Navire à fret, c'est un navire que le bourgeois ou propriétaire loue à des marchands ou autres, pour transporter leurs marchandises d'un port à un autre port, et même pour des voyages de longs cours. Voyez FRET.

Navire envictuaillé, c'est un navire qui a toutes ses provisions et munitions, tant de guerre que de bouche.

Navire en charge, est un navire dans lequel on embarque actuellement des marchandises, et qui n'a pas encore sa cargaison complete . Voyez CARGAISON.

Navire chargé, est celui dont la charge est faite ou la cargaison complete .

Navire terre neuvier, c'est un navire destiné à la pêche de la morue, sur le grand banc de Terre-Neuve. On y appelle navire banqué, celui qui est placé sur le banc et qui y fait sa pêche ; et navire débanqué, celui qui a fini sa pêche, ou qui est dérivé de dessus le banc par le mauvais temps.

Navire, on donne aussi quelquefois aux navires le nom des états, provinces, villes où ils ont été construits ou équipés : ainsi l'on dit navire anglais, navire normand, navire breton, navire malouin, navire nantais, etc.

Navire de registre, on appelle ainsi en Espagne et dans l'Amérique espagnole un navire marchand à qui le conseil des Indes a accordé la permission d'y aller trafiquer, moyennant une certaine somme et sous certaines conditions. Voyez REGISTRE, dictionn. de Commerce.

NAVIRE ARGO, (Mythologie) c'est le célèbre vaisseau sur lequel s'embarquèrent pour la conquête de la taison d'or tout ce qu'il y avait de héros dans la Grèce, c'est-à-dire, de gens des plus distingués par la valeur, la naissance et les talents. Voyez ARGO. (D.J.)

NAVIRE D'ARGOS, (Astronomie) grande constellation méridionale près du chien au-dessous de l'hydre. Elle est composée de 57 étoiles.

M. Halley se trouvant dans l'île de sainte Helene, a déterminé la longitude et la latitude de 46 de ces étoiles, qu'Hevelius a réduites à l'année 1700 dans son prodromus astronomiae, pag. 312. Le P. Noel a déterminé l'ascension et la déclinaison de ces étoiles pour l'année 1687 dans les observations mathématiques et physiques. Il a aussi donné la figure de la constellation entière dans cet ouvrage, de même que Bayer Vranometria, Plan. q. q. et Hévelius Firmamentum sobiescianum, fig. E E e. Quelques astronomes donnaient à cette constellation le nom de l'arche de Noé. On l'appelle encore currus volitants, marea et sephina. Dictionnaire de mathémat. (D.J.)

NAVIRE PROFONCIE, terme de Marine, vaisseau qui tire beaucoup d'eau, et à qui il en faut beaucoup pour le faire flotter.

NAVIRE SACRE, (Antiquit. égypt. grecq. et rom.) On appelait navires sacrés chez les Egyptiens, les Grecs et les Romains, des bâtiments qu'on avait dédiés aux dieux.

Tels étaient chez les Egyptiens 1°. le vaisseau qu'ils dédiaient tous les ans à Isis ; 2°. celui sur lequel ils nourrissaient pendant quarante jours le bœuf Apis, avant que de le transférer de la vallée du Nil à Memphis, dans le temple de Vulcain. 3°. La nacelle nommée vulgairement la barque à Caron, et qui n'était employée qu'à porter les corps morts du lac Achéruse ; c'est de cet usage des Egyptiens qu'Orphée prit occasion d'imaginer le transport des âmes dans les enfers au-delà de l'Achéron.

Les Grecs nommèrent leurs navires sacrés, ou . Mais entre les bâtiments sacrés qu'on voyait en différentes villes de la Grèce, les auteurs parlent surtout de deux galeres sacrées d'Athènes, qui étaient particulièrement destinées à des cérémonies de religion, ou à porter les nouvelles dans les besoins pressants de l'état.

