PLEURS, (Métaphysique) voyez LARMES. Les pleurs sont l'effet de toute violente émotion de l'âme, car on pleure d'admiration, de joie, de tristesse, etc. Les plus grands héros n'étaient point honteux chez les anciens de verser des larmes. Achille, Alexandre, Scipion, Annibal ont su pleurer. Comment les pleurs déshonoreraient-elles un grand homme, puisque la sensibilité dont elles procedent est une vertu ? Les larmes qu'Enée verse dans le mouvement de joie qu'il ressentit de voir l'honneur qu'on faisait à sa patrie et aux braves guerriers qui l'avaient si courageusement défendue, étaient des larmes d'une âme bien née ; sunt lachrimae rerum, dit Virgile, locution latine qui est d'une élégance admirable.

PLEURS DE TERRE, (Architecture hydraulique) on appelle ainsi, dit Daviler, les eaux qu'on ramasse de diverses hauteurs à la campagne, par le moyen de puisards qu'on fait pour les découvrir, et des pierres glaisées dans le fond, avec goulotes de pierre pour les découvrir à un regard commun appelé réceptacle, où elles se purifient avant que d'entrer dans un aqueduc, etc. Dans l'usage ordinaire, on nomme pleurs de terre les eaux qui coulent et qui distillent entre les terres. (D.J.)

PLEURS, (Géographie moderne) dans la langue du pays Piuri, bourg d'Italie, au comté de Chiavenne, l'une des Grisons. Je ne parle de ce bourg que parce qu'il était magnifique, par de somptueux édifices qui l'embellissaient, lorsqu'en 1618, le 25 d'Aout, la montagne voisine se détacha, et tombant sur ce bourg, l'abima au point qu'il n'en réchappa personne pour porter la nouvelle de cet affreux désastre. On dit qu'il y périt quinze cent âmes, et de-là vint le nom qu'on lui donna tiré des pleurs que sa ruine fit répandre aux habitants des environs. (D.J.)