L'usage des cierges dans les cérémonies de religion est fort ancien. Nous savons que les Payens se servaient de flambeaux dans leurs sacrifices, surtout dans la célébration des mystères de Cérès, et ils mettaient des cierges devant les statues de leurs dieux.

Quelques-uns croient que c'est à l'imitation de cette cérémonie payenne, que les cierges ont été introduits dans l'Eglise chrétienne ; d'autres soutiennent que les Chrétiens ont suivi en cela l'usage des Juifs. Mais pour en trouver l'origine, il est inutîle d'avoir recours aux sentiments des uns et des autres.

Il n'est pas douteux que les premiers Chrétiens ne pouvant s'assembler que dans les lieux souterrains, ne fussent obligés de se servir de cierges et de flambeaux : ils en eurent même besoin depuis qu'on leur eut permis de bâtir des églises ; car elles étaient construites de façon qu'elles ne recevaient que très-peu de jour, afin d'inspirer plus de respect par l'obscurité.

C'est-là l'origine la plus naturelle qu'on puisse donner à l'usage des cierges dans les églises. Mais il y a déjà longtemps que cet usage, introduit par la nécessité, est devenu une pure cérémonie. S. Paulin, qui vivait au commencement du cinquième siècle, observe que les Chrétiens de son temps aimaient si fort les cierges, qu'ils en représentaient en peinture dans leurs églises.

Ceux qui ont écrit des cérémonies de l'Eglise, ont remarqué que l'usage d'allumer des cierges même en plein jour a une signification mystique, qui est d'exprimer la joie, la charité, la lumière même de la vérité, découverte aux hommes par la prédication de l'Evangile. C'est le sentiment de S. Jérôme contre l'hérétique Vigilance : Per totas Orientis ecclesias, dit ce Père, accenduntur luminaria, sole jam rutilante, non utique ad fugandas tenebras, sed ad signum laetitiae demonstrandum.... Ut sub typo luminis corporalis illa lux ostendatur de quâ in psalterio legimus : lucerna pedibus meis verbum tuum, et lumen semitis meis. S. Jérôme, tom. IV. part. I. pag. 284.

Il y a deux manières de faire des cierges ; l'une à la cuillere, et l'autre à la main.

Voici la première. Les brins des meches que l'on fait ordinairement moitié coton et moitié filasse, ayant été bien commis et coupés de la longueur dont on veut faire les cierges, on en pend une douzaine à distances égales, autour d'un cerceau de fer, perpendiculairement au-dessous d'un grand bassin de cuivre plein de cire fondue : alors on prend une cuillere de fer qu'on emplit de cette cire ; on la verse doucement sur les meches, un peu au-dessous de leur extrémité supérieure, et on les arrose ainsi l'une après l'autre : de sorte que la cire coulant du haut em-bas sur les meches, elles en deviennent entièrement couvertes, et le surplus de la cire retombe dans le bassin, au-dessous duquel est un brasier pour tenir la cire en fusion, ou pour empêcher qu'elle ne se fige.

On continue ainsi d'arroser les meches dix ou douze fois de suite, jusqu'à ce que les cierges aient pris l'épaisseur qu'on veut leur donner. Le premier arrosement ne fait que tremper la meche ; le second commence à la couvrir, et les autres lui donnent la forme et l'épaisseur. Pour cet effet, on a soin que chaque arrosement qui suit le quatrième, se fasse de plus bas en plus bas, afin que le cierge prenne une figure conique. Les cierges étant ainsi formés, on les pose pendant qu'ils sont encore chauds, dans un lit de plumes pour les tenir mols : on les en tire l'un après l'autre, pour les rouler sur une table longue et unie avec un instrument oblong de bouis, dont le bout inférieur est poli, et dont l'autre est garni d'une anse.

Après que l'on a ainsi roulé et poli les cierges, on en coupe un morceau du côté du bout épais, dans lequel on perce un trou conique avec un instrument de bouis, afin que les cierges puissent entrer dans la pointe des chandeliers.

