Les créoles blancs et les Européens habitants l'Amérique, préfèrent les hamacs aux meilleurs lits ; ils y sont plus au frais, ne craignant point la vermine, et n'ont besoin ni de matelats ni d'oreillers, non plus que de couvertures, les bords du hamac se re-craisant l'un sur l'autre.

Dans les îles françaises il est fort ordinaire de voir au milieu des salles de compagnie un bel hamac de coton blanc ou chamarré de diverses couleurs, orné de réseaux, de franges et de glands. Là nonchalamment couchée et proprement vêtue, une très-jolie femme passe les journées entières, et reçoit ses visites sans autre émotion que celle que peut occasionner un léger balancement qu'une jeune négresse entretient d'une main, étant occupée de l'autre à chasser les mouches qui pourraient incommoder sa maîtresse.

Les femmes de distinction, allant par la ville, se font ordinairement porter dans des hamacs suspendus par les bouts à un long bambou ou roseau creux et léger que deux negres portent sur leurs épaules ; mais dans les voyages, au lieu d'un seul bambou, on fait usage d'un brancard porté par quatre forts esclaves.

Les Portugais du Bresil ajoutent au-dessus du hamac une petite impériale, avec des rideaux qui les garantissent de la pluie et des ardeurs du soleil.

Sur les vaisseaux les matelots couchent dans des hamacs de grosse toile, communément nommés branles, qui diffèrent des précédents en ce qu'ils sont moins grands et garnis à leurs extrémités de morceaux de bois un peu courbes, percés de plusieurs trous, au-travers desquels passent les filets de façon qu'ils sont un peu écartés les uns des autres, et par conséquent le hamac reste toujours suffisamment ouvert pour y recevoir une espèce de matelas.