Si l'or que l'on voudra souder est très-pur, on n'aura qu'à prendre une partie d'or pur, par exemple, 16 grains, on y joindra 1/3 d'argent pur, par exemple, 2 grains ; on mettra le tout dans un creuset bien net, où l'on fera fondre le mélange, en observant de le remuer ; on y ajoutera du borax de la grosseur de deux pois ; lorsque tout sera parfaitement fondu, on le videra dans une lingotière, on battra cet alliage pour le réduire en une lame très-mince, on le fera bouillir dans de l'eau, dans laquelle on aura fait dissoudre de l'alun ; après quoi, cet alliage sera propre à souder des morceaux d'or fin.

Si les morceaux d'or fin que l'on veut souder étaient très-délicats, on pourrait faire entrer dans la soudure, un peu plus d'argent, et en mettre le quart, ou même la moitié de la quantité d'or qu'on y emploie. Lorsque les morceaux à souder sont fort petits, on n'aura pas besoin de creuset pour fondre la soudure, on n'aura qu'à former un creux dans un charbon, et l'on y fera fondre la soudure ou le mélange, avec un chalumeau, la flamme d'une lampe ou d'une bougie. C'est la méthode des metteurs en œuvre.

Lorsque les pièces que l'on veut souder sont d'un or déjà allié, voici la composition que les Orfèvres emploient pour la soudure. On prend deux parties d'or fin, par exemple, deux gros ; on y joint une partie ou un gros d'argent fin, et autant de cuivre, c'est-à-dire, un gros ; on fait fondre le tout de la manière susdite, et l'on obtient une composition propre à souder l'or allié, soit avec de l'argent, soit avec du cuivre, soit avec l'un et l'autre de ces métaux ; on observera seulement de faire en sorte que la composition de la soudure ait une couleur conforme aux pièces que l'on veut souder. Ce qui se fera en mettant dans la soudure de l'argent ou du cuivre, proportionnellement à l'alliage de l'or à souder. Ainsi c'est sur la nature de l'alliage qu'il faut se régler, et pour la quantité d'or, et pour celle des deux autres métaux que l'on fera entrer dans la soudure, c'est-à-dire, on prendra plus d'or, si l'or à souder est pur ; et l'on prendra plus d'argent et de cuivre, si l'or à souder est plus allié avec l'un ou l'autre de ces métaux, ou avec tous les deux à la fais. Ainsi, si l'or était d'un très-bas aloi, on pourrait faire la soudure, en prenant 10 grains d'or fin, et 20 grains d'argent ou de cuivre, que l'on fera fondre, que l'on réduira en lames, et que l'on fera bouillir. C'est à chaque ouvrier à consulter la nature de l'or qu'il doit souder, et à faire sa soudure en conséquence.

Cela posé, tous les métaux, à l'exception du fer, entrent plus aisément en fusion que l'or, mais on ne peut point s'en servir pour cela, parce que les soudures n'auraient ni la couleur ni la ductilité de l'or. En se servant de l'argent, de l'étain et du plomb, on aurait une soudure blanche ; en se servant du cuivre, on aurait une soudure rouge. D'ailleurs l'étain rend l'or cassant, et la soudure ne tiendrait point, inconvénient qu'aurait pareillement le plomb. Le laiton ou cuivre jaune approcherait assez de la couleur de l'or, et il se fondrait plus promptement que lui ; mais comme le laiton contient du zinc, il est plus aigre que l'or, et il lui communiquerait même cette mauvaise qualité. Ainsi le parti le plus sur, est de prendre pour la soudure, une portion d'un or qui soit du même aloi que celui qu'on veut souder, et d'y joindre pour la fusibilité 1/3, ou tout au plus 1/4 d'argent ou de cuivre, ou de tous deux à la fais.

Quand la soudure pour l'or aura été ainsi préparée ; voici les précautions qu'il faudra prendre pour souder. On commencera par donner quelques coups de lime, ou l'on passera le grattoir sur les endroits par où l'on voudra souder les pièces, ce qui s'appelle aviver, ce qui se fait pour enlever de dessus l'or les saletés et l'espèce de rouille superficielle qui s'y forme à cause du cuivre avec lequel il est allié ; on les joindra fortement les unes aux autres en les liant avec un fil-de-fer ; on humectera les endroits que l'on veut souder, avec de l'eau que l'on y appliquera avec un pinceau ; on mettra par-dessus la soudure que l'on aura réduite en lame mince, et coupée en très-petits morceaux ; on les saupoudrera avec du borax tout calciné, réduit en poudre et mêlé avec du fiel de verre, bien pur et bien pulvérisé, de manière que la soudure et les endroits que l'on veut faire prendre en soient parfaitement couverts. Lorsque le tout aura été ainsi préparé, on mettra les pièces dans un feu de charbon bien allumé, de manière qu'elles en soient entourées ; on soufflera légèrement avec un soufflet ou avec la bouche, jusqu'à ce qu'on voie que la soudure soit bien fondue, ce que l'on reconnaitra lorsqu'elle paraitra unie et luisante comme un miroir ; alors on écartera les charbons qui sont par-dessus et tout-au-tour, après quoi on prend avec des pinces les pièces soudées, et on les jette dans de l'eau pour les refroidir.