Pendant que la broche de bouis est encore dans le trou, on a coutume d'empreindre sur le côté extérieur le nom de l'ouvrier et le poids du cierge, par le moyen d'une règle de bouis sur laquelle on a gravé les caractères qui expriment ces deux choses. Enfin on pend les cierges à des cerceaux, pour les secher, durcir, et exposer en vente.

Manière de faire des cierges à la main. Les meches étant disposées comme ci-dessus, on commence par amollir la cire dans de l'eau chaude et dans un vaisseau de cuivre étroit et profond : ensuite on prend une poignée de cette cire, et on l'applique par degré à la meche qui est attachée à un crochet dans le mur par le bout opposé au collet, de sorte que l'on commence à former le cierge par son gros bout ; on continue cette opération en le faisant toujours moins fort à mesure que l'on avance vers le collet.

Le reste se fait de la manière ci-dessus expliquée, si ce n'est qu'au lieu de les mettre dans un lit de plumes, on les roule sur la table aussi-tôt qu'ils sont formés.

Il y a deux choses à observer par rapport aux deux espèces de cierges ; la première, est que pendant toute l'opération des cierges faits à la cuillere, on se sert d'eau pour mouiller la table, et d'autres instruments, pour empêcher que la cire ne s'y attache : et la seconde, que dans l'opération des cierges faits à la main, on se sert d'huîle d'olive, pour prévenir le même inconvénient.

CIERGE PASCHAL, dans l'Eglise romaine, est un gros cierge auquel un diacre applique cinq grains d'encens, dans autant de trous que l'on y a faits en forme de croix ; il allume ce cierge avec du feu nouveau, pendant les cérémonies du samedi-saint.

Le pontifical dit que le pape Zosime a institué cette cérémonie, mais Baronius prétend que cet usage est plus ancien ; et pour le prouver, il cite une hymne de Prudence. Il croit que ce pape en a établi seulement l'usage dans les églises paroissiales, et qu'auparavant l'on ne s'en servait que dans les grandes églises.

Le père Papebroch parle plus distinctement de l'origine du cierge paschal, dans son conatus chronico-historicus. Quoique le concîle de Nicée eut réglé le jour auquel il fallait célebrer la fête de Pâques, il semble qu'il chargea le patriarche d'Alexandrie d'en faire un canon annuel et de l'envoyer au pape. Comme toutes les fêtes mobiles se règlent par celle de Pâques, on en faisait tous les ans un catalogue que l'on écrivait sur un cierge, et on benissait ce cierge dans l'église avec beaucoup de cérémonie.

Ce cierge, selon l'abbé Châtelain, n'était pas de cire, ni fait pour bruler, il n'avait point de meche, et ce n'était qu'une espèce de colonne de cire, faite pour écrire dessus la liste des fêtes mobiles, cette liste ne devant subsister que l'espace d'un an : car lorsqu'on écrivait quelque chose dont on voulait perpétuer la mémoire, les anciens avaient coutume de le faire graver sur du marbre ou sur de l'acier : quand c'était pour longtemps, on l'écrivait sur du papier d'Egypte ; et quand ce n'était que pour peu de temps, on se contentait de le tracer sur de la cire. Par succession de temps on commença à écrire la liste des fêtes mobiles sur du papier ; mais on l'attachait toujours au cierge paschal, et cette coutume s'observe encore de nos jours dans l'église de Notre-Dame de Rouen, et dans toutes les églises de l'ordre de Cluny. Telle est l'origine de la bénédiction du cierge paschal. V. sur l'article CIERGE les dict. de Trévoux, du Commerce, et Chambers.

CIERGES, (Hydraulique). Ce sont des jets élevés et perpendiculaires, fournis sur la même ligne par le même tuyau, qui étant bien proportionné à leur quantité, à leur souche et à leur sortie, leur conserve toute leur hauteur. On a un bel exemple des cierges ou grilles d'eau en haut de l'orangerie de Saint-Cloud.

On prétend que les cierges d'eau sont plus éloignés les uns des autres que les grilles. (K)