Parmi les écrits de Daniel, dit ce savant Bénédictin, il y a des pièces qui ont toujours constamment passé pour canoniques ; d'autres qui ont été contestées fort longtemps. Tout ce qui est écrit en hébreu ou en chaldéen, car il y a quelques morceaux de chaldéen mêlés avec l'hébreu, tout cela est généralement reconnu pour canonique, tant chez les Juifs que chez les Chrétiens ; mais ce qui ne se trouve qu'en grec a souffert de grandes contradictions, et n'a proprement été reçu pour canonique parmi tous les orthodoxes sans exception, que depuis la décision du concîle de Trente. Du temps de saint Jérôme les Juifs étaient partagés à cet égard, comme nous l'apprend ce père dans sa préface sur Daniel, et sur le chap. XIIIe du même prophète. Les uns admettaient toute l'histoire de Susanne, d'autres la rejetaient toute entière ; quelques-uns en recevaient une partie et en rejetaient une autre. Joseph l'historien, par exemple, n'a rien dit de l'histoire de Susanne, ni de celle de Bel et du dragon ; mais Joseph Ben-Gorion auteur juif, qui a écrit en hébreu, rapporte tout au long ce qui regarde Bel et le dragon, et ne dit rien de l'histoire de Susanne.

Les douze premiers chapitres de Daniel sont partie en hébreu, partie en chaldéen : les deux derniers sont en grec. Il parle hébreu lorsqu'il récite simplement ; mais il rapporte en chaldéen les entretiens qu'il a eus en cette langue avec les Mages et les Rois Nabuchodonosor, Balthasar et Darius le Mede. Il rapporte dans la même langue l'édit que Nabuchodonosor donna, après que Daniel eux expliqué le songe que ce prince avait eu d'une grande statue d'or : ce qui montre l'extrême exactitude de ce prophète, qui rend jusqu'aux propres paroles des personnages qu'il introduit. Le chap. IIIe Ve 24. et suiv. jusqu'au 9e. sont en grec, aussi bien que les deux derniers chapitres ; et c'est une grande question parmi les critiques, de savoir s'ils ont jamais été écrits en hébreu. La version grecque que nous avons de tout Daniel, est de Théodotion ; celle des Septante est perdue il y a très-longtemps.

Les prophéties de Daniel sont si claires, que Porphyre n'a cru pouvoir se délivrer de leur témoignage et de leur autorité, qu'en supposant que Daniel avait vécu du temps d'Antiochus Epiphanes, qu'il avait alors décrit les événements qui se passaient sous ses yeux, et que d'ailleurs il avait contrefait l'homme inspiré, en assurant qu'il avait été contemporain de Nabuchodonosor et de Balthasar ; mais l'absurdité de la supposition de Porphyre est palpable, et l'existance de Daniel au temps des monarques assyriens, est attestée autant qu'aucun fait historique le puisse être. La plupart des Rabbins le retranchent du nombre des prophetes, et se contentent de mettre ses écrits au rang des hagiographes. Voyez HAGIOGRAPHES. (G)