Ce demi-métal se trouve sous plusieurs formes différentes dans le sein de la terre.

1°. Il se trouve sous la forme réguline qui lui est propre, et alors on le nomme antimoine vierge ou régule d'antimoine natif. Il est d'un beau blanc brillant, et dans sa fracture il a des facettes, ou des stries assez grandes. Il est très-rare de trouver l'antimoine dans cet état ; M. Swab, conseiller des mines, et membre de l'académie royale des Sciences de Suède, est le premier qui ait découvert de l'antimoine natif parfaitement pur dans la mine de Salberg en Suède ; il fit part de sa découverte à son académie en 1748. Malgré cela la plupart des minéralogistes allemands ne veulent point se rendre à ce témoignage, ils doutent de l'existence de l'antimoine natif, et prétendent que ce que l'on a voulu faire passer sous ce nom, n'était que de l'antimoine plus pur, c'est-à-dire, combiné avec beaucoup moins de soufre qu'il ne l'est ordinairement dans la mine. Il est certain que jusqu'à présent cet antimoine natif ou pur ne s'est trouvé qu'une seule fois par hasard, et en très-petite quantité, dans la mine de Salberg, ce qui fait un préjugé défavorable à la découverte de M. Swab. D'un autre côté, M. Cronstedt dans sa nouvelle Minéralogie publiée en 1739, prend la défense de la découverte de son confrère, et il est à présumer que l'académie de Stockholm, qui possède un grand nombre d'hommes habiles dans la Chimie et la Minéralogie, ne s'en sera point laissée facilement imposer sur une semblable matière. Quoi qu'il en sait, il serait à souhaiter que les partisans de cette découverte pussent donner des preuves qui fermassent la bouche aux contradicteurs.

2°. La mine la plus ordinaire de l'antimoine est d'une couleur grise et brillante, à-peu-près comme le fer ; elle est plus ou moins foncée, en raison des substances étrangères qui y sont mêlées. C'est de l'antimoine combiné avec du soufre, elle se reconnait toujours par les aiguilles ou pyramides dont elle est composée, qui varient pour la grandeur et pour l'arrangement. En combinant du soufre avec du régule d'antimoine, on produit une substance parfaitement semblable à cette mine d'antimoine ; c'est-là ce que l'on appelle l'antimoine crud, ou abusivement l'antimoine tout court, nom qui ne devrait se donner qu'à ce demi-métal lorsqu'il est pur, comme dans le régule.

3°. On trouve de la mine d'antimoine qui est en petites houpes soyeuses, soit rouges, soit pourpres, soit gorge de pigeon. Telle est la mine que l'on trouve à Braundorf en Saxe, et que l'on nomme fleur d'antimoine. Les filets dont cette mine est composée varient pour la grandeur et pour l'arrangement qu'elles prennent ; il y en a qui ressemblent à des épis de blé, on en trouve de cette espèce en Hongrie, dans les mines d'or ; c'est pour cela que quelques alchymistes l'ont nommée mine d'antimoine solaire, et ils ont cru que cette mine était plus propre qu'une autre à être employée dans les travaux alchymiques. Quoi qu'il en soit de ces prétentions, les mines d'antimoine dont il s'agit ici sont redevables de leur couleur et de leur figure au soufre et à l'arsenic.

Telles sont les vraies mines d'antimoine. Ce demi-métal se trouve encore outre cela dans quelques mines d'argent et particulièrement dans celle que l'on nomme mine d'argent en plume. Il se trouve aussi joint à des mines de cuivre et de plomb.

