Tout cet assortiment ne demande que la connaissance de l'art des artifices et de l'intelligence. Il n'en est pas de même de la manière de communiquer le feu des artifices fixes aux artifices mobiles. C'est un secret que MM. Ruggieri paraissaient s'être réservé, qui a été découvert par M. Perrinet d'Orval, et dont cet auteur a fait présent au public. Voici donc, d'après lui, en quoi consiste le fondement des feux qu'on a admirés sur le théâtre de la comédie italienne.

Le corps de la machine est une espèce de roue de bois sans jantes, qui entre dans un long bâton cylindrique qui lui sert comme d'axe. Cet axe est en partie carré et en partie rond. La partie ronde est bien polie et même graissée de savon. On attache cet axe par le moyen d'une croix de fer, et il est destiné à porter tout l'ensemble de la machine. La première roue de bois porte d'abord à un moyeu cylindrique, percé dans sa circonférence de douze mortaises. Dans ces mortaises sont logés douze rais, etc. Une autre pièce entre dans ce moyeu, autour duquel elle peut tourner. Elle est destinée, cette pièce, à porter une girandole pentagone, ou un soleil tournant. Un second soleil tournant est ajusté sur l'axe par le moyen d'un second moyeu.

Enfin un coulant sert à former et à contenir tous ces soleils dans l'axe où ils sont enfilés et ajustés. D'abord le premier est mobile, le second fixe, le troisième mobile, etc. ainsi alternativement un mobile, et un fixe. Il ne s'agit plus pour faire jouer cet artifice, que de communiquer le feu des soleils fixes aux mobiles, ce qui s'exécute avec des étoupilles logées dans les rainures des rais, lesquelles lancent leur feu en finissant sur le fond du couvercle du tourniquet. De-là le feu se communique au bout des fusées des jets qui doivent faire pirouetter le soleil tournant, et cela par une étoupille qui partant du fond de la boète, est conduite à couvert au bout des jets, crainte que le feu ne puisse être porté d'aucune part que par le canal de communication.

Par cet arrangement il est évident 1°. que les porte-feux ayant un de leurs bouts découverts, mais dans un enfoncement bien caché, ne courent pas risque de prendre feu trop tôt ; 2°. qu'ils ne peuvent manquer de communiquer leur feu à l'étoupille, qui est au fond opposé du moyeu du soleil tournant auquel ils ne touchent cependant point, parce qu'il n'y a que quatre ou cinq lignes d'intervalle. Ainsi on conçoit aisément que dans le spectacle pyrique, dont j'ai donné la description, la dernière fusée de la première pièce, qui est un soleil tournant, venant à finir, porte par une rainure, le feu à deux porte-feux cachés sous une boète qui engrene dans celle de la tête du moyeu d'un soleil fixe. Le premier soleil mobîle finissant, le soleil fixe s'allume ; celui-ci fini, communique son feu à la boète pratiquée dans la tête de son moyeu, et les porte-feux lancent leur flamme au fond de celle du second soleil tournant : ainsi de suite jusqu'à la dernière roue.

On conçoit après cela qu'en garnissant différemment ces soleils tournans et ces mobiles de divers artifices, et en colorant même les feux, cette variété de feu fixe et de feu mobîle peut former un spectacle assez brillant : sur quoi on peut consulter l'Essai sur les feux d'artifice, par M. P. d'Orval, et le Traité de M. Frezier sur la même matière. (D.J.)