L'une se nommait la Parale, ou la galere Paraliene, ; elle emprunta son nom du héros Paralus, dont parle Euripide, et qui joint à Thésée, se signala contre les Thébains. Ceux qui montaient ce navire s'appelaient Paralliens, dont la paie était plus forte que celle des autres troupes de marine. Quand Lisandre eut battu la flotte athénienne dans l'Hellespont, l'on dépêcha la galere Paralienne, avec ordre de porter au peuple cette triste nouvelle.

L'autre vaisseau, dit le Salaminien, ou la galere Salaminienne, , prit, selon les uns, sa dénomination de la bataille de Salamine, et selon les autres, de Nausitheus, son premier pilote, natif de Salamine ; c'était cette célèbre galere à trente rames, sur laquelle Thésée passa dans l'île de Crête, et en revint victorieux ; on la nomma depuis Déliaque, parce qu'elle fut consacrée à aller tous les ans à Délos y porter les offrandes des Athéniens, à l'acquit du vœu que Thésée avait fait à l'Apollon Délien pour le succès de son expédition de Crète. Pausanias assure que ce navire était le plus grand qu'il eut jamais vu. Lorsqu'on rappela de Sicîle Alcibiade, afin qu'il eut à se justifier des impiétés dont on l'accusait, on commanda pour son transport la galere Salaminienne. L'une et l'autre de ces galeres sacrées servait aussi à ramener les généraux déposés ; et c'est en ce sens que Pitholaus appelait la galere paralienne, la massue du peuple.

Les Athéniens conservèrent la galere salaminienne pendant plus de mille ans, depuis Thésée jusques sous le règne de Ptolomée Philadelphe ; ils avaient un très-grand soin de remettre des planches neuves à la place de celles qui vieillissaient ; d'où vint la dispute des philosophes de ce temps-là, rapportée dans Plutarque, savoir, si ce vaisseau, dont il ne restait plus aucune de ses premières pièces, était le même que celui dont Thésée s'était servi : question que l'on fait encore à présent au sujet du Bucentaure, espèce de galéace sacrée des Vénitiens.

Outre ces deux vaisseaux sacrés dont je viens de parler, les Athéniens en avaient encore plusieurs autres ; savoir, l'Antigone, le Démétrius, l'Ammon, et celui de Minerve. Ce dernier vaisseau était d'une espèce singulière, puisqu'il était destiné à aller non sur mer, mais sur terre. On le conservait très religieusement près l'aréopage, ainsi que le dit Pausanias, pour ne paraitre qu'à la fête des grandes panathénées, qui ne se célébraient que tous les cinq ans le 23 du mois Hécatombéon, qui, selon Potter, répondait en partie à notre mois de Juillet. Ce navire servait alors à porter en pompe au temple de Minerve, l'habit mystérieux de la déesse, sur lequel étaient représentées la victoire des dieux sur les géants, et les actions les plus mémorables des grands hommes d'Athènes. Mais ce qu'on admirait le plus dans ce navire, c'est qu'il voguait sur terre à voîle et à rames, par le moyen de certaines machines que Pausanias nomme souterraines ; c'est-à-dire, qu'il y avait à fond de cale des ressorts cachés qui faisaient mouvoir ce bâtiment, dont la voile, selon Suidas, était l'habit même de Minerve. (D.J.)

NAVIRE, nom d'un ordre de chevalerie, nommé autrement l'ordre d'outremer, ou du double croissant, institué l'an 1269 par S. Louis, pour encourager par cette marque de distinction, les seigneurs à le suivre dans la seconde expédition contre les infidèles. Le collier de cet ordre était entrelacé de coquilles d'or et de doubles croissants d'argent, avec un navire qui pendait au bout dans un ovale, où il paraissait armé et fretté d'argent dans un champ de gueules, à la pointe ondoyée d'argent et de sinople. C'étaient, comme on voit, autant de symboles et du voyage, et des peuples contre lesquels on allait combattre. Quoique ce prince en eut décoré ses enfants, et plusieurs grands seigneurs de son armée, cet ordre ne subsista pas longtemps en France ; mais il conserva son éclat dans les royaumes de Naples et de Sicile, où Charles de France, comte d'Anjou, frère de saint Louis, et qui en était roi, le prit pour ses successeurs ; et René d'Anjou, roi de Sicile, le rétablit en 1448, sous le nom d'ordre du croissant. Voyez CROISSANT. Favin, theat. d'honn. et de chevalerie.

