C'est principalement dans le genre héroïque de la Peinture, qu'il est essentiel d'approfondir de quelle considération l'usage de groupper doit être pour les Artistes. Dans un tableau d'histoire, le but principal du peintre est de fixer les yeux du spectateur sur l'objet le plus intéressant de la scène. Deux moyens principaux s'offrent pour cela : l'effet et l'expression. Il est le maître de l'un, il n'a aucun droit sur l'autre.

L'expression est indépendante de l'artiste, puisque la nature, d'une justesse invariable dans ses mouvements, ne laisse rien au choix du peintre, et qu'il s'égare dès qu'il la perd de vue.

L'effet est subordonné à l'artiste, parce que cette partie qui dépend de plusieurs suppositions arbitraires, lui permet de disposer le lieu de la scène, les objets qui le constituent, et la lumière, de la manière la plus favorable à son projet. C'est en conséquence de cette liberté qu'il forme des espèces de divisions dans son sujet, et que celle de ces divisions qui doit renfermer son objet principal, est le but le plus intéressant de ses réflexions et de son travail.

En conséquence il dirige vers ce point sa plus brillante lumière ; mais si l'objet principal est seul et isolé, cette lumière pourra bien s'y distinguer par quelques touches éclatantes, mais elle n'attirera pas l'oeil par sa masse ; il faut donc, s'il est possible, reproduire cette lumière, l'étendre autour de l'objet principal, enfin former un grouppe de lumières qui se lient, qui s'unissent, et dont la masse étendue frappe l'oeil du spectateur et le retienne. Cette sorte de grouppe qui tient à la partie de l'harmonie, est celle qui risque le moins de s'éloigner de la nature ; elle est d'une ressource infinie pour ceux qui savent l'employer : c'est une espèce de magie d'autant plus puissante que ses prestiges sont cachés sous les apparences les plus naturelles : c'est enfin, j'ose le dire, un des moyens les plus puissants que puisse employer l'art de la peinture. La seconde espèce de grouppe est celle qui consiste dans l'assemblage de plusieurs figures, dont l'union est l'effet d'une composition réfléchie ; la nature offre des exemples de ces assemblages, mais ils ne sont pas toujours assez heureux pour que l'artiste les adopte tels que le hasard les assemble ; il se croit autorisé s'il les copie, à y faire quelques changements dont il espère plus de grâce dans la forme générale du grouppe ; il lui arrive alors de considérer un grouppe de plusieurs figures comme un seul corps, dont il veut que les différentes parties contrastent, dans lequel il évite avec soin (heureux si ce n'est point avec affectation) la moindre uniformité de position dans les membres, où il cherche enfin à quelque prix que ce soit une forme pyramidale, qu'il croit, sur la foi du préjugé, faite pour plaire préférablement à d'autres.

Il est bien facîle de sentir combien cette espèce de mécanisme s'éloigne de la nature ; il est aisé de voir quelle porte on ouvre par-là au préjugé, à la mode, et à ces espèces d'imitations de manière, qui circulant d'attelier en atelier, attaquent l'art dans ses principes, et qui parviendraient à l'asservir, si le génie, par son indépendance, ne rompait ces indignes chaînes.

Je ne prétends pas cependant qu'on doive se refuser à groupper les figures principales d'un objet, lorsque le sujet le comporte. Je ne dis pas même qu'en grouppant plusieurs figures, on ne doive éviter certaines rencontres desagréables ou trop uniformes ; mais qu'il y a loin d'un choix sage et réservé que j'approuve, d'un art modéré qui se cache si bien qu'on le prend pour la nature même, à des oppositions recherchées et à des contrastes affectés, par le moyen desquels les figures d'un grouppe ressemblent à une troupe de danseurs dont les pas, dont les attitudes, dont tous les mouvements sont combinés et écrits ?

Quelques auteurs ont établi des règles sur la quantité de grouppes qu'on doit admettre dans une composition ; je n'engagerai jamais les Artistes à adopter ni à former des systèmes de compositions de cette espèce. Les détails dans lesquels je pourrais m'étendre sur cela, ont rapport aux mouvements qu'occasionnent certaines passions ; et je les réserve pour l'article où ce mot sera traité dans ses rapports avec la Peinture. Article de M. WATELET.

GROUPPE, s. m. en Musique, selon l'abbé Brossard, se dit de quatre notes égales et diatoniques dont la première et la troisième sont sur le même degré. Quand la seconde note descend et que la quatrième monte, c'est grouppe ascendant ; quand la seconde monte et que la quatrième descend, c'est grouppe descendant ; et il ajoute que ce nom a été donné à ces notes à cause de la figure qu'elles forment ensemble.

Je ne me souviens pas d'avoir jamais oui prononcer ce mot de grouppe, ni même de l'avoir lu dans le sens que lui donne l'abbé Brossart, ailleurs que dans son dictionnaire. (S)