Il y a d'autres phrases dans notre langue, où en est si nécessaire, que dès qu'on l'ôte, on change le sens ; on en était venu si avant, qu'il fallait vaincre ou mourir. Cela veut dire dans le style figuré, que les choses étaient si engagées, qu'il fallait vaincre ou mourir. Mais si on ôtait en, et qu'on dit, on était venu si avant, cela s'entendrait dans le sens propre, et ne marquerait que le lieu où l'on serait arrivé.

Je n'en puis plus, a une toute autre signification que je ne puis plus ; il en est de même de je ne sai où j'en suis, qui signifie toute autre chose que je ne sai où je suis. Il en est de même de se tenir et s'en tenir, qui ont des significations bien différentes.

MM. de Port-royal ont dit dans leur traduction du nouveau Testament, cette femme voulant prendre Jesus-Christ par sa propre bouche, etc. on ne dit point prendre quelqu'un par sa bouche, mais par ses paroles. (D.J.)

PRENDRE, a une infinité d'acceptions différentes ; on dit prendre à témoin, d'assaut, de force, un criminel, un lièvre au gîte, au collet, un bâton, un fusil, l'épée, un livre, la main, un présent, un repas, ses sûretés, des mesures, pour son ami, pour sa maîtresse, pour sa femme, une médecine, un lavement, du tabac, un bouillon, la fièvre, la peste, la vérole, etc. On dit se prendre pour se figer, ou se glacer. Prendre sur soi etc.

PRENDRE PARTI, (Langue française) prendre parti tout seul, signifie s'enrôler pour servir à la guerre ; il a pris parti ; il prendra parti dans notre régiment. Prendre parti signifie aussi s'attacher au service de quelqu'un ; mais alors on marque toujours avec qui on s'engage ; il a pris parti avec M. le duc. Prendre son parti, veut dire, se résoudre ; j'ai pris mon parti ; elle prit son parti sur le champ. Prendre le parti de quelqu'un, c'est se mettre de son côté, le défendre, il faut prendre le parti des malheureux, des gens qu'on opprime, qu'on calomnie, qu'on persécute ; c'est un devoir de l'humanité. (D.J.)

PRENDRE VENT DEVANT, (Marine) c'est-à-dire que le vent se jette sur les voiles d'un vaisseau sans qu'on le veuille. Nous prenons vent devant.

Prendre un ris ; c'est raccourcir la voîle à une hauteur déterminée.

Prendre une bosse ; c'est attacher la bosse ou l'amarrer.

Prendre les amures de quelque bord, c'est-à-dire, amurer de ce bord-là.

Prendre chasse et échapper. Prendre chasse, voyez CHASSE.

Prendre hauteur. Prendre hauteur par-devant, prendre hauteur par derrière. Voyez HAUTEUR.

Prendre terre. Voyez TERRE.

PRENDRE LE TROT, LE GALOP, (Maréchalerie) se dit de l'homme, lorsqu'il excite le cheval à aller le trot ou le galop, aussi bien que du cheval qui s'y met de lui-même. Prendre ses dents, c'est à l'égard du cheval la même chose que mettre ses dents. Voyez METTRE. Prendre le mords aux dents, se dit communément des chevaux de carrosse, lorsque n'ayant plus aucune sensibilité dans la bouche, ils vont de toute leur vitesse sans pouvoir être arrêtés. Prendre les aides des jambes. Voyez JAMBE. Prendre son avantage. Voyez AVANTAGE. On dit qu'un cheval prend quatre ou cinq ans, pour dire qu'il en approche.

PRENDRE CHAIR, (Jardinage) se dit d'un fruit qui commence à grossir.

PRENDRE, Ve act. terme de Vénerie ; ce mot s'emploie fréquemment en vénerie. On dit prendre le vent quand on prend les devants, ou quand le chien Ve lasser le cerf au vent. Prendre les devants, c'est quand on a perdu le cerf, et qu'on fait un grand tour avec les chiens courants pour le retrouver en le requêtant. Prendre son buisson ; c'est en parlant du cerf, lorsqu'il choisit au printemps une pointe de bois pour se retirer le jour, et aller aisément la nuit aux gagnages ou aux champs. (D.J.)

PRENDRE, au jeu de l'hombre ; c'est prendre du talon autant de cartes qu'on en a écarté. Jouer sans prendre, c'est jouer sans écarter.

PRENDRE, SANS PRENDRE, au jeu de quadrille, signifie l'action de jouer sans aucune aide, ni roi appelé, mais avec son seul jeu. On gagne ordinairement la moitié de ce à quoi est fixée la vole ; ainsi ce sera cinq jetons qu'on payera à celui qui gagne, si l'on est convenu d'en payer dix pour la vole. Observez que le sans prendre et les matadors ne sont dû. qu'autant qu'ils sont demandés avant qu'on ait coupé pour le coup suivant. Car si les cartes étaient mêlées et coupées sans qu'on les eut demandés, on ne serait plus en droit de se les faire payer.

PRENDRE, sans prendre, au médiateur, est lorsque quelque joueur a dans son jeu de quoi faire six levées sans le secours de personne ; il gagne alors seul, et se fait payer ce qui est dû en pareil cas. Voyez l'article du MEDIATEUR.