Il faut que le borax que l'on emploiera dans cette opération ait été calciné, sans cela il arriverait des inconvéniens, Ve que ce sel bouillonne dans le feu, lorsqu'il n'a point été calciné, ce qui pourrait causer du dérangement dans la position des lames minces ou des petits morceaux de soudure. Cette calcination se fera dans un creuset que l'on n'emplira de borax que jusqu'à moitié ; lorsqu'il aura suffisamment bouillonné, on retirera le creuset que l'on laissera refroidir, et le borax sera facîle à réduire en une poudre blanche que l'on conservera pour l'usage. Si on donnait un trop grand feu au creuset, le borax se changerait en verre, et alors on en perdrait une portion qui resterait attachée aux parois du creuset.

Lorsque les pièces d'or que l'on veut souder sont petites, on ne peut point les mettre dans un feu de charbon ; alors on se sert d'une lampe garnie d'une meche, dont avec un chalumeau on souffle la flamme sur les petites pièces que l'on veut joindre ensemble, et que l'on a placées dans un creux pratiqué dans un charbon de bois et propre à recevoir ce qu'on veut souder ; lorsqu'on a mis les pièces dans ce creux, on les couvre d'un autre petit charbon, après quoi, avec le chalumeau, on souffle la flamme de la lampe, de manière qu'elle forme un dard qui aille donner sur les pièces à souder, et surtout sur l'endroit que l'on veut faire prendre ; on continue à souffler jusqu'à ce qu'on voie que la soudure soit bien fondue, alors on cesse de souffler, et on laisse refroidir la pièce d'elle-même, ou bien on la jette dans l'eau.

Lorsque des pièces d'or passent par le feu, elles perdent leur éclat et leur couleur, surtout quand l'or est d'un bas titre, alors il faut chercher à leur rendre leur éclat et leur couleur ; pour cet effet on se sert d'une liqueur qui n'est autre chose que de l'eau seconde, ou bien de l'eau simple, dans laquelle on a fait dissoudre de l'alun à volonté ; on fait rougir les pièces d'or qui ont été soudées, et on les éteint dans cette dissolution d'alun, que l'on fait bouillir pendant quelques minutes sur du feu ; au bout de ce temps on retire les pièces, et on les frotte avec de la pierre ponce en poudre, après quoi, on les lave de nouveau.

Il arrive aussi que par la soudure dans laquelle on emploie le borax, l'or prend une couleur plus pâle : mais on pourra lui rendre sa couleur naturelle, au moyen de la liqueur naturelle suivante. On prend parties égales de nitre purifié, d'alun et de sel marin ; on mêlera ces sels, et on les réduira en poudre ; on trempera la pièce d'or qui aura été soudée dans de l'eau, ou dans de la bière, après quoi on la roulera dans le mélange susdit, afin qu'elle en soit entièrement couverte ; alors on la mettra sur des charbons allumés, jusqu'à ce que la poudre environnante commence à bouillonner ; à ce signe on retirera promptement la pièce, et on la trempera dans de l'eau ou dans de la bière ; on enlevera la poudre qui y sera restée attachée avec une brosse, ou en la frottant doucement avec un morceau d'étoffe, et un peu de pierre-ponce, après quoi on pourra lui donner quelques coups de brunissoir. Par ce moyen la pièce aura repris la couleur d'or qu'elle doit avoir. Telle est la manière de souder l'or.

Soudure de l'argent. Pour souder de l'argent, on observera les mêmes règles que nous avons indiquées pour l'or ; les grands ouvrages pourront pareillement se souder dans un feu de charbon, et les petits à la lampe et à l'aide d'un chalumeau. Quant à la soudure que l'on y emploie, les Orfèvres en distinguent de deux espèces ; l'une s'appelle soudure forte, et l'autre soudure tendre.