NAVIRES, (Histoire ancienne) les anciens en ont eu d'un grand nombre d'espèces. Il y en avait qu'on faisait naviger fort vite, par le moyen de 10, 20, 30, 50, et même 100 rames d'un et d'autre bord, naves actuariae, ou actuariolae ; ceux qui avaient le bec garni de bronze, et qui étaient employés à percer le flanc ennemi, s'appelaient aeratae, ou aeneae. Ceux qui apportaient des vivres, annotinae, ou frumentariae ; ceux qui avaient été construits dans l'année, hornotinae ; ceux qui avaient à l'arrière et à l'avant deux tillacs séparés par une ouverture ou vide placé entre deux, apertae. Les combattants étaient sur ces tillacs ; ces bâtiments étaient communément à deux rames, ou même plus petits. Les rameurs s'appelaient thranitae. Ceux qui étaient à voiles et à rames, et qui n'allaient dans le combat qu'à rames, armatae. Ceux dont on usait sur le Tibre, et qui étaient faits de planches épaisses, caudicariae, ou codicariae. Ceux dont le tillac occupait tout le dessus de l'arrière à l'avant, constratae. Ceux où l'on avait pratiqué des appartements et toutes les autres commodités d'une maison, cubiculatae. Ceux qu'on n'employait que sur les rivières, lentres, pontones, fluviatiles. Ceux qui faisaient le transport des vivres, frumentanae. Ceux qui faute de tillac étaient fort legers, lèves. Ceux qu'on avait construits pour porter un grand nombre d'hommes, longae. Ils étaient tous à rame ; Ptolomée Philopator en fit construire un, qui avait 280 pieds de longueur, sur 38 de hauteur, à 40 rangs de rames. Ceux sur lesquels on se promenait, lusoriae. Les vaisseaux appelés militares, étaient les mêmes que les vaisseaux appelés longae. Les vaisseaux de charge, ils étaient à voiles et à rames, onerariae. Les vaisseaux côtiers, orariae, trabales, littorariae. Les vaisseaux construits de bois et de cuivre, et qu'on pouvait désassembler et porter par terre, plicatiles. Ceux qui précédaient les flottes, praecursoriae. Ceux qui étaient longs, vites, legers et à l'usage des pirates, praedatoriae, praedaticae. Ceux qui portaient les amiraux, praetoriae. Ils étaient grands et forts. On les discernait à une banderole et à une lanterne particulière. Le pavillon rouge qu'on arborait était le signal du combat. Ceux sur lesquels étaient les gardes avancées de la flotte, prophulactoriae. Ceux qui se composaient et se décomposaient, prenaient différentes formes, laissaient échapper de leur flanc sur l'amphithéâtre des bêtes féroces, etc. Néron fit promener sa mère dans un vaisseau de cette espèce ; le vaisseau se décomposa ; mais Agrippine s'échappa à la nage, naves solutiles. Ceux qu'on envoyait reconnaître l'ennemi, speculatoriae. Ceux qui demeuraient fixes à l'ancre, stationariae. Ceux qui étaient tissus de fortes baguettes, et revêtus de cuir, sutiles. Ceux qui étaient legers, et qu'on détachait de la flotte pour aller annoncer son approche, tabellariae. Ceux qui étaient creusés d'une seule pièce, trabariae, lintres. Ceux qui portaient deux tours, l'une à l'avant, l'autre à l'arrière, turritae.