B, sa préparation. Pour préparer la laque, on la sépare d'abord des branches où elle est attachée ; on la pîle dans un mortier ; on la jette dans l'eau bouillante ; et quand l'eau est bien teinte, on en remet d'autre jusqu'à ce qu'elle ne se teigne plus. On fait évaporer au soleil une partie de l'eau qui contient cette teinture, après quoi on met la teinture épaissie dans un linge clair ; on l'approche du feu, et on l'exprime au-travers du linge. Celle qui passe la première est en gouttes transparentes, et c'est la plus belle laque. Celle qui sort ensuite, et par une plus forte expression, ou qu'on est obligé de racler de dessus le linge avec un couteau, est plus brune et d'un moindre prix.

C, son analyse chimique. M. Lemery l'a faite, principalement dans la vue de s'assurer si la laque était une gomme ou une résine. Ces deux mixtes, assez semblables, diffèrent en ce que le soufre domine dans les résines, et le sel ou l'eau dans les gommes. Il trouva que l'huîle d'olive ne dissolvait point la laque, et n'en tirait aucune teinture ; que l'huîle étherée de térébenthine et l'esprit-de-vin n'en tiraient qu'une légère teinture rouge, ce qui fait voir que la laque n'est pas fort résineuse, et n'abonde pas en souffre ; que d'ailleurs une liqueur un peu acide, comme l'eau alumineuse, en tirait une teinture plus forte, quoiqu'elle n'en fit qu'une dissolution fort légère, et que l'huîle de tartre y faisait assez d'effet ; ce qui marque qu'elle a quelque partie saline, qu'elle est imparfaitement gommeuse, et que par conséquent c'est un mixte moyen entre la gomme et la résine. Il est à remarquer que les liqueurs acides faibles tiraient quelque teinture de la laque, et que les fortes, comme l'esprit-de-nitre et de vitriol, n'en tiraient aucune. Cependant la laque, qui ne leur donnait point de couleur, y perdait en partie la sienne, et devenait d'un jaune pâle. La Physique est trop compliquée pour nous permettre de prévoir surement aucun effet par le raisonnement. Histoire de l'Acad. Royale, en 1710, pag. 58. 60.

Laque fine. La laque ou lacque est une gomme résineuse, qui a donné son nom à plusieurs espèces de pâtes seches, qu'on emploie également en huîle et en miniature. Celle qu'on appelle laque fine de Venise est faite avec de la cochenille mesteque, qui reste après qu'on a tiré le premier carmin : on la prépare fort bien à Paris, et l'on n'a pas besoin de la faire venir de Venise : on la forme en petits throchisques rendus friables de couleur rouge foncé.

Il y a de trois sortes de laque ; la laque fine, l'émeril de Venise ; la laque plate ou colombine, et la laque liquide. La laque fine a conservé son nom de Venise, d'où elle fut d'abord apportée en France ; mais on la fait aussi bien à Paris ; nous n'avons pas besoin d'y recourir. Elle est composée d'os de seche pulvérisés, que l'on colore avec une teinture de cochenille mesteque, de bois de Brésil de Fernambouc, bouillis dans une lessive d'alun d'Angleterre calciné, d'arsenic, de natrum ou soude blanche, ou soude d'Alicante, que l'on réduit ensuite en pâte dans une forme de throchisque ; si on souhaite qu'elle soit plus brune, on y ajoute de l'huîle de tartre : pour être bonne il faut qu'elle soit tendre et friable, et en petits throchisques. Dictionnaire de Commerce.

Laque commune. La laque colombine ou plate est faite avec les tondures de l'écarlate bouillie dans une lessive de soude blanche, avec de la craie et de l'alun ; on forme cette pâte ou tablette, et on la fait sécher ; on la prépare mieux à Venise qu'ailleurs ; elle doit être nette, ou le moins graveleuse qu'il se pourra, haute en couleur. Lemery.

La laque plate ou colombine est faite de teinture d'écarlate bouillie dans la même lessive dont on se sert pour la laque de Venise, et que l'on jette après l'avoir passée, sur de la craie blanche et de l'alun d'Angleterre en poudre, pourri, pour en former ensuite des tablettes carrées, de l'épaisseur du doigt. Cette espèce de laque vaut mieux de Venise que de Paris et de Hollande, à cause que le blanc dont les Venitiens se servent, est plus propre à recevoir ou à conserver la vivacité de la couleur.

La laque liquide n'est autre chose qu'une teinture de bois de Fernambouc qu'on tire par le moyen des acides.

On appelle aussi laque, mais assez improprement, certaines substances colorées dont se servent les enlumineurs, et que l'on tire des fleurs par le moyen de l'eau-de-vie, etc. Dict. du Com.

Gomme laqueuse. La gomme laque découle des arbres qui sont dans le pays de Siam, Cambodia et Pegu.