La première s'appelle forte, parce qu'elle est difficîle à fondre, et qu'elle souffre le marteau tout comme les pièces mêmes qui ont été soudées. L'autre soudure est plus aisée à fondre, mais plus cassante.

Quoique l'argent varie pour l'alliage ou pour le titre, ainsi que l'or ; quand il s'agit de le souder, on consulte plutôt la grandeur et l'épaisseur des pièces que leur titre ; ainsi lorsque les pièces sont grandes, on emploie la soudure forte, et lorsqu'elles sont petites et minces, on se sert de la soudure tendre.

La meilleure soudure forte se fait en mêlant parties égales de laiton ou de cuivre jaune et d'argent : on fait fondre ces deux métaux dans un creuset bien net, et on remue la matière fondue avec une verge de fer ; on y joint pendant la fusion un peu de borax, auquel on ajoute aussi quelquefois un peu de fiel de verre. Lorsque le tout est bien fondu, on vide le creuset dans une lingotière où on laisse la matière se refroidir, après quoi on la réduit en lames très-minces que l'on lave dans la liqueur à blanchir l'argent, que nous décrirons par la suite. On coupe les lames en petits morceaux ; mais il faut observer de faire rougir ces lames au feu, lorsqu'on les a durcies en les frappant au marteau, ce que l'on connait lorsqu'elles se gersent par les bords, ou lorsqu'elles commencent à se fendre.

Quelques orfèvres donnent la préférence à une soudure faite avec quatre parties d'argent et trois parties de cuivre jaune. Cette soudure est plus aisée à fondre que la précédente, mais elle ne souffre point si bien le marteau. Cependant on peut l'employer avec succès dans les ouvrages de moyenne grandeur.

D'autres prennent deux parties d'argent fin et une partie d'oripeau ou de laiton en feuilles minces, que l'on ne met dans le creuset que lorsque l'argent est entré en fusion, circonstance qui est pourtant indifférente. Il faut seulement observer de ne point laisser cette soudure trop longtemps en fusion, parce qu'elle deviendrait aigre et cassante, et trop difficîle à fondre. Cette soudure est encore plus fusible que la précédente.

Les livres sont remplis de recettes pour faire des soudures pour l'argent ; quelques-uns disent qu'il faut y faire entrer de l'arsenic, et même du mercure ; mais il est aisé de sentir que ces substances doivent rendre la soudure aigre et cassante, et donner une mauvaise qualité aux pièces soudées.

A l'égard de la soudure tendre de l'argent, voici celle que l'on regarde comme la meilleure. On prend une partie d'argent très-fin et autant de cuivre jaune ; on les fait fondre ensemble, après quoi on met de zinc la huitième partie de ce qu'on a mis d'argent ; on continue encore à faire fondre le mélange, on remue le tout, et l'on y joint un peu de borax, et aussi-tôt après on vide la composition dans une lingotière.

On peut encore faire cette soudure en prenant une partie d'argent fin, douze parties de cuivre jaune et quatre parties de zinc. On commence par faire fondre l'argent et le cuivre jaune, après quoi on y joint le zinc après l'avoir chauffé ; on remue le tout, l'on y met ensuite une partie de borax, et peu après on vide le creuset.

Quelques-uns joignent une petite portion d'étain à l'argent et au cuivre jaune ; mais il faut observer que l'étain rend la soudure aigre et cassante. On peut aussi se servir de l'étain fin, pour souder les petits ouvrages en argent ; mais lorsqu'on est dans le cas de refondre ces ouvrages d'argent, l'étain nuit à l'argent, et l'on est obligé de l'en séparer avec soin, sans quoi il rendrait toute la masse très-aigre.