La méthode dont on se sert pour tirer l'antimoine de la mine, est celle que les Chymistes nomment distillation en descendant, per descensum ; pour cet effet on commence par dégager cette mine à coups de maillets de la roche à laquelle elle est attachée ; on pulvérise grossièrement la partie de la mine qui a été séparée le plus parfaitement qu'il est possible des substances étrangères, après quoi on la met dans des pots de terre dont le fond est percé de plusieurs trous ; on adapte la partie inférieure de ces pots dans d'autres pots de forme conique, et qui sont enfoncés en terre. On allume du feu autour des pots supérieurs qui contiennent la mine d'antimoine ; par ce moyen cette substance se fond et Ve se rassembler dans les pots inférieurs qui sont enfouis : les pierres restent dans les pots supérieurs, et la substance qui a découlé est ce que l'on appelle l'antimoine crud, qui n'est autre chose que la matière réguline de l'antimoine combiné avec du soufre commun, et qu'il ne faut par conséquent point confondre avec l'antimoine pur ou le régule d'antimoine.

Lorsqu'on veut avoir l'antimoine pur et dégagé du soufre et des autres substances étrangères avec lesquelles il est demeuré uni dans l'opération précédente, pour cet effet on joint à l'antimoine crud des substances qui aient plus de disposition que lui à s'unir avec le soufre, par ce moyen il quitte l'antimoine qui tombe au fond du creuset. Il y a plusieurs manières de produire cet effet. 1°. On prend quatre parties d'antimoine crud, on y joint trois parties de tartre et une partie et demie de nitre ; ces deux sels doivent être bien séchés ; on pulvérise ces trois substances, et on les mêle bien exactement, après quoi on en met une cueillerée dans un creuset rougi au feu ; il se fait une détonation : on attend qu'elle soit achevée pour remettre une nouvelle cueillerée, et l'on continue de même jusqu'à ce que tout le mélange soit parfaitement fondu ; on laisse le tout au feu pendant environ une demi-heure ; alors on verse la matière fondue dans un cône de fer bien sec et frotté de suif, où on la laisse refroidir. On trouvera que l'antimoine pur, que l'on nomme régule d'antimoine, occupera la partie inférieure, on pourra le séparer à coups de marteau des scories qui seront à sa partie supérieure. Si cette opération a été faite avec exactitude, c'est-à-dire si le mélange est entré dans une fusion parfaite, on trouvera la forme d'une étoîle à la surface du régule d'antimoine. Cette étoîle a donné lieu à de grandes spéculations de la part des Alchymistes, curieux de trouver du merveilleux en tout, quelques-uns d'entr'eux ont cru y voir d'une façon sensible l'influence des astres ; mais le célèbre Stahla rendu raison d'une façon naturelle de ce phénomène, et a prouvé qu'il dépendait de la parfaite fusion des matières, et de l'égalité du refroidissement du régule ; en effet, le régule d'antimoine refroidit plus lentement au centre qu'à sa circonférence ; on voit aboutir des rayons qui partent d'un centre commun, ce qui forme l'espèce d'étoîle dont on a parlé. On changera totalement cette figure, si en appliquant des linges mouillés au cône où l'on a versé la matière fondue, on fait qu'un des côtés refroidisse plus promptement qu'un autre. M. Rouelle conclud d'après cette expérience, que les substances métalliques prennent un arrangement symétrique, ou sont susceptibles d'une crystallisation, qui est plus sensible dans les demi-métaux que dans les métaux, parce que les parties des premiers ont moins de liaison ou de continuité que les derniers.

