La petite cendrée demande beaucoup plus de préparation ; l'on prend pour cela des matières qui puissent résister au feu le plus violent sans le vitrifier et sans entrer en fusion avec les matières que le verre de plomb met dans cet état ; l'on n'a rien trouvé qui répondit mieux à ce dessein, que les os des animaux calcinés ; les meilleurs sont ceux de veau, de mouton, de bœuf, etc. aussi-bien que les arêtes de poisson. Avant de les calciner, il est à propos de les faire bien bouillir, afin d'en séparer toute partie grasse et onctueuse ; on les calcine ensuite à un feu découvert très-violent, et l'on fait durer la calcination pendant plusieurs heures, en prenant garde qu'il n'entre ni cendres ni charbons dans le creuset où sont les os que l'on veut calciner. La marque que l'opération est bien faite, c'est lorsqu'en cassant les os, l'on n'y remarque rien de noir. Quand ils sont à ce point, on les pîle dans un mortier, et l'on verse par-dessus de l'eau chaude ; on a soin de bien remuer le tout, afin que l'eau emporte toutes les parties salines qui pourraient s'y trouver ; l'on réitère plusieurs fois ces édulcorations ; l'on fait ensuite sécher la poudre qui reste ; on la réduit en une poudre très-fine ; on la passe par un tamis serré ; on la rebroye de nouveau sur un porphyre, jusqu'à ce qu'elle devienne impalpable. M. Cramer préfère aux os et aux arêtes calcinés une espèce de spath particulier qui, lorsqu'on l'a calciné dans un creuset fermé, devient mou et friable, et ne demande point de préparation ultérieure ; mais toute sorte de spath n'est point propre à cet usage. Celui dont M. Cramer parle, est sans-doute l'espèce de spath que M. Pott appelle alkalin, pour le distinguer du spath fusible.

Lorsqu'on a besoin de beaucoup de coupelles, l'on a recours aux cendres des végétaux pour faire la cendrée : mais de peur que le sel dont ces cendres sont chargées ne fasse vitrifier les coupelles, l'on a soin de les préparer de la manière suivante. On prend une cendre de bois, blanche, légère, et tendre : on la passe par un tamis, en versant de l'eau par-dessus pour en séparer la poussière de charbon qui pourrait y être mêlée ; sur la cendre qui a passé, l'on verse de l'eau chaude, on remue la cendre avec un bâton : on lui donne un peu de temps pour retomber au fond, et l'on décante cette première eau, qui est toujours trouble ; on reverse de nouvelle eau chaude sur la cendre, que l'on décante encore après avoir remué et laissé retomber la cendre ; on continue la même chose jusqu'à ce que l'eau ne contracte plus ni couleur ni gout. Quand les choses en sont à ce point, l'on verse de nouvelle eau sur les cendres, on la remue, et l'on décante l'eau toute trouble, en donnant cependant le temps au sable et aux parties terrestres qui y sont mêlées de retomber au fond : l'on fait la même chose tant qu'il reste des cendres dans le vaisseau où s'est fait l'édulcoration. Quand toute la cendre sera passée, on la laissera reposer et tomber au fond du nouveau vaisseau où on l'aura mise ; l'on en décante l'eau, et la cendre qui restera sera dégagée de tout sel et de toute partie grasse, et invariable au feu. Pour la rendre encore meilleure, l'on en formera des boules que l'on fera calciner au fourneau ; on la lave ensuite de nouveau, et pour lors elle devient d'une blancheur égale à celle des os calcinés. L'on mêle cette cendre, ainsi préparée, avec les os calcinés, pour en faire les coupelles. Voyez l'article COUPELLE. (-)

CENDREE, en terme de Fondeur de petit plomb, est la plus petite espèce de plomb qui se fasse, c'est pour cela qu'on n'en fait qu'à l'eau. Voyez à l'art. PLOMB, fonte de petit plomb.