Festus nous apprend encore sur l'usage des salières à Rome ; qu'on mettait toujours la salière sur la table, avec l'assiette dans laquelle on présentait aux dieux les prémices ; sa remarque nous procure l'intelligence de ce passage de Tite-Live, lib. XXVI, ch. xxxvj. Ut salinum, patellamque Deorum causâ habere possint. " Qu'ils puissent retenir une salière et une assiette, à cause des dieux. " C'est encore la même remarque qui sert à éclaircir ces vers de Perse, satyre IIIe

Sed ruri paterno

Est tibi far modicum, purum et sine labe salinum

Quid metuas ? Cultrixque foci secura patella.

" Que craignez-vous ? Vous avez un joli revenu de votre patrimoine ; votre table n'est jamais sans une salière propre, et sans l'assiette qui sert à présenter aux dieux les prémices. "

Souvent les salières que les anciens mettaient sur leurs tables, avaient la figure de quelque divinité. Sacras facitis mensas salinorum appositu et simulacris Deorum. Horace a dit de même.

Splendet mensa tenui salinum.

L'ancien commentateur a observé sur ce vers, que salinum propriè est patella, in quâ diis primitiae cum sale offerebantur, Stace confirme cet usage.

Et exiguo placuerunt farre salina.

Tite-Live, l. XXVI, ut salinum patellamque deorum causâ habeant. Valere-Maxime, en parlant de la pauvreté de Fabricius et d'Emilius : uterque, dit - il, patellam Deorum, et salinum habuit.

Ce fait présupposé, il n'est plus surprenant que les Romains se soient imaginés que la divinité qui présidait à la table, se tint offensée, lorsque sans respect on renversait le sel ; mais on doit s'étonner de ce que dans le christianisme, des personnes, d'ailleurs éclairées, soient encore dans ces idées ridicules, de craindre quelque malheur à cause du renversement d'une salière. (D.J.)

SALIERE, en terme de Diamantaire, c'est un ustensîle de bois, monté sur une patte, et dont la partie supérieure un peu creusée en forme de salière, reçoit dans un autre trou fait à son centre et qui descend assez bas, la coquille sur laquelle on monte le diamant en soudure. Voyez METTRE EN SOUDURE, et la fig. Pl. du Diamantaire. R la salière, S, la coquille dans laquelle est monté un diamant.

SALIERES, (Maréchalerie) Les salières du cheval sont à un bon pouce au-dessus de ses yeux. Lorsque cet endroit est creux et enfoncé, il dénote un vieux cheval, ou un cheval engendré d'un vieil étalon. Les jeunes chevaux ont cet endroit ordinairement plein de graisse, laquelle s'affaisse en vieillissant, et devient creux à-peu-près comme celui d'une salière où l'on met du sel.