2°. On peut encore dégager l'antimoine crud de son soufre par le moyen du fer. On prend deux parties d'antimoine crud, et une partie de pointes de cloux. On met ces pointes de cloux dans un creuset placé dans un fourneau de forge ; lorsqu'elles sont bien embrasées, on y jette l'antimoine crud pulvérisé, et l'on remue avec une baguette de fer ; on donne un très-grand feu, jusqu'à ce que toute la matière soit parfaitement en fusion ; alors on y joint un peu de nitre bien séché ; quand la matière est bien fondue, on la vide dans un cône de fer chaud et frotté de suif, et l'on obtient un régule d'antimoine que l'on nomme martial, parce qu'il a été obtenu par le moyen du fer. Comme ce régule n'est point encore parfaitement pur, on est obligé de le faire refondre de nouveau, en y joignant un peu d'antimoine crud, afin de fournir du soufre au fer qui peut être demeuré uni avec le régule d'antimoine ; on y ajoute aussi un peu de nitre, qui détonne avec le fer et le soufre, et qui par-là contribue à les réduire en scories ; de cette manière on obtient un nouveau régule plus pur que le premier. On refond de nouveau ce régule, mais alors on n'y joint qu'un peu de nitre pour faciliter la fusion ; après quoi l'on aura un régule d'antimoine parfaitement pur : si la fusion a été parfaite, et si le refroidissement s'est fait convenablement, on y remarquera une étoîle semblable à celle dont on a parlé ci-dessus. Si on refond le régule avec une grande quantité d'alkali fixe, la fusion sera plus parfaite, et les scories qui nageront à la surface du régule s'appellent scories succinées, parce que dans la fusion elles ont la couleur et la transparence du succin.

Quand le régule d'antimoine a été purifié de la manière qui vient d'être indiquée, il devient propre à toutes les opérations chymiques et pharmaceutiques auxquelles on veut l'employer.

La teinture d'antimoine n'est autre chose que les scories produites dans la première opération que l'on a décrite pour obtenir le régule, dissoutes dans l'esprit-de-vin. Ces scories ne sont autre chose qu'un foie de soufre qui tient encore une portion d'antimoine en dissolution.

Le foie d'antimoine se fait en fondant ensemble deux parties d'alkali fixe avec autant d'antimoine crud, ce qui produit un foie de soufre qui tient une portion d'antimoine en dissolution. Cette substance attire l'humidité de l'air, c'est pourquoi il faut y verser de l'esprit-de-vin pendant qu'elle est encore chaude, lorsqu'on veut faire la teinture d'antimoine. Si on mêle ensemble parties égales d'antimoine crud et de nitre bien sec et bien pulvérisé, et si après avoir mis ce mélange dans un mortier de fer, on y jette un charbon ardent, et que l'on couvre le mortier, il se fait une détonation vive, accompagnée d'une fumée épaisse ; et l'on trouve au fond du mortier une matière que l'on appelle faux foie d'antimoine, parce qu'il diffère de celui qui a été décrit ci-dessus. En effet, il n'attire point l'humidité de l'air ; il contient du foie de soufre, du tartre vitriolé, qui se dissolvent dans l'eau bouillante, et il se précipite une poudre rouge que l'on a nommée crocus metallorum, ou safran des métaux.

Si on dissout le foie d'antimoine dans de l'eau chaude, et que l'on filtre cette dissolution toute chaude, elle se troublera à mesure qu'elle se refroidira, et il s'en précipitera une poudre que l'on appelle soufre grossier d'antimoine. Si on filtre de nouveau la liqueur, et qu'on y verse un peu de vinaigre distillé, il se précipite une poudre d'un rouge foncé, que l'on nomme soufre doré d'antimoine. En filtrant de nouveau la liqueur à plusieurs reprises, et en y mettant à chaque fois une petite quantité de vinaigre distillé, on aura de nouveau un soufre d'antimoine, mais qui deviendra d'une couleur plus claire, et qui sera moins chargé de la partie réguline de l'antimoine.

Le kermès minéral, ou la poudre des Chartreux se fait en prenant trois parties d'antimoine crud concassé grossièrement ; on les fait bouillir dans cinq parties d'eau, dans laquelle on aura fait dissoudre une partie de sel alkali fixe. Lorsque l'eau aura été réduite à trois cinquiemes, on la décantera, et il se précipitera au fond une poudre rougeâtre, que l'on lavera quinze ou vingt fois dans un grand volume d'eau ; c'est la méthode suivie par M. Rouelle afin de lui enlever l'alkali fixe qui la rendrait caustique et émétique.