Comme l'argent que l'on emploie dans la vaisselle ou pour d'autres usages est ordinairement allié avec du cuivre, les ouvrages d'argenterie qui ont été soudés, deviennent noirs par cette opération, et perdent leur éclat ; on remédie à cet inconvénient en faisant la composition suivante, dans laquelle on fait blanchir les pièces. On prend parties égales de tartre crud et de sel marin, que l'on réduit parfaitement en poudre ; on met ce mélange dans un vaisseau de terre neuf et vernissé, ou bien, si l'on a un grand nombre de pièces à blanchir, on prend un grand chaudron de cuivre jaune. On verse de l'eau sur le mélange de tartre et de sel, ce qui fera une dissolution qu'on rendra forte à volonté. On place le chaudron sur un feu de charbon, on fera rougir au feu la pièce qu'on voudra blanchir, en prenant garde de ne point la laisser fondre ; plus la pièce sera mince, plus il faudra y avoir attention. Lorsque la pièce aura rougi, on la jettera dans la liqueur dont elle doit être entièrement couverte ; on la fera bouillir doucement pendant une demi-heure ou même plus, en observant de la remuer avec une baguette ou une cuillere de cuivre jaune, mais il faudra bien se garder de se servir pour cela d'un instrument de fer qui ferait des taches sur l'argent. De temps en temps on sortira une pièce de l'eau pour voir si elle est devenue blanche ; lorsqu'elle sera au point de blancheur que l'on désire, on ôtera le chaudron de dessus le feu, et l'on trempera les pièces dans de l'eau bien nette ; on les frottera avec du sable fin ou avec une brosse, et on les remettra dans de nouvelle eau ; on les essuyera bien proprement avec un linge, ou bien on les fera sécher au-dessus d'un brasier de charbon. S'il se trouvait quelque pièce qui ne fût point parfaitement blanche, on la remettrait de nouveau dans la même liqueur, ce que l'on est quelquefois obligé de réitérer plusieurs fais.

Il y a encore une autre liqueur dont les Orfèvres et les Jouailliers se servent pour blanchir les ouvrages d'argenterie ; elle consiste à faire bouillir les pièces pendant environ un demi-quart d'heure dans une dissolution d'alun, après quoi on les nettoie de la manière qui vient d'être décrite. Quelques-uns conseillent de mettre les pièces d'argent à tremper pendant vingt - quatre heures dans de l'eau seconde, mais cette méthode ne blanchit point parfaitement l'argent. On réussira encore en frottant les pièces d'argenterie avec de l'eau de savon, sans avoir besoin de les y faire bouillir. Quelques orfèvres nettoient leurs pièces, soit avec de la pierre à plâtre réduite en poudre, soit avec des os de seche, soit avec de la craie et du vinaigre, etc.

Soudure du cuivre. On emploie différentes compositions pour la soudure du cuivre ; les unes s'appellent soudures fortes, les autres soudures tendres. Voici une manière de faire la soudure forte, qui se pratique par les ouvriers en cuivre. On prend seize parties de cuivre jaune et une partie de zinc. On commence par faire fondre le cuivre jaune dans un creuset ; et lorsqu'il est bien fondu, on y joint le zinc que l'on aura préalablement fait chauffer, afin qu'il ne petille point ; comme il ferait, si on le mettait tout-d'un-coup dans le creuset ; on remue le mélange, et l'on recouvre proprement le creuset ; lorsqu'on l'a laissé entrer parfaitement en fusion pendant deux minutes, on vide le creuset sur un ballet de bouleau placé au-dessus d'une cuve pleine d'eau ; par ce moyen le mélange fondu se réduira en une grenaille, qui est la soudure désirée ; on la lavera et on la conservera pour l'usage. Cette soudure est très-bonne pour souder les grosses pièces, elle souffre très-bien le marteau ; mais comme elle est assez difficîle à fondre, quelques-uns préfèrent de ne prendre que huit parties de cuivre jaune contre une partie de zinc ; cette soudure est très-fusible, et cependant très-malléable. Un mélange de trois parties de cuivre rouge et d'une partie de zinc fait encore une très-bonne soudure. D'autres ne font que simplement couper des lames de cuivre jaune en petits morceaux, qu'ils appliquent sur l'endroit qu'ils veulent souder, en y joignant du borax.

La soudure tendre pour le cuivre n'est autre chose qu'un mélange de deux parties d'étain, et d'une partie de plomb que l'on fait fondre ensemble ; après quoi on en forme un lingot dont on se sert au besoin.

Lorsqu'on veut faire des ouvrages propres en cuivre, sans avoir égard à la dépense, on peut se servir des soudures qui ont été décrites pour l'argent, et même de celles pour l'or.

Quand on veut souder des pièces de cuivre, on commence par donner quelques coups de lime sur les jointures ou sur les endroits que l'on veut joindre, ou bien on y donne quelques coups de grattoir ; on échauffe les pièces dans un feu de charbon ; on met ensuite un peu de colophone sur les endroits qu'on veut faire prendre, puis on y met quelques morceaux de la soudure tendre, composée d'étain et de plomb ; lorsque cette soudure est fondue, on enlève ou l'on essuye le superflu de la soudure, tandis qu'elle est encore fluide, avec de l'étoupe ou de la filasse.

