou bien peu au-dessous ; mais jamais plus bas.

FUSIL A VENT, est la même chose que l'arquebuse à vent. Voyez ARQUEBUSE A VENT.

FUSIL, petit cône de fer sur lequel on passe les couteaux et autres instruments tranchans, pour leur rendre le fil et les faire couper.

Le fusil des Luthiers est la même chose, excepté qu'il est poli, et que celui des couteaux est rude ; il sert à affiler les gratoires.