Le régule d'antimoine médicamenteux se prépare en faisant tondre ensemble dans un creuset cinq parties d'antimoine crud, avec une partie de sel alkali fixe. Lorsque la matière sera bien fondue on la versera dans un mortier de fer chauffé.

La neige d'antimoine est une préparation qui se fait en mettant du régule d'antimoine pulvérisé dans un pot de terre que l'on place sur un fourneau auquel on l'attachera par un lut, afin de concentrer la chaleur. On couvre le pot d'un couvercle percé d'un petit trou, qui y entrera facilement, et qui sera placé à environ deux ou trois doigts au-dessus du régule d'antimoine. On fermera le pot d'un autre couvercle ; on donnera un degré de feu qui fasse rougir le fond du pot et qui tienne l'antimoine en fusion. Lorsque les vaisseaux seront refroidis, on trouvera à la surface du régule d'antimoine une matière blanche crystallisée en forme d'aiguilles assez longues. Cette opération, suivant la remarque de M. Rouelle, prouve que l'antimoine est volatil tout seul et par sa nature.

Si on mêle ensemble une partie d'antimoine crud et deux parties de sel ammoniac bien séché, on n'aura qu'à mettre ce mélange dans une cucurbite de terre, à laquelle on adaptera un chapiteau de verre et son récipient. On poussera le feu peu-à-peu jusqu'à faire rougir le fond du vaisseau ; par ce moyen on aura dans le récipient de l'esprit de sel ammoniac, et les parois du chapiteau seront couverts de petites aiguilles jaunes, brunes et rouges que l'on nomme fleurs rouges d'antimoine, dans lesquelles une portion de ce demi-métal s'est sublimée avec le sel ammoniac. M. Rouelle regarde cette préparation comme peu sure, Ve que l'on n'est jamais assez certain de la quantité d'antimoine qui s'est unie et élevée avec le sel ammoniac.

En mettant de l'antimoine crud sur un plat de terre que l'on place sur un fourneau, et ayant attention de remuer de temps en temps, on réduit l'antimoine en une chaux grise ; mais il faut donner un feu doux, qui ne fasse point fondre l'antimoine. Quoique dans cette opération l'antimoine perde la plus grande partie de son soufre, on ne laisse pas de le trouver à la fin plus pesant qu'il n'était auparavant, phénomène qui a fort embarrassé les Chymistes. Glauber présume que cette augmentation de poids n'est qu'apparente, et que la pesanteur absolue demeure la même, et qu'il n'y a que la pesanteur spécifique qui augmente, tandis que le volume de la matière diminue. M. Rouelle a trouvé par des expériences hydrostatiques, que la pesanteur spécifique de l'antimoine était réellement augmentée par la calcination. En faisant fondre la chaux d'antimoine dans un creuset avec du flux noir, on aura un vrai régule d'antimoine.

Si l'on prend de la chaux d'antimoine grise, c'est-à-dire qui n'ait pas entièrement perdu son phlogistique, en la mettant dans un creuset rougi et placé au milieu des charbons dans un fourneau de forge ; cette chaux entrera en fusion, et formera un verre d'un jaune d'hyacinthe, que l'on nomme verre d'antimoine. Ce verre sera plus ou moins coloré, suivant que la chaux d'antimoine sera plus ou moins privée de phlogistique.

L'antimoine diaphorétique se fait en mêlant ensemble une partie de régule d'antimoine avec trois parties de nitre bien sec ; on jette ce mélange par cuillerées dans un creuset rougi dans les charbons, on remue le mélange avec une spatule de fer, et on le jette dans de l'eau. C'est une chaux d'antimoine privée de tout phlogistique ; quelques Chymistes l'appellent matière perlée. Il est très-nécessaire de laver cette matière dans un grand nombre d'eaux, afin de lui enlever sa causticité. Il doit être blanc lorsqu'il a été préparé convenablement, et alors il n'est nullement émétique. C'est à cette même substance que l'on a donné le nom de cerussa antimonii. Si l'on fait détoner parties égales d'antimoine et de nitre dans une cornue tubulée rougie par le fond, et à laquelle on aura adapté un ballon dans lequel on aura mis de l'eau, les fumées qui s'éléveront dans la détonation passeront dans le ballon, et formeront une liqueur acide que l'on a nommée clyssus antimonii, et qui est un mélange d'acide nitreux et d'acide sulfureux volatil ; ce qui restera dans la cornue, est un véritable antimoine diaphorétique.