On se sert encore d'une autre méthode pour souder les ouvrages en cuivre. Les ouvriers ont des outils particuliers, appelés fers à souder, qui sont de fer ou de cuivre que l'on fait rougir, sans cependant que la chaleur aille jusqu'à les blanchir. Quand le fer à souder est d'un rouge de cerise, on lui présente un lingot de la soudure tendre qui venant ainsi à se fondre, tombe goutte à goutte sur l'endroit qu'on veut souder, sur lequel on a d'abord répandu un peu de colophone ; après cela on repasse avec le fer à souder tout chaud sur l'endroit que l'on veut faire prendre, par-là on égalise la soudure ; on enlève ensuite le superflu avec une lime ou un grattoir.

Comme les pièces de cuivre qui ont été soudées perdent leur couleur et se noircissent, on la leur rend en les trempant dans une liqueur qui est de l'urine, dans laquelle on a mis des cendres de bois neuf. On fait bouillir ce mélange ; et après avoir fait rougir au feu les ouvrages, on les éteint dans la liqueur ; ou bien, on les éteint dans une simple dissolution de sel marin : cette opération s'appelle décaper.

Soudure du laiton ou cuivre jaune. On emploie aussi une soudure forte, et une soudure tendre pour le laiton ou cuivre jaune. La soudure forte est la même que pour le cuivre rouge, c'est-à-dire de seize parties de laiton contre une partie de zinc, que l'on fait fondre et que l'on met en grenaille de la même manière. Cette soudure est encore fort bonne en ne mettant que huit parties de laiton contre une partie de zinc. Si on veut que la soudure soit encore plus aisée à fondre, on ne prend que six parties de laiton. On prend aussi quelquefois trois parties de cuivre rouge que l'on fait fondre avec une partie de zinc : cette soudure est dure et solide. D'autres prennent deux parties de cuivre rouge contre une partie de zinc. On peut ainsi varier les proportions du zinc et du cuivre : ce qui donne des soudures plus ou moins jaunes, en raison du plus ou du moins de zinc qu'on y a fait entrer, ce qui les rend aussi plus fusibles et plus tendres. La soudure tendre du cuivre jaune se fait ordinairement avec six parties de laiton, une partie de zinc et une partie d'étain. On commence d'abord par faire fondre le cuivre jaune ou laiton ; lorsqu'il est fondu, on y joint l'étain, et aussi-tôt après on y met le zinc, après avoir eu la précaution de le chauffer ; on remue le tout, et on le met en grenaille, on le lave et on le conserve pour s'en servir au besoin.

Dans les petits ouvrages qui ne demandent pas beaucoup de solidité, on se sert d'une soudure faite avec de l'étain et du plomb, pour les ouvrages en cuivre jaune. Elle est composée ordinairement de trois parties d'étain fin, et d'une partie de plomb. Pour appliquer cette soudure, il faut toujours donner quelques coups de lime ou de grattoir aux endroits que l'on veut souder, et y répandre un peu de colophone ; après quoi on y fait tomber la soudure avec le fer à souder rougi, dont on se sert ensuite pour égaliser les jointures soudées.

On peut se servir pour le tombac et pour les autres compositions métalliques qui ont le cuivre jaune pour base, des mêmes soudures que pour le laiton ou le cuivre jaune.

Soudure pour le fer. Tous les métaux sont plus fusibles que le fer ; ainsi on peut se servir d'eux pour souder ce métal. On emploie communément à cet usage le cuivre rouge et le cuivre jaune pour les grands ouvrages. On peut encore se servir de toutes les soudures fortes du cuivre jaune. Dans les ouvrages de fer qui exigent de la propreté, on peut souder avec l'or, si les ouvrages méritent cette dépense.

Lorsqu'on veut souder de grandes pièces de fer avec le cuivre, on commence par limer les jointures par où l'on veut joindre les pièces ; ensuite on coupe de petites lames de cuivre que l'on applique sur les jointures, où on les assujettit au moyen d'un fil ; on met par-dessus un enduit de glaise ou de terre grasse qui environne la soudure de tous côtés. Quelques-uns mettent un peu de verre pilé ou de sablon fin sur le cuivre qui doit servir à souder, avant que de l'entourer de terre grasse. D'autres mêlent avec cette terre toutes sortes de matières propres à faciliter la fusion ; après quoi on fait sécher doucement la terre grasse en la présentant de loin au feu. Alors on place les pièces qu'on veut souder dans la forge, en observant sur - tout que le vent du soufflet aille donner directement sur la partie qui doit être soudée, afin d'échauffer fortement cette partie. Lorsqu'on s'aperçoit que les pièces sont rougies jusqu'à blancheur, et que la terre grasse s'est vitrifiée, on les retire du feu ; si c'est du fer tendre, on les trempe dans l'eau ; si c'est de l'acier, on le laisse refroidir de lui-même. Pour-lors on ôte la glaise vitrifiée, et on polit avec les outils convenables l'endroit qui a été soudé. Le procédé est le même, si, au-lieu de cuivre rouge, la soudure a été faite avec du laiton ou cuivre jaune, ou avec les soudures fortes qui ont été indiquées pour le laiton.

