TOURNER, Ve act. (Architecture) c'est exposer et disposer un bâtiment avec avantage. Ainsi une église est bien tournée quand elle a, conformément aux canons, son portail vers l'occident, et son grand autel vers l'orient ; une maison est bien tournée lorsqu'elle est dans une agréable exposition, et que ses parties sont placées suivant leurs usages ; et un appartement est bien tourné, quand il y a de la proportion et de la suite entre ses pièces, avec des dégagements nécessaires. (D.J.)

TOURNER AU TOUR, (Architecture) c'est donner sur le tour la dernière forme à un balustre de bois ébauché. On finit aussi au tour les bases des colonnes, les vases, balustres de pierre et de marbre qu'on polit ensuite avec la rape et la peau de chien de mer. (D.J.)

TOURNER LE PAIN, en terme de Boulanger, c'est joindre et lier la pâte en sorte qu'il n'y ait point d'yeux et de crevasses, et donner au pain la forme qu'on souhaite.

TOURNER, en terme de Confiseur, signifie enlever la peau ou l'écorce fort mince et fort étroite avec un petit couteau en tournant autour du citron.

TOURNER, en terme d'Epinglier, voyez GAUDRONNER.

TOURNER, TOURNE, (Jardinage) on dit que le fruit tourne, quand après avoir pris sa grosseur naturelle, il commence à mûrir.

TOURNER, en terme de manège, signifie changer de main. On dit ce cheval est bien dressé, il tourne à toutes mains. On assouplit avec le cavesson à la Newcastle un cheval entier, c'est-à-dire, qui refuse de tourner au gré du cavalier. Les écuyers font tourner la pointe du pied en-dedans.

L'action de tourner avec justesse au bout d'une passade ou de quelqu'autre manège, est de tous les mouvements celui qui coute le plus à apprendre à la plupart des chevaux.

TOURNER L'ETAIN, (Potier d'étain) c'est lui ôter par le moyen des outils sa couleur brute qu'il a prise en moule, pour lui donner le vif et le brun dont il a besoin pour être perfectionné, et pour lui donner une figure plus nette et plus parfaite que celle qu'il a déjà reçue.

L'ouvrier qui travaille au tour, commence par dresser son empreinte qui est pour tourner la vaisselle, ou son calibre pour de la poterie ou menuiserie ; ces outils sont de bois, tournés et formés à la figure et proportion des différentes pièces, soit pour les dehors ou les dedans ; ou autrement, ils ont une gaine ou trou carré, revêtu d'étain, formé par le mandrin de l'arbre du tour dans lequel il entre ; puis on fait tenir sa pièce sur ces empreintes ou calibres, si c'est de la vaisselle, par le moyen de trois petits crampons de fer qui tiennent la pièce sur l'empreinte par l'extrémité du bord, en commençant par les derrières, et après les dedans sur la même empreinte qui doit être creusée de la grandeur et de la forme de la pièce ; ainsi il en faut avoir autant qu'on a de moules de différentes grandeurs, ou bien on tourne à la belouze, qui est une manière d'attacher les pièces en les soudant à trois gouttes sur le bord avec le fer sur une pièce d'étain montée sur le tour, à qui on donne ce nom de belouze. Si c'est de la poterie, on la dresse sur le calibre qu'on a monté sur le mandrin, et qui est tourné proportionnément à la grosseur de la pièce qu'on veut mettre dessus ; on la fait tenir en frappant d'un marteau, sur une planche appuyée contre la pièce pendant qu'elle tourne, jusqu'à ce qu'elle tienne et tourne rondement : cela s'appelle tourner à la volée. Mais il y a une autre manière plus diligente et plus sure, surtout pour des pièces longues, qui est de tourner à la pointe ; c'est une vis qui marche dans un écrou enclavé dans la poupée de la droite du tour, à-peu-près comme la vis d'un étau de serrurier, et par le moyen d'une manivelle ou d'un boulon, on avance et retire cette vis dont le bout presque pointu joint un morceau de bois ou de plomb qui s'emboite au bout de la pièce qu'on tourne, en sorte qu'elle la met ronde, et la tient sans qu'elle se dérange ni qu'elle puisse s'échapper. Voyez les figures du métier de Potier d'étain.