Le tartre stibié, ou tartre émétique, ou émétique, est un sel formé par l'union de l'acide du tartre avec l'antimoine. Pour le faire, on prendra parties égales de verre d'antimoine et de crême de tartre, on pulvérisera et on mêlera bien ces deux matières ; on les mettra dans de l'eau bouillante, alors il se fera une effervescence très-vive ; lorsqu'elle sera passée on ôtera le vaisseau du feu ; on filtrera la dissolution, et en la faisant évaporer, l'on aura un sel neutre, que l'on dissoudra de nouveau pour le remettre en évaporation. Cette méthode, qui est celle de M. Rouelle, est la plus sure ; par son moyen l'on a un tartre émétique qui agit uniformément.

Le vin émétique est du vin dans lequel on a laissé infuser du verre d'antimoine. Il est plus ou moins violent, suivant que le vin est plus ou moins chargé d'acide.

Le beurre d'antimoine est l'acide du sel marin combiné avec l'antimoine. Pour faire cette préparation, on n'aura qu'à joindre ensemble quatre parties de sublimé corrosif, et une partie d'antimoine crud. Après avoir bien pulvérisé et mêlé ces deux matières, on les mêlera dans une cornue de verre, que l'on placera au bain de sable, et à laquelle on adaptera un ballon ou grand récipient. On couvrira la cornue d'un dôme de terre ; on donnera le degré de chaleur de l'eau bouillante ; il passera dans le col de la cornue, une matière épaisse, qui est ce qu'on appelle le beurre d'antimoine ; lorsqu'elle s'arrête ou se fige, on la fait couler en approchant un charbon allumé du col de la cornue. Si on dissout cette matière dans une grande quantité d'eau, il se précipite une poudre blanche, qui est un sel connu sous le nom de mercure de vie, ou de poudre d'Algaroth. Après que le beurre d'antimoine est passé à la distillation, il reste dans la cornue une poudre noire. Si on continue à donner un degré de chaleur convenable, il s'élève et s'attache à la partie supérieure de la cornue, une substance rouge, que l'on nomme cinnabre d'antimoine, qui n'est autre chose que le mercure contenu dans le sublimé corrosif, qui après s'être dégagé de l'acide du sel marin, s'est uni avec le soufre de l'antimoine crud. Quelques auteurs ont vanté l'usage de ce cinnabre, mais dans la réalité il n'a aucun avantage sur le cinnabre factice ordinaire.

Le bézoard minéral se fait en prenant une partie de beurre d'antimoine, et deux parties d'acide nitreux, que l'on met dans une cornue de verre placée au fourneau de réverbere ; il passe dans le récipient une véritable eau régale que l'on nomme esprit philosophique, ou esprit bézoardique ; et il reste dans le fond de la cornue une chaux d'antimoine que l'on a jugé à propos de nommer bézoard minéral.

Les Alchymistes toujours occupés de merveilles, ne se sont point oubliés sur le chapitre de l'antimoine ; ils ont donné à cette substance une infinité de noms mystérieux, par lesquels on a voulu indiquer les propriétés de ce demi-métal, dont on n'avait que des idées très-imparfaites ; c'est ainsi qu'on l'a appelé lupus, proteus, ultimus judex, plumbum sacrum, marcassita saturni, plumbum philosophorum, plumbum nigrum, magnesia plumbi, radix metallorum, omnia in omnibus, le lion rouge, le lion oriental, etc. Quelques-uns ont cru qu'il était susceptible d'être converti en un métal plus parfait, et l'on a surtout vanté l'antimoine qui venait des mines d'or de Hongrie, parce qu'on était dans la persuasion qu'il contenait un soufre solaire. On ne s'arrêtera point à refuter toutes ces idées romanesques qui n'ont aucun fondement.