Comme les ouvrages d'acier perdent une partie de leur dureté toutes les fois qu'elles passent par le feu, on est obligé de les tremper de nouveau après les avoir soudées, afin de leur rendre la dureté qu'elles avaient perdue. Voyez TREMPE DE L'ACIER.

La soudure des ferblantiers n'est autre chose qu'un mélange de parties égales d'étain et de plomb. Pour souder les jointures, ils ne font que les mouiller avec un peu d'eau, ils y répandent un peu de colophone en poudre, ils prennent leur fer à souder qui est tout chaud, ils l'essuient, et par son moyen font tomber quelques gouttes de soudure sur les jointures, et y repassent avec le fer à souder. Pour faire pénétrer la soudure jusqu'à ce qu'ils n'aperçoivent aucun intervalle vide, ils enlèvent le superflu de la colophone et de la soudure, en frottant avec un morceau d'étoffe de laine. Cette soudure convient à tous les ouvrages qui sont étamés.

Soudure de l'étain. Pour souder l'étain, on se sert d'un étain mêlé de plomb à parties égales ; d'autres mettent un peu plus d'étain que de plomb ; ils prennent, par exemple, 3 1/4 livres d'étain contre 2 livres de plomb : c'est ce que les Potiers - d'étain appellent soudure forte. La soudure tendre est celle dont ils se servent pour les petits ouvrages. Pour la faire, on joint du bismuth à l'étain et au plomb dans des proportions différentes. Les uns prennent 3 onces de bismuth contre 2 onces de plomb, et 4 onces d'étain fin ; les autres mettent 4 onces de bismuth sur 2 onces de plomb, et 4 onces d'étain ; d'autres font leur soudure avec une partie de bismuth, une partie de plomb et deux parties d'étain fin ; d'autres enfin y mettent six parties d'étain, une partie de plomb et un quart de bismuth. On fond ensemble ces trois substances, et l'on en forme des lingots.

Ceux qui font des boutons d'étain ont une soudure dont ils font grand mystère, ils y mettent une livre de bismuth, un quarteron de plomb, et trois quarterons d'étain. D'autres font cette soudure avec une partie d'étain, une partie de bismuth, et un peu plus de la moitié de plomb. D'autres enfin prennent six parties de bismuth, six parties d'étain fin, et trois parties de plomb.

Il y a différentes manières d'appliquer ces soudures sur les ouvrages en étain. 1°. La première consiste à former avec de la glaise une espèce de rigole, qui fait que la soudure fondue coule dans les jointures que l'on veut faire prendre, sans pouvoir se répandre. 2°. Il y a une seconde manière de faire la même soudure ; quant à celle de l'appliquer, c'est la même qu'on a décrite pour la soudure du fer-blanc. 3°. Pour les ouvrages qui demandent de la propreté, on se sert du chalumeau et de la lampe comme pour les soudures de l'or et de l'argent.

Soudure du plomb. On se sert de différentes soudures pour le plomb ; la plus ordinaire est faite avec du plomb et de l'étain, auxquels on joint quelquefois du bismuth. La soudure des faiseurs-d'orgues est composée de quatre parties de bismuth, seize parties d'étain, et huit parties de plomb. D'autres la font avec trois parties de bismuth, quatorze parties d'étain, et onze parties de plomb. Cette soudure pour les tuyaux d'orgues doit varier à proportion des différents alliages dont on se sert pour faire les différents tuyaux. Tantôt on prend parties égales de plomb et d'étain, tantôt deux parties de plomb contre une partie d'étain, tantôt deux parties d'étain contre une de plomb ; on y joint aussi quelquefois de l'antimoine.

On peut encore employer pour le plomb les soudures propres aux Ferblantiers et aux Potiers-d'étain.

Non-seulement on soude ensemble des pièces d'un même métal, mais encore dans l'Orfèvrerie et la Bijouterie on est souvent obligé de souder des pièces de différents métaux. Pour souder l'or avec l'argent, l'or avec le cuivre, l'or avec le fer, on peut se servir des mêmes soudures que pour l'or fin et l'or allié.