Dès que la pièce est bien dressée, l'ouvrier tenant son crochet sous le bras et posé sur la barre qu'il tient ensemble avec la main gauche, il le conduit de la droite par un mouvement égal et réglé en le faisant couper l'étain : ce qui forme ce qu'on nomme ratures ; on appelle cette première façon ébaucher. On se sert ensuite de crochets qui coupent moins, parce qu'on les passe sur un cuir où on a mis de la potée d'étain ; ces crochets se nomment planes ; et enfin on acheve avec un brunissoir. Lorsqu'on s'en sert, il faut auparavant répandre avec une patrouille de l'eau de savon sur sa pièce, et ne point appuyer le brunissoir trop fort, ni s'arrêter pour ne point faire d'ondes ; il suffit d'effacer seulement les traits du crochet, et on essuie l'eau de savon après qu'on a bruni avec un linge doux qu'on appelle polissoir, pendant que la pièce tourne encore.

Il faut remarquer que les bons outils dans la main d'un habîle ouvrier contribuent à faire le bel ouvrage. Chacun a sa manière pour leur donner un taillant propre à son gré ; mais généralement les crochets carrés, carrés demi-ronds, à deux côtés, en pointe, etc. sont préférables à toutes autres formes. Les crochets, grattoirs et brunissoirs doivent être acérés du meilleur acier d'Allemagne. Il faut une meule pour les émoudre, et une bonne pierre d'Angleterre pour les affiler.

Il y a des brunissoirs de différentes figures pour la vaisselle ou poterie, et pour réparer et achever. Voyez BRUNISSOIR.

Pour tourner des plats d'une grandeur extraordinaire ou des jattes ou grands bassins qui pesent jusqu'à 20 ou 25 liv. pièce, ou enfin d'autres pièces d'un trop gros poids, au lieu de faire aller le tour avec la roue, ce qui n'est presque pas possible, on emmanche une manivelle dans le bout de derrière de l'arbre du tour, par le moyen de laquelle on tourne une pièce comme on tourne une meule de taillandier, et par ce moyen on en vient plus aisément à bout : cela s'appelle tourner à la ginguette.

Il faut observer que pour tourner la vaisselle, l'ouvrier conduit ses crochets et brunissoirs presque perpendiculairement, tantôt du bas de sa pièce au milieu en montant, et tantôt du milieu en descendant en-bas, appuyant sur ses outils, afin de couper l'étain également par-tout, et que la pièce ne soit point fausse, c'est-à-dire, forte à un endroit et mince à un autre ; lorsqu'on veut rendre une pièce mince, on repasse plusieurs fois le crochet qui ébauche, et pour la poterie, on conduit le crochet sous la pièce horizontalement, tantôt de droit à gauche, et de gauche à droite, et le brunissoir de même, mais moins en-dessous que le crochet ; et la meilleure manière est de ne le passer qu'une fais.

Autrefois on tournait toute la vaisselle sur un outil nommé croisée, composé de trois branches de fer et de trois crampons coulants sur ces branches ; on avance et recule ces crampons suivant la grandeur des pièces, et on les arrête par le moyen d'un coin qui est derrière chaque crampon ; on ne s'en sert plus guère à présent depuis l'invention de tourner à la belouze, si ce n'est pour tourner des jattes ou grands bassins, cette manière étant dangereuse pour l'ouvrier qui y travaille.

TOURNER, en terme de Tabletier Cornetier ; voyez TOURNER, en terme de Tabletier en écaille, c'est la même opération pour la corne comme pour l'écaille.

TOURNER, (Vénerie) il se dit de la bête que l'on chasse, lorsqu'elle tourne et fait un retour, c'est aussi faire tourner les chiens pour en trouver le retour et le bout de la ruse.