Nec magis incepto vultum sermone movetur,

Quàm si dura silex aut stet Marpesia cautes,

Tandem proripuit sese, atque inimica réfugit

In nemus umbriferum. Ve 470.

2°. Il est une seconde sorte de silence, qui a beaucoup de grandeur et de sublimité de sentiment en certain cas. Il consiste à ne pas daigner parler sur un sujet dont on ne pouvait rien dire sans risquer, ou démontrer quelque apparence de bassesse d'ame, ou de faire voir une élévation capable d'irriter les autres. Le premier Scipion l'africain, obligé de comparaitre devant le peuple assemblé, pour se purger du crime de péculat dont les Tribuns l'accusaient : Romains, dit-il, à pareil jour je vainquis Annibal, et soumis Carthage ; allons-en rendre grâce aux Dieux. En même temps il marche vers le capitole, et tout le peuple le suit. Scipion avait le cœur trop grand pour faire le personnage d'accusé ; et il faut avouer que rien n'est plus héroïque que le procédé d'un homme, qui fier de sa vertu, dédaigne de se justifier, et ne veut point d'autre juge de sa conscience.

Dans la tragédie de Nicomède, ce prince, par les artifices d'Arsinoé sa belle-mère, est soupçonné de tremper dans une conspiration ; Prusias son père, qui ne le souhaite pas coupable, le presse de se justifier, et lui dit :

Purge-toi d'un forfait si honteux et si bas.

l'ame de Nicomède se peint dans sa réponse vraiment sublime :

Moi, seigneur, m'en purger ! vous ne le croyez pas.

Je ne sais ce qu'on doit le plus admirer dans la réponse de Nicomède, ou de ce qu'il ne veut pas seulement se justifier, ou de ce qu'il est si sur et si fier de son innocence, qu'il ne croit pas que son accusateur en doute.

3°. Un ambassadeur d'Abdere, après avoir longtemps harangué Agis, roi de Sparte, pour des demandes injustes, finit son discours, en lui disant : seigneur, quelle réponse rapporterai - je de votre part ? Que je t'ai laissé dire tout ce que tu as voulu, et tant que tu as voulu, sans te répondre un mot. Voilà un taire-parlier bien intelligible, dit Montagne.

4°. Mais je vais offrir un exemple de silence qui est bien digne de notre respect. Un père de l'Eglise nous donne une idée de la constance de Jesus-Christ par un fort beau trait de réponse. Pour l'entendre, il faut se rappeler une circonstance de la vie d'Epictete. Un jour, comme son maître lui donnait de grands coups sur une jambe, Epictete lui dit froidement : si vous continuez, vous casserez cette jambe ; son maître irrité par ce sang froid, lui cassa la jambe : ne vous l'avais - je pas bien dit que vous casseriez cette jambe ? Un philosophe opposait cette histoire aux chrétiens, en disant : votre Jesus-Christ a-t-il rien fait d'aussi beau à sa mort ? Oui, dit S. Justin, il s'est tu. (D.J.)

SILENCE, (Critique sacrée) ce mot, outre sa signification ordinaire, se prend au figuré dans l'Ecriture ; 1°. pour la patience, le repos, la tranquillité : nous les conjurons de manger leur pain, en travaillant paisiblement, in silentio, , II. Thess. IIIe 12. Ce terme 2°. désigne la retraite, la séparation du grand monde : Esther ne portait pas ses beaux habits dans le temps de sa retraite ; in diebus silentii. 3°. Il marque la ruine, Dominus silere nos fecit, Jérem. VIIIe 14. c'est-à-dire, le seigneur nous a ruiné. (D.J.)

SILENCE, dieu du, (Mythologie) Ammian Marcellin dit qu'on révérait la divinité du silence, silentii numen colitur. Les Egyptiens l'appelaient Sigation ; les Grecs, Harpocrate ; et les Romains, Angenora. On représentait cette divinité ayant le doigt sur la bouche. (D.J.)

SILENCES, s. m. en Musique, sont différents signes répondants à toutes les différentes valeurs des notes ; et qui, mis à la place de ces notes, marquent que tout le temps de leur valeur doit être passé en silence.

Quoiqu'il y ait dix valeurs de notes différentes, depuis la maxime, jusqu'à la quadruple croche, il n'y a cependant que neuf caractères différents pour les silences, parce qu'il n'y en a point qui corresponde à la valeur de la maxime ; mais pour en exprimer la durée, on double le bâton de quatre mesures, qui équivaut à la longue.

Ces divers silences sont donc, le bâton de quatre mesures, qui vaut une longue ; le bâton de deux mesures, qui vaut une breve, ou carrée ; la pause, qui vaut une semi - breve, ou ronde ; la demi - pause, qui vaut une minime, ou blanche ; le soupir, qui vaut une noire ; le demi - soupir, qui vaut une croche ; le quart de soupir, qui vaut une double croche ; le demi-quart de soupir, qui vaut une triple croche ; et enfin, le seizième de soupir, qui vaut une quadruple croche. Voyez dans les Pl. de Musique les figures de tous ces silences.

Il faut remarquer que le point n'a pas lieu parmi les silences, comme parmi les notes ; car, quoiqu'une noire et un soupir soient d'égale valeur, on ne pourrait pas pointer le soupir, pour exprimer la valeur d'une noire pointée ; mais il faut après le soupir écrire encore un demi - soupir ; ce qui est assez mal entendu. (S)