Pour souder l'argent avec le cuivre rouge, le cuivre jaune, le fer, on pourra se servir des soudures indiquées pour l'argent.

Pour souder le cuivre rouge avec le cuivre jaune et avec le fer, on pourra employer les soudures indiquées pour le laiton ou cuivre jaune ; elles peuvent aussi servir à souder le cuivre jaune avec le fer et l'acier, cependant beaucoup d'artisans se servent pour cela de la même soudure que pour l'étain.

Toutes les méthodes indiquées dans cet article important pour les arts et métiers, sont extraites d'un ouvrage allemand de M. Klein, qui a pour titre, Description détaillée de la soudure des métaux, publié à Berlin en 1760, et qui est l'ouvrage le plus complet qui ait encore été publié sur cette matière intéressante. (-)

SOUDURE, en terme de Bijoutier, c'est une composition d'or bas, d'argent et de cuivre fort, aisée à fondre. Il y a de la soudure au tiers, au quatre, au cinq, au six, au sept, au huit, au neuf et au dix, qui est la plus forte qu'on emploie. Pour faire la soudure au quatre, par exemple, on prend trois parties d'or et une d'aloi que l'on fait fondre ensemble, et que l'on forge de l'épaisseur d'une pièce de six liards ; et on la coupe par paillons plus ou moins gros. On marque chaque morceau de soudure du numéro de son titre, et on renferme les paillons coupés dans des boites aussi numérotées de leurs titres, afin d'éviter l'inconvénient d'employer une soudure pour une autre. Voyez ALOI.

SOUDURE, en terme de Diamantaire, est une composition d'étain et de plomb fondus ensemble : un tiers du premier, et deux tiers de l'autre. Monter en soudure, Voyez Mettre en soudure.

Mettre en SOUDURE, en terme de Diamantaires, c'est monter le diamant dans la coquille sur un mélange d'étain et de plomb, qu'on appelle soudure. Ce mélange prend la forme d'un cone qui remplit par sa base la coquille et au fond duquel est le diamant que l'on veut tailler.

SOUDURE, terme de Ferblantiers. La soudure des ferblantiers est d'étain. Ils s'en servent pour joindre ensemble deux ou plusieurs pièces de fer-blanc. Ils commencent par mettre sur la raie ou les pièces qu'ils veulent souder, de la poix-résine écrasée ; ensuite ils enlèvent avec le fer à souder un petit morceau de soudure, et le posent sur la poix-résine : la chaleur du fer fait fondre la soudure, la poix-résine, et les fait incorporer avec les pièces de fer - blanc et les assujettit ensemble.

SOUDURE, terme d'Horlogers. Les Horlogers en emploient de plusieurs espèces. La soudure d'étain qui est la même que celle des ferblantiers, le zinc et la soudure d'argent ou soudure au tiers : elle se fait en mettant les deux tiers d'argent et un tiers de cuivre.

Les mouleurs de boites ont des soudures de différents numéros, comme de la soudure au 3, au 4, au 5, ce qui signifie que sur 3 ou 4 ou 5 parties de soudure il y en a une d'alliage d'un métal inférieur ; ainsi la soudure d'or au 4 est un mélange de 3 parties d'or au titre avec une d'argent ou de rosette, selon que l'on emploie de l'or rouge ou de l'or blanc. On emploie la soudure la plus forte sur les ouvrages de plus haut titre.

SOUDURE, dont les Facteurs d'orgues se servent, est un mélange de deux parties d'étain et d'une de plomb, que l'on fond ensemble dans une cuillière de fer, et que l'on coule en plusieurs bandes larges d'un pouce, et épaisses seulement de deux lignes ou environ. On met la soudure en bandes plates, afin que les fers à souder avec lesquels on la prend sur la tuile, puissent la fondre plus aisément. Ainsi si on veut faire trois livres de soudure, il faut deux livres d'étain et une livre de plomb : elle sert à joindre deux ou plusieurs pièces et à n'en faire qu'une. Avant que d'employer la soudure, il faut blanchir les rives de ce que l'on veut souder, laisser sécher le blanc, ensuite gratter le blanc et la surface du tuyau avec la pointe à gratter décrite à son article. Cette pointe doit être bien affilée sur la pierre à l'huile, afin de ne point éclater le blanc qui doit border les deux côtés de la soudure, et qui l'empêche de s'étendre au-delà de ce qui est nécessaire. Une bonne soudure doit avoir une ligne, une ligne et demie ou au plus deux lignes de large, selon l'épaisseur et la grandeur des pièces que l'on soude, et être bordée de chaque côté par une bande de blanc de 4 ou 5 lignes de large plus ou moins. Le blanc qui sert à empêcher la soudure de couler et de s'étendre au-delà de l'endroit où on veut qu'elle sait, sert aussi à empêcher les tuyaux de fondre à l'approche du fer chaud avec lequel on pose et on fait couler la soudure dans l'espace que l'on a gratté de part et d'autre de la fente qui sépare les deux pièces que l'on veut joindre. On doit avoir gratté en biseau, c'est-à-dire, en sorte que la pointe ait pénétré plus avant vers la rive ou arrête, où elle doit avoir atteint toute l'épaisseur, que vers le blanc où elle ne doit qu'effleurer la superficie.

