Nous faisons quelquefois le contraire en français, et nous employons le tour actif avec le pronom réfléchi, pour exprimer le sens passif, au lieu de faire usage de la forme passive ; ainsi l'on dit, cette marchandise se débitera, quoique la marchandise soit évidemment le sujet passif du débit, et qu'on eut pu dire sera débitée, s'il avait plu à l'usage d'autoriser cette phrase dans ce sens. Je dis dans ce sens, car dans un autre on dit très-bien, quand cette marchandise sera débitée j'en acheterai d'autre. La différence de ces deux phrases est dans le temps : cette marchandise se débitera, est au présent postérieur, que l'on connait vulgairement sous le nom de futur simple, et l'on dirait dans le sens actif, je débiterai cette marchandise : quand cette marchandise sera débitée, est au que l'on regarde communément comme futur composé, et quelques-uns comme futur du mode subjonctif, et l'on dirait dans le sens actif, quand j'aurai débité cette marchandise.

Cette observation me fait entrevoir que nos verbes passifs ne sont pas encore bien connus de nos Grammairiens, de ceux même qui reconnaissent que notre usage a autorisé des tours exprès et une conjugaison pour le sens passif. Qu'ils y prennent garde : se vendre, être vendu, avoir été vendu, sont trois temps différents de l'infinitif passif du verbe vendre ; cela est évident, et entraîne la nécessité d'établir un nouveau système de conjugaison passive. (B. E. R M)

PASSIF, (Jurisprudence) signifie ce qui est souffert. Un droit passif de servitude est lorsqu'on est obligé de souffrir que quelqu'un exerce une servitude sur son héritage. Un droit actif de servitude est celui que l'on exerce sur autrui. Voyez SERVITUDE. (A)