RIDEAU, (Art milit. des anciens) les anciens couvraient leurs tours et les ouvrages qu'ils élevaient, avec des rideaux ou couvertures, pour les garantir des feux des assiégés, et des coups lancés par leurs machines. Ces rideaux étaient composés d'un tissu de crin et de peaux crues. On n'avait garde de les appliquer contre les tours ; mais on suspendait des couvertures en manière de rideaux à certaine distance ; car quoiqu'il paraisse dans la plupart des historiens, que ces couvertures étaient attachées et comme jointes à la charpente, on doit bien se garder de le croire. Ces rideaux ainsi disposés, n'auraient jamais pu résister aux traits et aux pièces lancées par les machines ; au lieu qu'étant suspendues à deux pieds de la charpente, ils rompaient et amortissaient la force et la violence des coups. Folard. (D.J.)

RIDEAU, en terme de Fortification, signifie une petite élévation de terre, qui s'étend en longueur sur une surface de terre unie, laquelle sert à couvrir un camp, ou à donner de l'avantage à un poste. Ce mot signifie proprement une courtine ou couverture, formé du latin ridellum, que Borel dérive de ridere. Le rideau sert aussi aux assiégeants qui s'en couvrent pour ouvrir la tranchée plus près de la place, ou pour couvrir le parc d'artillerie, etc. Chambers. Ainsi dire qu'on a ouvert une tranchée à 400 taises de la place à la faveur d'un rideau, c'est dire qu'il s'est trouvé à cette distance une petite élévation de terre qui ne permettait pas aux assiégés de découvrir plus loin dans la campagne.

On appelle encore quelquefois rideau, un fossé, ou plutôt une espèce de tranchée destinée à mettre le soldat à couvert des coups de l'ennemi. Voyez TRANCHEE. (Q)

RIDEAU, (Topographie) on nomme ainsi la berge élevée au-dessus du sol d'un chemin escarpé, sur le penchant d'une montagne, et qui fait en contre-haut ce que l'épaulement fait en contre-bas. (D.J.)

RIDEAUX, (Jardinage) ce sont des palissades de charmille, qu'on pratique dans les jardins pour arrêter la vue, afin qu'elle n'en saisisse pas tout-d'un-coup l'étendue : ce qui est une beauté. (D.J.)