La gratture doit être bien unie, sans ressauts ni bosses, afin que la soudure vienne de même ; pour cela il faut gratter légèrement : on la graisse ensuite avec du suif de chandelle, et on applique la soudure avec les fers à souder que l'on traine tout-du-long des endroits qu'il faut souder, voyez FERS A SOUDER, qui doivent être étamés et chargés de soudure autant qu'il est besoin.

Lorsqu'une soudure est bien faite, elle doit former dans toute sa longueur une petite convexité très-unie et par - tout de même largeur, laquelle dépend de l'égalité avec laquelle on a gratté le tuyau.

SOUDURE, (Plombier) mélange fait de deux livres de plomb avec une livre d'étain, qui sert à joindre les tables de plomb ou de cuivre. On la nomme soudure au tiers.

Soudure en losange ou en épi. Grosse soudure avec bavures en manière d'arrête de poisson. On la nomme soudure plate, quand elle est plus étroite, et qu'elle n'a d'autre saillie que son arrête. Daviler. (D.J.)

SOUDURE, (Maçonnerie) On entend par soudure, du plâtre serré dont on raccorde deux enduits qui n'ont pu être faits en même temps sur un mur ou sur un lambris. (D.J.)

SOUDURE, (Droit romain) La soudure fait dans le droit romain un objet de question qui a partagé tous les jurisconsultes ; parce que comme ils ont cru qu'on ne pouvait pas séparer les métaux, par exemple, l'or du cuivre, ou que la soudure produisait un vrai mélange des deux matières soudées ensemble ; ils ont établi, que des deux choses jointes ensemble, la moindre était acquise au maître de la plus grande.

Quelques - uns d'eux ont distingué deux sortes de soudure, l'une qui se fait avec une matière de même genre que les deux corps soudés ensemble ; l'autre qui se fait avec une matière de différente nature. Ils appellent la première ferruminatio, et l'autre plumbatura. Suivant l'idée de ces jurisconsultes, la première sorte de soudure confond les deux corps soudés ensemble, de manière que le tout demeure par droit d'accessoire au propriétaire de la plus grosse, ou de la plus considérable partie, quand même elle viendrait ensuite à être séparée de la moindre ; comme si un bras soudé à une statue d'or, se détachait. Que si les deux parties étaient égales, en sorte que l'une ne put être regardée comme une accessoire de l'autre ; alors, disent-ils, aucun des deux propriétaires ne pourrait s'approprier le tout, et chacun demeurerait maître de sa portion.

D'un autre côté, quand deux pièces d'argent, par exemple, sont soudées avec du plomb, ou que l'on soude ensemble deux pièces de différent métal, ce qu'on appelait plumbatura ; ces mêmes jurisconsultes voulaient qu'en ce cas, il n'y eut point de mélange, et qu'ainsi les deux corps soudés demeurent chacun à leur maître, soit que l'un se trouve plus ou moins considérable que l'autre.

Mais on ne voit aucun fondement solide de cette différence ; car deux pièces d'argent soudées ensemble avec de l'argent, demeurent aussi distinctes l'une de l'autre, que si elles étaient soudées avec du plomb, ou si une pièce de fer était soudée avec une pièce d'argent.

Après tout, il ne faut pas s'étonner que les décisions des jurisconsultes romains soient si peu nettes sur cette matière. En effet, ce n'est point par des idées physiques ou métaphysiques, ni même par la destination, l'usage, ou le prix des choses mêlées ensemble, qu'on doit décider les questions sur l'accessoire ; mais c'est par de tout autres principes que nous établirons ailleurs plus convenablement qu'au chetif mot SOUDURE. (D.J.)