Les Chymistes plus raisonnables regardent l'antimoine comme composé de trois substances ; 1°. d'une terre métallique, qui a la propriété de se vitrifier, comme on le voit par le verre d'antimoine ; 2°. d'une substance arsénicale, à laquelle on attribue sa volatilité, et la propriété qu'il a d'exciter le vomissement ; 3°. du phlogistique, ou de la matière inflammable qui donne à toutes les substances métalliques la forme qui leur est propre, et qui, lorsqu'elle leur est enlevée, les laisse dans l'état d'une terre ou d'une chaux.

L'antimoine a la propriété de dissoudre tous les métaux, à l'exception de l'or ; c'est pour cela qu'on s'en sert avec succès pour purifier ce roi des métaux, de tous ceux avec qui il peut être allié. Voyez OR. Mais dans cette opération ce n'est point la partie réguline de l'antimoine qui purifie l'or ; c'est le soufre avec lequel il est uni qui décompose l'argent, le cuivre, le fer, ou le plomb, qui étaient alliés avec l'or ; ce qui est si vrai, que jamais on ne parviendrait à purifier l'or, si on n'employait que du régule d'antimoine ; il faut, pour produire cet effet, de l'antimoine crud, qui est chargé de soufre, comme on l'a fait observer.

Le régule d'antimoine entre dans un grand nombre d'alliages métalliques. On en met avec l'étain, dans le bronze, etc.

C'est surtout dans la médecine et dans la pharmacie que son usage est le plus étendu ; la propriété qu'il a à faire vomir le rend très-propre à dégager l'estomac, et les premières voies des humeurs qui l'embarrassent ; mais les préparations de l'antimoine demandent à être faites par une main habile, Ve que c'est de-là que dépendent ses bons ou ses mauvais effets. Il faut aussi que le médecin, avant que de l'administrer, consulte le tempérament et la force de son malade. Il est nécessaire d'observer que les acides tirés des végétaux, tels que le vinaigre, le jus de citron, etc. donnent beaucoup plus d'activité aux préparations de l'antimoine ; c'est donc une méthode absurde et dangereuse, que celle de quelques médecins, qui ordonnent de la limonade aux malades qui sont trop fatigués par les effets du tartre émétique, Ve que par là loin d'amortir son action, ils l'augmentent considérablement. On ne courra aucun risque lorsqu'on donnera une petite quantité du tartre émétique, préparé de la manière qui a été indiquée, dans un grand volume d'eau chaude. La méthode que M. Rouelle recommande, est de faire dissoudre quatre grains de ce tartre dans une chopine d'eau, que l'on divisera en quatre verres, et que le malade prendra de quart d'heure en quart d'heure, jusqu'à ce qu'il commence à vomir ; alors il cessera d'en prendre, et boira une grande quantité d'eau chaude ; ce qui empêchera l'incommodité et le danger du remède.

Ce sont apparemment les mauvais effets de l'antimoine, ou plutôt la mauvaise manière de l'administrer, qui ont fait autrefois regarder cette substance comme un poison. Tout le monde sait que l'antimoine a été jadis proscrit par arrêt du parlement de Paris. Les ouvrages de plusieurs médecins du siècle passé sont remplis de déclamations étranges contre un remède, qui sera infiniment utile, lorsqu'il sera donné à propos et avec les précautions nécessaires. (-)

REGULES, nom que les Horlogers donnent à deux petits poids qui servaient autrefois à régler les horloges ; ils se mettaient sur le folio de chaque côté de son centre de mouvement ; de façon qu'en les approchant plus ou moins près de ce centre, on parvenait à régler l'horloge. Voyez nos Planches de l'Horlogerie.